Si, on peste sur la qualité intrinsèque du jeu.
J’attendais ce GT5 avec beaucoup d’impatience. Je suis un grand fan de jeux de bagnoles et il me fallait un argument choc pour craquer pour un PS3. GT5 était cet argument. J’ai passé une bonne partie de l’après-midi hier sur ce jeu et il faut reconnaître qu’il est loin de s’imposer comme le mètre étalon du genre, comme ont pu le faire ses prédécesseurs.
Quand je lis ici que c’est un jeu pour les fanboys uniquement et que les autres ne peuvent pas comprendre, je ricane. GT a toujours été l’étendard de la Playstation et la vitrine technologique de la marque, produit grand public à même de vendre des consoles par palettes entières, argument marketing ultime vantant les mérites techniques des différentes Playstation. Aujourd’hui qu’il tombe dans un relatif anonymat graphique, GT se transformerait, selon certains d’entre vous, en jeu de niche, ne dévoilant sa richesse qu’aux seuls amateurs éclairés, qui eux « savaient à quoi s’attendre ». Vous attendiez un jeu moyen ? Pas moi. J’ai sur les genoux PS3 Magazine (trouvé dans une poubelle, comme quoi…) et je cite : « la simulation à son apogée » ou encore « […] nul doute que chaque joueur y trouvera ce qu’il est venu chercher. Sensations extrêmes à tous les niveaux […], GT5 est un monstre qui semble prêt à tout croquer sur son passage. L’attente est longue mais l’excellence est à ce prix-là. ». Un jeu de fanboys ? Vous êtes sortis dernièrement ? Vous avez ouvert un mag de jeux vidéo ? GT5 est depuis plusieurs mois le fer de lance de la communication de Sony : le jeu tourne en boucle dans tous les magasins, pas une seule journée ne se passe sans qu’une news sur le jeu n’apparaisse sur chaque site spécialisé en jeux vidéo… GT5 est un rouleau compresseur. Une preuve ? Il suscite une polémique jusqu’ici, forum pourtant peu habitué aux envolées lyriques à propos d’un jeu de course.
Quant à la comparaison avec Forza 3, elle était inévitable… Et surtout attendue. Comparer c’est troller ? Se moquer c’est troller ? Non. Je ne vais pas m’étendre sur ce sujet, je remarque juste que Polyphony Digital a été incapable de considérer la concurrence à sa juste valeur, en oubliant les progrès accomplis ces dernières années (l’intensité des courses de Grid, la profondeur et la justesse du gameplay de Forza, le fun des PGR…) et en restant cramponné sur des acquis aujourd’hui un peu désuets…
Bon, venons-en au jeu. Tout d’abord le contenu. Ce fut ma première déception. Les voitures disponibles sont pour la plupart de simples transfuges de GT4 et de GT PSP, donc déjà vues et revues pour nous autres habitués de la série. Pire, il manque un nombre considérable de voitures sorties après 2005, comme si la production mondiale s’était arrêtée depuis… Certains modèles ne sont disponibles que sous leur forme « concept » alors qu’ils ont entrés en production depuis quelques années déjà et on remarque l’absence de la plupart des supercars de ces dernières années. Pour la première fois depuis sa création, GT perd son statut de garage virtuel parfait… Je ne parlerai pas des doublons (putain, 65 Skyline !) qui gonflent artificiellement le nombre de véhicules dispo tellement ça m’agace… Je ne parlerai pas non plus des Nascar, aussi identiques qu’inutiles…
En ce qui concerne les circuits, c’est aussi la déception. Disparitions de pistes pourtant excellentes (El Capitàn bordel !!) et régime minceur concernant les pistes de rally… S’il y a bien un point qui était inattaquable, c’était la qualité des pistes fictives (Grand Valley Speedway est à mon avis une des meilleures pistes jamais créée pour un jeu vidéo), et c’est bien dommage que Polyphony ne nous gratifie pas de nouveautés probantes en la matière. Bon, il y a quand même de quoi faire, hein !
J’achève ce pavé sur le gameplay. Je n’ai pas assez joué pour avoir un avis vraiment tranché, mais je dois bien avouer que certains aspects ont bien évolués. Les tractions sont un peu moins surréalistes (on est quand même loin de la réalité), le jeu gagne encore en précision à bord de modèles performants et on se fait toujours autant plaisir à gratter quelques centièmes lors des épreuves de permis. Par contre, le survirage de certaines propulsions fait toujours autant tache et l’incapacité de certains modèles à tourner (simplement tourner !) sans passer par d’interminables réglages nous renvoie directement à GT2. Vous avez l’habitude, vous, de passer chez votre garagiste juste après avoir acheté une voiture pour qu’il la règle afin qu’elle puisse prendre des virages à plus de 20km/h ? C’est précisément sur ce point que Forza enterre GT : toutes les voitures y sont jouables, pas efficaces ni faciles à manier, juste jouables. Un sentiment mitigé donc, même si je sais que j’y trouverai mon compte un moment ou un autre.
Un dernier mot sur la réalisation globale : on passe du splendide au médiocre selon les voitures et les pistes, mais on ressent quand même la durée du développement, et si GT Prologue scotchait à l’époque, GT5 est juste dans la norme, avec quand même une pincée de superbe par moment… Un dernier mot sur l‘ambiance sonore, qui n’invite tout simplement pas à monter le son.
J’adresse donc un énorme carton rouge à Polyphony Digital pour ce GT5, pas mauvais mais tout simplement moyen. On n’est jamais autant déçu par ce que l’on aime, et je suis très déçu. Je n’achèterai pas de PS3 cette fois-ci, je n’achèterai pas GT5, en priant très fort pour que GT6 me fasse oublier cette attente interminable qui s’est soldée par un pet mouillé.