A tout seigneur, tout honneur, on commence les présentations par le plus connu et le plus ancien des deux, c'est à dire
Megarace.
Megarace, c'est du Cryo (ex ERE Informatique), la boite dont la plupart des productions s'apparente plus à une œuvre du musée d'art moderne qu'à un véritable jeu vidéo. Pour ne rien changer, Megarace est de cette veine là, un jeu qui marque par son côté novateur mais pas forcement pour ses qualités vidéo-ludiques.
Resituons : Nous sommes en 1993, l'informatique suit tranquillement la
Loi de Moore, mais un nouveau composant, qui faisait déjà saliver les gens de chez CRYO depuis un moment (cf
ICI), se démocratise enfin sur les PC et va bouleverser l'approche créative du jeu vidéo : le CD-ROM.
Le CD-ROM, c'est un espace de stockage presque infini par rapport à ce qui se faisait avant, et ca permet d'envisager de nouvelles possibilités : de la vidéo, de la musique numérique et de la 3D pré-calculée à foison.
Megarace c'est principalement ça : De longues vidéos, des musiques technos délicieuses signées de l'artiste maison Stephane Picq en fond sonore et des sprites évoluant dans des décors splendides en 3D pré-calculée. Sorti au moment idéal pour servir de démo technique de ces nouvelles possibilités sur tous les PCs multimédias vendus à noël, il s'est rendu célèbre ainsi.
Parlons un peu du jeu : Une course de voitures futuristes. On part derrière un certains nombres de concurrents et il faut tous les exterminer avant la fin des 3 tours de la course, ou la perte de complète de notre bouclier. Pour ca deux solutions, utiliser sa mitraillette dont les munitions sont très limitées, soit semer suffisamment le dit concurrent pour enclencher un mécanisme d'explosion. A chaque ennemi exterminé, on passe au suivant et quand on a éliminé le leader, on passe à la course suivante, le véhicule du dernier vaincu rejoignant notre armada de véhicules disponibles.
Le but du jeu est de parvenir à terminer les 14 circuits qui s'étendent parmi 5 environnements différents (parmi lesquels la ville, le fond des océans, l'espace,...).
La dynamique du jeu n'est pas beaucoup plus profonde que certains jeux flashs modernes, mais cela reste distrayant.
Les graphismes n'ont pas trop vieilli, par contre la compression d'image de la 3D pré-calculée et des vidéos a salement morphlé et subissent lourdement le poids des ans.
En parlant de vidéo, je n'ai pas encore parlé d'un des gros points forts du jeu : Lance Boyle, l'animateur de l’émission qui sert de prétexte à cette série de courses (on participe a un espèce de Runningman motorisé et virtuel, pas question de mourir "pour de vrai" dans ce jeu).
Genre de Julien Lepers moderne, croisé avec Zebulon et fortement cocaïné, il enchaîne les vannes acerbes envers le joueur ou les robots de passage et fait monter une sauce qui serait peut-être trop fade sinon. Contrairement aux autres FMV de l'époque, la qualité du jeu d'acteur est très bonne. Un seul et pourtant majeur défaut : le nombre de scène disponibles est assez limité, et on en a vite fait le tour avant de subir des répétitions de séquences un peu lassantes.
Le bilan : Un jeu qui a laissé des traces contradictoires dans l'univers vidéo-ludique. Symbole du jeu vidéo nouveau, espèce de coquille vide où le contenant prend le pas sur le contenu pour certains, véritable monument du passage à l'ère du multimédia pour d'autres. C'est un jeu assez moyen mais qui a le mérite d'être distrayant pour une après midi un peu morne, un peu magnifié par la nostalgie qui commence à poindre (17 ans quand même!).
Un jeu à découvrir pour ceux qui le connaissent pas et qui souhaitent parfaire leur connaissance de l'histoire des jeux vidéos, une agréable madeleine de Proust sans grande prétention pour les autres.