Bon les kékés, on remballe les jeux de pédés, et on écoute les histoires de Papa Ours.
On est en 2004. Le monde se réjouit à l'idée de ne plus avoir Bush comme président dans quelques mois, et c'était selon Wikipedia l'année officielle du riz, donc faites-en ce que vous voulez. Rockstar était à l'époque une bande de galopins qui allait de scandale en scandale en faisant des jeux rigolos, où tu écrasais des putes qui venaient de te faire une pipe avant de brûler des passants et d'écraser ta caisse dans un triple tonneau. En gros, c'étaient les rigolards des jeux vidéos, toujours prêts à faire des blagues d'enfer pour faire chier le dirlo, détestés des profs et adulés par le lycée. Aujourd'hui, avec leur nouvelle mode "nos oeuvres reflètent la souffrance et la futilité de ma réalité", ils sont un peu devenus des beatniks, et c'est quand même bien triste.
"L'Art Vrai est Souffrance, mec." Après un GTA III en guise de prototype qui a dévasté les critiques, et un Vice City fluo qui a surtout mis un bon coup de peinture et de finition (
"Hé, les mecs, si le héros parlait cette fois ?") et rehaussé le standard de la série en matière de gameplay, de richesse et d'atmosphère, nos trublions du polygone préparent leur dernier gros coup sur la génération actuelle de consoles, répondant à la demande des joueurs qui voulaient un GTA VC bis mais qui n'étaient pas prêts pour la biffle "Rocco-style" qu'ils allaient recevoir :
Grand Theft Auto : San Andreas Oh oui, quelle biffle.
Fini les mafieux italiens, vous êtes plongés dans l'univers des gangs de rue (pour un tiers du jeu environ), dans la peau de Carl Johnson, alias CJ, qui revient à Los Santos après plusieurs années d'exil pour enterrer sa mère, retrouver son assassin, et en profiter pour reconstruire le gang que votre frère a laissé s'écrouler. Trahisons, violence, drogue et "wassup, niggas ?" sont donc au rendez-vous pour nous offrir le meilleur GTA-like à ce jour. Oui, c'est un putain de fait scientifique, alors tu fermes ta tronche et tu ranges cette boite de True Crime pendant que je balance mon argumentaire.
1) C'est vaste.Jusqu'à présent, on semblait avoir un modèle : un jeu, une ville, une ambiance. Apparemment, les mecs de Rockstar ont hurlé "FUCK THAT SHIT !" et ont balancé trois villes à la gueule du joueur, avec un désert géant et de la cambrousse en rab'. La map est grande comme 4 fois Vice City, et même un peu plus grande que celle de son grand frère GTA IV. Ça force le respect.
Mais qui dit trois villes, dit donc trois ambiances. L'histoire du jeu explore donc chaque ville avec son atmosphère, de Los Santos (gang, Hollywood Boulevard), à Las Venturas (Casinos, sosies d'Elvis dans chaque rue) en passant par San Fierro (Golden Gate, quartier gay). Ce qui donne une impression de grandeur exacerbée, c'est un état tout entier qui semble s'offrir à vous.
2) C'est riche.Bien sûr, un tel univers, on n'a qu'une envie, c'est d'y foutre le bordel. Ça tombe bien, en plus de l'histoire (sur laquelle on reviendra), le jeu offre des tas de missions secondaires, de défis bien cons, ou juste des accessoires offerts au joueur pour assouvir ses pulsions en tous genres. On retrouve des bateaux, des avions, des chars, des hélicos, des motos, des moissonneuses, des sauts en parachute, des virées en campagne ou en plein désert, des casinos pour y jouer, des courses en BMX à flan de montagne, une customisation du look du héros, de ses bagnoles, des combats de modèles réduits, et peut-être du lancer de nain. Le sommet reste pour moi le pilotage d'un PUTAIN DE HARRIER, avec turbines dirigeables et missiles en batteries. Quatre ans plus tard, votre cousin vous téléphonait pour jouer aux fléchettes, et vous pouviez regarder la télé dans le jeu, sur votre télé.
L'évolution logique du fun dans GTA. Phase 2 : Les voitures réalistes. 3) Samuel L. MOTHERFUCKIN' Jackson.Il est dans le jeu. Il est le méchant principal. Il est un enculeur de maman.
Ne PAS oublier le Motherfuckin'. C'est son titre de noblesse. 4) Ah oui, l'histoireOui parce que j'étais distrait par Samuel, là. Il me causait de serpents dans son avion, même qu'il jurait beaucoup. Bref, l'histoire de San Andreas, elle est tellement bien qu'on en a piqué des bouts dans GTA IV (Tiens, le héros est obligé de bosser pour un membre des services secret, ça par exemple) et qu'on l'a remixée dans Red Dead Redemption. Mais comme dit dans l'intro, c'était une époque simple, où Rockstar avait moins de prétentions artistiques, d'envie de faire dans le profond, dans le dramatique. On avait des hippies qui nous demandaient de voler des artéfacts étranges dans des bases militaires secrètes. On avait des braquages de banque qui parodient Ocean's Eleven, des parrains de triades aveugles qui font des courses dans les bois, des rockeurs écossais has-been sortis de Vice City, de grands moments de gloire, un humour bien gras, et certaines des répliques les plus drôles de l'histoire du jeu vidéo. Et là où les héros next-gen de Rockstar se coupent les veines en écoutant Linkin Park ou se plantent comme des buses, CJ écrase ses ennemis et reconquiert son empire dans un final épique, un bonheur évident après 20 heures de jeu.
5) Le jeu est oldies.Ben oui, le jeu se passe en 1992. Soit Guns n' Roses et Public Enemy dans les excellentes radios du jeu (Axl Rose joue le DJ de la chaine Classic Rock qui critique Radio X, qui passe les Guns, GAG), le mur est tombé, et tout le monde a une Megadrive dans son salon. Oui, vous avez une Megadrive dans votre première maison, et vous pouvez jouer à un mini-jeu cheap.
Awesome ! Conclusion :Tu joues à San Andreas. Là. Now. Et en t'entendant chialer "Mais la PS2 et la Xbox c'est trop vieux, c'est moche", je regarde le titre du forum et je ris nerveusement. Au pire, tu l'installes sur PC, tu pousses les graphismes à fond, et en prime tu auras tes MP3 dans une radio dans le jeu. Et si tu te pleins, je te fais jouer à True Crime : Streets of L.A., petit con, ça t'apprendra à blasphémer.
Toujours pas interdit par la convention de Genève.