Il est temps de vous parler de mon coup de cœur inattendu du moment: F1 2010 ou la résurrection d'une licence ne demandant qu'à être enfin bien exploitée dans un jeu vidéo pour la première fois depuis une grosse décennie.
J'en avais lu d'excellentes critiques à sa sortie et m'étais juré de le prendre, mais l'absence de démo conjuguée au tarif d'occasion exorbitant jusqu'à la sortie de l'opus 2011 (en septembre de cette même saison 2011 qui avait déjà quasiment livré son verdict...) m'avaient bien freiné malgré l'envie de rejouer à un jeu de F1 "à jour" pour la première fois depuis 1999. Du coup, j'ai fini par céder mi-2011 pour une vingtaine d'euros, et bien que n'ayant pas été déçu par mes premiers tours de roue, je l'ai vite laissé bêtement dans l'oubli, me concentrant comme souvent sur tout un tas d'autres titres. Or, la saison 2011 s'achevant, et l'opus lui étant consacré déjà présent dans les rayons, il devenait franchement difficile de trouver la motivation pour s'y remettre.
Et puis j'ai donc décidé de lui redonner une chance, puisque je voulais montrer le jeu à un pote (le même que celui avec qui on a visionné le DVD sur Senna), en me disant que ça ne lui déplaîrait pas (pour info, ce mec est resté à la PS1 et à la DS, au-delà il n'a jamais rien possédé de plus récent et pire, il s'en fout). Et là, en une grosse session de plusieurs heures, j'ai totalement redécouvert ce qui est indiscutablement le meilleur jeu de F1 auquel j'aie pu jouer, tellement il est immersif, complet et criant de réalisme. Un titre sans aucun intérêt pour les fans exclusifs de jeux de course arcade, mais un régal pour les fans de F1 hardcore désireux de découvrir enfin des nouveaux circuits sur lesquels piloter derrière leur TV (pour rappel, le dernier jeu de F1 sorti sur console HD était le correct mais déjà has-been F1 Championship Edition, exclusif à la PS3 et reprenant les données de la saison 2006!).
C'est assez simple finalement, je ne trouve que deux vrais défauts au jeu: un système de flashbacks apparemment cher à Codemasters (qui développe le jeu et ressuscite la licence contre toute attente, il faut bien l'avouer) qui rend les modes de difficulté facile et moyen beaucoup trop casual en faisant presque l'apologie du TAS, et un mode multijoueur exclusivement online alors qu'un mode 2 joueurs splitté aurait été vraiment appréciable. Car tout le reste me plait énormément: tout d'abord, les graphismes sont somptueux et bien plus égaux que dans un Gran Turismo 5 par exemple (il suffit de comparer les textures et les détails des circuits communs aux deux titres tels Monza ou Suzuka, mais surtout le rendu de la pluie, limite plus beau que dans n'importe quel jeu vidéo vu jusqu'ici, et peut-être même Heavy Rain qui misait énormément dessus). La sensation de vitesse et le dynamisme permanent de l'action, accentué par une caméra mobile et des vibrations crédibles au pad, sont grandement facilités par une fluidité exemplaire à de rares exceptions près (certaines portions de Monaco sont juste infâmes et on sent que la console souffre pour tout afficher correctement). La maniabilité exigeante mais réussie des monoplaces contribue grandement à cette jouabilité de haute volée. Niveau sonore, le titre prend le parti de n'imposer (ni même de proposer!) aucune musique in-game et c'est tant mieux: on se contente donc uniquement des bruits des moteurs parfaitement bien rendus et différents d'une écurie à l'autre, et du contact radio avec l'ingénieur qui sait limiter ses interventions et rester pertinent. Je pourrais encore en écrire des tartines sur tout ce qui rend cette simulation de F1 si réussie, mais on va s'en arrêter là, sauf pour ce qui est de mon expérience très spécifique du mode carrière qui s'annonce juste fantastique.
Bon, là, je préviens, le paragraphe suivant parlera surtout aux gros fans de F1 qu'aux joueurs curieux de connaître mon ressenti mais peu connaisseurs en la matière.
Hier soir, je me suis mis sérieusement au mode carrière où j'ai choisi la difficulté expert, ce qui supprime les flashbacks (tant mieux) tout en réintégrant quelques aides au pilotage (boîte manuelle, ABS et contrôle de traction). C'est carrément dans ce genre de configuration qu'on peut prendre notre pied: avec la Lotus, je tournais à 3-4 secondes de la pole systématiquement et en me donnant à fond, finissant miraculeusement 13è en Q1, mais 16è en Q2 et même relégué de 5 places sur la grille pour avoir bloqué intempestivement Hamilton durant mon meilleur tour (j'avais même pas vu qu'il klaxonnait derrière moi et que je lui fermais systématiquement la porte
). Les courses, en mode carrière, doivent durer au moins 20% de la distance, et la règle de l'arrêt au stand pour changer de type de gommes est incluse, même si la course ne dure par exemple que 10 tours comme ce fut ici le cas à Bahreïn. Le comportement des concurrents est crédible, ils se sont majoritairement arrêtés entre le 5è et le 8è tour pour changer de pneus, à l'exception de ceux impliqués dans des collisions. Après un bon départ (je crois que j'étais 14è et en train de m'arracher pour batailler avec Sutil pendant les deux premiers tours), j'ai été victime de ma tactique trop offensive en partant en tête-à-queue et repartant en éperonnant Hülkenberg. Du coup, aileron HS + drive through = difficile de ne pas terminer dernier. J'ai eu pour seule satisfaction de réussir le 15è meilleur temps au tour.
Ensuite, Melbourne, là ce fut carrément énorme car j'étais 16è pendant quasiment toute la Q1, avant de me retrouver relégué à la 19è place à cinq minutes du terme! J'ai donc rushé pour arracher la Q2 en retournant vite fait en piste, sauf qu'entre-temps le ciel s'était méchamment assombri, et autant le premier tour s'est couru sur sol sec, autant des gouttes éparses sont tombées durant le dernier tour (entamé six secondes avant la deadline!!), m'empêchant d'optimiser sur les derniers virages un tour qui pulvérisait pourtant ma meilleur perf et m'aurait assuré la Q2 à l'aise
Bref, je n'ai pas encore réussi à compléter un objectif de course entier (battre mon coéquipier en qualifs ET en course), mais sans aucun doute, c'est en mode expert personnalisé que le jeu révèle toutes ses qualités. Je testerai une course entière un de ces quatre pour évaluer le comportement des adversaires (surtout si ceux-ci optent pour des types de gommes différents au départ!), mais je pense que je ne serai pas non plus déçu à ce niveau