Après avoir jeté un coup d’œil à la démo il y a déjà 2 ans, je me suis mis à
The TakeOver dont la version early access somnolait dans mon Steam depuis un petit bout de temps.
Précision préalable, le développeur (Pelikan13) n'est pas inconnu des services puisqu'on lui doit le très beau
Sonic Fan Remix, une "simple" démo jouable
publiée en 2010 et dont les développeurs de
Sonic 4 auraient été bien inspirés d'imiter. Il est hélas également connu pour l'arlésienne
The 90's Arcade Racer financé par
Kickstarter et dont on attend qu'il pointe le bout de son polygone depuis plus de quatre ans. J'imagine que travailler sur un remake de
Streets of Rage n'arrange rien concernant les délais de livraison.
Car c'est bien de cela dont il s'agit, un remake (ou a minima un hommage très appuyé mais personne n'est dupe M. Bourdin) du grand classique de SEGA. Tout y est ou peu s'en faut. Dans la version actuelle du jeu, on a le choix entre les alter ego de Blaze, Axel et un gros qui emprunte à Max et Haggar de
Final Fight, la répartition des forces/faiblesses n'a pas bougée depuis 25 ans.
L'ambiance elle non plus n'a pas trop bougée : des rues 80's à loubards, des chantiers de construction, des égouts, des bars, etc. La variété vient néanmoins un peu plus loin dans le jeu.
Les contrôles sont à l'avenant : coup de poing, coup de pied, attaque spéciale (qui pompe la barre de vie comme dans SoR 2), saut et dash (par un bouton ou par le classique double tap dans une direction). Le reste ne surprend pas l'initié : on tabasse du loulou 80's dans des rues dégueulasses, combo pied/poing, german suplex, caisses à défoncer, barres à mine et tout le tralala du brawler à l'ancienne qui se respecte.
L'esthétique est un mélange 2D (pour les personnages) et 3D (pour les décors) qui fonctionne plutôt bien. On retrouve l'esprit du beat'em up à l'ancienne avec plus de profondeur (les éléments du décors bougent et tremblent même lorsqu'on colle des grosses trempes). L'aspect des sprites peut paraître étrange au début, des modélisations 3D converties en 2D, mais j'aime bien. L'esprit Street of Rage est préservé : des punks et des putes qu'on martèle à la chaîne, je ne demande pas mieux.
Ce que les captures d'écran ne montrent pas c'est que j'ai eu la flemme de les faire moi-même et donc on ne voit pas les derniers ajouts du développement : une barre de
super et une barre de (Streets of)
RAGE. Les deux se remplissent au fur et à mesure que l'on pulvérise du cartilage nasal. Une fois remplies, la première permet de déclencher une version bourrine du super coup à base de tir de missiles, un peu comme dans l'épisode Mega Drive. La seconde est une sorte de
burst : vos coups font plus de dégâts et ceux que vous prenez dans la gueule sont diminués. En fait, je ne sais pas trop puisque le problème est avant tout d'y arriver à ce mode, tout comme la barre de
super. Car la moindre pichenette vous remet les compteurs à zéro et les deux barres mettent un sacré bout de temps à se remplir à mon goût. Enfin, ça ne serait pas si long si justement les défauts du jeu ne vous obligeaient pas à en prendre régulièrement plein la poire pour pas un rond.
Parce que l'hommage esthétiquement réussi à ses limites. Si le boulot achevé par un seul homme est somme toute remarquable, le jeu est tout de même perclus de défauts. Sans entrer dans le détail, ce post étant déjà trop long :
- les
pièges joies de l'early access : les bugs ne sont pas une denrée rare (personnage qui se micro-téléporte, mauvais coup qui sort, choppes impossibles contre des ennemis standards, direction bloquée, ...)
- les combos manquent de modernité : pied/pied/pied/poing/poing/pied, les variations ne sont pas nombreuses et sans grand intérêt
- certes c'est moins un triple A qu'un hommage mais pour un jeu de 2018 c'est vilainement linéaire passé la découverte du premier niveau, un peu plus de diversité qu'en 1992 n'est pas un luxe
- 50% du temps je choppe les adversaires au lieu de simplement les frapper : ce n'était pas aussi automatique dans les anciens jeux (et même autres que SoR). Pour se faire rosser le groin sans pouvoir rien faire c'est idéal.
- l'intérêt de ce genre de jeu c'est d'ailleurs d'enchaîner les pains sur des zigues qui arrivent par palettes entières, sans trop réfléchir. Lorsque que la jouabilité raide s'allie avec un problème de gestion des plans, le rythme baisse avec le plaisir. L'implémentation du coup arrière (en appuyant sur deux boutons par exemple) n'aurait pas été la plus conne des idées. Et ça aurait peut-être évité que le second boss soit une plaie à vaincre.
- les armes (pied de biche, katana) n'apportent aucun plaisir ; pire, elles renforcent la raideur du gameplay
- les niveaux bonus/intermédiaires (comme la course en voiture) sont tout simplement
injouablesBref, il y a plein de bonnes intentions dans ce titre qui est loin d'être ignoble mais la liste des défauts en fait un jeu qui lui demande encore une longue maturité. Je l'avais acheté à pas cher durant je ne sais quelles soldes. A plus de 13€ ça ne vaut hélas pas encore le coup. Même dans les couilles.