Et bien Ellie fait sa petite vie en butant cruellement un à un les divers compagnons de Abby sur son chemin, elle est confrontée malgré elle aux conflits qui éclatent entre plusieurs factions (les militos et des illuminés en gros), elle égorge des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, des chiens, des fois des p'tits infectés car bon c'est vrai on avait oublié, une femme enceinte, puis un jour Abby trouve sa planque. Le jeu bascule alors dans un nouveau segment qui va nous faire incarner Abby, à partir de l’exécution de Joel jusqu'à cette fameuse rencontre. Comme un miroir du segment avec Ellie, on y mène beaucoup de discussions avec les alliés/personnages nous accompagnant, l'histoire est entrecoupée de flashback jouables, on y apprend que Abby est la fille du chirurgien abattu par Joel et qu'elle avait doublement les boules contre lui : D'abord parce pour le sort réservé à son père et ensuite parce qu'il a passablement condamné l'Humanité. Elle est sauvé par deux ados alors qu'elle allait être pendue par une illuminée, elle fait la route avec les deux, leur rend la pareille, la relation évolue puis cela justifie quelques aller/retour entre un lointain hôpital et un aquarium qui sert de base, bref je vous passe le détail, puis sur le chemin, découvrant les cadavres de ses amis, elle fini par trouver la trace du responsable et découvre alors qu'il s'agit d'Ellie. À ce stade, il reste encore un gros quart du jeu. On trouvait déjà ça interminable, mais heureusement qu'une fin un peu convenable nous attendait, comme il n'y a pas besoin de la raconter on s'en passera.
En fait ce qui nous a dérangé, c'est que Last of Us fait comme le 1, il inclut la narration dans son approche vidéoludique et vice-versa, donc l'expérience de jeu est intimement liée au récit proposé. Or, il n'est toujours pas ici question de choix, pas plus que dans le 1. Ou alors de faux choix, des QTE durant lesquelles c'est à nous de déclencher l'égorgement/la mise à mort/etc sans quoi l'animation reste fixe. Or le jeu dans sa grande prétention à traiter le sujet de "la violence et la vengeance" va très très loin pour nous faire ressentir à quel point Ellie est engagée dans cette voie sans retour, mais ne se contente pas de ça, il cherche aussi à passer par son support pour véhiculer une forme de culpabilité sur les actions de Ellie (qui nous sont facilement attribuées. Quand on tue des chiens, on entend les ennemis faire "oh nooon médor", quand des patrouilleurs tombent sur le cadavre d'un ancien camarade ils s'écrient "au mon dieu ils ont tué kenny", tout le segment sur Abby sert à nous faire presque regretter d'en vouloir à ces gens-là. Mais trop tard, Ellie est engagée dans sa voie, et nous sommes ceux qui la faisons agir... Sauf qu'on n'a aucun choix, et à titre personnels.... on n'avait AUCUNE ENVIE de venger Joel
Je rajouterai aussi que j'ai parlé de femme enceinte (et de chiens (aucun rapport (ni de rapport))), à la fin du segment de Ellie elle découvre que la femme qu'elle a assassiné portait un bébé ce qui la fait vomir de dégoût, quelques minutes plus tôt, elle abattait un chien en disant "stupid dog", chien avec lequel on jouera dans le segment suivant afin que le jeu nous fasse culpabiliser une nouvelle fois sur ces meurtres... Sauf que des chiens et des femmes, le jeu nous en fait tuer à la pelle depuis le tout début, cela a pour conséquence qu'il n'y a presque aucun enjeu, qu'on vient juste de faire un truc banal. Et la narration débarque "ohlalaaa j'aimerais pas être à ta place, regarde t'as tué un gentil chien et une femme enceinte, voici leur histoire". Non, ça ne fonctionne pas, ça ne procure aucun effet à cause du fonctionnement-même du jeu. Du coup les thèmes accompagnant la narration de TLOU2 font plof, on a trouvé Abby en fait super cool et nettement plus intéressante que Ellie. Et ce malgré les quelques longueurs de son segment (on s'en foutait d'à quel point elle nourrissait des sentiments ambigus envers son ex, c'était superflu pour alimenter sa rage lorsqu'elle a découvert son cadavre aux côtés de sa femme enceinte). #teamAbby. Finalement on apprend qu'en fait Ellie avait fini par comprendre que Joel lui mentait et qu'il l'avait privée de donner son corps à l’éventualité de trouver un vaccin, donc voilà toute cette violence c'était pour gérer ses contradictions, bah super tout ça pour ça.
Bref, beaucoup de prétentions à traiter le sujet de la violence en allant super loin, "regardez en plus vous êtes un peu complice c'est vous qui avez appuyé sur carré
" à travers un angle en plus douteux. Je trouve que le délire "l'homme est un loup pour l'homme" relève davantage de l'opinion que d'une analyse fine des rapports humains, n'importe qui a le droit de raconter ça sur n'importe quel support, c'est juste tarte à la crème au possible, et personnellement je trouve que ce sont des récits presque "nocifs" vu le monde dans lequel on s'apprête à vivre, donc autant dire que le jeu ne partait pas avec un scénario qui risquait de me décrocher un "ah oué j'avoue profond". Là en plus on nous embarque, on nous implique en tant que joueur dans le rôle du complice+témoin d'une violence qu'on n'avait pas nécessairement choisie d'employer pour une cause aussi naze (on avait davantage envie de venger les potes d'Abby, à vrai dire), donc on n'est pas ressorti transcendés par l'histoire de ces Last of Us.