Ah bah oui, Zelda, ça va faire cliché et pas original pour un sou, mais c'est probablment l'une de mes séries préférées, sinon LA préférée.
Mes premiers pas dans la peau de Link sont étranges. Je me souviens regarder un copain jouer au tout premier, et me montrer comment son perso gagnait en puissance avec l'équipement qu'il obtenait, comment il découvrait des objets secrets cachés dans des grottes secrètes, découvertes derrière un buisson brûlé, ou un mur explosé. L'idée d'aventure de longue haleine, de progression conservée entre deux allumages de la NES me fascinait.
Obtenant enfin de cet ami de me prêter sa cartouche (au passage, une cartouche DORÉE bordel, la première cartouche que je vois qui ne ressemble pas à toutes les autres !), je rentrai chez moi tout excité à l'idée de découvrir cet univers par moi-même, et ce fut... un désastre... Un peu jeune, plutôt couard, je déchantais dès ma première visite du premier donjon. La musique oppressante, les ennemis menançants dans toutes les salles, les cœurs peu nombreux, et
l'alerte récurrente de mon approchante démise infligeaient sur moi un stress que j'ai trouvé insoutenable à l'époque. Mon premier contact fut donc un échec, et je délaissais le graal pour d'autres plaisirs plus faciles : Super Mario Bros. 3, M.C. Kids (McDonaldland), Kung Fu...
Ce n'est que quelques années plus tard que la révélation viendra, lors de l'obtention de ma SNES, un pack neuf exceptionnel SNES + 3 jeux, obtenu avec mes propres deniers économisés sur les précédents Noël, anniversaire et autres événements rémunérateurs pour un enfant. Je m'en souviens encore très bien: j'usais le catalogue Camif de mes grands parents, à baver sur
ce pack: une Super Nintendo, deux manettes, et les jeux The Legend of Zelda: A Link to the Past, Starfox et Super Mario All Stars*.
Le jour où mon grand père le reçut et l'apporta chez moi, je n'en pouvais plus d'excitation.
Je dois admettre que le jeu Zelda en lui-même m'en touchais une sans faire bouger l'autre, et ce ne fut qu'après plusieurs heures à essayer tous les Super Mario Bros. un à un, à faire des tonneaux dans mon Arwing, que j'ai enfin daignié poser les yeux sur la cartouche qui allait devenir mon puits à temps pour les semaines à venir.
Il n'a fallu que quelques minutes à ce jeu, avec son intro scénarisée, pour capter mon attention et m'absorber dans son univers féérique. Je passerai les détails concernant le jeu en lui-même, les critiques du site, et de nombreux autres articles à son sujet expliqueront bien mieux que moi, mais mon expérience fut intense, chaque coffre, chaque
carillon annonçant la découverte d'un secret déclenchaient autant d'excitation que le précécent ! Un très bon ami me rejoignais le mercredi après-midi, et me regardais jouer, et m'aidait à résoudre les énigmes (quand j'y repense, je me dis que j'étais un peu salaud de ne pas lui laisser la manette de temps en temps...). Je racontais même à ma mère mes prouesses, les secrets les plus impressionants que j'avais découvert, les méthodes que j'employais pour vaincre les boss les plus ardus...
Terminer ce jeu pour la première fois fut à la fois une source de bonheur et d'excitation intense, mais aussi une sensation de vide, de tristesse, la fin d'une expérience que j'avais vécue pour la première fois (et que je ne vivrais qu'un nombre de fois limité dans ma vie de joueur).
L'attente d'Ocarina of Time, la lecture des magazines décrivant l'Ultra64, ses retards, sa sortie au Japon, furent la source d'une excitation d'un autre type mais malheureusement, la hype passait, et l'envie d'une N64 fit place à la curiosité pour l'informatique, et je renonçai à la révolution 3D dans le salon pour le monde beaucoup plus vaste des PC.
Je découvrirai enfin Ocarina of Time quelques années plus tard, sur émulateur, jouant au jeu avec une configuration des plus atypiques: ma main gauche sur un joystick (style manche d’avion), me permettant de reproduire les contrôles de direction analogique d’un stick de manette N64, avec deux boutons (épée + Z-targeting) et un POV hat (boutons C), tandis que ma main droite restait posée sur le clavier, pour compléter la panoplie de boutons nécessaires au contrôle de Link. Cette aventure s’arrêta lorsque mon émulateur se trouva incapable de gérer le monocle de vérité (qui n’était pour moi qu’un simple monocle).
J’ai bien sûr fait depuis un retour en arrière, essayant de découvrir tous les Zelda manqués (les chef-d’œuvre que sont The Legend of Zelda et Link’s Awakening, tout comme les plus bizarres Link’s Adventure, Oracle, Majora’s Mask), et continué à attendre chaque nouvel épisode de la série avec plus ou moins d’impatience, dépendant de mon humeur et ma disponibilité (financière et temporelle) à y jouer.
Aujourd’hui encore, la série Zelda reste indéniablement l’une de mes meilleures expériences avec le jeu vidéo.
(* Nazebrok, il me semble que tu parles de moi quand tu mentionnes quelqu'un qui l'avait acheté à la CAMIF à l'époque. Si je ne te l'ai pas déjà dit, ton pack est dans un superbe état, et oui, si je me souviens bien, il venait sans les boîtes. À moins que les boîtes étaient mises à plat dans le pack, mes souvenirs restent un peu flous.)