Cette fois je poste pour déconseiller un jeu :
Brothers: A Tale of Two Sons.
Les points positifs : l'inspiration Ico :
- certains décors (et d'autres, remarquez, m'ont fait penser à Demon Souls et Dark Souls, mais c'est peut-être moi), les bancs sur lesquels on s'assoit (ici prétextes à profiter d'un beau point de vue sur le paysage), le fait que les personnages parlent une langue étrangère non-sous-titrée
- le gameplay basé sur la relation entre deux personnes. Chaque joystick commande un des deux frères éponymes, de même les gâchettes LT et RT (LB et RB contrôlent la caméra, mais ça apporte plus de problèmes qu'autre chose, la caméra est relativement intelligente - et peut-être trop comme je l'expliquerai ensuite). Il y a de bonnes idées, des utilisations narrativement ingénieuses des mécaniques de jeu, le level-design qui tient en haleine...
Mais, les points négatifs :
- les bonnes idées de gameplay m'ont paru un peu trop scolaire, comme un élève studieux qui a bien appris sa leçon et fait un bon devoir... le jeu fait montre d'une compréhension subtile de ce qui fait la force narrative d'un Ico (ou d'un Dragon Quest), mais au final n'y apporte pas grand-chose
- une construction cinématographique : que ce soit la caméra, la musique, l'impression de dérouler une histoire où nos actes importent assez peu... un peu comme ces BDs où l'image n'apporte rien à l'écrit, et l'illustre paresseusement : c'est un film, où l'on nous laisse faire nos petits trucs, qui n'ont pas tellement d'incidence sur l'histoire, avec le sentiment permanent que les développeurs ne nous lâchent pas d'un instant, avec tel effet de caméra bien placé pour que à cet instant pour faire voir tel évènement scripté... Une construction cinématographique... mais sans subtilité : on dirait que les développeurs se sont dits : on va faire une histoire poétique, et on va tout faire pour que le public saisisse bien que notre histoire est poétique, au moyen d'effets d'une lourdeur résolument anti-poétique...
Symptomatique de ça, la musique, avec cette hystérique qui chante qui chante aux moments conçus pour être riches en émotion, et qui me donnait surtout envie de la baffer pour qu'elle se taise.
Brothers: A Tale of Two Sons Trailer - E3 2013Ce jeu aurait pu être bien. Malgré tout, étant court, et se laissant jouer, il a le mérite de divertir, mais je ne pense pas qu'il restera gravé dans ma mémoire, sinon comme exemple parfait de la différence entre le génie qui fait école (Ueda) et les élèves sans génie formés dans cette école, qui y ressemblent à s'y méprendre, si ce n'est qu'ils ressemblent à ce que le génie est, ou plutôt a été, et non à ce qu'il sera (imiter ce qu'il a fait de génial, et non avoir le même génie capable de créer du neuf révolutionnant le média).