Ici, on danse le jerk.
Emlyn Hughes International Soccer
Audiogenic Software Ltd. - 1989
Salut, Hughes ! Ugh, Salut ! par Remax

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Il est des injustices qui méritent d'être réparées. Si les noms de FIFA, Kick Off ou ISS feront à coup sûr hausser le sourcil de tout fan de ballon pied vidéoludique, il est fort probable que peu nombreux sont ceux dont la voix tremblera de nostalgie à l'évocation d'Emlyn Hughes International Soccer.
Mais si par chance vous en croisez, vous pouvez être assuré qu'ils sont de ceux qui ont connu la (dure) période où les amateurs de foot s'échinaient à tenter de prendre un peu de plaisir sur des jeux souvent simplistes, mal animés et bien peu en rapport avec leur sport préféré.

Puis Emlyn Hughes est arrivé, et enfin on a pu commencer à jouer au foot pour de vrai.

Ma première rencontre avec ce jeu, n'avait rien du coup de foudre. Je m'en souviens encore... il y a 20 ans, la pluie... pas la peine d'envisager d'aller taper la balle dehors... Soit ! J'aurai ma revanche sur mon CPC. En effet, on vient juste de m'offrir une compilation sur laquelle figure une simulation de football. Voilà l'occasion rêvée de l'essayer. Un écran titre plus tard, me voilà face à un écran qui ferait pâlir d'envie les tableurs de l'époque. Je suis complètement désemparé...



Un coup d'œil et je commence à trouver mes marques. Ce jeu est d'une richesse ahurissante. Les options vont du réglage de la durée du match au choix parmi dix niveaux de difficulté, en passant par le contrôle du gardien. Il est également possible de décider le nombre de directions que pourra emprunter les passes et les tirs (tout droit seulement, 0°-45° ou 0°-30°-60°).
Afin de pouvoir commencer à jouer, un tour par le menu d'édition des équipes s'impose.



Premier contact avec mes troupes... Argh, une conclusion s'impose, on peut difficilement faire plus caricatural, à moins que mes joueurs ne se promènent sur le terrain, la baguette sous le bras et le béret sur le crane (et encore, j'ai échappé au pire, chez les ritals, la compo d'équipe fait penser à un menu de restaurant italien !). Mais heureusement, ici, tout est customisable. Ainsi, on peut notamment changer les noms des joueurs par défaut : à moi donc l'équipe de France avec Papin, Cantona, Perez et Vahirua !
Les joueurs se différencient entre eux par 3 caractéristiques (attaque, défense, vitesse), elles aussi éditables. On note aussi la présence d'une 4ème caractéristique représentant l'état de fatigue des joueurs. Cette dernière évoluera pendant les matchs et au cours de la compétition. Il faudra donc penser à faire tourner l'effectif pour que l'accumulation des efforts ne pèse pas trop sur le rendement.
Après ce nécessaire mais éprouvant tour du propriétaire, il est grand temps de débuter ma première partie. Pour prendre doucement contact avec le jeu, je vais donc entamer par un match amical.



Graphiquement, le titre est aux antipodes de la majorité de la production ludique CPC-iste qui offre souvent une avalanche de couleurs criardes et des graphismes baveux. Ici, on a privilégié la finesse du graphisme au dépens du nombre de couleur. C'est donc dans un Mode 1 (4 couleurs) que le jeu affiche ses sprites de plutôt petite taille.
Pour la petite histoire, c'est en 1983 que sort sur Commodore 64 un jeu de football qui deviendra célèbrissime : International Soccer. EHIS est un remake-hommage que propose, cinq ans plus tard, Audiogenic sur la même machine. Il en reprend les graphismes colorés (mais plutôt moches) en améliorant grandement la jouabilité. Le nom d'Emlyn Hughes, ancien capitaine de Liverpool et de l'équipe d'Angleterre, ayant été accolé pour des raisons seulement commerciales (il n'apparait d'ailleurs pas dans le jeu).
La version CPC est donc une adaptation de ce jeu C64. Elle parvient à reproduire la jouabilité originale à la perfection tout en étant plus fine graphiquement mais bien moins colorée.



Tous les matchs seront donc l'affrontement des blancs et roses contre les verts et roses. Les gardiens évoluant en noir et rose. Certes, on peut modifier les couleurs affichées à l'écran mais c'est fortement déconseillé tant le choix d'Audiogenic semble être le seul permettant d'éviter de perdre instantanément la vue.



Le coup d'envoi est donné. Les équipes sont disposées dans une formation pour le moins originale : un 3-3-1-3 composé de 4 lignes de joueurs souvent parfaitement alignés. Le personnage contrôlé est désigné par un triangle au dessus de sa tête. Le jeu est difficile à prendre en main mais très agréable une fois maitrisé. La diversité des angles disponibles et le fait que l'on peut contrôler la hauteur de ses tirs et de ses passes vous offre un nombre quasi infini de possibilités, ce qui est assez bluffant pour un jeu se jouant, je vous le rappelle, avec un seul bouton!



Talonnades, tacles, fautes et pénaltys sont de la partie également. Le scrolling est plutôt fluide, et, même si le jeu défensif se résume plutôt à une succession de vague de joueurs, l'intelligence artificielle est plutôt bonne en attaque. Ainsi, l'ordinateur développe un beau jeu de passes et il faudra pas mal d'entraînement pour en venir à bout au niveau le plus élevé.
Une des grosses innovations du jeu est sa gestion de l'inertie des joueurs : pour changer de trajectoire, il faudra d'abord ralentir puis s'arrêter avant de repartir. Il est d'ailleurs plus rapide de faire soi-même le demi-tour qui s'impose pour éviter de perdre complètement sa vitesse.



Les gardiens, sans être infranchissables, sont quand même capables de sortir quelques belles parades, même si très vite, on comprend comment remporter tous ses face-à-face.
Pour les insatisfaits, il est possible de contrôler soi-même son portier, mais c'est un art difficile.

Le jeu n'est certes pas exempt de bugs et autres bizarreries. Ainsi, si les joueurs, ont parfois la fâcheuse manie de se télé-transporter à un autre endroit du terrain (ce qui est assez courant dans les productions de l'époque), au moins ont-ils souvent la pudeur de le faire quand ils sortent de l'écran. Il peut également arriver de voir le gardien venir faire une touche au milieu de votre moitié de terrain alors qu'on préférerait grandement qu'il reste dans ses cages. Mais tout ceci reste très rare et amusant car cela ne gène vraiment pas le jeu



Au plan sonore, c'est un peu tristounet quand le jeu se déroule au milieu du terrain. Le silence est en effet seulement brisé par le bruit du coup de pied dans le ballon et par une petite litanie issue des tribunes que tous les habitués des stades reconnaitront.
C'est seulement dans la surface que le ton monte. Sur chaque arrêt du gardien ou tir sur les montants, la foule ne peut s'empêcher de clamer sa déception. Celle-ci explose littéralement de joie lorsque le ballon pénètre enfin dans les filets et l'ambiance est fabuleuse pendant les quelques secondes où le buteur va célébrer son exploit en haranguant la foule.
Tout ceci n'a qu'un effet : vous encourager à renouveler votre exploit !



Pour en finir avec ce jeu bien trop riche pour en faire véritablement le tour en quelques lignes, rajoutez à tout ça la possibilité de participer à des coupes, des ligues ou de faire saisons complètes avec les 8 équipes disponibles dans le jeu. Vous obtenez assurément la meilleure simulation de football de l'Amstrad, tant par sa richesse que par son choix de privilégier le réalisme au côté arcade et nerveux, style popularisé au même moment par Kick Off et dont l'adaptation CPC fut un fiasco. C'est un jeu qui arrive à être encore plaisant malgré son âge (il possède d'ailleurs une petite horde de fans acharnés sur C64, ce qui est un signe de qualité) et qui mérite d'être découvert si vous étiez passé à côté.
Le point de vue de César Ramos :
Relativement rare neuf, mais en copie un grand grand classique...