Ici, on sait pourquoi 42.
Megaman 2
Capcom - 1991
Le retour, en monochromie par Enker

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Que le temps passe vite, c'est fou ! Regardez moi par exemple, ça va faire quinze ans que je traîne mes savates sur NES Pas, soit plus ou moins l'âge que j'avais lorsque l'équipe de France de foot avait gagné sa première coupe du monde. Zidane avait encore plus de cheveux que de crâne apparent, c'est fou vous dis-je.

Et en près de quinze ans de vie commune, j'en ai eu des occasions de chier sur Megaman 2 dès lors que quelqu'un m'en laissait l'occasion. Inénarrable ! Et pourtant quinze ans plus tard, toujours pas l'ombre d'une critique sur le site, si ce n'est pas triste. Il est grand temps de laisser une trace pour la postérité, que cinq versions successives du forum ne pourront pas sauvegarder (en fait je triche, je suis arrivé à la V3, comment ça on s'en fout ?)



Bon, en fait, plus que de raison ou d'envie de durabilité, il se trouve que mon petit gars (six ans et demi, c'est fou) a envie de découvrir les jeux de Megaman. Il était grand temps qu'il découvre enfin les vraies choses de la vie, une grande destinée l'attend. Nous en sommes arrivés aux épisodes Game Boy, et évidemment le dernier en date joué est celui en question, le jeu du mal, celui qui fait un peu tache sur la mer d'huile, le Murielle Bolle de la famille. C'est donc bien assis dans le canapé, une manette 8bitdo à la main et la cartouche bien ancrée dans la Super Game Boy, que nous parcourons ensemble et sur grand écran les prouesses du légendaire robot gris.

Oui oui, robot gris, nous sommes sur Game Boy rappelons-le.



Le jeu à peine commencé, nous sommes embarqués sur l'écran titre par une musique pour le moins dynamique et entraînante. Le fourbe s'est paré de ses plus beaux atours pour nous berner, attention ! Cette musique frénétique est à ce jeu ce que la profession de foi d'un parti politique est à la sincérité : un attrape-chaland pour le moins pas subtil.

Autant passer rapidement sur ce sujet, les musiques sont pour le moins discutables. Il y a bien deux ou trois compositions sympathiques qui surnagent dans le tas, mais le reste est... Comment dire ? Ah oui, irritant, c'est le mot. Les sonorités y sont aiguës, peu inspirées et franchement médiocres. Mais ne vous en faites pas, le reste du jeu ne sera pas en reste, on en garde sous le coude pour la suite !



Avant toutes choses, et pour bien saisir à quel point la prestation de ce titre s'enfonce aussi loin que l'avant-bras d'un jouvenceau dans le séant d'une professionnelle du sexe, il est bon ton de savoir de quoi on parle. Et d'avoir a minima une connaissance des premiers jeux NES, mais aussi du premier opus Game Boy.
Vous êtes certainement doués d'une connaissance au-dessus de la moyenne, je n'en doute pas, mais pour tout rappel utile, les titres en question sont critiqués sur le site ici-même. Allez zou, revenez quand ce sera lu.

...

Ca y est, maintenant que vous êtes imprégnés de l'esprit de la série des Megaman, vous pouvez comprendre.



De prime abord, le jeu a l'air tout à fait normal : un choix initial entre quatre boss, des niveaux à parcourir dans n'importe quel ordre, un affrontement en fin de stage et une arme à récupérer qui sera efficace sur un autre boss du jeu. Classique, efficace.
Mais voilà, dès l'amorce de l'un des niveaux, quelques détails viennent nous claquer fort, à nous qui sachons.

Des trucs violents qui piquent les yeux, un peu comme la vilaine faute forcée de la phrase précédente. Car non, je n'ai pas fauté sur une conjugaison aussi élémentaire, je suis irréprochable en tout point ! C'est du moins ce que répète mon avocat.



En premier lieu, les graphismes sont pour le moins disproportionnés. Vous pourriez objecter en me disant que « ouiiiiii, on est sur Game Boy, la taille de l'écran est limitée, le sprite du personnage est déjà grand, il ne reste plus beaucoup de place pour le décor et les éléments du niveau », remarque somme toute pertinente que je balaye d'un revers dédaigneux de la main. Pauvres candides que vous êtes.
L'argument est irrecevable et pour cause : il y a déjà eu un précédent sur la même console, et le problème était traité de fort belle manière. Le level design y était forcément moins plus plat, mais tous les éléments étaient somme toute bien proportionnés, c'était simple, c'était beau. Mais ici, point de salut pour les esthètes de l'architecture et de Vitruve : en une expression comme en mille, c'est chié comme un étron. Voilà.



Les développeurs auront sans doute voulu rendre hommage au matériau originel, mais sans pour autant avoir le compas dans l'oeil. Un exemple tout con, dans le niveau d'Air Man, où les plates-formes têtes géantes qui apparaissent souffrent d'un sérieux problème de proportion à l'écran. Quand on connaît le même ennemi dans le jeu Nes, on peut légitimement pouffer en voyant le rendu grotesque de cette version.
« Non mais on sait très bien que ça ne pouvait pas être reproduit à l'identique, ça ne rentrerait pas à l'écran ». Mouais. L'argument ne prend toujours pas, ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, celui-ci est plus trivial qu'autre chose, mais ce souci de proportion et de gestion de l'espace se rencontre aussi à d'autres endroits du jeu, comme par exemple lorsque dans le même écran sont agencées de façon bien dégueulasse deux tailles de briques différentes, pour justifier le nouveau gameplay de manière forcée.




Non seulement c'est moche, mais vouloir surcharger l'écran d'éléments variés amène des questions de level design basiques. Tout comme cette plate-forme temporaire, placée de telle manière que sa présence est tout bonnement inutile, un simple saut permettant d'accéder à la corniche supérieure. Jugez donc sur la vignette qui suit, je m'interroge encore sur la raison d'être d'un tel remplissage.



Bon, tout ça est purement visuel et probablement subjectif, par contre le rythme est mollasson et l'action se traîne la bite. Ce que j'aime dans un Megaman, c'est son habile équilibre entre technique, précision et rapidité d'exécution que l'on retrouve habituellement dans les différents opus, et qui avait été transposé merveilleusement dans le premier sur Game Boy.
Dans le cas présent, tout cela part à la benne. La fréquence de tir est lente, les ennemis sont mous du genou, la frénésie de l'action est placée en soins palliatifs. Tout est d'une tristesse sans nom, l'agencement des niveaux, les bruitages qui font plop, tout dans ce jeu a l'air d'être en plastique. Même les combats face aux boss manquent de peps, le comble ! La musique des duels est tout simplement naze, la transposition sur petit écran est foirée, on ressent juste de la peine pour ce pauvre péon qui se trouve face à nous. Il y avait bien un truc à ne pas foirer, mais ils l'ont tout de même fait, ça n'était pourtant pas bien compliqué, si ?

Oh choses simples, où êtes-vous parties ?



Je dois l'avouer, le paragraphe précédent m'a légèrement irrité. Peut-être ai-je donné trop d'importance aux autres jeux Megaman lorsqu'il m'a été donné l'occasion de m'adonner à celui-ci pour la première fois ? Non mais à la base j'étais content de le recevoir pour mon anniversaire.
Pourtant même à dix ans, j'ai vite compris qu'il y avait un truc louche là-dedans. Et c'était avant de découvrir que le boss inédit se déplaçait sur un bâton-burineur-sauteur, ou que le boss final souffrait du même problème de proportion abordé plus tôt et d'une simplicité déconcertante, sans oublier la fin tout à fait grotesque.



Ah ça, il faut le voir ce Dr Wily rabougri dans son engin de guerre pour bac à sable.



Le tout mixé avec une difficulté tellement ridicule que c'en est dérangeant. D'accord, il y a neuf niveaux au total, mais les parcourir n'est ni compliqué ni plaisant, c'est juste un long chemin de croix gênant, de ceux qui font se demander pourquoi on est allé aussi loin pour acheter du pain.

Et pour tout expliquer, il faut savoir que ce jeu n'a pas été réalisé par Capcom. D'ailleurs aucun jeu Game Boy de la série n'a été réalisé par Capcom. Mais si tous ont été sous-traités, celui-ci est le seul à avoir été confié à Japan System House, qui aura pour principal fait d'armes d'avoir réalisé des portages Game Gear. Mauvais karma.
Un fiasco plus tard, l'association ne sera plus reconduite et c'est tant mieux.




Pouvons-nous aimer Megaman 2 Game Boy ? Peut-être si on ne connaît pas la série sur le bout des doigts, ou sans être vraiment regardant sur ce dont on a hérité. Tout comme on pourrait le considérer comme un simple jeu Game Boy parmi tant d'autres, ce qui en ferait un titre tout juste modeste. On peut également l'apprécier pour son côté somme toute nanardesque assumé malgré lui, celui-là même qui a permis à Fungus de nous faire découvrir un pan de la culture cinématographique française oubliée, avec des films tels que Signé Furax ou les Gauloises blondes. Oui, quinze années de présence sur le forum Nes Pas, ça marque, et c'est un peu comme ce jeu : je n'oublie pas.
Le point de vue de César Ramos :
Tarif médian pour un jeu Game Boy, mais souvent gonflé par la licence.