Pokémon. Voilà un jeu intéressant. Il y a quelques années, si vous aviez demandé aux gens ce que ça voulait dire, on vous aurait répondu des choses farfelues comme une forme de salutation en norvégien (« Pøkémön Jørgen ! » « Pøkémön Mathias ! »), mais aujourd’hui, tout le monde sait ce qu’est un Pokémon, grâce à la surmédiatisation des bestioles de Nintendo à l’époque (et encore aujourd’hui), avec marketing effréné, série télé niaise, produits dérivés et suites à n’en plus finir. Je laisserai volontairement de coté ces sombres histoires de gros sous et de pièges à marmots (bien qu’il y ait là matière à réflexion pour un sociologue vidéo ludique), pour parler de ce qui nous intéresse, nous, les gens du Bien et du oldisme : le jeu.
D’ailleurs, peut-on parler d’oldisme pour ce jeu débarqué en Europe le 8 octobre 1999 ? Ce à quoi je répondrai qu’il est sorti depuis 1996 au Japon, que ce jeu marche parfaitement sur un Game Boy « Frigidaire Edition » (celui que vous chérissez plus que votre mère), que le jeu est bourré de placements de produits pour la Super Nintendo, et que, merde, c’est mon papier, alors j’écris ce que je veux, na.
"Et en plus, il est optimisé Super Game Boy ! C'est la mega classe !"
Pokémon, donc, c'est quoi ? C'est avant tout un concept. Une idée qui, si elle est loin d'être aussi révolutionnaire que le proclame Nain Tondu, s'avère bien sympathique. Un jour, Satoshi Tajiri, un jeune Tokyoïte collectionneur d'insectes et fan de jeux vidéos, découvrit le Game Boy, et imagina directement en voyant le Cable Link un insecte qui rampait dessus. On peut se poser des questions sur la santé mentale de ce garçon, parce que voir des insectes partout, c'est limite glauque, mais cette vision fut le point de départ des Pocket Monsters, renommés ensuite Pokémon pour l'exportation. Au passage, Nintendo est inflexible là-dessus, c'est "Pokémon", avec une majuscule, un accent (même en anglais) et invariable. Voilà qui va plaire à Maître Capello.
Alors, un concept, c'est beau, un nom qui sent la gagne au point d'envoyer paître l'orthographe, c'est super, mais ça donne quoi dans le concret ? Hop, on fourre la cartouche dans la bête, on lance, c'est parti belle-maman accroche-toi à tes dents. Dès le départ, le professeur Chen, pokémonologue, nous présente ses créatures préférées, nous demande notre nom, et puisqu'il semble atteint d'Alzheimer aigu, demande celui de son petit-fils. Donnez-lui un pseudonyme qui fout la honte, car ce gosse horripilant sera votre rival durant toute l'aventure. Un truc comme "Ducon", "Zobman", ou "Grégory".
Après avoir choisi votre Pokémon de départ parmi trois, embrassé votre vieille mère et joué une dernière fois sur votre Super Nintendo, vous quittez votre bourg natal dans le but de devenir un Maître Pokémon. Vous allez donc explorer le monde dans le but de défier d'autres dresseurs et de faire combattre vos protégés afin qu'ils vous rapportent la victoire, la gloire et les putes. D'ailleurs, les combats, parlons-en, car c'est ce qui fait tout le sel du jeu : Pokémon est un RPG (eh oui). Vous envoyez votre bébête, l'ennemi envoie la sienne, et c'est parti pour un duel à mort au tour par tour à la fin duquel le vainqueur (vous, j'ose espérer) récupère de l'expérience, ce qui permettra à votre monstre de gagner des niveaux, des attaques, voire même d'évoluer en une forme supérieure (Darwin, enfoncé !).
Eh oui, dans un RPG moyen votre bande de barbares surboostés combat des rats mutants, là on a un duel, un contre un, et avec une différence de niveau souvent faible. Inutile de dire que la stratégie sera de mise, et que le choix du Pokémon envoyé sera déterminant. Ou plutôt, le choix de son élément, car à l'instar du chi-fou-mi, les éléments sont avantagés ou désavantagés face à un autre. Ainsi, le feu brûle la plante, la plante absorbe l'eau, et l'eau éteint le feu. Compris ? Bien. Car il y aura 15 éléments (vol, électricité, roche, spectre...) avec des points forts et faibles à connaître afin d'avoir le dernier mot face aux concurrents acharnés qui vous défieront.
L'autre gros morceau du jeu, c'est la collection. Il y a 151 Pokémon à capturer, autant dire qu'il vous faudra vous lever de bonne heure pour remplir votre pokédex. La plupart sont faciles à avoir, il suffit de chercher dans les hautes herbes, de les étourdir de quelques coups bien placés, on lance une pokéball et hop ! On envoie la bête capturée au taxidermiste. Non, rassure-toi Brigitte Bardot je plaisante. Mais malheureusement, tous ne sont pas aussi aisés à avoir. Votre version du jeu (rouge ou bleue) ne contient pas tous les Pokémon, et il faudra en échanger avec un ami ayant l'autre version pour les avoir. Grande idée du jeu, vous êtes OBLIGES de quitter votre coin de geek pour trouver un compagnon de jeu et ainsi vous livrer à des trafics glauques. A noter qu'il est aussi possible de défier les autres joueurs pour prouver votre valeur au reste du monde.
Cette quête vous prendra du temps, et l'aventure principale n'est pas en reste non plus. La maniabilité est simple (voire simpliste), mais on en demandait pas plus pour un RPG. Il est même facile de jouer à une seule main, en sirotant du Tang de l’autre, pour peu que vous ayez d'assez grosses paluches. Les musiques ne vous pousseront pas pour une fois à couper le son de votre Game Boy, elles collent bien au jeu, chaque ville à son thème, et celui des combats restera longtemps dans votre esprit. Les graphismes ne payent pas de mine, caressant les yeux dans le sens du cil, les villes et les persos ont un coté rondouillard tout mimi, alors que dans les combats, les monstres de poche sont représentés par des images quasi-fixes mais pas mal fichues.
Seule ombre au tableau : ce coté complètement niais collé aux dialogues du jeu. J'ignore si c'est la traduction française, mais voir un mafieux déclarer "Être méchant, c'est mieux que d'se laver les dents !", ça me donne moyennement envie de rire. Serait-ce un choix pour dédramatiser l'idée de base, des tournois de combats d'animaux, que les dialogues ont été tournés de la sorte ? Je l'ignore, mais cela ne m'empêchera pas de conclure que Pokémon reste un grand jeu, un de ceux qui ont marqué une génération, et il serait dommage de passer à coté de ce...
Mais, mais... C'est MEW ! RAHHHH VITE IL ME LE FÔÔÔÔÔÔ ! Poussez-vous, bande de moules, je l’ai vu en premier, c'est moi qui le capturerai, et après ça rien ni personne ne m'empêchera de devenir le plus grand Maître Pokémon du Monde ! EN AVANT, TORTANK !
Toujours là bonhomme ? Je devine que tu es un fana de la ménagerie de Nintendo, tu as rempli ton pokédex, tu as vaincu tous tes adversaires, mais tu cherches encore le Secret Ultime pour devenir le plus grand dresseur ? Non mais franchement tu n’as pas mieux à foutre de ta vie ? Bon, je vais être gentil, je vais te dévoiler une astuce qui est connue dans les bars glauques dont les caves accueillent des combats à la limite de la légalité. Pour cela, il te faudra avoir un Pokémon avec la technique spéciale Vol, un avec Surf, et avoir déjà visité Cramois’île.
D’abord, va parler à un type au nord de Jadielle. Il demandera si tu es pressé, dis-lui non. Une petite cinématique montre le vieillard capturer un Pokémon. Après ça, vole jusqu’à Cramois’île, va sur la rive est, utilise Surf, et longe la côte de haut en bas. Et là, surprise, des Pokémon sauvages de niveau supérieur à 100 apparaissent ! Il faut une bonne équipe pour les capturer, mais c’est faisable.
Comment cela se peut-il ? Et bien, à l’instar de Link’s Awakening, pokémon pousse le Game Boy dans ses derniers retranchements, et les développeurs ont du ruser pour ça. Il en résulte un jeu aussi buggé qu’une version test de Windows ME. Ainsi, la zone juste à l’est de Cramois’île est une zone où l’on peut rencontrer des Pokemon sauvages, mais qui n’a pas de code hexadécimal propre pour dire quelles bestioles. Le code de la dernière zone explorée sera donc utilisé. Utile à savoir…
Mais ce qui est encore plus fou, c’est que lorsque vous parlez au vieillard de Jadielle qui prend momentanément votre place, le nom « vieillard » remplace le vôtre, qui est mis en mémoire pendant ce temps là où est d’habitude le code hexadécimal précité. Normalement, il est effacé de là lorsque vous entrez dans une autre zone avec son propre code… Mais cette zone n’ayant pas de code, rien ne remplace votre nom, qui devient un code hexadécimal. Hé oui, les créatures rencontrées dépendent de votre nom ! Fou. Après cette découverte bien utile, à vous la renommée et les couvertures de Closer en compagnie de filles courtes vêtues…