Disponible en ferro, chrome et metal.
Pop Up
Infogrames - 1991
Comme une boule de flipper... (air connu) par Fungus

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Humilitu ir vertua

Ce n’est pas du latin. Mais si s’en était cela voudrait dire quelque chose comme «l’humilité est marque de vertu». Mais ce n’est pas du latin. Cessons l’imposture linguistique.



Le titre qui nous intéresse aujourd'hui est un jeu Infogrames qui... non, attendez, ne vous barrez pas tout de suite. Un jeu Infogrames donc qui... mais... bordel, un peu de courage merde. Restez ici, pleutres au foie jaune. Il ne faut pas avoir peur. Tenez, prenez ma main nous allons y aller à pas mesurés.

Infogrames n'est pas toujours synonyme de frémissement de l'échine et d'ulcère à l'estomac. C'est aussi synonyme de méchant chauve à lunettes mais on s'écarte du sujet. Et ce n'est pas en s'écartant du sujet que l'on va renouveler la population française comme on dit à l'INSEE.



Il fut un temps où un jeu Game Boy se résumait à de la poussière de pas grand-chose, une interactivité des âges farouches. Une poignée de pixels qui gigotent, saupoudrez de quelques piou-pious sonores pour agrémenter et puis c’est marre. Le pire étant que pour certains titres ça fonctionne au petit poil, voyez plutôt.

En l’absence de moyen, l’idée prime. Tout Ministre de la Culture ou de l’Education Nationale vous le dira (en serrant les muscles du croupion). Pop Up illustre cette idée à merveille. Il offre peu mais offre bien. Entre nos pognes burinées par le temps et les excès de dragon-punch : un jeu de réflexion, genre passe-partout dont la qualité première est de monopoliser peu de moyens, techniques et humains. Le syndrome Tetris, dilué à toutes les sauces depuis plus d'un quart de siècle. Une période durant laquelle on a d'ailleurs pu constater à maintes reprises que l'argument était friable au demeurant et n'était parfois que le paravent à une inanité ludique. Le plaisir serait dans le concept plus que dans son exécution même. Un peu comme ces nanas cérébrales qui baisent dans leurs têtes plutôt qu'un peu plus bas. Mais ça ne prend pas.



Ces quelques paragraphes et captures d'écran passés d'aucun crieront, une bave mousseuse à la commissure des lèvres et des veines écarlates dans le blanc de l'oeil, « Bumpy sur Amstrad ! ». Ce à quoi je répondrai « oui ». Tout de suite suivi d'un « rasseyez vous Benjamin et remettez votre pantalon pour l'amour du ciel, vous n'êtes pas seul à cette réunion ». En effet, on retrouve non seulement les mécanismes du titre micro à succès, mais aussi les même niveaux, copiés carbone. Reprise, hommage, siphonnage créatif ? Allez savoir. Est-ce Vermeer aurait peint la Jeune fille à la perle sans avoir vu les Nymphéas de Monet ? Qui peut l'affirmer. Pas vous en tout cas, qui consacrez de trop longues minutes à lire un article sur un site de jeux vidéo.



Mais baste, nous ne sommes pas là pour polémiquer ni personne d'autre. Rappelons plutôt le principe de base du jeu. Il est bête comme chou mais reste suffisamment dense pour être allongé en une sauce encore goûtue des dizaines de niveaux plus tard. Vous êtes une boule. Du moins vous en contrôlez une. Le champ d'action de celle-ci est assez limité, comme un inspecteur de l'ONU. Elle rebondit, en haut, à gauche, à droite et basta. Le reste n'est que pure littérature.

Cela va être à vous d'utiliser ces maigres compétences pour diriger la sphère dans une enfilade de tableaux, à l'aide de plates-formes aux propriétés diverses et dans le but inavoué de faire main basse sur les ressources qui s'offrent à vous. Une fois tous les items récupérés, la sortie apparaît et le niveau suivant vous fait une œillade aguicheuse. Tellement simple qu'un lycéen comprendrait dès la troisième explication. En parlant lentement s'entend.



Si la simplicité est mère de vertu, elle peut également être source d'ennui profond. Pour faire simplement rebondir une bête boule dans un milieu fermé des heures durant sans se lasser, il faut être simplet ou joueur de squash. Le second résultant souvent du premier. Pop Up évite, dieu me tripote, cet écueil. Il le louvoie même, en offrant des successions de niveaux fichtrement bien construits et qui deviendront rapidement retors. Faites l'économie d'anticiper votre parcours dans ses moindres rebonds et vous l'aurez dans l'os, coincé comme un adolescent ingrat à un bal de promotion.



Le silence peut être un bon compagnon lorsqu'il s'agit de jouer seul avec ses boules mais rarement dans le cadre d'un jeu vidéo. Dans ce dernier cas c'est le hall d'entrée vers une dépression nerveuse. Pop Up s'accompagne donc de musique. D'une musique. La musique. La seule musique. Du début à la fin. Fin qui peut être celle de votre raison, le point de rupture où vous commencez à tenter de vous mordre les oreilles. Oh, non pas qu'elle soit horripilante en soi. Techniquement elle tient là route, empruntant des sonorités micro, que n'aurait pas renié un Commodore 64 ou un Amstrad CPC. Mais comme on dit, c'est la dose qui fait le poison. Avalez une lichette de mercure, et vous tiquerez à peine (quoique je n'ai pas la foutre idée du goût que peut avoir ce truc), enchaînez les cuillers à café et c'est rendez-vous au tas de sable sans correspondance. Pas d'utilisation prolongée sans avis médical par conséquent.



Et pourtant. Je n'aime que toi et pourtant... Pourtant ce n'est pas l'heure pour chanter du Leny Escudero, d'une part. D'autre part ce n'est jamais le temps de chanter du Leny Escudero. D'une part tierce, ce Pop Up saura agripper votre attention par les deux oreilles et ne les lâcher qu'au bout d'un temps que vous auriez du consacrer à votre épouse, votre carrière professionnelle, votre grand-mère dans les derniers jours de son cancer de la cataracte. Le jeu est austère, comme le sont tous ses coreligionnaires, mais a un goût de reviens-y.



Oui, bien qu'orné d'atours modestes, Pop Up s'offre mine de rien une place sur l'étagère convoitée et pas si remplie que ça des jeux de chiotte. Cette catégorie bien plus prestigieuse que son épithète ne le laisse supposer, dans laquelle ses représentants ont la noble et délicate mission d'accompagner vos fèces, une maigre poignée de minutes durant. Si un jeu comme Link's Awakening n'est à sortir qu'en cas de grave crise de constipation, Pop Up saura en revanche accompagner, le temps d'un niveau ou deux, une production express. La musique criarde pourra même faire office de camouflage sonore en cas d'arrivée trop brusque de votre marchandise en zone inondée. C'est ce qui s'appelle joindre l'utile à l'agréable. Que demander de plus ? Du pognon ? Foutez-moi le camp.




Addendum : quelque part dans le monde, voire dans une dimension annexe, une autre version de moi-même écrit peut-être un papier similaire à celui-ci, avec comme slogan « ne perdez pas la boule ». Qu'il crève d'une hémorragie rectale.
Le point de vue de César Ramos :
Généralement boudé en raison d'une jaquette hideuse, le jeu se trouve à des tarifs très raisonnables.