Le site que Bubba astique et que Mario brosse
Golden Axe
Sega - 1989
Le hurlement primaire par Clence_tum

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Comme vous pouvez le constater, amis lecteurs, je ne me suis pas foulé pour trouver mon accroche. C’est l’avantage avec un titre tel que Golden Axe, on ne se fatigue pas. Certains rédigent des critiques complexes qui parlent de vidéoludisme, d’intégration du jeu dans son époque, de gameplay émergent, parce que, n’est-ce pas, le jeu vidéo c’est de l’âââârt (à prononcer une flûte de champagne à la main avec l’accent rive gauche). Ben moi je regarde TF1, je rigole devant Bigard, je me finis au gros rouge et j’écris le test de Golden Axe. Parce que faire semblant d’avoir un regard critique et chanter « Société, tu m’auras pas », ça va bien cinq minutes, il faut aussi savoir se reposer les neurones de temps à autre. Gnah.



Golden Axe, c’est une licence Sega de la belle époque, qui a disparu au fond des cartons comme tant d’autres quand la firme au hérisson toxico a commencé à se tirer des balles dans les pieds et à se faire rosser par la concurrence à grands coups de battes en fonte. Tiens, imaginez un instant un monde où Sega ne se serait jamais planté. Imaginez que Sony se soit suicidé avec son Betamax ou que le 32X ait eu du succès, par exemple. Là, je commence à voir certains fans faire pipi sous eux à cette seule pensée. Qu’à cela ne tienne, prenez votre solex, grimpez à 88 miles à l’heure et rejoignez moi dans ce monde merveilleux (oui, si les De Lorean voyagent dans le temps, les Solex se déplacent entre les dimensions parallèles, il faut vraiment tout vous dire à vous).




Arrêtons-nous devant une Fnac. Dirigeons nous vers le rayon jeu vidéo du pas assuré de celui à qui on ne la fait pas. Devant nous, la nouvelle console de Sega, 850 euros, Wifi, disque dur…Les titres disponibles au lancement : Streets of Rage Fusion EX 8, un party-game (tapis de danse non inclus), et Golden Axe Gaiden 5, un jeu de rôle massivement multijoueur avec achat de contenu additionnel en ligne. 80 euros chacun. Un peu plus loin dans le rayon, Nintendo sort le nouveau Super Mario sur Xbox 360…

Argh ! Réveillez-vous, c’était un affreux cauchemar. Rassurez-vous, aucun solex ne sera jamais capable de dépasser les 15 bornes à l’heure, en descente et avec le vent dans le dos.



Tout ça pour dire qu’il vaut mieux ne pas réveiller des légendes telles que Golden Axe. D’une part parce que ça lui permettra de rester à jamais dans nos cœurs de vieux cons aigris par la vie comme le jeu d’arcade où l’on s’est abîmé les mains étant jeunes, précipitant ainsi le syndrome du canal carpien. D’autre part parce que certains jeux sont comme Alain Delon : ils vieillissent mal. Voyons voir de quoi il retourne en décortiquant la conversion sur Megadrive de cet ancien hit.

Golden Axe est un Beat’em all comme on en fait plus. Laissez-moi vous conter l’histoire : Death=Adder est un super méchant. Le genre qui ne se brosse pas les dents, qui s’entraîne tous les soirs dans sa chambre pour maîtriser le mouvement de sa cape noire, qui a pris rire diabolique LV1 au bac, et qui répond à ses parents. En mal de reconnaissance médiatique, il capture le roi d’un pays quelconque, ainsi que sa fille super canon (ça c’est pour donner envie de finir le jeu). Il a également mis la main sur une hache hyper-puissante (d’où le nom du jeu, ha ha !) et menace de tout faire péter si on ne lui fournit pas ses mille vierges quotidiennes. C’est dans l’ordre des choses.



Heureusement, comme vous le savez, où que le Mal frappe, il y a un justicier sans peur et sans reproche qui a fait boy-scout dans sa jeunesse et qui est prêt à défendre la veuve et l’orphelin au péril de sa vie. Surtout la veuve. Et comme chez Sega, ils ne sont pas radins, ici ce n’est pas un, mais trois héros qui vont aller bouter le cul du gars Adder, qui est vraiment très dark.



On peut choisir entre Ax Battler, un barbare pur jus, à côté duquel Schwarzenegger est une frêle patineuse ; Tyris Flare, une amazone qui ferait passer Amélie Mauresmo pour une fille ; et enfin, celui qui est là pour occuper le rôle de minorité visible : Gilius Thunderhead, un nain (oui, ça ne peut pas toujours être un black).

On va donc prendre en main le protagoniste de son choix et se préparer à s’enfiler des niveaux linéaires remplis d’ennemis idiots. Si vous avez un ami, vous pouvez également jouer à deux. Le jeu devient alors beaucoup plus facile, ce qui révèle une discrimination flagrante de la part de Sega envers les petits gros binoclards et asociaux.



Pour faire entendre raison à l’ennemi fasciste, le barbare et l’amazone manient l’épée, et le nain joue de la hache. Les coups sont grosso modo les mêmes pour tout le monde, et se comptent sur les doigts d’une main d’enfant de Tchernobyl. On trouve cependant quelques attaques appréciables, comme le coup d’épaule du nain, bien appréciable dans les situations critiques.



On peut également user de plusieurs sorts, différents selon les personnages : magie de la terre pour le barbare, du tonnerre pour le nain, du feu pour l’amazone. Leur utilisation est pour le moins originale : on commence par remplir une jauge grâce à des potions récupérées en bottant le cul de petits lutins qui passent de temps en temps à l’écran (toi aussi, pond tes idées de gameplay sous acides). Ensuite, plusieurs choix s’offrent à nous : soit on utilise souvent la magie et on est condamnés à lancer des petits sorts péteux, soit on attend que la jauge soit remplie pour se lâcher le slip. Et attention, les persos n’ont pas la même puissance: le nain n’a que trois crans dans sa jauge, quand l’amazone en a six.



Pour faire varier les plaisirs, on trouve ici et là des espèces de petits dragons sur lesquels on peut grimper et ainsi profiter de leur puissance d’attaque : lance-flamme, boules de feu, ou coups de queues. Un petit plus sympathique, mais qui n’apporte pas grand’chose.

Ca a l’air un peu subtil comme ça mais je vous rassure, dans les faits on ne s’ennuie pas à réfléchir à une quelconque stratégie et on fonce dans les niveaux en appuyant toujours sur le même bouton, la bave aux lèvres, et on lance la magie quand il y a vraiment trop d’ennemis à l’écran.



Donc on avance on avance, faut pas qu’on réfléchisse ni qu’on pense, faut qu’on avance. C’est pas bien difficile, l’ennemi se laisse gentiment tabasser. A la fin de chaque niveau, un ou plusieurs boss, qui sont généralement deux fois plus grands que vous. Toute la difficulté consiste alors à réussir à les approcher pour leur mettre un coup tout en évitant une épée de deux mètres de long. Le jeu fait également la part belle aux retournements scénaristiques dignes de Usual Suspects, du style « Oh ! Ce village était en fait une tortue géante qui nous emmène au sud ! » (toi aussi, fais des jeux à boire avec les scénaristes).



Tout cela ne serait pas si grave si les graphismes n’avaient pas débarqués d’un autre monde. D’un point de vue purement technique c’est honorable, surtout pour 1989. Bon, les décors sont un peu (beaucoup) monotones, mais rien de grave. Les effets des sorts sont corrects, et les animations aussi. Non, ce sont les couleurs. Les ennemis sont roses ou verts pistache, les dragons ont des rayures roses et jaunes. Il est de ces jeux qui vous font regretter de ne pas souffrir d’un daltonisme aigu, laissez-moi vous le dire.

Et je ne vous ai pas parlé de la bande-son. Souvenez-vous : « Pour des raisons de budget, la scène suivante sera entièrement bruitée à la bouche ». Ici c’est pareil : plif paf pan bloum raaaaaaaah tout au long du jeu. Flippant. Heureusement, la musique sauve quelque peu la mise avec des thèmes épiques qui collent bien à l’ambiance « Conan le Barbare, version non expurgée ».



Bref, heureusement pour nos yeux et nos oreilles, on arrive vite à la fin, le jeu ne comportant que huit niveaux. Et je ne parlerais du mode Duel, qui consiste à s’enfiler des vagues successives d’ennemis jusqu’à plus soif. Ah j’en ai parlé, trop tard.

Au final, j’ai envie de dire que Golden Axe est un jeu usé. Des graphismes à la rue, un gameplay antédiluvien qui certes possède un certain charme, mais voila quoi. Il était peut-être excellent en 1989, mais depuis que d’autres beat‘em all tels que Streets of Rage sont passés par là, il n’en reste plus grand’chose. Comme je le disais plus haut, il vaut mieux ne pas réveiller certaines légendes et garder intacts nos souvenirs. Essayez-le quand même, ne serait-ce qu’une fois, ne serait-ce que par devoir de mémoire.
Le point de vue de César Ramos :
Classique, pas cher, nul.