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Mickey Mania
Sony Imagesoft - 1995
Une petite mousse ? par Viewtifulink

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
- « Approche, approche jeune aventurier… N’aie pas peur voyons ! Approche… » Cela faisait un moment qu’il me toisait sans rien dire, il s’est enfin décidé à m’adresser la parole. Il me fait signe de le rejoindre dans une petite ruelle sombre. Je le suis, sur mes gardes, je ne sais pas ce dont est capable cet homme mystérieux.
- « Fais comme chez toi ! » Me dit-il en désignant un tas de pneus usagés, sûrement destiné à me servir de siège. L’homme est grand, il porte un imperméable et un chapeau, sa voix est puissante, transperçante.
- « Qui êtes vous ? » Osé-je-lui demander.
- « Mon nom n’a pas d’importance, s’énerve t-il alors, Retiens juste mes initiales : C.R. » Après un court silence, il ajoute : « Ce que j’ai à te montrer est de la plus haute importance pour ta nouvelle vie »
- « Ma nouvelle vie ? Une secte ? » Réplique je.
- « Non, bien plus que ça : le retrogaming. Sais-tu qu’autrefois, Sony développait des jeux pour Sega ? Sais-tu qu’autrefois, un jeu à licence pouvait être bon ? Sais tu qu’autrefois les jeux à licence respectaient les licences dont ils étaient tirés ? » Un fou visiblement. Il délire. Il blasphème. Éclipsons nous rapidement.
- « Ce n’est pas possible » Réponds-je en commençant à me lever.
- « Bien sûr que si, Disney en s’alliant aux deux société a permis ce miracle. Connais-tu Mickey Mania ? » C’en est trop, cet homme est dangereux. Je décide de m’en aller, il faut que j’aille acheter le dernier Singstar pop hits sur PS2 : il parait qu’il y a le dernier tube de Priscilla, de la vraie bonne musique quoi.
- « Assied toi ! » Crie alors l’imposant personnage. Son cri me glace le sang, je ne puis plus bouger. Je suis contraint à l’écouter. « Regarde ça » Il sort une boîte en plastique. Un jeu vidéo, Mickey Mania. Un tel jeu pourrait-il exister ? « Suis-moi ». S’il n’a pas menti la première fois, autant lui faire confiance.



Nous rentrons dans un immeuble par une porte en métal. Sur le sol, un vieux matelas éventré. En face un téléviseur poussiéreux raccordé à une console noire, en parfait état. On peut lire y lire 16 bits, écrit en lettres d’argent.
- « Euh... Tu… ?
- Vous.
- Excusez-moi Monsie…
- Maître.
- Pardonnez-moi, Maître. Vous vivez là ?
- Hier à Rio, aujourd’hui ici, demain en Suède. Mais assied toi, et admire. »
Il ouvre la boite et en sort une cartouche, qu’il s’empresse d’insérer dans la console qu’il appelle MegaDrive. Il essuie l’écran poussiéreux. « Sony Imagesoft » s’inscrit sur l’écran, sur une console Sega. Fou. Apparaît ensuite la mention « Disney Software ». Puis Mickey Mania, « developped by Travelers Tales ». Cet homme disait donc vrai. Un écran titre apparaît. Mickey Mania, encore une fois. Mickey se promène gentiment avec Pluto. Écran titre austère, je crains le pire.
- « Tu vois p’tit con. Tu permets que je t’appelle p’tit con ?
- K3v1n, je m’appelle K3v1n. Répondis je agacé. Avec un 3 et un 1 comme dans T3ct0n1k.
- Pas de problème p’tit con. Alors comme je te le disais, en 1994 on savait faire de bons jeux à licence. Ha on en avait des couilles à cette époque. En réalité, l’idée de départ était de faire un jeu sur Mickey, tu l’auras sûrement compris (sinon je peux plus rien faire pour toi). Deuxième idée, faire un bon jeu. Là tu admettras que ça se corse, mais à la limite c’est possible en forçant un peu. Et dernière idée, faire jeu fidèle à la licence Mickey Mouse. Oui parce que les Magical Quest ça va un temps, mais c’est à mille lieux de l’univers Mickey. Bon il suffit de prendre un dessin animé au hasard, et hop on le retranscrit du début à la fin. Là où ça devient compliqué, c’est de faire un jeu sur Mickey qui soit à la fois bon et fidèle à la licence. Et bien crois moi le crois moi le pas, ils ont réussi les bonshommes.



Il parle, il parle, mais ne me passe toujours pas la manette. Je désespère de jouer un jour à ce jeu, voire de le voir tout simplement tourner.
- « On ne joue pas Maître ?
- Je cause, laisse-moi finir. Pour pouvoir retranscrire l’univers du petit rat, il n’y avait pas 500 solutions : il fallait adapter directement les dessins animés du rongeur. En effet, quoi de plus représentatif de l’univers Mickey que l’univers Mickey lui-même ? L’équipe des développeurs a donc minutieusement sélectionné six dessins animés de la souris. Mais pas n’importe lesquels, ho que non ! Les plus marquants, ceux qu’une fois vus on n’oublie jamais, ceux qui vous arrachent une larme de nostalgie quand vous les revoyez, ceux que tout le monde connaît, bref, ceux qui ont rapporté le plus d’argent (oui parce qu’il ne faut pas déconner non plus, le but c’est de parler à un max de gens, mais aussi se faire un max de blé avec les grands classiques. Ça va cinq minutes la nostalgie). Pour justifier, l’enchaînement de ces différents classiques, le stagiaire de l’époque a eu une idée lumineuse : « Hé les gars ! Et si on disait que la montre de Mickey est déréglée et que du coup il est obligé de voyager dans le temps pour revivre tous ses anciens films qui ont fait sa gloire ? » Banco. Nous voilà donc parti dans un improbable voyage à travers le temps et l’espace pour (re)découvrir six chefs d’œuvres de la maison Disney dans un splendide jeu de plateforme. On redécouvrira donc avec plaisir Steamboat Willie, la troisième apparition de Mickey à l’écran, qui est en fait celle qui marque la naissance de l’animal aux oreilles rondes. Excellente idée que ce niveau d’ailleurs, puisque notre Mickey Technicolor se retrouve propulsé dans un univers en noir et blanc (La couleur était il est vrai assez peu répandue en 1928) qui peu à peu se colorise, comme pour signifier l’évolution de Mickey à travers les âges. Le deuxième dessin animé date de 1933 et s’intitule The Mad Doctor. Mickey court à la rescousse de Pluto, capturé non pas par Mad the Madman comme le laisserait entendre le titre mais plutôt par un docteur fou qui veut faire fusionner Pluto et un poulet. Un génie comme on en fait plus.
- Oula ça date ces deux courts métrages, Mickey n’était même pas encore en couleur.
- Je sais, mais plus c’est vieux plus c’est bon, c’est ça l’oldisme. Néanmoins, dès la fin de Steamboat Willie, une fois la nostalgie du bicolore passée, tout est en couleur.
- Pourquoi ça ?
- Ils mourraient d’impatience d’essayer leurs nouveaux feutres. "



Il marque un temps d’arrêt. Il sourit. Je n’ai pas vraiment compris. Je suis sûr qu’on n’utilisait pas des feutres pour faire des jeux vidéo, à l’époque ça n’existait pas, il doit confondre avec les crayons de couleur.
« - On enchaîne avec Moose Hunters, littéralement « les chasseurs d’élan ». Mickey part à la chasse d’élan dans la forêt avec Dingo et Donald. D’ailleurs ce dessin animé tiens plus du « Donald et Dingo font leur show, tiens ya Mickey en arrière plan » que du véritable dessin animé 100% Mickey, or Dingo et Donald ne font aucune apparition dans le jeu. On se demande même ce que vient faire là cet épisode sorti en 1937. Tiens d’ailleurs l’épisode suivant date aussi de 1937 et s’intitule The Lonesome Ghosts, soit « Les revenants solitaires » (je traduis parce que tu m’as l’air d’être une flèche en langues vivantes, comme pour le reste). Outre son âge, cet épisode a en commun avec le précédent de mettre en scène le trio infernal de la souris, du dingo et du canard qui au lieu d’élan chassent cette fois ci le fantôme. Les développeurs n’ont même pas pensé à intégrer les deux acolytes de Mickey dans le jeu par une apparition type « Guest Star » (je sens que ça te parle cette image). La suite, c’est 10 ans plus tard, avec Mickey and the Beanstalk, renommé par chez nous en « Mickey et le Haricot magique ». L’escalade par Mickey, Donald et Dingo (encore eux, et ce coup ci ils re-disparaissent de l’écran) d’un haricot magique n’est pas sans rappeler un certain conte anglais.
- 1947, c’est toujours aussi vieux ça. A ce rythme, il doit y avoir une bonne centaine d’épisodes dans le jeu. Réfléchis-je (j’adore l’inversion sujet verbe)
- Hé bien en fait non. Les gars sont partis dans un délire « Allez on prend une chronologie des Mickey, on part du plus vieux et à chaque fois qu’on trouve un film qui a fait un carton on le met dans le jeu ». Seulement, une fois qu’ils ont eu fini le cinquième monde, le petit stagiaire (toujours lui) a débarqué en s’exclamant : « Hé les gars ! Disney ils n’avaient pas dit qu’il devait y avoir que 6 mondes ? » Donc du coup, ils ont pris le dernière succès en date, Le prince et le pauvre, soit The Prince and the Pauper dans la langue de Shakespeare.
- Gné ?
- En anglais, imbécile. "



« - Donc comme je le disais avant que tu ne m’interrompes grossièrement, Le prince et le Pauvre constitue le dernier monde de Mickey Mania. Ce court métrage est sorti en 1990, comme Viewtifulink d’ailleurs (un grand homme petit, un grand homme tu sais…). Comme quoi, 1990 est un bon Millésime. Bref. Chaque monde est divisé en un nombre de niveau variable selon les mondes. Le tout colle vraiment au plus près du support original, on se surprend à reconnaître des détails qui semblaient insignifiants dans les courts métrages et qui ont intelligemment étés intégrés dans le jeu. Plus d’une fois on s’exclamera « Ho les fous, ils l’ont mis ! ». Les développeurs ont réussi le tour de force de retranscrire exactement les grands classiques que l’on adore tout en ne tombant pas dans le contemplatif. Ils ont même poussé le vice jusqu’à nous faire rencontrer tous les Mickey passés, dessinés comme à l’époque. Allez je te montre. »
Il appuie enfin sur start, mais garde la manette entre les mains. Apparaît alors Mickey, regardant sa montre.
« - Maître, qu’est ce ?
- Oui, bon. Comme je te le disais, le jeu a été développé par Sony. Comme pour nous donner un avant goût de la console du Mal, les gentils développeurs de chez Sony ont intégré dans leur jeu des temps de chargement. Quelle délicate attention. Heureusement, ces chargements sont assez courts. Mais ne t’arrêtes pas sur des détails, regarde plutôt.
- Je ne vois que Mickey à l’écran.
- Pas le chien, la télé, crétin. "



Il joue, le jeu est fluide, sans aucun ralentissement. C’est étonnant car les graphismes sont très riches, ultra détaillés. L’univers est parfaitement cohérent et comme l’avait prédit le Maître, tout rappelle les dessins animés originaux. Du Savant fou de The Mad Doctor au bateau des fantômes de The Lonesome Ghosts, tout est là. Autre élément artistique, les musiques sont elles aussi magnifiques, reprenant (de loin) les thèmes des courts métrages, elles savent s’imposer et s’intégrer à l’ensemble. On se surprendra même à les siffloter pendant le jeu. Sans que je m’en rende compte, le Maître a déjà fini le jeu.
« - Tiens petit, c’est ton tour. Tu sautes là, et là t’envoie des billes.
- On utilise seulement deux boutons ? Et le troisième?
- Le superflu est inutile en plus d’être obsolète, deux boutons suffisent au bonheur. »
Il a raison. Le jeu ne se contente pas d’être magnifiquement enrobé, il est aussi un exemple de jouabilité. Mickey réagit au doigt et à l’œil. La difficulté est très bien jaugée, de telle manière que les premiers niveaux se passent sans problème et que l’on commence à forcer sur la fin. Pendant que je joue, le Maître commente encore et toujours le jeu.
« - Regarde fiston, c’est un jeu de plate forme 2D, mais aussi bien plus que ça. La 3D est parfaitement utilisé dans la course contre élan, ensuite elle revient dans la montée de la tour du Prince et du pauvre. Les phases de jeu sont suffisamment variées pour coller à l’univers Mickey et pour ne jamais laisser le joueur s’ennuyer. Et puis ces bruitages, écoute ces bruitages. Jamais on n’a entendu une voix de Mickey si proche de l’originale n’est ce pas ? "



À ce moment là, un champignon illumine le ciel. Il se tait, ramasse un baluchon sur le sol, rassemble ses affaires. Il semble inquiet. Il me regarde, le souffle chaud de l’aventure sur son visage.
« - Mon fils, écoute moi. Je dois te quitter, une urgence de la plus haute importance. Retiens juste que Mickey Mania existe aussi sur Super Nintendo, sur Mega-CD et sur PlayStation. Tu ne devras jamais jouer aux opus sur support CD, la remasterisation des graphismes et des musiques leur ont fait perdre tout leur charme. Par contre manges-en sur SNES, yabon. Ton initiation est terminée, garde le jeu et la console, ils constitueront le point de départ de ta collection. N’achète jamais sur Ebay ni dans les Micromanias. Méfie-toi des Jaguars. Bois du Tang. Adieu fils, que l’oldisme soit avec toi. »
Il s’enfuit. Il disparaît déjà. Je regarde ce jeu, déjà culte à mes yeux. Il m’a ouvert les yeux sur le vrai sens du mot « jeu vidéo ». Désormais va vie sera dédiée à l’oldisme. Un grand homme ce C.R.

Hé mais… Il est parti avec la boîte ! « Maître ! Maître ! Revenez ! »

Le point de vue de César Ramos :
Gros classique à trois fois rien.