Buy, Load, Play, Die.
Rocket Knight Adventures
Konami - 1993
Glaive de plaisanterie par Fungus

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
D'humeur primesautière, j'ai envie de vous proposer un petit quizz impromptu, comme ça au débotté. D'habitude, j'opte pour la sodomie surprise mais le juge a dit que ça n'était plus possible. Va pour la question en deux briques donc. Si je vous dis Konami, que me répondez-vous ? Metal Gear Solid. Haha, oui. Vous êtes virés. Essayez encore. Pro Evolution Soccer ? Non seulement je vous vire mais je lâche les chiens. Et si je vous dis marsupial, ça vous parle ? Non ? Mais bordel, faites un effort seigneur Dieu, un putain d'opossum. Toujours rien ? Bon, vous me foutez le camp, je ne veux plus vous voir.



Mais baste, nous ne sommes pas là pour causer zoologie. Non, si nous sommes réunis en ces lieux, c'est pour un petit classique. Un incontournable. Un jeu trop lol sa mère pour tout vous dire. Car il est de ces associations que l'on aurait parfois envie de qualifier de magiques : la crème de cassis et la Blanquette de Limoux, Laurel et Hardy, Mylène Farmer et un hachoir à viande. Pour le domaine qui nous intéresse - je veux dire, en plus de la vie sexuelle de Claire Chazal - il s'agit de l'association d'un éditeur et d'une machine de jeu. Le premier est Konami, la seconde est la Dame aux 16bit et je ne parle pas de la comtesse Von Kroupion. Konami, je parle pour les plus jeunes et les personnes de droite, c'est la boite à rêve, l'usine à plaisir, le coffret de Quality Street sans pâte d'amande à la con. Des succès par packs de 12 qui ont fait briller nos mains et palpiter nos yeux. Ou l'inverse, je ne sais plus trop.



Au faîte de sa gloire, Konami nous pond, entre deux aventures de chasseurs de vampires et de simulation sportive pour les parkinsoniens de la manette, un petit trésor avec un personnage pour le moins atypique. Un oppossum. *KOF* ... Oui, à jeun, ça surprend un peu aux entournures. Mais attention, on ne nous livre pas n'importe quel mammifère à la con. Celui-ci est équipé d'une épée. Shazam n°1. Et ce n'est pas tout, puisque cette épée est accompagnée d'un jet-pack. Shazam n°2. Imaginez une marmotte avec des rollers et un fusil laser. Rocket Knight Adventures, c'est encore mieux. Du Konami sur Megadrive, c'est la promesse d'un cocktail qui vous récure les amygdales, celui qui vous fait trémousser jusqu'au bout de la nuit, encore plus fort que Narta 24 heures. De l'action à l'état brut, du concentré de sensation. Pas de fanfreluche, pas de dorure inutile, on est pas chez Nintendo.



Nous voici donc en train de diriger notre petit marsupial en armure. Sa dulcinée vient d'être barbotée par la Némésis de service, le royaume est en guerre, le prix de la baguette augmente. D'où une certaine mauvaise humeur au saut du lit. Bref, il n'est pas content et il le fait bien savoir en agitant énergiquement ses petites pattes. Il est mignon. Il l'est un peu moins lorsqu'il commence à découper du soldat porcin à grands revers de sabre. De l'action, joie, on a payé pour ça. Et laissez moi vous dire que l'on va en avoir pour son pognon puisqu'il s'agit en fait d'un bloc d'action autour duquel on a sculpté un jeu.



Première bonne nouvelle, nous ne sommes pas tombé dans un cours de napperon. Ou bien le crochet aura été remplacé par un cimeterre. Seconde bonne nouvelle, Pascal Sevran est mort. C'est donc l'esprit serein et les babines toutes haletantes que l'on goute le petit tintement légendaire du logo synonyme à moultes reprises de qualité par le passé. Rideau, trompettes, petits fours : l'opossum est dans la place. Et il n'est pas là pour promouvoir les plaisirs de la belote auvergnate.



La construction des niveaux est d'une architecture en tout point remarquable. Pas un pet de travers ou un pan de chemise dépassant de la braguette. Le moindre risque de temps mort s'est vu indiquer la sortie à coup de balayette et l'ensemble est un jogging en foulée appuyée et continue. Tuer ou être tué, rien d'autre. Pas le temps de se poser des questions comme la recherche de l'emplacement du donjon indiqué par un vieux fou au sommet d'une montagne ou si on aura encore du chili à la cantine ce midi. L'efficacité est le maître mot et traverser chaque tableau requiert un subtil cocktail de réflexes et de jugeote. Il s'agira à parts égales de faire du carpaccio d'ennemis et d'éviter de finir en marmelade de viande par un décor parfois dégoulinant de traitrise. Vous oubliez les bonus en pagaille, vous n'aurez rien en dehors des vies supplémentaires et des recharges d'énergie.



Car le jeu ne comporte pas le mot "rocket" pour rien. Le jet-pack dont vous êtes équipé vous servira autant à pourfendre l'infamie et divers organes qu'à progresser dans les niveaux. Son utilisation est un jeu d'enfant calaisien : on charge son attaque et on relâche la purée dans un fracas de flammes et de feu. Bien plus qu'un gadget, cette technique est la clé de voute du jeu tout entier sans laquelle l'ensemble serait un Shinobi plat et paresseux. Avec l'usage de la roquette, le jeu devient un vrai billard (français, cela va de soi) où la précision sera votre meilleure compagne. Le calcul de l'angle juste, du retrait suffisant, la vivacité d'esprit et un bon transit intestinal seront votre planche de salut pour franchir des obstacles labellisés "je vais t'en faire chier petite salope". Vous voilà avertis.



Et on avance d'autant mieux que la maniabilité de la bestiole est un véritable caramel au sel de Guérande. Un bouton pour sauter, un autre pour émincer, une direction qui répond derechef et puis basta. Rions sous cape en pensant aux jeux actuels nécessitant des manettes à 14 boutons, un supplément de doigts et une mémoire d'enfant autiste. Haha, les cons. C'est peut-être là le paroxysme du savoir faire de Konami et par extension le point de convergence de toute cette génération de jeux. Foin d'excès de zèle dans la sophistication, on nous sert du plaisir ludique directement à l'écuelle, sans fioriture. Un peu comme le cassoulet face à la nouvelle cuisine. On ne veut pas du caviar d'huître en sorbet façon Marquise de Rafignolle mais juste du rab de frites, merde.



La difficulté est offerte d'une façon peu commune en diable. Vous avec le choix en deux mode : facile ou difficile. Oui, pas de place pour les partisans du compromis et de François Bayrou. Le mode medium est passé à la trappe. Donc, soit vous en chiez un peu soit vous en chiez beaucoup. Et la frustration ne s'arrête pas là, les développeurs ont poussé le plaisir sadique plus loin mais je vous laisse le soin de découvrir comment en terminant le jeu avec le premier degré de difficulté. Les misérables. Mais peu vous chaut, vous n'êtes pas de ceux à courber l'échine devant un tel croc-en-jambe. Vous êtes monté comme une moissonneuse-batteuse et attaquez la cote, galvanisé que vous êtes par l'adrénaline qu'injecte le jeu et le restant de Get27 qui trainait dans un coin de placard.





Selon les conventions journalistiques qui se respectent, ce dernier paragraphe devrait être une conclusion. Les dernières lignes synthétisant toutes les précédentes. C'est en générale ici que se ruent les impatients, ceux qui ne veulent pas s'embarrasser à lire l'intégralité de l'article pour savoir si le jeu qu'ils ont vu sur eBay est une bonne affaire, vite vite l'enchère se termine dans 5 minutes. Eh bien rompons les habitudes, piétinons les traditions et emmerdons copieusement les fébriles. Il est grand temps de pratiquer un soupçon de gymnastique mentale et de rassembler dans un coin de votre cerveau qui n'aurait pas été encore embrumé par l'alcool et des vidéos de chats rigolos sur YouTube les différents points que votre serviteur s'est efforcé de développer avec maestria et un manque parfois cruel de ponctuation. Par conséquent, à moins que vous soyez demeuré ou syndicaliste, vous ne devriez pas avoir grand mal à tirer vous même les déductions sur cette production de Konami. Allez , on se bouge, bougre de feignasse. N'allez pas croire que l'on va vous mâcher voire vous déféquer le travail. C'est tout de même fou ça. On leur donne ça et ils vous piaille au museau pour avoir ça (je me rends compte à l'instant que l'expression donne beaucoup moins bien à l'écrit). Allez, barrez-vous ingrats, je vous méprise énergiquement.




P.S. note pour les mongoliens et les conducteurs de 4x4 : il va de soi que ce jeu est un petit bijou.
Le point de vue de César Ramos :
Un grand classique, accessible même aux bourses sortant de l'eau froide.