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Hook
Ocean - 1992
Je suis un petit enfant, yee-eeh ! par Enker

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Ami lecteur, tu dois savoir aussi bien que moi que ce petit chafouin de destin s’amuse parfois à rendre certaines journées chagrines dès la première heure. Une tartine de confiture qui tombe sur le pantalon avant de partir au boulot, un robinet d’eau chaude qui répond aux abonnés absents sous la douche, voire même une lettre de rappel d’impayé des impôts. Oui, le facteur était bien matinal ce matin, à moins que ce ne soit moi qui me suis levé tard, à vrai dire je n’en sais rien (et puis surtout ce n’est qu’un exemple donc flûte)

Hier, la journée a donc commencé par la radio annonçant une disparition de célébrité, ah ben mince alors. Mais promis, je n’en parlerai pas ici. D’une part il n’y a pas de rubrique nécrologique sur le site, d’autre part certains le feront mieux que moi. Mais quand même, Robin Williams, putain.



Je ne suis pas du genre à m’apitoyer sur le destin tragique de ces personnes là, après tout nous ne nous connaissons pas. Et je ne pleurerai pas non plus en visionnant leurs plus belles performances, je ne suis ni émotif, ni cosmos. D’autant plus que moi, je connais la vérité : tout n’était pas rose chez ces gens du star system contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, et que du malheur et de la désolation, ils en ont pas mal semés autour d’eux.

Et si la journée ne faisait que mal commencer, ce n’était pas à cause de la disparition d’un certain acteur, mais plutôt de ce qu’elle a rappelé au plus profond de moi. Souvenir maudit de la jeunesse, il est grand temps de saisir cette opportunité et de t’exorciser à jamais. A nous deux, infââââme !



Par un heureux hasard je n’ai jamais possédé la cartouche de ce jeu maudit. En revanche, mon bon copain du dimanche matin l’avait et s’était bien proposé pour me le prêter une bonne paire de fois. En y repensant bien, je me dis que le pauvre n’avait au final eu que de belles merdes en jeu-vidéo et qu’il fallait certainement y trouver là l’explication première de pourquoi nous ne nous fréquentons plus depuis des années. Néanmoins, quand on a moins de dix ans, on est bien content de découvrir et s’essayer sur une nouvelle cartouche de Nintendo. Aussi honteux soit-il, mais ça, je ne le savais pas encore.



Hook sur NES, puisque c’est bien de lui dont il s’agit, est de ces merdes qui alimentent le sordide brasier de la honte. Il y a tellement de choses à dire sur ce… truc que je ne sais absolument pas par quoi commencer. Tout est tellement boiteux dans ce jeu (je pourrais d’abord débuter par une étude pour déterminer si ce terme peut bien lui être appliqué) que chaque point pourrait être méticuleusement disséqué afin d’en retenir la moelle substantielle pour faire progresser l’humanité. Car oui, il y a des mecs qui sont payés pour trouver un vaccin contre le SIDA, mais personne pour aller isoler l’ADN de Hook alors que bon, ça permettrait tout de même d’éradiquer définitivement tous les jeux de merde bordel ! Il était grand temps de le signaler, ils ont fait déjà trop de victimes.



Comme vous le savez sûrement, Peter Pan est un enfant qui refuse de grandir. Eh bien là, ce putain de jeu a tout simplement violé mon enfance : donner Hook sur NES à un enfant, c’est comme confier le volant d’un bus à Emile Louis. Comment voulez-vous que l’on reste insensible et innocent devant la télé affichant les pires icônes de l’immondice ? On est peut-être des enfants mais on n’est pas complètement con : les décors du jeu sont dès le premier niveau une offense aux œuvres d’art, un crachat sur l’héritage des plus grands génies de la Renaissance. Oui, Hook a décidé de défier les lois du bon goût en remplissant un fond d’écran d’un somptueux bleu Harpic du meilleur acabit. Toi aussi développe ton kit de couleurs MS Paint.

Là où le génie touche à son paroxysme, c’est lorsque l’on s’aperçoit que ces créateurs ont réussi à faire des compositions de couleurs toutes aussi improbables les unes que les autres à CHAQUE niveau. J’ai la faiblesse de croire que je n’ai jamais vu d’écrans aussi honteux sur NES, la barre est placée haut dès les premiers instants



Petit intermède, le jeu reprend la trame du film. Peter va devoir sauver ses enfants des griffes du capitaine Crochet, et c’est parti pour rajouter plein de détails qui n’ont strictement rien à voir avec la choucroute. Adaptation des années 80/90 power, on en connait plein des comme ça. Néanmoins la fée Clochette est quand même assez cool et vous fait un topo rapide dès le premier écran pour vous expliquer le pourquoi du comment… si seulement elle n’était pas une espèce de gros bourdon moche voletant par-dessus des caractères énormes sur un fond d’écran à la couleur discutable (cf. paragraphe précédent). Cet écran de texte est un parfait résumé de cette cartouche, on n’y comprend rien et n’a tout simplement aucune logique, il est tout aussi fou de se dire qu’il y en aura dans pas mal de préambules de niveaux…

Donc même sur un détail aussi laconique, Ocean a réussi à faire une faute grossière au point même de se demander s’ils n’ont pas fait exprès de se saborder. Se saborder dans un jeu de pirates, voilà au moins qui n’aurait pas manqué de sens



La sélection des niveaux se fait sur une carte de l’île, une présentation ma foi originale et qui n’augure à première vue rien de mal. Le malencontreux souci vient au moment de choisir le niveau, puisqu’il faut pour cela faire tourner l’aiguille d’une rose des vents dans une de ses huit directions, la plupart ne servant pour ainsi dire jamais et on finit tout simplement par manquer un niveau faute d’indication claire. Se perdre dans l’écran de sélection des niveaux, voilà qui est fait.

Et une fois le niveau choisi, ce n’est plus que le grand début des festivités, le point d’orgue de la souffrance. Tant d’évidences mises en exergue en seulement quelques secondes… Je ne reviendrai pas sur le choix des couleurs, j’en ai déjà assez bavé. Par contre, je peux dire que c’est moche et que les musiques sont affreuses. Et il va falloir en profiter, puisque tout le jeu en sera rempli du début à la fin. Les graphismes sont ratés et chaque ennemi rivalisera d’inventivité pour montrer qu’il peut être encore plus mal fait que le précédent. Non seulement c’est moche mais en plus coloré en mode LSD, va falloir s’accrocher pour aller jusqu’au bout.



Quant à la bande-son, elle parvient à soutenir la comparaison haut la main ! De véritables compositions magistrales au service de la cartouche de Satan, une maîtrise qui renvoie dans ses cordes un Camille Saint Saëns des grands jours. La grandeur de la prouesse reste tout de même d’avoir su proposer un ensemble cohérent et homogène, chaque thème évoluant dans la même merde crasse que son voisin. Même si j’ai une petite préférence pour la musique de la mine, un véritable instant à pâtàtartiner sur les murs.

Mais ce qui est le plus beau dans ce jeu, c’est qu’au pinacle de la charcuterie auditive se trouve le sang du Christ, le Saint Graal de l’accomplissement. Car oui ami lecteur, si les thèmes musicaux ont réussi à placer la barre bien haut, le Fosbury des challengers s’élance et la dépasse pourtant avec une facilité déconcertante. Agenouillez-vous tous devant le héraut de la médiocrité, le cabri des patinoires, le Gilbert Montagné de la littérature : les bruitages de Hook parviennent à eux seuls à faire passer la musique comme étant acceptable, cela devrait être suffisant pour prendre conscience de la prouesse.



Bon, c’est pas que, mais on approche guillerettement de la fin de cette critique et je n’ai pas encore évoqué l’essence du jeu lui-même. Ah ça, j’avais prévenu qu’il y avait tant de choses à dire sur cet étron vidéo-ludique, au point même de s’y embourber dangereusement. Ecrire tout ce pavé à son sujet est bien trop d’honneur, mais je ne m’arrêterai pas en bon chemin. Non je ne le ferai pas, je ne céderai pas aux cris des sirènes qui m’intiment de cesser sur le chemin. Qui qu’elles soient, Hook’elles soient.



Donc vite fait : le père Peter jouit, malgré un habillage peu ragoutant, d’une physique assez élémentaire mais satisfaisante. Bref il bouge plutôt bien, il n’a pas trop de balai dans le cul contrairement à ce que l’on pourrait penser. Il tient dans la main un couteau (ou plutôt un canif) qui se révèle plutôt inutile pour se défaire des adversaires –ce qui reste cependant faisable mais le taux de réussite de la chose défie les lois universelles les plus élémentaires (à moins que ce ne soit celles de la programmation, les collisions y sont désastreuses)- et pourra compter sur l’aide la fée Clochette pour libérer le passage de tous ces malfaiteurs.

On dirige le joueur de l’entrée du niveau à sa sortie, qu’il devra rallier en ayant ramassé tous les objets nécessaires à sa progression. Le type même de jeu chiant à en mourir, d’autant plus qu’il n’y a strictement aucun plaisir à s’abaisser à cette basse tache. Les tableaux se suivent et se ressemblent, trouvant comme fil rouge l’emmerdement maximal.



Passons sur les niveaux aquatiques où il faudra choper des huîtres et des trésors et les niveaux aériens qui me rappellent plus Hugo Délire qu’autre chose. Oui, passons sur ces points anecdotiques pour parler d’un point magique : l’affrontement face aux boss. Il y en a deux, Rufio et le capitaine Crochet, dans des duels en face à face et un habillage complètement différent. Dans ces duels d’escrime palpitants, vous pourrez pleinement profiter de l’allure magnifique de notre héros et surtout de son aisance dans ses déplacements : là aussi Ocean a décidé de placer le challenge au-delà de l’entendement puisque, si les adversaires se font face, il faudra systématiquement les faire sauter sur place pour leur permettre de se retourner.

Donc appuyer sur la direction inverse du sens de la marche ne permettra que de faire un petit moonwalk. Dit comme ça, on pourrait croire que ce n’est pas grave, mais quand un simple saut fait traverser l’écran pour se retrouver dans le dos de son opposant, on se retrouve systématiquement à devoir refaire un saut sur place pour se remettre dans le bon sens et devoir attaquer à nouveau. L’adversaire n’étant pas exempt de cette subtilité de jeu, ces affrontements au crochet (ah ah) se retrouvent au final être une pure farce. Un affront de plus, celui de trop



J’ai passé trop de temps à me refaire ce jeu en entier pour en tirer quelques captures d’écran alors que j'avais pas oublié la moindre once de sa médiocrité. Je n’avais jamais réussi à le finir sur la console à l’époque, je ne suis pas plus fier de l’avoir bouclé sur émulateur, oh non. Ce Hook ne mérite même pas qu’on s’arrête dessus, si ce n’est pour servir d’exemple de ce qu’il ne vaut mieux pas faire : il y a certainement pire comme jeu, mais ce doit être le plus mauvais qui me soit réellement passé entre les mains sur NES.

Robin Williams, je ne te remercie pas, tu es parvenu à ruiner ma soirée, merci. La prochaine fois que je décide de me faire un jeu souvenir, autant que ce soit Michael Keaton qui passe l’arme à gauche (et pas Val Kilmer, merci d’avance)
Le point de vue de César Ramos :
Se trouve facilement pour une poignée d'euros. Ca reste toujours trop.