Quoi ? Encore un test ? Et un jeu Indiana Jones en plus ? Hé oui. Les critiques de jeux vidéos c’est comme le sexe : tant qu’on ne connaît pas on pense que ce n’est qu’une branlette sans les mains, et puis on essaye et très vite on se rend compte qu’on ne va plus pouvoir s’en passer. Et quand Indy est de la partie, c’est encore meilleur. Mais je digresse. Graisse.
Rassurez-vous, la célébrité ne m’a pas encore perdu, je ne suis pas en train d’écrire une deuxième fois la critique de Greatest Adventures. Indiana Jones and the last crusade est sorti sur NES en 1991 et il n’a rien à voir avec le jeu du même nom sorti sur la même console, mais en 1993. Pour tout vous dire, il n’a même aucun rapport avec la choucroute. Mais je diverge. Verge.
Indiana Jones and the Last Crusade est oldies. Il est même pire que ça. C’est une expérience différente, une sorte d’hybride entre point’n click et run’n gun, vaguement interactif, mais pas tellement en fait. En y jouant, on a un peu l’impression qu’un développeur maniaque a voulu faire un livre dont vous êtes le héros dans l’univers d’Indiana Jones, mais en jeu vidéo. C’est pas clair ? Oui, c’est vrai, je divague. Vague !
Après cette introduction par-dessus la jambe (euh…), attaquons-nous au « jeu » proprement dit. Un coup d’œil sur la jaquette nous apprend que le développeur n’est autre que Taito. Merde, Taito, quoi ! Space Invaders ! Bubble Bobble ! Enfin, je suppose que tout le monde tombe dans l’ornière un jour ou l’autre… L’Homme n’aura jamais la perfection du cheval, comme disait ce fameux comique troupier qu’était Spinoza.
Mais assez d’atermoiements, les français veulent de l’action. Bien, allons-y. Que… Putain mais c’est quoi cet écran start de merde !!? Ah, je comprends. Taito a voulu rabioter sur la licence et a donc remplacé Indy par un berger corse. Bien sûr. Tout se tient. Bon, allez, on fait semblant de n’avoir rien vu et on continue. Le jeu débute lorsque Junior reçoit le journal de son père ainsi qu’un télégramme de Marcus lui indiquant que la croix de Coronado a été repérée au Portugal et que lui-même part en villégiature à Iskenderun. Bon déjà le jeu traite l’histoire avec un peu trop de désinvolture. Ça m’énerve pas mais presque. Bref, on nous donne le choix entre deux destinations : le Portugal pour récupérer la croix, ou Venise pour enquêter sur le graal. Va pour la première, faisons les choses dans l’ordre.
Nous voilà donc sur un bateau perdu au milieu de la tempête. Première impression : Jésus, qu’est-ce que c’est laid. Je crois que j’ai rarement vu pire sur la NES. Mais surtout…beuuuh, je suis malade ! Oui, les développeurs ont voulu faire les malins en baladant le bateau d’un coin à l’autre de l’écran pour simuler le roulis; mais la gerbe, elle, est réelle. Allez, on sert les dents, on enlève les petits morceaux collés à l’écran de la télé, et on continue.
L’animation d’Indy consiste en deux images différentes et un balai au fond du cul, mais on en est plus là. On doit buter une dizaine de gars pour récupérer la croix. On peut utiliser le fouet pour les liquider de loin, mais bien souvent ils viennent au contact et on doit alors les affronter à mains nus, ou encore à coups de roundhouse kicks (ou de french cancan, c’est pas évident de distinguer). Tout ça ne pose pas vraiment de problèmes pour les fins gamers que nous sommes et on met vite la main sur la croix. Hop, direction Venise.
C’est là que les choses prennent une tournure inattendue. Sous prétexte de retrouver un croquis du Graal, on se retrouve devant un casse-tête, du type de ceux qu’on pouvait trouver dans les paquets de BN de l’époque. Vous savez, le puzzle constitué de petits carrés à faire glisser, le genre qu’on finissait par péter sur le coin de la table pour remettre ensuite les pièces dans l’ordre pour faire genre. Le tout en temps limité. Pas évident, mais de toutes façons si on n’y arrive pas le jeu continue quand même.
De retour à l’écran de sélection des niveaux, on a accès au reste des missions : retrouver papa à Brünwald, récupérer le carnet de notes à Berlin, délivrer Marcus du tank, ou retrouver le Graal. Dans le désordre, si vous voulez, pas problème. Sauf pour le Graal, qu’on doit faire en dernier, les apparences sont sauves. M’enfin…
Dans le même désir d’ordre, on poursuit donc par le château. Pour faire court, c’est comme le bateau, sans le dégueulis mais avec beaucoup d’escaliers et de murs verts. On se perd très facilement, tout se ressemble, c’est pas folichon. On étouffe un bâillement.
Niveau suivant, shmup vertical en moto. On pousse les ennemis dans le fossé, on évite les tirs de barrage, on saute au-dessus des ravins…Par contraste avec le reste du jeu, c’est assez sympa, on se surprendrait presque à s’amuser. J’ai dit presque.
On s’occupe ensuite de ce boulet de Marcus. En gros, on affronte une dizaine boches sur un tank en marche, toujours à coups de poings. Là on étouffe plus rien, on se décroche la mâchoire.
Le dernier niveau, enfin. En vue de dessus, on rejoue la fameuse séquence des chiffres et des lettres, Jéhovah en sept pour monsieur Jones, pas mieux. Oui, Jéhovah avec un j, quand je vous disais qu’ils se foutaient de l’histoire… Bref, on arrive à la fin, on doit encore choisir le bon graal (grâce au croquis récupéré à Venise. Si vous n’avez pas résolu le casse-tête à ce moment-là, vous êtes dans la merde). Détail rigolu, si vous n’avez pas fait toutes les missions avant (genre vous avez oublié votre papa en Autriche, ça peut arriver), le chevalier vous envoie bouler : « désolé mon con, tu n’es pas digne, recommence, ah ah ». Connard. Allez c’est fini, on se détend.
Si vous avez lu ma prose attentivement, ce dont je ne doute pas une seconde, vous avez remarqué que je n’ai pas encore parlé de la bande-son. Pour tout vous dire, au début j’ai cru qu’un petit lutin pervers s’était caché dans mon poste de télévision et qu’il frappait frénétiquement les touches d’un clavier Bontempi, dans le seul but de me faire perdre la raison. Les musiques sont d’une médiocrité coupable, un blasphème éructé à la face du dieu Williams. Quant aux bruitages, je suis perplexe. J’en ai compté deux différents dans tout le jeu. Je ne sais pas, probablement un pari stupide de développeur un soir de boisson.
Au final, j’aurais quand même un peu de mal à dire que ce jeu n’est qu’une sombre merde. Certes, il est chiant comme la pluie et laid comme un gamin morveux. Je ne le nie pas. Et pourtant, il dégage quelque chose. Les développeurs ne se sont pas simplement reposés sur la licence, on sent qu’ils voulaient bien faire, mais que, faute de moyens, de temps ou simplement de talent, ils se sont foirés lamentablement. Reste un jeu absolument injouable, mais avec un certain charme désuet, un peu comme ce téléphone à cadran que vous gardez sur le coin de votre étagère, qui ne sert à rien si ce n’est à prendre la poussière et à vous donner bonne conscience lorsque vous faites le kéké avec votre portable 3G.