Aryen de souche, Français de racine, chrétien de zob.
Mr.Gimmick
Sunsoft - 1992
Ah mais je vous reconnais, vous êtes Monsieur P'luche ! par Enker

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Mr.Gimmick est ce que l’on peut appeler une curiosité. Certains diraient même de ce jeu qu’il s’agit d’une anomalie. Jugez plutôt : sorti en 1992 au Japon, il fut ensuite exporté un an plus tard dans une seule région du monde. Pas les USA, non non, c’est en Scandinavie et rien que là-bas que ce jeu atterrit. J’ignore pourquoi ce choix de localisation a été fait. Ce qui est sûr c’est qu’en sautant par-dessus le continent américain et la large majorité de l’Europe, ce jeu s’est aujourd’hui inscrit dans la liste peu enviable des inaccessibles de la NES.



Sur ce sujet précis, le grand César Ramos –que dis-je– l’illustre César Ramos a lui-même dit un soir d’été cette phrase qui résonne encore dans les murs de la bastide provençale qui avait l’honneur de le recevoir : « Il n’est pas mauvais ce petit rosé, j’en reprendrai bien un verre ».
On a la classe ou on ne l’a pas. César Ramos est lui au-dessus de tout cela, il EST la classe. Et s’il n’est pas natif scandinave, cela ne l’a pas empêché de partir de lits en lits à la recherche de jeunes Suédoises, tout en examinant méticuleusement (car Ramos n’est pas un cambrioleur. Il est un esthète.) les tiroirs familiaux à la recherche du précieux sésame. Savoir s’il l’a trouvé est une toute autre histoire, de même que le nombre de couches il a partagées. En revanche, je suis tombé sur ce jeu en navigant à la fraiche sur Ebay, eh bien ça pique.



En découvrant ce fameux Mr.Gimmick, j’ai immédiatement eu une forte pensée pour Kirby’s Adventure. Bien mal m’en a pris pour deux raisons : la première étant que Kirby n’est paru qu’après, la deuxième que seul l’aspect mignon des jeux les unit. Là où Kirby est un jeu débordant de guimauve terminable par un enfant de six ans, Mr.Gimmick est lui un jeu débordant de guimauve servant de préparation aux plus obscurs groupuscules armés de ce bas monde.
Gimmick (détail trivial, il s’agit là du nom original du jeu, ce n’est qu’en traversant le monde qu’il gravit un échelon social en se fait appeler Mr.) nous raconte l’histoire d’une peluche verte offerte à une petite fille. Mais pendant la nuit suivante, ses autres peluches l’enlevèrent et le pauvre Gimmick se retrouva ainsi seul mais bien décidé à aller sauver sa maitresse. Je ne sais pas si ce scénario figure parmi les plus invraisemblables de la NES, mais je suis en tout cas tombé sous le charme de cette petite boule verte dès la séquence d’introduction. Ses grands yeux tout ronds et expressifs suffiront à charmer quiconque et si ça ne suffit pas, je vous invite à voir la frimousse désespérée de Gimmick aux bords des larmes suite à ce tragique évènement.




Ce regard triste, regardez-le bien, car c’est vous qui allez pleurer prochainement. A peine remis de son introduction, nous retrouvons ce bon Gimmick dans le premier niveau, après une brève escale sur une carte du monde placée là pour faire joli. Un joli petit monde coloré, enchanteur et mièvre à souhait, le paradis des enfants et des petits poneys, où les fontaines de guimauve coulent le long des rivières de nounours Haribo...
En tapant ces quelques lignes, je sens une goutte de sueur couler sur mon front, je frémis...Non, pas l’étoiiiiiile !



Cette étoile est le partenaire de Gimmick pendant votre aventure : oui je sais, l’ombre de Kirby plane toujours, mais non. Pas du tout en fait. Cette étoile, fidèle compagnon de tous les instants, est en effet l’arme qu’il faudra dompter afin d’avancer dans les différents niveaux sans encombre. Je me revois lors de mes premiers essais, assez circonspect devant l’astre céleste et sa gestualité spatiale toute particulière.
Premièrement, Gimmick doit faire apparaitre son étoile grâce à un appui prolongé du bouton B. Ce n’est pas long, mais cela signifie surtout que tout tir n’est pas instantané. Deuxièmement, relâcher le bouton permet de jeter la dite étoile. Sauf que celle-ci ne choisit pas la solution de facilité en adoptant une ligne droite parfaitement tracée, mais opte pour la solution intermédiaire à savoir un rebondissement continu sur toute la longueur de l’écran.



Je hais les attaques rebondissantes. D’autant plus qu’ici, elle bénéficie des qualités de l’atmosphère, puisque la hauteur du rebond dépendra de la hauteur à laquelle elle sera expédiée. Pâques ! Noël ! Avant de se faire rappeler aux basses considérations terrestres par les dures lois de la gravité et de finir en se trainant au sol après quelques galipettes entre ciel et terre. Et de disparaitre dans l’indifférence la plus générale. L’arme de Gimmick, c’est cette étoile. Votre étoile. Et croyez-moi qu’il va falloir la maitriser cette putain d’étoile pour traverser les niveaux, car aucune pitié ne vous sera laissée par les ennemis rencontrés sur la route.




Gimmick est une peluche mignonne et inoffensive, mais elle va souffrir. Oh oui. Et vous aussi, par la même occasion. Car Gimmick est dur. Très dur. Le premier niveau n’est qu’une feinte, une vile ruse posée là pour faire croire que le jeu ne sera qu’une vaste promenade de santé. De quoi perdre quelques vies bien entendu, mais juste le temps d’apprendre à dompter cette $%&# d’étoile, après quoi ce tableau d’ouverture se révèlera être un agréable moment. Même son boss ne résistera pas à trois bons tirs bien placés, c’est bien à partir du deuxième monde que les emmerdes commencent, les vraies.



Je ne cacherai rien en vous apprenant que la suite sera plus compliquée encore, chacun des six niveaux montant progressivement dans les tons de la souffrance, ce jeu n’est clairement pas pour les fillettes. Ai-je déjà précisé que Gimmick était dur ? Les ennemis ne se déplacent ni en horde ni en tenue de camouflage, mais ils sont dans l’ensemble bien placés et parviennent à bondir au moment opportun pour complexifier la situation. Seuls les lancers d’étoiles pourront les dézinguer puisque leur sauter dessus ne permet que de les chevaucher façon Mario 2 style, ce qui peut toutefois être parfois très pratique pour se déplacer à l’abri sans frais. Les boss concluent les niveaux de fort belle manière et offrent tous une opposition vraiment variée, ces duels sont vraiment de véritables défis pour spécialiste du genre.



Prenons pour l’exemple pour l’exemple celui du cinquième niveau qui est particulièrement retors. Bien suspendu au plafond dans sa cabine à laser, il ne pourra être atteint que par des étoiles envoyées avec un rebond haut. Ce qui implique de sauter en permanence pour lancer l’étoile à la bonne hauteur et calculer le rebond pour qu’elle touche sa cible. Evidemment, j’en ai chié. Mais ça, c’était juste avant de lui faire ravaler sa mesquinerie et de le laisser sortir son deuxième attirail, qui est lui beaucoup plus belliqueux. J’en pleure encore.



Gimmick est également un jeu aussi beau que difficile. Les décors sont tout simplement magnifiques, la petite NES se donne à fond et ça se voit. Je me suis déjà surpris à m’émerveiller devant le ciel azuré du deuxième niveau, sur fond de balade en bateau. Sunsoft a réussi à créer un petit monde très varié, c’est vraiment très agréable, ça donne un certain cachet à ce jeu. Un gros effort a été aussi fait pour tous les ennemis : les boss sont très travaillés et ont tous une personnalité bien différente, mais les simples troufions ont eux aussi reçu un traitement personnalisé. Ainsi chaque niveau possède son propre thème, que ce soit avec les décors, les ennemis et la musique.

Un petit mot sur la musique du jeu. Elle accompagne bien chaque tableau, un brin mélancolique. J’ai lu que la cartouche était équipée d’une puce spéciale afin d’augmenter les performances de la console et notamment le son (la version européenne du jeu n’en serait apparemment pas équipée, faute de compatibilité). Malgré cela, il manque quelque chose à cette bande-son qui reste sympa sans plus. C’est dommage, mais je ne parviens pas à me remémorer ces petites notes, surtout quand je compare à celles de Batman. Un petit bémol qui ne gâche pas le plaisir, on n’en est pas à vouloir couper le son, humiliation suprême s’il en est.



Et voilà, c’est déjà fini. Une fois traversé les six mondes et écrasé le dernier boss du jeu, il est enfin temps de voir la séquence de fin...

...et là, ça part en cacahuète. Une mauvaise fin. Ce jeu a une PUTAIN de mauvaise fin qui vous renvoie au début du jeu. Passé le cap de l’ahurissement complet, un petit tour sur le net m’a permis de savoir que pour arriver au véritable final, il était nécessaire de récupérer tous les objets spéciaux cachés dans chaque niveau, soit six au total. J’ai frémi. Avant de lancer une volée de jurons qui ne pourraient être retranscris devant un parterre d’enfants.



Mais pas question d’abandonner devant cet échec : j’ai rebranché la manette quelques jours plus tard et tout recommencé à zéro. Les items ne sont pas forcément compliqués à dénicher, mais bien plus compliqués à obtenir : ce n’est plus un BTS mais carrément un Master international en manipulation de l’étoile qu’il va falloir passer ! Et tout cela d’une seule traite ni échec, puisque Gimmick ne propose pas de mot de passe et il n’y a pas de possibilité de revenir à un niveau déjà terminé. Si vous vouliez du bon challenge qui tache, vous voilà servis.

Les six objets récupérés, le septième niveau s’ouvre à vous pour un affrontement final (soit dit en passant, ce n’est pas le plus réussi du jeu) et enfin le dénouement tant attendu. Une happy end comme on les aime et une évasion digne d’un film catastrophe des années 90 vous séparent des crédits du jeu, conclus par le sempiternel message de fin.
J’en ai chié comme il faut pour en arriver là, puis j’ai regardé cette fin en me disant que c’était beau. Bref, mais beau. Et puis classique aussi. Bref, beau, classique mais très dur. L’oldisme à l’état brut.



J’ai donné une chance à ce jeu par pure curiosité, pour savoir ce qui se cachait derrière la montagne de pognon réclamée pour l’acquérir. Si vous en avez l’occasion, donnez lui aussi la chance qu’il mérite. La persévérance sera de mise pour vraiment en profiter un tant soit peu et l’apprécier. Gimmick a beau être une peluche verte et mignonne, il ne s’offrira pas pleinement au premier venu si celui-ci ne fait pas la démarche de le comprendre. Une peluche indomptable, voilà un concept intéressant !
Le point de vue de César Ramos :
Très probablement l'un des jeux les plus rares et chers de la NES.