Courtesy of Flyi... Ah non, merde. Cette fois, plus de mascarade, impossible d'y couper : il va falloir se retrousser les manches et faire le boulot soi-même. C'est bien beau de piller le contenu de sites anglo-saxons mais au bout d'un certain temps, ça commence à se voir. Et les gens finissent par jaser. De plus, il faudrait être mad ou très con (voire les deux même) pour persister une fois le stratagème éventé. Allez, au charbon.
Rad Racer. Tu parles d'un retour en arrière. La NES des origines, la soupe élémentaire. Back to the roots. Line Renaud. Du moins la période précédent celle de la plupart des grands classiques qui ont forgé la légende dans l'airain (Megaman, Chip'n Dale, Super Mario Bros 3, Les Charlots contre Dracula). Du rustique, deuxième virage des premiers titres famicom. Assouplissons nos pouces, on embarque pour un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître mais ce n'est pas une excuse, merde.
Ce Rad Racer, c'est déjà une incongruité dans le curriculum vitae de la société qui l'a produit. Celle qu'on ne connaît - presque - que pour ses RPG : Squaresoft, excusez du peu. A qui il est arrivé d'aller coller le nez ailleurs, histoire de voir. Notez que l'expérience ne les aura que mollement émoustillé, puisque ce type de jeu ne sature pas non plus la ludothèque de firme. Firme qui retournera bien vite à ses premières amours pour débiter du Final Fantasy à un rythme d'usine. Tout au plus aura-t-on droit à une suite deux ans plus tard. Raison de plus pour analyser pourquoi ces gugusses ont fait un détour pour aller faire les marioles sur la nationale.
Menu, start, choix du véhicule, les moteurs vrombissent derechef. J'aime cette promptitude, cet accès à l'essentiel propre à cette époque sucrée. L'antithèse des jeux actuels où l'on a le temps de se faire opérer de prostate avant de pouvoir entrer dans le vif du sujet. Et paf dans ta gueule arrogante nouvelle génération. Bref. Me voilà mes menottes épousant fermement mais non sans une touche de sensualité la courbure du volant de deux rutilants bolides, au choix : une Ferrari 328 d'un orgueilleux vermillon ou une Formule 1 dont on pourrait se demander la légitimité de rouler sur les routes californiennes. Mais si on prêtait autant d'importance à ce genre de détails, on ne jouerait pas à des jeux idiots devant sa télé et on resterait au bureau pour boucler le dossier Ramirez avant le weekend. Ouf. On prend une bonne inspiration et on retourne sous le soleil de Santa Porta Angelica ou je ne sais quel endroit de Californie où les hordes de connasses à franges viennent entretenir le cancer de la peau de leur chihuahua.
Humez-moi donc ce fin bouquet que composent le goudron chauffé à blanc, le musc de votre après-rasage et les embruns de la cote Pacifique. Ou c'est encore un écureuil qui est venu mourir dans le système d'aération. Mais baste, respirez à pleins poumons et laissons-nous prendre par la griserie de la vitesse. Et ne dégueulez pas sur les sièges, c'est du vrai cuir.
Enfin, que je dis griserie, je parle de l'ivresse procurée par une bouteille de Chateau Pixel 1987. Peut-être pas de quoi prendre une cuite royale tout bien réfléchi. Mais ce n'est pas avec un verre de gin Sélection Carrefour que je vais commencer à faire la fine bouche. On enclenche la première : qu'importe le piston, pour peu qu'on ait la vitesse. Vroum si vous me passez l'expression. Le vroum d'il y a un quart de siècle et où nos cheveux sont plus fouetté par les pixels que par les embruns du Pacifique. Peste, nous n'allons peut-être pas pécho ce soir mes amis.
Bon, remettre les mimines sur ce Rad Racer n'est donc pas sans nécessiter un palier de décompression. Ce n'est pas tant qu'il ait mal vieillit mais la réalisation est disons... monacale. On donne dans le rustique. Le chauffage au poêle et les toilettes au fond du jardin. Spartiate sans pour autant être ringard. Mais spartiate quand même. Pensé comme le Outrun de Nintendo, le je a perdu en chemin les couleurs chatoyantes de l'univers de SEGA. Activer la fameuse option 3D n'arrange rien au cas du prévenu. Mais ne soyons pas sectaire d'entrée de jeu et jugeons sur pièces. Détachées. Qu'est-ce qu'on se poile.
Je prend la Ferrari, j'ai toujours eu un faible pour les voitures allemandes. Ouch. Effectivement, c'est aride. Pas de quoi saturer un globe oculaire. Une maigrelette poignée de couleurs, quelques sprites de principe et des pelletés de sable comme cache-misère. Vous êtes seul. Seul face à l'âpreté de la piste pixélisée. Il va falloir plisser les yeux Johnny Boy et prévoir une bouteille vide parce qu'on ne risque pas de s'arrêter dans le moindre resto-route.
Au bout d'une poignée de miles, la route à une saveur de poussière mêlée de larmes tièdes. C'est pas facile quoi. Oh, pas de quoi en chier des clous en fusion, certes, mais tout de même. Ce n'est pas le jeu que l'on domine au premier abord, d'une main, tout en déshonorant la cousine Mathilde de l'autre. Le système de check-point ne vous fera pas de cadeau et un câlin un peu trop appuyé avec un buisson d'agave signera peut-être votre fin.
Et les courses s'enchaînent à ce rythme, un peu mollement, un peu routinier. Mais avec toujours cette tension et cette crainte de gaspiller du temps dans un mauvais coup de volant et voir la ligne d'arrivée rire de vous au loin, alors que le soleil décline déjà. Car en fin de compte, ce jeu n'est pas tant une simulation - d'autant qu'à cette époque il fallait avoir les prétentions modestes en la matière - qu'une course au score, bien roots. Le grappillage de la seconde qui fait la différence, l'optimisation de la courbe au poil de pixel. Très arcade en fin de compte. Et peut-être la raison pour laquelle on persiste à se faire mal. On est bête des fois.
On dit d'un enfant trisomique qu'il n'est pas anormal mais "différent". C'est un peu la même chose avec ce Rad Racer. Il n'est pas dépassé, il est juste d'une autre époque. Simple, trop peut-être pour survivre à notre temps pour certains joueurs. Il appartient plutôt au temps où conduire un véhicule de rêve - du rêve engoncé dans 24x40 pixels - qui lâchait ses vroum vroum mollement en crissant des pneus de temps en temps nous suffisait pour être les Jacques Laffite sur 8 bits. Ce jeu ne nous offre pas grand-chose de plus en fin de compte. Mais proprement, dignement. A chacun de voir donc. [NES Pas ?], le site des avis de pleutres.
Et puis tout de même, entre nous, un gamin qui mange ses chaussures et qui bave par les narines, j'appelle ça plus que de la différence, hein.