Ha ! L’époque où fallait lutter pour finir un jeu ! Moui… C’était en 1991… A cette époque, on achetait un et un seul jeu pendant une longue période et il devenait votre bête noire, le challenge, c’était la cartouche qui vous dévisageait lorsque vous la regardiez du coin de l’œil une fois rentré dans votre chambre. Alors forcément, il se formait comme une sorte de complicité entre ce jeu et vous. Vous appreniez à dompter le personnage et chaque piège, et il vous livrait ses petits secrets en échange et vous faisait ressentir des moments de frissons, de peine, et aussi de bravoure. Moui… C’était bien en 1991… Et dire que j’y jouais il y a de ça 18 ans !!!!
18 ans… alors forcément j’ai la larme à l’œil (chuuuut, ne le dites à personne, Ham Tyler ne pleure jamais mais là, c’est pour la bonne cause).
Parce que là franchement, je vais vous parler d’un mythe. Pas parce qu’il vous tape direct dans l’œil, mais parce que c’est le genre de jeu « plus tu y joues, plus tu lui trouves du charme ».
J’étais en CE1. Mon cousin Donovan (je l’appelle comme ça pour garder sa confidentialité) avait économisé toutes ses richesses pour se faire plaisir juste après fêtes de fin d’année. Il me voit quelques jours plus tard :
- « J’ai Star Wars ! J’l’ai acheté 400 francs.
- Quoi ?! C’est trop cher ! Fais voir le jeu ? Woaaa (je contemplais la très belle boite) … Il a l’air trop bien.
- Ouai il est mortel. Viens, on y joue ?
- Ok super ! ».
La jaquette du jeu – une pure merveille devenue un collector.
Oulalala le début du jeu s’annonce prometteur : LucasFilm GAMES. Si la marque de fabrique de Georges Lucas s’associe à l’élaboration d’un jeu, c’est forcément attrayant pour la suite. En effet, on a le droit à une scène d’introduction qui suit celle du film avec le croiseur interstellaire au dessus de la planète Tatooine qui attaque la rébellion, ainsi que de très gros efforts graphiques pour présenter les personnages : C3-PO m’a marqué.
Et on commence. Vu de haut on peut diriger le Land speeder sur le désert de Tatooine. Pour le premier niveau, on ne peut diriger le vaisseau car la grotte bleue est un passage obligé pour se faire la main. Là, on se retrouve sur une vue plus habituelle, c’est-à-dire en vue de plate-forme. Mr. Luke sait avancer à gauche et à droite, se baisser, sauter, courir, et tirer. Il est très bien dessiné pour l’époque, et on le reconnaît d’emblée.
Parlons-en des graphismes : les monstres et sprites de nos héros sont bien détaillés. On assiste à une « quête graphique de la réalité », vous savez celle qui s’oppose au coloriage « feutre » ? Je m’explique : le design se rapproche plus d’un film en jouant avec les ombres, les teintes, et les reliefs. Ce type de design se trouve par exemple dans des jeux tels que Street Fighter II sur SNES. En gros, on évite un coloriage plan en 2D, plus proche du dessin-animé du genre Street Fighter Alpha. Et donc c’est beau car ça colle à l’esprit de l’œuvre cinématographique. Les décors déchirent, on se dira juste (et c’est loin d’être un chipotage ou une reproche) que les grottes de Tatooine se ressemblent à la différence près que chacune possède une couleur prédominante. Ceux de la Death Star ou de Mos Eisley sont hyper détaillés, et les maps sont libres d’exploration.
L’animation est fluide, il faut voir notre héros effectuer ses tâches, on s’amuse même à faire des « crochets » gauche-droite pour faire apparaître de la poussière sur le sol. Il prend du temps à freiner après une course (pendant laquelle d’ailleurs, il range son light saber), glisse si la vitesse prend de l’ampleur, et surtout il reste très maniable et répond au doigt et à l’œil. Un détail qui a son importance : si vous tombez de haut, suivant la distance, vous vous blessez ou mourrez. D’ailleurs le bruit et l’animation « tremblement à l’impact » de la chute passent très bien, je veux dire que pour un jeu NES, on a vraiment l’impression de s’écraser comme une crêpe. Finalement ce procédé était l’ancêtre de la manette à vibration, et le succès était réussi.
Un détail qui a son importance (non tu ne relis pas la même phrase, je me répète c’est tout) : le sabre laser est une arme avec laquelle on peut se sortir de situations très délicates ! Par exemple, là comme ça, scénario de ouf : si vous tombez sur un des types qui ne peuvent être tranchés par cette arme, vous allez bondir violemment, mais vous pourrez vous contrôler un court instant durant le saut ! Donc si vous tombez de haut et que vous vous dirigez droit vers un fossé, et que l’un de ces types est là, frappez-le au moment opportun et vous vous sortirez in extremis d’une situation de malade. Dans le cas contraire, si y a pas un de ces types, la force ne sait pas faire : vous vous écraserez littéralement tel un morceau de bois putride jeté d’une force sans égard à la légitimité de son usage sur un rocher où s’éclatent violemment les vagues, un soir de pleine lune.
Un détail qui a son importance (acte 3) : le même sabre laser, hormis la beauté qu’il anime quand il fait sombre autour, peut vous sauver la vie face à un ennemi qui vous tire dessus ! Ouai, il pare les tirs de Stormtroopers et autres opposants mais avec parcimonie, c'est-à-dire que vous restez vulnérables le temps de ramener le sabre vers vous encore une fois. Une sorte de « Parry » à la Street Fighter III – 3rd strike, version NES et avec le bouton B. Pour résumer le gameplay et les détails, on nous gâte franchement là ! Et si vous maîtrisez toutes les arcanes des armes et mouvements, vous allez vous éclater, et même vous prendre facilement pour les personnages.
On explore ainsi le désert et ses diverses grottes pour retrouver nos personnages clés (R2-D2, Obi-One Kenobi, Han Solo) puis des boucliers qui serviront plus tard, au moment de votre escapade dans le champ d’astéroïdes. Au cour du jeu, vous aurez le choix de représenter Luke Skywalker qui peut accumuler jusqu’à sept vies, qui est rapide et qui a l’avantage de changer 2 fois d’armes (blaster plus puissant et le sabre laser). Puis vient la star du jeu pour moi, qu’on prend plaisir à manipuler par sa prestance tout en le bichonnant à cause de sa rareté de vies disponibles : Han Solo, le beau gosse, l’homme de la situation qui donne l’impression d’être plus lourd mais bien plus puissant avec son arme. Son thème met l’eau à la bouche, on s’en lèche les babines avant de commencer à le jouer.
Enfin, la dernière personne contrôlable est la princesse Leia, plus faible mais qui à l’avantage d’avoir un saut bien plus haut que ses amis (elle se révèle indispensable dans le passage du « grand fossé » dans le niveau du dernier hangar de la Death Star). A noter que les deux derniers personnages ne peuvent être ressuscités que 5 fois par Obi-One Kenobi. C’est son principal avantage et pas des moindres. Ouai, le vieux ne sert pas à rien ! Quant à R2-D2, il est très utile une fois arrivé dans la Death Star puisqu’il permet de récupérer les plans de l’étoile de la mort dans la salle d’ordinateurs. Il se révèle aussi un atout de taille lors de la bataille en X-Wing. C3-PO, lui, reste un conseiller banal. Avec lui, y a des trous dans l’eau.
Les méchants sont calqués sur le film, donc Jawas et autres Stormtroopers sont au rendez-vous, hormis quelques délires des programmeurs. Je m’suis tapé des barres sur les rats de Tatooine ! Encore plus sur les mouches à taille humaine : à l’époque, mon défi dans la grotte à Kenobi, c’était de faire tout le niveau entier sans se faire toucher par l’une d’entre-elles et de les attendre toutes d’un coup dans un coin. Réflexes garantis ! après y a les démons chelou. La j’rigole plus. Comment j’avais peur d’eux ! Avec la grotte rougeâtre genre « tu vas crever de panique, sauf si je te plante avant avec ma fourche ». En plus, dès qu’ils apparaissent sur l’écran, ils tapent une pointe d’un coup et s’ils vous touchent, c’est fini. Sans le sabre laser, c’est difficile de les tuer, à moins de tirer toutes les 1/10 secondes pour une rafale digne de ce nom.
Niveau sonore, ça en jette ! La musique d’intro est respectée, il y a des effets d’échos. Le reste des musique se fait par thèmes : le thème de Tatooine, le thème des grottes, le thème du hangar, de la Death Star, etc. Celui de la Cantina à Mos Eisley est tout bonnement mémorable, à la hauteur du film. Mais alors les thèmes des séquences en « 3D » sont stylés ! Ha… celui du champ d’astéroïdes, une pure merveille, on plonge dans le jeu et on se prend pour Han Solo. Celui de la scène de tirs dans le même Millenium Falcon est magnifique et vous passerez un moment prenant !
Car c’est ça le vrai intérêt du jeu, il retrace le film. Le succès du film étant basé sur le fait qu’on découvre des mondes différents, et qu’on va de la terre à l’espace, en passant par une base sous la forme d’une étoile, sans parler des intrigues qui complètent le tout. Là c’est pareil : le jeu nous impose le scénario du film et on alterne ainsi, vu du dessus, vue en plate-forme, et vue « 3D ». Résultat, on n’a pas le temps de s’ennuyer ! Surtout lorsque l’on sait qu’il y a un « Final percent completion » qui nous attend à la fin : en gros, on nous propose de terminer le jeu sans obligatoirement tout explorer, mais la classe c’est de le finir avec toutes les quêtes complétées, c'est-à-dire 100%. C’est rare qu’un jeu à intrigue imposée prenne autant de flexibilité et de bon sens tout en respectant la trame scénaristique.
Seul regret de jeunesse, et pas des moindres : on ne peut pas manipuler Obi-Wan Kenobi, et on ne rencontre jamais Chewie, ni Darth Vador. Mais avec le recul, c’est pas si mal, puisque dans le film, ce dernier ne meurt pas, pourquoi le battre ou bien le faire « fuir » dans un jeu s’il n’y a pas de victoire définitive ? Et puis de toute façon, plus on avance dans le jeu et plus il devient prenant, même sans ces deux personnages manquants.
La fin nous met dans l’espace à bord du X-Wing ! Et surtout R2-D2 qui est notre allié principal puisqu’il restaure le bouclier du vaisseau par phases périodiques. Cette dernière partie du jeu, orientée shoot’em up, teste nos réflexes et notre précision, et plus spécialement le dernier niveau qui nous met à rude épreuve puisqu’il faut semer les Ties-Fighters avant de torpiller la Death Star ! Nan là franchement on tient quelque chose. Bien meilleur que « The Empire Strikes Back » sur la même console (où le scénario n’est pas forcément respecté, notamment quand vous battez Darth Vador, puis qu’il tombe dans le réacteur de la cité des nuages… normal. Les programmeurs n’ont pas vu le film ?). En tout cas, ce la ne risque pas d’arriver à notre petit « Star Wars » sur NES ! Justifiez la version 1977 du film avec Han Solo qui tire toujours le premier sur Greedo !
Assez difficile pour le finir, mais assez de continues pour relever le défi, on revient dessus comme quand on se repasse le DVD ou que le chef-d’œuvre est rediffusé de nouveau au cinéma : autant dire que c’est une valeur sûre à chaque fois. Si vous n’avez jamais joué à cet opus, jetez-vous dessus ! L’action, l’adresse, et l’aventure sont au rendez-vous dans un jeu digne du film.