Le site qui n'a pas passé l'âge pour ces conneries.
Dragon Ball Z 3 : Ultime Menace
Bandai - 1994
It's over 1994 ! par Fungus

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
CHA-LA HEAD CHA-LA, Nani ga okite mo kibun wa heno-heno kappa, CHA-LA HEAD CHA-LA, Mune ga pachi-pachi suru hodo, Sawagu Genki-Dama --Sparking!



Voilà ce que vous hurliez devant votre poste de télévision durant vos matinées sans école. En supposant que vous étiez japonais. Parce que si vous étiez un petit français, vous aviez droit à du : "Drrrrragon Baaall Zèdezèdeèéde, leu gen-til Sangohan", scandé avec verve et conviction par une Ariane Carletti tentant vainement de donner corps à des parole bavées par un Jean-François Porry qui n'était visiblement payé qu'au rendement. Le tout illustré par des images probablement réalisées à la va-vite par un monteur pressé de s'en aller avant l'heure des bouchons sur le périphérique. Dragon Ball. Ou les Balles du Dragon comme l'avaient transposé des traducteurs malicieux ou complètement à coté de la plaque dans la première version du jeu, sorti sur NES. Quitte à faire de la merde, ils auraient pu continuer sur leur lancée en osant une métaphore facétieuse à base de testicules tiens. Incapables. Mais passons.



Foin de chipotages linguistiques, concentrons-nous sur ce bel objet en 16 bits (et 7 boules). Nous sommes dans la seconde moitié des années 90 et une chose, une seule accapare vos pensées d'enfant. Les nouvelles tensions dans le Golf arabo-persique ? Jacques Chirac ? La Macarena ? La capacité pulmonaire d'Ophélie Winter ? Non, vos songes d'enfant aux joues roses et au nez morveux sont occupés par un gamin avec une queue de singe qui voyage sur un nuage jaune et qui balance des boules de feu avec ses mains. Une certaine idée d'idéal en matière de plan de carrière et des rivières de larmes pour vos parents.



Ce Débézède trois est l'avant dernier rejeton de la série sur Super Nintendo, juste avant un Hyper Dimension dont les rhumatismes en auront déçu plus d'un. Nous sommes en 1995 et la Dragon-mania est à son paroxysme. Si vous étiez adolescent comme moi même à cette époque, vous en mangiez à toutes les sauces : télévision, cinéma, cartes à collectionner, jeux, seringues à insuline. Si Lionel Jospin avait fait une démonstration de kamehameha en conférence de presse, sûr qu'il aurait eu son siège à l'Elysée. Donc inutile de vous dire que ce que désir mon petit cœur pubère c'est autre chose que la paix dans le monde ou l'éradication du paludisme. Y veut son Débézède sur Supernintando et rien d'autre. Et il fut sien.



Clic. L'intro déboule. Sangoku nous balance sa purée en full frontal. Je trépigne. A moi les kamehameha et autres corrections infligées à des démons de tout poil du grand Akira Toriyama. La série des jeux suivant grosso modo celle du dessin animé, cet épisode actualise son bestiaire tout en conservant les valeurs sures. On est donc en plein saga Majin Bu, alias Boubou, alias le Barbapapa qui tue des gens en dilettante. Huit turlurons au total nous sont proposés pour le festival de claques en son et lumières. Du coté du clan des Saiens on a l'inoxydable Sangoku, accompagné de l'éternel second Végéta (ici en mode berserk soumis) et des rejetons Trunk et Sangoten/gohan, le tout en mode blondinet. Suivent une C18/Cameron Diaz rescapée d'on ne sait où, Dabula le cornu et le truculent Boubou du coté des mauvais garçons, pour finir sur ce quart de brie qu'est Kaioshin. Rajoutez à cela un Trunk adulte disponible pour les détenteurs du secret des dieux ou à défaut du code à tapoter à la manette. On reste dans la moyenne des titres de la série. Un peu léger mais baste, du haut de mes 12 ans, c'est un plantureux festin. Et j'ai bien l'intention de m'en mettre plein la lampe.



Et j'en ai passé des après-midi à polir ma manette pour envoyer des vagues d'énergie par paquet de 12 et des enchainements de mimines et petons, les fameux "outatatatata" pour utiliser les termes techniques. Je remodelais les scénarios à ma guise, redorant le blason de personnages restés dans l'ombre, corrigeant ceux s'appropriant un peu trop de couverture. A commencer par cette endive braisée de Kaoishin. Haha, dieu qu'il a dégusté plus souvent qu'à son tour cet espèce de petit punk gay post-romantique. Tiens, prends-ça dans le museau, vilain bouche-trou scénaristique, je vais t'en donner moi du dieu suprême.



Seulement voilà. Ces chimères ne durent qu'un temps. Le temps qui est parfois un juge cruel et inflexible. Et sa sentence claque parfois comme un coup de trique sur un fessier trop polisson lorsqu'il s'agit de reconsidérer un jeu une fois flétrie la pureté de notre adolescence. Ce Dragon Ball Z a-t-il survécu à notre Club Dorothée chérie ? Difficilement. Une fois balayées nos illusions d'enfance, le jeu laisse apparaitre pas mal de scories.



Sur le plan bassement matériel pour commencer. On est assez loin des vrombissant titres qui font la gloire de la console à cette époque. Rien de honteux mais rien de flamboyant non plus. Les développeurs ont péché par fainéantise, grisés probablement par l'appât du gain facile. La licence est une poire juteuse dont le suc semble inépuisable. Celui des acheteurs aussi par conséquent. D'où un certain penchant à la facilité dans la réalisation. Le principal chef d'accusation tient à la réutilisation de certains éléments histoire de gagner du temps et quelques brouettes de yens. Prenez les décors. Au total de huit, il n'y en a en fait que 5 d'originaux. Les autres ne sont que de vulgaires variantes : on change les couleurs et zou l'affaire est dans le sac, l'argent des gamins par la même occasion. D'autant qu'ils ne transpirent par l'originalité par tous les pores de la peau : le ring du tournoi des arts martiaux, la fameuse zone désertique à tout faire, une simple zone stratosphérique en versions matinée printanière et colère orageuse, la base de cet espèce de pou géant de Babidi. Et basta. Eh. Dites. Ça prend peut-être sur un demeuré de préboutonneux mais je ne suis pas du bois dont on fait les connards. Aigrefins.



Même constat pour les personnages. Oh, certes un certain soin a été apporté à chacun d'eux, ça y'a pas à dire. N'empêche. Le recyclage est clairement visible lors des combats. L'aura d'énergie lorsqu'on recharge son ki par exemple. C'est le même pour tous, hop socialisme du sprite, tout le monde à la même enseigne. Si pour les personnages principaux, l'entourloupette passe encore, on tutoie le grotesque pour les autres, Boubou ayant par exemple le gras qui dépasse de son aura. Cela fait tâche. Et la procédure se retrouve au niveau des diverses boules de feu et autres éjaculations énergétiques : on change le filtre et hop, ni vu ni connu. Vilains japonais, moi qui prêtais foi en cette image d'un peuple besogneux et soucieux du détails. Tiens, j'y réfléchirai à deux fois la prochaine fois que j'achèterai des sushi et j'opterai pour un kebab.



Petite amélioration au niveau sonore. Pas de quoi faire réveiller Sainte Thérèse de Lisieux mais on remonte à petits pas la pente de la qualité. Six thèmes au choix pour les combats auquel s'ajoutent ceux de l'écran titre et des crédits finaux. On notera une inspiration, peut-être fortuite, des classiques Capcom chez certains, toutes proportions gardées. Les compositions ne donnent pas de sueurs froides au processeur sonore mais font leur part du boulot : mettre dans l'ambiance du combat. Peste, tout ceci reste néanmoins un peu maigre. Ajoutez quelques voix correctement digitalisées en fond de sauce et vous aurez un plat mangeable mais que l'on servira plus en restaurant d'entreprise que pour le réveillon de Noël (sauf si vous passez vos fêtes au bureau, nous vivons des temps impitoyables).



Mais si on ne devait retenir qu'un seul grief, c'est la fluidité de l'ensemble. Ne nous mentons pas, le jeu se traine salement la bite. C'est même la casserole qui suit la saga depuis le premier épisode. S'il y avait quelque chose de la série qui nous faisait trépigner dans notre pyjama, c'est bien la vivacité des combats. Vous savez, ces coups de poings fusant à telle vitesse que les mouvements n'étaient plus perceptible par l'œil de l'humain lambda (celui qui ne possède que 5 misérables unités d'énergie) et économisait de sacrées ressources pour les animateurs. Dans le jeu, c'est en revanche tournée d'arthrite pour tout le monde. Si bien que l'on abandonne assez rapidement les tentatives de corps à corps et les combat se résument à des duels de kameha et autres big bang attack.



Pour autant, ne blâmons pas trop vite les malheureux qui auront dépensé une poignée de centaines de francs pour acquérir cette cartouche qui promettait aventures et empoignades musclées. D'une part parce que j'en fais partie. D'autre part l'escroquerie est relative si on la compare à la série sur les consoles actuelles qu'on nous livre par palette entières, où chaque épisode n'est qu'un décalque du précédent, avec un peu de sucre glace pour détourner l'attention. Cornegidouille, doit-on s'arrêter à la médiocrité d'un jeu pour l'apprécier ? Si l'on est un adulte en pleine possession de ses facultés intellectuelles, la réponse est oui. Les adolescents attardés que nous sommes ne sont donc pas concernés. Ce jeu se rapproche certes plus des lasagnes Eco+ réchauffées au micro-onde que des filets de rouget aux truffes de chez Ducasse mais on s'en tape les prunes avec une tringle à rideaux. C'est du Dragonball Z sur la rolls des 16-bits : il est donc indispensable. Ne serait-ce que pour faire revivre l'adolescent dont les yeux brillaient devant un des dessins animés les plus bourrins de la création. Pour la légende, pour les saiens, pour les boules.

Le point de vue de César Ramos :
Aussi rare que peut l'être un produit de cette série, la légende faisant cependant artificiellement grimper les prix. Prudence donc.