C’est bien connu, certaines séries du monde vidéo-ludique recèlent de véritables joyaux, phénomènes totalement incontournables pour certains et cultes pour d’autres. Mais il y en a aussi pour qui ce n’est pas le cas, voire même qui possèdent un vilain petit canard caché sous un rocher tellement il a honte de lui.
Megaman’s Soccer est un petit peu comme ce charmant volatile, plongé dans une famille adulée par tant de fans alors qu’il n’attirera finalement que très peu l’attention. Médisant, moi ? Vous avez sans doute raison, je peins là un portrait trop noirci. Après tout, Megaman’s Soccer a plein de qualités, comme…euh…attendez un peu, ça va me revenir…
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Bon, en fait non, il n’a pas grand chose pour lui. Mais laissez-moi tout de même vous parler de ce titre exceptionnel.
Megaman’s Soccer est sorti un beau jour de mars 1994, issu de l’esprit brumeux de braves gars de chez Capcom. La série marchait toujours aussi bien sur la NES puisque le sixième épisode était déjà sorti quelques mois auparavant, mais aucun titre n’était pourtant paru sur la nouvelle console en vogue du moment, la Super Nintendo. Evidemment, il en fallait un, mais bien différent du tout récent Megaman X histoire ne pas trop mélanger les genres.
La question est donc « Qu’est-ce qui a poussé Capcom à sortir un jeu de foot ? ». Essayons de reproduire la réunion de crise organisée à l’époque :
- Bon les gars, faut faire quelque chose. Megaman 6 est sorti sur la NES, mais il nous faudrait sortir un épisode sur la Super.
- Euh… Megaman 7 ?
- Non mais t’es fou toi ! On vient de balancer Megaman X, si on fait ça les gens vont être perdus. Il faut repartir en douceur, avec un nouveau concept.
- Pourquoi pas un jeu de plateau ?
- Déjà fait.
- Ah oui, en effet…
- Autant le dire de suite puisque tu n’es pas inspiré : je pensais à un jeu de foot.
- Un jeu de foot ?!
- Oui oui.
- Attends, on parle bien de Megaman, le robot dont l’atout principal est son bras canon ?
- Lui-même. Mais puisqu’il peut glisser, on peut dire qu’il sait aussi faire des tacles. Et vu le nombre d’adversaires qu’il y a dans la série, on n’aura aucun mal à composer les équipes.
- Ah ouais, pas mal comme idée. On pourrait même y inclure des super shoots, comme dans World Cup.
- Tout à fait. Avec un jeu tellement fun, on pourra facilement concurrencer Konami et leur ISS.
- Ca sent le hit à plein nez !
- Totalement. Il ne reste plus qu’à apprendre les règles du foot.
Tant d’espoirs fondés seront-ils concrétisés ? On y vient. Lançons tout d’abord le jeu, pour voir ce qu’il a vraiment dans le ventre.
Un écran titre assez sommaire, mais finalement assez fidèle à ceux auxquels la série nous a habitués. Jusque là, c’est tout bon. Mais voici que le menu se profile. Mais…mais…c’est qu’il y a plein d’options proposées, génial ! Amical, Championnat Capcom, Tournoi, Ligue et Optons. Rien que ça. Voilà qui devrait nous proposer de longues heures de plaisir, surtout si le ramage se rapporte à son plumage. Avec un peu de chance, nous tenons là le Phénix des hôtes de cette console.
Curieux de nature, je file me précipiter vers les options. Configuration de la manette, durée des périodes de jeu, nombre de tirs spéciaux et écoute des musiques. Pas mal, c’est plutôt bien fourni.
Allez, il est grand temps de se lancer, commençons. Et ce mode « Capcom Championship » me semble bien suspect. C’est parti, jetons y un œil.
Ah, il y a un scénario ? Comment ?! Le Dr.Wily vient d’attaquer un stade de foot avec ses robots ? Et c’est Megaman qui est désigné pour aller remettre tout ça dans l’ordre dans un tournoi de foot ? Je sens que je commence déjà à regretter ce mode de jeu, mais ce n’est pas bien grave, passons.
Fort heureusement, l’écran de sélection des boss est là pour nous rappeler que nous sommes bien dans un Megaman. Huit adversaires issus des quatre premiers épisodes, pourquoi pas ? C’est parti, on commence avec le premier d’entre eux.
Tiens, l’écran d’apparition du boss est toujours le même ! On est vraiment dans un Megaman, chouette !
Mais voilà que les choses divergent. Choix de la formation. Hum. Il y a sept joueurs de champ et cinq tactiques différentes. Bon, après tout, est-ce que ça va changer beaucoup de choses à l’histoire ? La première est un 3-2-2, autant la conserver. Tiens, ça se lit à l’envers : attaque – milieu – défense. Tout le contraire de ce qui est affiché à l’écran en fait.
Quoi ? Sélection des positions ? Voici une chose sympathique, il est possible de composer sa propre équipe. Mais vu que je n’ai que des Megaman (je ne savais pas que Light en avait créé huit exemplaires, probablement au cas où l’un d’entre eux viendrait à se tacher en mangeant des spaghettis bolognaise), je n’ai pas trop le choix pour le moment.
Et le match est parti. Mince, le terrain est assez grand quand même, et les joueurs gérés par la console n’ont pas l’air d’être de première fraicheur, ça n’aide pas à mener des actions bien construites. Mais la bonne idée est clairement l’insertion du radar qui permet en un coup d’œil de savoir qui est où. Vu que les passes sont automatiques, ça permet au moins de ne pas la faire quand celui qui doit la réceptionner n’est pas là. Et ce n’est pas du luxe.
Concrètement, que peut faire l’ami Megaman ? Trois actions sont possibles en attaque : faire une passe directe, faire une passe en hauteur, et enfin shooter. Pour la défense, ça va du tacle à la poussette en passant par la tête. Sans oublier le fameux tir spécial, qui se déclenche ici par une combinaison R + Shoot.
Parlons-en justement de ce tir spécial, celui-là même qui fait cruellement penser à World Cup. Lors des premières parties, le jeune débutant aura bien du mal à battre la seule star du terrain, à savoir le gardien de but. Car si les joueurs de champ se trainent tels des limaces sous morphine, le gardien, quant à lui, n’aura rien à envier à Ed Warner des grands soirs en multipliant les arrêts improbables dans les situations les plus compromises.
Bourriner à coup de tir spécial sera ainsi l’échappatoire le plus direct pour inscrire un but lors des premiers matchs. Puis au bout d’un moment, le gardien adverse l’arrêtera, et il faudra alors trouver une autre solution. Damned.
Par chance, le gardien de but n’est pas infranchissable, et tout comme Ed Warner il possède ses points faibles. Ici, il s’appelle « frappe en diagonale à partir du coin de la surface de réparation » et est relativement imparable. S’il est bien placé, il y aura un but la plupart du temps, ce qui amène finalement à des scores fleuves.
Ca y est, vous connaissez désormais la recette essentielle pour gagner les matchs, il ne vous restera plus qu’à dérober le ballon à l’adversaire et faire une action offensive parfaite. Tout en évitant les perfidies de la console qui n’hésitera pas à tacler à la gorge pour récupérer son bien.
Car non, il n’y a pas d’arbitre. Tous les coups sont permis, comme dans World Cup, à la différence près que tous les joueurs se relèveront à chaque coup reçu. Et qui dit pas d’arbitre dit aussi pas de faute. Oubliez donc les coup-francs et autres penalties, le jeu ne sera jamais coupé par un coup de sifflet inopportun.
D’ailleurs, le ballon ne quittera quasiment jamais le terrain puisqu’il y a des murs tout autour. Il faudra donc faire une mauvaise passe pour envoyer le ballon au-dessus pour bénéficier d’une touche ou d’un corner. En fait, Megaman’s Soccer est une simulation de foot en salle, il fallait le trouver.
Après deux périodes semblant durer une éternité (et la durée ne peut pas être configurée pour ce mode. Je lance volontiers un sort vaudou au mec fautif de ce truc ignoble), le match se termine donc sur un score sans appel et le boss rejoint notre équipe ! Et avec lui, la possibilité d’aménager un peu mieux sa formation puisque chaque personnage aura des statistiques plus ou moins bonnes dans quatre critères. Un coup d’œil permet ainsi de savoir qui doit faire gardien, tacler comme un bœuf, courir comme un dératé ou avoir un bon shoot.
Le jeu continue ainsi jusqu’à arriver à l’issue de la forteresse de Wily (forcément, nous sommes toujours dans un Megaman) et son duel fatidique. Mais avant tout cela, il aura fallu remporter dix rencontres consécutives, tout en pouvant compter sur un système de mot de passe se rapprochant plutôt d’une grille de Kéno.
La récompense pour avoir terminé l’histoire ? Bah non, il n’y en aucune. Si ce n’est de pouvoir continuer avec les modes Tournament (une coupe à élimination directe) ou League (un vrai championnat, avec classement et tout et tout)
Autre possibilité, faire des matchs amicaux et voir qu’il y a beaucoup de personnages jouables différents de ceux des trois autres modes. Et preuve en est qu’on peut faire encore plus chiant, il est possible d’organiser un match console vs console.
Il est cependant à noter qu'il est possible de faire des parties à deux, mais je n'ai jamais pu tester cela. Dommage -ou pas- ai-je envie de dire, cela pouvant peut-être amener des séquences stratégiques intéressantes au jeu. Ou bien créer encore plus de bordel, c'est possible, tout est réalisable.
Avec tous ces avantages, Megaman’s Soccer s’impose comme l’un des meilleurs jeux de foot de la console, loin devant tous ses concurrents. Et c’est là que se fait toute la différence entre ceux qui ont lu l’intégralité de la critique et ceux qui ont filé directement à la conclusion.
Conseil Bonux : n’hésitez pas à couper le son en cours de partie et à les remplacer par les commentaires de Thierry Rolland et Franck Lebœuf. Vous y gagnerez, croyez-moi. Vraiment.