Ici, on n'en est encore qu'au deuxième Reich.
Starwing
Nintendo - 1993
C'est l'histoire d'une star, oui! par Viewtifulink

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Mon premier jeu.

Une entrée en matière aussi concise que percutante comme cette phrase nominale pourrait laisser présager d’un test passionné, rempli de nostalgie. En effet, après une accroche si lourde de sens, le lecteur (en l’occurrence vous) pourrait légitimement se poser des questions sur l’objectivité de l’auteur de cette critique (c’est à dire moi, suivez un peu, on n'en est qu’à deux phrases). Ne crains rien ami lecteur, car si l’enfant de tout juste six ans que j’étais lors de la découverte de ce jeu risque de se manifester, c’est bien le grand, beau et ô combien expérimenté gamer que je suis devenu qui va l’écrire cette critique, et non l’autre petit merdeux. Maintenant l’intro est finie, j’ai bien parlé de ma vie, on passe à ce pourquoi vous êtes venu(e)s : Starwing, l’original™.


Let’s play!


On déballe le papier cadeau et on jette un coup d’oeil à la boite. La face avant est composée de l’inévitable titre, de quatre splendides vaisseaux entre une planète et une galaxie, au premier plan le personnage principal suivi de ses trois acolytes et un mystérieux sigle « FX » en apparence bien anodin… Premier constat : le chara design est assez douteux, les animaux qui tiennent lieu de personnages on été arrangés à la sauce robot futuriste, et c’est pas fameux fameux. En un mot comme en cent, j’aime pas. Il aurait mieux fallu faire de mignons personnages au look cartoon, plus charismatiques, mais non ça n’aurait pas été assez « hype ». Et oui mon petit, là foin de mignons petits Pokemon et d’attrapage de Pikachu via les pokéballs mais bien de polygones animés en temps réel et de zigouillages d’extraterrestres à grands renforts de bombes nova. Bienvenue dans l’ère de la troidé et des jeux « adultes », où même les renards semblent nourris à la testostérone et où la 2D est dépassée, mais chuuut, ça on ne le sait pas encore, on n’a même pas ouvert la boite…

Alors on l’ouvre cette boite, à l’intérieur se trouvent une cartouche dans du carton et une notice. On ouvre la notice, on feuillette un peu, il y a de jolies images. Bon on envoie chier, pas trop loin quand même parce que le vendeur a dit qu'en gardant la notice et la boite le jeu pourra être vendu plus cher, il ne comprend pas encore la véritable portée de cette phrase, le saint homme. La console est branchée, la cartouche enfoncée, la télé allumée, le jeu peut commencer. Ces six demis alexandrins pourraient d’ailleurs constituer l’hymne de l’oldies, mais là n’est pas le sujet.


Une vision dans le cockpit est disponible durant les phases dans l’espace


Le titre fait penser à Star Wars, y a des vaisseaux spatiaux, un vide intersidéral, on est donc en droit de s’attendre à un Space Opera qui décoiffe sa maman. La cinématique va dans ce sens : trois vaisseaux apparaissent au dessus de nos tètes (enfin… de l’écran quoi.), ils sont détruits par quelques lasers bien placés, surgit ensuite le vaisseau mère des envahisseurs responsables de ce carnage, tandis qu’au loin apparaît déjà Corneria, la planète bleue. Elle semble si faible face à cette fantastique armada. Imaginez le tout avec une musique qui fait peur. Versez une larme. Dès le début, on est dans l’ambiance, mais ce qu’il y a de plus fou dans cette intro ce sont les éléments en trois dimensions ! On avait déjà vu seize polygones (très exactement…) dans A link to the past, mais ici c’est l’orgie, la déferlante et ce n’est que le début. Car ce qui va faire de ce jeu un véritable best seller, ce n’est pas le scénario affligeant ou les personnages sortis tout droit des fables de La Fontaine, mais bien les graphismes. La puce Super FX contenue dans la cartouche permet de booster artificiellement les capacités de la SNES, ce qui lui confère la capacité d'afficher de fantastiques graphismes en 3D (enfin fantastiques, on est en 92 hein), avec des textures et tout hein, l'arcade à la maison comme on dit. La cinématique de début laisse place à l’écran titre où nous retrouvons nos quatre larrons déjà beaucoup moins hideux que sur la boite (2D oblige). Press Start.

Et là on tombe sur un menu ingénieux au possible : vous pouvez choisir la configuration de votre manette et tester immédiatement si cette dernière vous convient. En effet, vous avez à votre disposition un vaisseau que vous contrôlez entièrement et vous avez la possibilité de choisir entre quatre configurations grâce au bouton select. Astucieuse initiative que je n’ai à ce jour jamais retrouvée dans aucun jeu et c’est bien dommage. Une fois votre configuration sélectionnée (choisissez la première, c’est celle que choisis votre serviteur, c’est à dire potentiellement la meilleure solution), vous avez le choix entre l’entraînement ou le jeu proprement dit. L’entraînement n’est pas nécessaire pour arriver à jouer, on peut très bien finir le jeu sans passer par cette étape mais il peut être pratique d’y faire un tour quand même pour. Au programme : passage dans des anneaux, tir sur des cônes et vol synchronisé avec vos coéquipiers. Rien de bien excitant en soi mais tout cela suffit pour bien s’habituer à manier votre Arwing, ce qui je le signale au passage est le nom de votre vaisseau. Et là vous vous dites que voilà bien 34 phrases que je vous parle et qu’on a même pas encore véritablement joué au jeu et moi je vous répondrai qu’un jeu vidéo comme Starwing, c’est comme une bonne glace deux boules, ça se savoure lentement et il faut être patient avant que n’arrive le meilleur, c’est à dire le chocolat qui est tout au fond du cornet et qui vous procure le summum du plaisir (toute personne ayant détecté la moindre allusion grivoise dans cette phrase est un vicieux de la pire espèce, qu’on se le dise).


Sur l’écran continue, on peut faire tourner notre vaisseau sur lui-même. C’est rigolo.


Et là je m’aperçois avec stupeur et tremblements que j'ai complètement oublié de vous indiquer quel style de jeu était Starwing, ce qui n’est pas vrai puisque tout dans ce test est minutieusement calculé, que je comptais ne vous en parler que maintenant et que de toutes façons vous l’aviez rapidement deviné que c’était un shoot’em up sur rail en trois dimensions. Tout calculé on vous dit. Le scénario est on ne peut plus simple : vous devez parcourir la galaxie pour sauver le monde et réduire le Général Andross en compote. Pour cela vous avez le choix entre trois itinéraires qui correspondent à trois niveaux de difficulté, système intéressant puisqu'une fois le jeu fini en mode facile il sera assez agréable de recommencer le jeu avec une autre difficulté car les niveaux visités ne seront pas les mêmes. Les niveaux sont d'ailleurs assez variés, enfin autant que le permet une épopée à travers la galaxie : trou noir, champs d'astéroïdes, armada impériale, météore et planètes de couleurs diverses et variées. Notez qu'un niveau caché nommé « autre dimension » est accessible, par contre c'est un niveau infini dont il est impossible de sortir sans faire un reset ou arrêter la console. C'est gag non?

Si les niveaux sont variés, les ennemis aussi. Les vaisseaux rencontrés changent régulièrement d'un niveau à l'autre. Il est cependant parfois assez difficile de déterminer la forme exacte de votre adversaire. En effet, bien que la console crache toutes ses tripes pour nous sortir des graphismes 3D, le résultat est loin d'un Toy Story ou d'un Shrek. L'affichage de polygones entraîne des sacrifices au niveau visuel : regardez un peu les étoiles ou l'explosion de votre Arwing, pour voir. C'est du 2D taillé à la hache, mais à la grosse hache hein. Et je ne vous parle pas des bouillies de pixels censées représenter des extraterrestres qui apparaissent de temps à autres après la destruction d'un ennemi. Si la présence de trois dimensions permet d'améliorer le confort de jeu et d'instaurer une nouvelle maniabilité, ceci se fait au détriment du confort visuel, même si le jeu reste toutefois relativement agréable à regarder. Ne vous inquiétez pas : malgré ces quelques défauts tout à fait compréhensibles au vu de l'âge du soft, le tout reste franchement clair et jouable. Les niveaux sont agrémentés de musique franchement pas mauvaise. Chacune de ces musiques s’associe parfaitement à son niveau : une musique entraînante pour le premier niveau, une musique effrayante pour le boss de fin. Ajoutez au tout une palette de bruitages typiquement dans le courant « Star Wars » et vous obtiendrez au final un tableau artistique de haute qualité.


Voici Gérard, dites bonjour à Gérard.


Quant à la maniabilité, elle est au poil. C'est de l'arcade, pas de la simulation de vol. Le vaisseau est très maniable : il est équipé de retro fusées et d'un boost, il peut en outre effectuer des vrilles sur les côtés. Tous ces mouvements sont bien pratiques pour éviter les tirs ennemis et les obstacles en tout genre, ce qui peut se révéler très utile pour ne pas mourir dans d'atroces souffrances. Du côté de l'armement on est tout aussi bien fourni. Tirs lasers et super bombes nova sont au menu. La première arme est en libre service tandis que la seconde est en quantité limitée. Vous disposez au début de chaque vie de trois bombes avec la possibilité d'en obtenir jusqu'à cinq. Au vu de la difficulté pour obtenir ces bombes, je vous déconseille de les utiliser contre de banals troufions puisqu'à la fin de chaque niveau vous attend Robert, Gérard ou l'un de leurs nombreux amis. Qui sont Robert et Gérard? Ce sont les surnoms affectueux que je me suis permis d'allouer aux boss qui ponctuent respectivement le premier et le deuxième niveau du mode easy. Et oui des bons gros boss qui tachent tentent de vous empêcher de finir vos niveaux, les fourbes. C'est pour cela que je ne peux que vous conseiller de garder vos bombes puisque même si ces derniers ne vous inondent pas de boulettes multicolores comme dans les autres jeux du genre, ils sont à la fois puissants et endurants et peuvent finir par vous exploser le nez à la longue. Le meilleur pour les détruire serait d’optimiser son tir, mais est-ce réalisable ?...


Ça c’est Ginette, la femme a Gérard, on va bientôt renter à l’intérieur de Ginette


Le lecteur intelligent aura compris que ces trois points de suspensions permettent à l’auteur de laisser planer un suspense qu’il est angoissant. Votre attente est insoutenable et vous ne tenez plus de connaître la réponse à cette question. Vous tremblez. D’ailleurs je vous conseille d’écouter la musique d’un « Dracula » lambda et de relire cette phrase pour être dans l’ambiance. Voilà vous y êtes ? Bien. Et bien figurez vous qu’il est POSSIBLE d’upgrader votre tir de base. Étonné hein ? Vous pouvez donc à l’aide d’un bonus relativement rare (accessible seulement trois fois dans le parcours easy il me semble) obtenir un double laser, ce qui doublera votre puissance de feu, logiquement. Si vous rattrapez ce bonus, vos lasers deviendront des boules autrement meurtrières. Cependant détruisez vous une aile et vous revenez à votre tir de caca du début. Les ailes peuvent être endommagés, oui, les dégâts de chaque aile sont gérés indépendamment, oui, c’est une très bonne idée, oui. Mais une aile endommagée, ça se répare. On peut par exemple récupérer le même bonus que précédemment mais le double laser sera remplacé par une réparation des ailes. On peut aussi jouer au kamikaze en s’envoyant en l’air contre un mur pour obtenir un vaisseau tout neuf. Astuce à ne pas utiliser s’il ne vous reste plus qu’une vie, puisqu’en plus d’être suicidaire ce geste serait très con de votre part, si si.


Le retour du 11 septembre


Ces quelques bonus sont malheureusement les seuls du jeu, à l’exception des quelques anneaux vous permettant de regagner un peu d’énergie. C’est ce que l’on reprochera le plus à Starwing : être vraiment trop épuré, ne pas proposer assez de contenu, trop arcade quoi. Néanmoins il faudrait vraiment être mad (ou très con, ou les deux même) pour passer à côté de cet excellent titre en ne prenant en compte que ces défauts somme toute mineurs. Vous vous devez de jouer à ce jeu juste une fois, au moins pour pouvoir dire dans les soirées mondaines : « Oui, j’ai joué à la genèse du shoot 3D et de la Super FX ». Il y aurait tant d’autres choses à dire sur ce jeu, j’en oublie peut être (sûrement ?), mais sachez que pour moi une seul mot peut désigner Starwing : culte.
Le point de vue de César Ramos :
Le jeu en français est relativement commun. Un classique.