Lundi 4 novembre 2024, 16h. Présent depuis huit heures sur mon lieu de travail, mon état de fraicheur et ma présence morale ont aussi vite décliné que la batterie de mon Samsung S6 qui a repris du service ce matin pour la première fois depuis 2021. Je traine un spleen tellement grand qu’il pourrait certainement chatouiller le menton de ceux et celles que je rencontre aujourd’hui, mais en tant que bon prince je ne montrerai que les cernes évidemment difficiles à cacher sous mes yeux. « Putain mais qu’est-ce que je fous là ? » me dis-je en fixant l’écran de mon ordinateur, plongé dans le plus grand silence. Ma femme m’appelle pour me prévenir que notre fille a la varicelle. Ah, flûte. Ok, mais qui est le traitre ?
Mais pour mieux comprendre comment j’en suis arrivé là, il va falloir remonter légèrement le temps.
Samedi 4 novembre 2023, il y a tout juste un an. Le NesPiriac, évènement de l’année, battait son plein. Le dernier NesPiriac. Cela avait été officialisé il y a déjà quelques temps, mais on y était pour de vrai. Enfin, « on y était », pas tant que ça. Je n’avais pas pu y être, faute de calendrier compatible, et je me contentais de suivre misérablement la dernière journée de la grand-messe de Piriac grâce à la webcam que Mayo avait pensé à installer pour tous les absents qui manquaient cette ultime édition, celle des adieux.
J’avais beau être loin, cette réunion avait un air de fin du monde, celle après laquelle il n’y a plus rien. Le déchirement était encore plus grand, tant le rendez-vous annuel était devenu une habitude depuis 2013, juste interrompu le temps d’une session covidienne.
Et voilà que quelques jours seulement après la fin du rassemblement, l’ami Super8 a posé naïvement sur le forum la question que tout le monde se posait sans oser la prononcer :
« Bon, c’est bien beau tout ça, mais on fait quoi maintenant ? »
Et autant dire qu’il avait de la suite dans les idées l’animal : voilà qu’il nous dégaine un château dans le Maine-et-Loire, cachette attitrée d’une association d’espérantistes, autant dire la légende palpable du bout des doigts. En à peine un mois l’affaire fut pliée et un premier acompte versé : Piriac 2023 était bel et bien mort, Baugé 2024 sera le nouveau roi !
Et quel roi. Vous comprendrez plus loin après lecture du texte. Sauf qu’entre décembre 2023 et la fin octobre 2024 il y a quelques mois. Ca va être long. D’abord le temps du questionnement : qui en sera ? Un rapide regard à mon calendrier prévisionnel me permit de valider rapidement que, oui, je ferai le déplacement. Puis voir les traditionnels habitués, la Team Nord, la Team Sud-Ouest, les Lyonnais, les Bretons, les Alsaciens, les Parisiens… Avant que les jours ne s’égrainent un peu plus et voir le roster se compléter avec les noms de ceux dont la présence était plus incertaine, pour se terminer par ceux qu’on pensait ne jamais voir arriver : Hebus San, LE Hebus San avait validé son ticket pour le Baugé nouveau. Incroyable ! Et Gabberstef aussi, alors qu’il annonçait quelques jours plus tôt que c’était mort. Sans oublier Kritoff, le petit nouveau qui s’annonçait timidement. Wow.
48 participants officiellement inscrits. Autant que de pays concourant pour la nouvelle formule de la Coupe du monde de la FIFA. Putain. Sauf que nous l’avons fait avant, donc veuillez bien excuser ce « Cheh ».
Et en parallèle, le temps de l’attente. Evidemment de plus en plus longue à mesure que la date fatidique du jeudi 31 octobre se rapprochait. D’abord en abordant le sujet un peu légèrement comme ça, puis en occupant l’espace de manière bien plus évidente. Les conversations sérieuses ou délirantes pouvaient se construire par tous les canaux de communication possibles, que ce soit par le forum, téléphone, sms, whatsapp ou signaux de fumée : des demandes d’entraide et de participation, en passant par les commandes de casquette et les renseignements horaires pour des cours d’aquamermaid, sans oublier les running gag qui allaient s’imposer durant ces quelques jours.
Et voilà comment occuper une part de nos vies pendant ces quelques très longues semaines, avec comme seul objectif le plaisir quasi assuré de bientôt pouvoir nous retrouver. Finalement, seule la perte de mon téléphone la veille du départ aura temporairement douché mon enthousiasme, avec la panique du « bordel il faut que je trouve une solution, il est 20h et je pars demain à 8h30 », mais une fois embarqué dans l’avion qui me permettrait de rallier Orly où la Fungus mobile m’attendait, je savais que ça y est, on y était.
BAUGÉMON 2024 : RASSEMBLEZ-LES TOUS.
Quelques heures de voiture sans encombre plus tard, aux côtés des merveilleux compagnons de route que furent Nicosmos, Wonderpanzer et l’illustre Fungus accompagné de sa très insolite et improbable web radio, le lieu qui allait dessiner les parcelles de nos vies pour les 72 prochaines heures se profilait enfin. La souriante bourgade de Baugé-en-Anjou nous tendait les bras et avec elle le désormais mythique Château de Grésillon. Tant de lignes et de paragraphes pour enfin toucher du bout des doigts la Légende.
Le Château de Grésillon. Imaginez une bâtisse du 19ème siècle cachée dans un écrin de verdure de 18 hectares, 25 chambres réparties sur un bâtiment de deux étages et ses annexes pour une capacité d’accueil maximale de 60 personnes. C’est déjà bien. Ajoutez à cela une décoration absolument improbable, oscillant du papier peint qui baigne dans son jus aux boiseries de déglingo qui ornent les différentes salles. Mention à la cheminée et son cadre en bois d’inspiration néo gothique particulièrement travaillé qui se mariait particulièrement bien à l’écran titre de Castlevania IV sur le téléviseur qui avait été installé en plein milieu. Puis les deux étages supérieurs menant aux chambres, de prime abord labyrinthiques mais qui révélaient leurs charmes aux courageux qui osaient s’y aventurer. Là également, mention au deuxième étage qui, malgré son éloignement naturel à la mer, offrait un niveau d’humidité rarement atteint. Il parait que deux chambres ont été condamnées pour cette raison, on y aurait retrouvé des algues et un banc de sardines en totale liberté.
Et au milieu de ce joyeux ensemble décousu, des postes de télévision. Des petits, des gros, des plats, des bien volumineux et même un incroyable combiné écran/accordéon qui aura fait rêver quiconque s’en sera approché. Et bien entendu, branchées à chacun d’entre eux, des consoles. Plein de consoles. Qu’elles soient récentes ou venues d’un autre âge, elles étaient là, aguicheuses, venues charmer les joueurs que nous sommes et absorber nos âmes le temps d’un moment régressif. Sans oublier bien entendu le jardin d’hiver, plaque tournante du détachement spirituel pour faire le point sur sa vie et se ressourcer dans le calme (non je déconne, c’était là que la tireuse à bière était installée) et, pour les allergiques de l’écran (oui oui), la salle de jeu de société, incroyable lieu de rencontre et d’échanges hauts en couleurs et de fous rires. Salle de jeu de société qui avait élu domicile dans la bibliothèque du Château, poumon du Kultur Domo.
Ah oui, j’oubliais : le Château de Grésillon est depuis 1952 la propriété de la Maison de l’Esperanto, une association qui promeut la langue espérantiste à travers le monde et dont les traces dans l’établissement ne laissent pas le moindre doute. Les livres de la bibliothèque. Les panneaux dans les couloirs. Les inscriptions dans les chiottes. Tout. Tout est écrit en espéranto. Mythique je vous ai dit. Le tout sous l’œil bienveillant (?!) de Bert, le permanent de l’association.
Bref. La Fungus mobile venait de se garer et nous retrouvions déjà les premiers arrivés au Château de Grésillon, qui avaient déjà commencé à s’approprier les lieux. Les premières franches accolades et embrassades, les premiers verres servis, les premiers regards en coin vers le matos à disposition et les écrans allumés, ça sentait bon. Spoz m’attendait de pied ferme avec mon exemplaire du vinyle de Lait de coco, tout était fait pour que cette édition soit épique. La suite est d’une simplicité et d’une fluidité folle : on prend ses marques, on repère sa chambre, on s’installe, puis on se retrouve pour constater que de nouveaux visages sont arrivés, chose qui continuera jusqu’au bout de la nuit avec l’arrivée tardive de Prosnie, Z-Master et Mayo. Super8 avait bien décidé de nous régaler pour cette venue et avait commandé des pizzas en masse, mais non, tu n’as décemment pas le droit de prendre la cheddar/barbecue, c’est Michelangelo qu’on assassine !
Première soirée de warm-up où on mange debout en discutant de tout et de rien, de la vie qui est belle et que putain vous nous aviez manqué. Puis découvrir tout ce que chacun a amené, des consoles traditionnelles aux jeux de société, en passant par le lecteur laser disc d’Averell et ses pépites japonaises : du classique Kickboxer de JCVD au concert de Sardou, il ne manquait plus que le film érotique d’entreprise ou la sélection de hentai… ah non, ils y étaient aussi.
Vient alors le moment où surgit Dams. Perfectdams, la légende, le pilier. Je lui avais proposé il y a quelques mois de ça de se frotter à un jeu en binôme. Il y a quelques années, on avait relevé le défi et triomphé de Battle Kid 2. Eh bien là, il était question de se frotter à un monument de mon enfance, Battletoads sur Nes, en mode deux joueurs. Après avoir lancé cette bouteille à la mer, il n’a fallu que quelques jours pour que Dams termine le jeu seul de son côté alors qu’il n’y avait auparavant jamais joué. Avant de me lancer un cinglant « entraine-toi » quelques jours avant notre rendez-vous. Mon dieu. Je ne sais pas si Dams existe vraiment mais il me fait quand même un peu peur. Donc voilà qu’il vient me trouver pour me conduire devant la chaise du supplicié. Le début d’une folle aventure qui nous conduira peut-être au pinacle de la gloire ? Ce qui est bien avec Dams, qui est définitivement un chic type, c’est qu’il sait s’adresser à son public pour définir ses objectifs et ravir le monde : avec moi un Battletoads, avec Léa un Chip’n Dales, avec Raclette un Double Dragon 3. Bon ok, il y avait une sérieuse erreur d’appréciation au milieu, mais que serait la vie si elle n’était pas jalonnée d’échec ?
C’est bien trop de choses pour une seule journée et je suis un homme faible. Voilà que je m’écroule comme une vieille merde sur les coups de 23 heures, il est déjà temps de clore ce premier chapitre de Grésillon.
Réveillé vers 8h après une nuit de sommeil réparatrice, me revoilà sur le devant de la scène pour un petit-déjeuner à base de grande tasse de café et de croissant bien frais. Merci à l’ami Fungus qui se sera sacrifié pour préparer tout ça aux aurores. Je découvre un Ugluck attablé dans la bibliothèque devant son téléphone en train de jouer à un truc qui m’est inconnu. Il m’explique qu’une adaptation mobile du Pokémon TGC vient de sortir. Stupéfaction. Moi, fan de Pokémon devant l’éternel, n’en avais pas entendu parler. Ok, je ne suis plus trop l’actu et je n’ai jamais été branché jeu de cartes à collectionner, mais quand même, j’ai mes réseaux. Mon pote José aurait pu me prévenir bordel ! Note pour les deux du fond qui bavent en regardant le ciel d’un œil fixe : Pokémon TGC, c’est Magic the Assembly avec un thème Pokémon. Ugluck me présente rapidement la chose et m’explique des étoiles dans les yeux à quel point elle est merveilleuse, tellement bien fichue avec possibilité de retourner ses boosters numériques et tout et tout. Il me montre une carte et l’animation qui va avec qu’il vient d’obtenir, très jolie. Oui, mais si on danse ? Là tout de suite je ne peux pas installer le jeu, n’ayant plus de téléphone, je me contenterai de regarder. S’en viennent Maxdami et Fanny, sa moitié, qui dégainent leur mobile et rejoignent Ugluck dans sa folle frénésie. Sérieusement, vous allez faire ça à trois devant tout le monde ? Il faut croire que la Maison de l’Espéranto a avalé leur âme aussi vite qu’ils sont arrivés, ils ne décrocheront quasiment plus leur téléphone jusqu’au départ.
La journée s’ensuit de la manière la plus classique qui soit : on parle à gauche, on parle à droite, on trinque avec untel, on boit avec l’autre. Chacun papillonne de son côté à des activités variées, que ce soit seul ou en groupe, que ce soit un jeu, un challenge con, une discussion courte ou plus profonde. En somme : le bonheur. Dams me récupère pour relancer notre fil rouge sous le regard d’un public aussi curieux que réduit, ce qui n’a pas empêché un certain Hebus S., provençal émigré en pays catalan, de nous traiter à demi-mot de grosses merdes car nous bloquions sans cesse au même écran du niveau 8. JE T’EMMERDE. Déjà que ça n’est pas facile, mais avec des fous à lier qui beuglent dans tous les sens ou qui décident que finalement, c’est sur ta multiprise qu’ils veulent se brancher, c’était déjà une jolie perf’ d’arriver jusque-là. Et puisqu’il était indécent de terminer le jeu si tôt dans le séjour (il fallait bien garder de quoi faire pour la suite hein), j’ai préféré le mettre en pause pour aller faire le tour des différents jeux de société qui avaient amenés. Pandémie, grand classique des rassemblements [NesPas ?], pour une manche très médiocrement perdue, puis les classiques accusations de fascisme de Secret Hitler : les bases sont respectées. C’est là que je vois un étrange socle de bois bien costaud sur une table. J’allais découvrir Tumblin’ Dice et le monde allait découvrir mes qualités innées de sniper.
Tumblin’ Dice donc. Comment décrire ce jeu ? Certains disaient qu’il s’agissait d’une sorte de pétanque, je rapprochais plutôt cela du jeu de fléchettes avec des jetons. Kirby a eu l’illumination de faire un rapprochement avec le Pitch Car : et c’est effectivement ça, puisque les deux jeux sont tous les deux distribués par Ferti ! Il suffit de tirer un dé d’une pichenette sur une surface de jeu divisée en plusieurs segments, les plus éloignés rapportant le plus de points. Quatre joueurs s’opposent et tirent quatre dés chacun, le premier qui parvient à 300 points remporte la partie. Un jeu d’adresse tout ce qu’il y a de plus con et accessible pour tous. Facile.
Sauf que 300 points, ça peut être long. Et que de tête, ça ne sera pas possible à comptabiliser. Je me dévoue pour faire le secrétaire de la partie m’opposant à Averell, Cosmic et Hebus. Quatre colonnes posées sur une feuille surmontées par l’initiale de chaque pseudo et c’était parti pour la légende ! Chacun y va de sa pichenette, le temps que le terrain soit maitrisé et hop, on rentre dans les choses sérieuses. Impossible de dire qui a gagné, la feuille de match a certainement dû être exorcisée à la fin de la journée, mais retenez que tandis que certains jouaient la sécurité, je jouais avec panache pour dégager d’un geste assuré les dés de mes concurrents les mieux placés. Et croyez-moi, ça marche. Parfois. Et d’autres ça replace le dé adverse sur un placement et une face bien plus avantageux, voire rebondit juste devant pour échouer à l’opposé du plateau. Magique. Sauf qu’à force de rajouter des manches aux calculs déjà faits, de compter ses points tout en jouant à saute-mouton et de descendre tranquillou bilou son énième bière de la journée, voilà que les idées s’emmêlent *légèrement*. Tout ça pour dire qu’à un moment donné, j’ai finalement décidé de reconsidérer ma feuille de calcul pour que Cosmic devienne Charles et que le score d’Averell soit permuté sur sa colonne. Moi, à la base, je faisais ça pour rendre service hein, mais ça a fini par se voir…
« Non mais Enker, tu fous quoi là, comment je peux avoir moins de points que Charles, j’en avais plus il y a deux tours ? »
« Ah ben voilà le gars ne sait même plus compter »
« Enker ! Enker ! Regarde-moi ! Tu fais un AVC, assieds-toi sur une chaise et on va s’occuper de toi »
« Ah ben voilà, il ne ramasse même plus ses jetons, il veut qu’on le fasse pour lui. Et ta femme aussi elle doit débarrasser à la maison ? »
« Appelez un médecin, on est en train de le perdre »
AH. LA. VACHE. Le score final importe peu, mais partager une partie avec des compagnons de jeu aussi incisifs ne pardonne pas. Punaise, j’en pleure encore de rire rien que d’y repenser… Quiconque était présent à ce moment-là a entrevu la lumière. Et si mes talents (hum) de pichenetteur n’ont pas d’égal, Mayo est venu plus tard prouver sur deux parties consécutives qu’il était habité par LA CHATTE. Parce que là, j’ai décrit une partie qui vire en grand n’importe quoi, mais jouer avec Mayo, c’est l’assurance de voir tous ses dés maraboutés échouer lamentablement dehors. Voilà. Je ne parle pas de mon tir entré dans la légende où, après annonce, j’ai dégommé le dé de Mayo bien isolé sur son coeff 5 pour l’éjecter du terrain… et voir le temps se figer, le temps d’une splendide parabole, avant d’atterrir sur la parcelle opposée avec un meilleur score bien entendu, sous le regard médusé de Poyo et Lynou. Magique.
Quoi qu’il en soit, la Team Snack trouve bon de me sortir de ce supplice, le temps d’un repas à l’issue duquel les équipes sont formés en vue du concours de l’édition. Le fil rouge est annoncé par Bazart, Maître Capello de la chose vidéoludique : préparer pour le lendemain soir le meilleur personnage possible sur Shining Souls 2 GBA. Rapidement, notre équipe décide que l’on passerait plus de temps à trouver un nom plutôt qu’à jouer le jeu, parce que bon : CHIANT. C’est alors que Nicosmos et Bodom eurent une idée aussi pernicieuse qu’extraordinaire : télécharger une sauvegarde avec des persos bien avancés et la charger sur la cartouche via l’Analogue Pocket. Merveilleuse inspiration de notre binôme de stratèges, les Qatari ST étaient nés, bien décidés à rouler. Et s’il le faut on emploiera des moyens pas trop légaux.
Nouveau temps fort de ce Baugé 2024, Silver avait concocté un scénario de Donjons & Dragons pour les quelques volontaires qui souhaitaient bien s’y frotter. A la base, une deuxième compagnie menée par Lynou était sur le pont, mais elle dut déposer les armes faute de temps. Ce sont donc Armerl -alias le demi-orc Arloin, Kritof -le génasi Pom Deter, Bast -druide Kroothar- et votre serviteur -le gnome Enkuler- qui ont incarné le Club des Cools dans
le Casse de Mordenkainen.
Merveilleux maitre du jeu que Silver pour diriger cet ensemble hétéroclite. Kritof, nouveau venu plein d’assurance, nous aura gratifiés de son aisance du jeu de mot (Pom Deter à la recherche du sorcier Bercule, qui a prié la Fée Culent pour qu’il tue Bercule. Magique), mais surtout Bast, fantastique dans son rôle de druide chamanique vêtu de deux peaux de renard (?!) et d’un long bâton qu’il frappait au sol au rythme des mantras qu’il psalmodiait (?!?), tout en faisant claquer la mâchoire d’un crane de chevreuil (?!?!)
Une aventure qui s’ouvrait par un « combat facile en guise d’entrée en matière » selon la fiche de l’ami Belge. Bien. Soit on était très mauvais, soit ta grille est un *légèrement* dysfonctionnelle, le fait étant que c’est la phase de jeu où nous avons le plus galéré. Sauvés d’un mauvais pas par l’entremise de la sphère de feu rebondissante et du gros bâton de Raclette, ainsi que par ma réussite insolente au dé, nous avons pu entrer dans une phase de défis individuels qui allaient permettre au druide Kroothar et ses pouvoirs métamorphes de se révéler. Face à une autoroute particulièrement dense, c’était à lui de sauver la situation : ni une ni deux, et après examen de sa fiche, Bast indique vouloir se transformer en crapaud géant et sauter par-dessus les camions en furie. Face à l’incrédulité de Silver, il insiste plein d’assurance, galvanisé par les réussites aux épreuves des autres membres du Club des Cools : « Oui, je prends mes camarades sur mon dos et je saute ». Bast venait de réinventer Frogger.
Difficile de décrire avec des mots la scène qui s’est ensuivie, mais retenez juste que Bast s’est emparé des dés, a fait un lancer que l’on qualifiera poliment de médiocre, suivi d’un grand silence seulement rompu par Silver après consultation de ses fiches : « tu t’élances haut dans le ciel… mais tu retombes en plein milieu de la voie où tu te fais heurter par un camion à pleine allure. Tes camarades sont tous éjectés mais tu es écrasé comme crêpe et te traine lamentablement jusqu’au bord de la route ». Hilarité générale du public qui s’était progressivement réuni autour de la table.
Mais Bast est un esthète qui ne se laisse pas abattre. On ne vient pas vêtu de peaux de bêtes et décoré de restes osseux d’animaux pour flancher devant le premier semi-remorque venu ! Alors, quand vient l’heure du combat final et que notre maître du jeu l’interroge sur l’action à venir, une lumière brille dans ses yeux, puis il déclame « Loup géant. C’est dans ma liste des transformations, je me transforme en loup géant et je m’interpose dans la masse pour dévorer nos ennemis ». Flottement. Silver consulte ses documents avant de confirmer la possibilité. Jet de dés. Le public est suspendu aux lèvres du chef de table…
« La transformation est partiellement réussie. Tu te transformes effectivement en loup… mais en un petit loup, une sorte de gentil louveteau égaré au milieu des combats »
Pas de chance au jeu, chance en amour hein, Kroothar sauvera la mise en ramenant avec lui la naine à barbe en fin d’aventure. La partie s’est terminée de manière tout à fait tranquille, Arloin s’est imposé en tant que pyromane maître de la calcination, Enkuler a révélé être un prodigieux archer au tir couillu (littéralement : les testicules fraichement arrachés sur le corps de l’ennemi avaient été placées sur la pointe de la flèche qui allait se ficher dans l’œil du boss), tandis que Pom Deter réduisait en purée Fécule le sorcier dans un coup final. Applaudissements nourris, c’était beau, c’était grand. Nous pouvions dès lors vaquer à de nouvelles occupations, mais eh, c’est un nouveau paragraphe.
Pendant tout ce temps, la folle ruche de Baugé n’a cessé de s’activer : ici une partie de Rockband, là une session mecha sur le simulateur complètement fou de Wonder, ailleurs ça s’adonne sur le kit arcade d’Eparbal, le tout enivré par les incroyables sonorités de piano sur lequel s’adonnent à tour de rôle Parking et Ox. Cet instant de grâce coincé entre deux tranches bien grasses de pure banane, où s’entremêlent des airs très classiques jusqu’au générique de Cat’s Eye. On ne leur avait rien demandé mais ils l’ont fait comme ça, juste pour le plaisir, animés par un étrange démon bienveillant. Assurément un des moments forts du séjour ! Et tandis que Parking subissait le contrecoup de sa célébrité naissante en tombant lui aussi dans le côté sombre de l’appli du Pokémon TGC, une unique partie du Secret Hitler custom, « Secret Ramos » se jouait. Point de fascistes et libéraux, ici la team Flying Omelette et les Seal of Quality, pour empêcher Cesar Ramos de prendre le pouvoir sur [NesPas ?]. Bientôt dans tous vos réseaux de distribution. Notez juste pour la postérité que le premier Cesar Ramos de l'histoire aura été incarné par Nicosmos, l'homme qui l'a illustré sur tous nos beaux goodies depuis les NesPiriac, avant d'être remplacé par une triste IA pour cette édition.
Pour une journée bien rythmée, mangez équilibré ! Un bon rassemblement [NesPas ?], c’est aussi une Team Snack au taquet, qui concocte de bons petits plats chaque année plus chiadés (et faciles à chier) en totale autarcie. Mais comment leur en vouloir, surtout lorsqu’ils nous sortent une TUERIE DE COUSCOUS (« on a fait comme on a pu, on n’avait pas de couscoussière », ben heureusement sans quoi il aurait fallu dissoudre le Maroc après) le premier soir, puis l’INCROYABLE PARMENTIER DE CANARD le lendemain. A cette date du samedi 2 novembre 2024, le canard colvert est désormais une espèce disparue dans le tout Anjou. Toujours cette même tristesse de trop peu vous voir les gars, mais qu’est-ce que vous nous avez régalés…
Mais hey ! Vous sentez cette odeur ? Non, pas l’oignon de la cuisine, mais celle du concours ! Cosmic, Raclette, Taz et Bazart nous attendent pour définir laquelle des quatre équipes sortira vainqueur de l’édition : Les Qatari ST, déjà présentés, mais aussi les ComaSutra, les Blanc Manger Michel et enfin les PélicotVision. De la dextérité, de la culture générale et de la CHATTE, voici les trois piliers qui…
Trois piliers qui s’effondrent après quelques minutes de diffusion et de sérieux problèmes de réseau (ah oui, on a beau être en plein cœur d’un écrin de verdure de 18 hectares dans la cambrousse angevine, niveau connexion internet c’est la diagonale du vide), le concours devient rapidement chaotique. La détresse palpable sur le visage de nos organisateurs n’étant rattrapée que par les innombrables décomptes type « fin d’année » à chaque plantage par un public en total lâcher prise. Et quand ça fonctionne, le contenu est totalement hors-sol, à tenir éloigné des écoles. Blind test de l’enfer, illustration de jeux obscurs par IA… C’est allé trop loin, mais comment vous en vouloir ? Certainement pas après ce jeu de calembour nommé en mon honneur : totalement injouable, mais ça m’a bien fait marrer… « Un jeu d’action des années 90 et un médecin ? » X-Mengele bien entendu ! Faute de parcours sur « un président de la République et un personnage de BD » : la Team Concours attendait « Valéry Giscard d’Estintin au Tibet », un authentique calembour Enker aurait réclamé « Charlestérix de Gaullois ». Exigez l’original.
Séquence extraordinaire « Qui est ce Baugémon ? », où des portraits de Nespassiens (ou pas) étaient à identifier. Tantôt Fungus, Eric Ciotti ou Xavier Dupont de Ligonès, ça a également été l'occasion de voir l'incroyable et terrifiant pouvoir de l'IA produire une fusion entre Gabber et Hebus. What has been seen cannot been unseen. Il était près de deux heures du matin quand Cosmic prit la sage décision de rendre le micro pour mieux savoir rebondir le lendemain soir. Le temps de terminer ce vendredi jusqu’à quatre heures du matin après une série de promesses de « je vais me coucher » non tenues, sur fond de nouvelles parties de jeux, de laser-disc érotico-cochons, des discussions jusqu’à pas d’heure et des irish coffees préparés de main de maître à 4h15 par Bast et Wonder. Le Château s’endort, les Nespassiens ferment les yeux mais la fête continue…
Quatre heures. Quatre courtes heures de sommeil et un réveil débile qui ne saura être combattu. Une douche et hop, de retour sur le front. Ugluck est toujours là, au même endroit que la veille, toujours avec son Pokémon TGC. Un café et un croissant frais, les premiers courageux nous rejoignent, Averell, Ox et Fungus partent faire un petit footing quotidien,
mens sana in corpore sano. Il fallait les voir revenir un peu plus tard, beaux comme des anges et frais comme du petit linge, de véritables Seigneurs du sano. Cette dernière journée serait forcément celle où l’on conclurait (RIP Michel Blanc) : je continue de plus belle mon défi Battletoads avec Dams, défi où nous parvenons enfin à atteindre le niveau 9 ! Niveau infâme que je ne dépasserai finalement pas, nous avons atteint la limite qu’aucun binôme ne pourra franchir. Dams continue son petit bonhomme de chemin en solo et me rappelle quelques heures plus tard pour me dire que ça y est, il arrive au boss final, devant lequel il me propose de prendre la manette. C’est avec une certaine émotion que j’ai pu voir l’écran de fin d’un de mes jeux fondateurs. Ecran de fin de merde, mais il était quand même là, incroyable… Merci à toi Dams pour ce moment magique, il va désormais falloir trouver une nouvelle proie pour la session prochaine !
Le séjour continue. La secte Pokémon TGC continue de s’agrandir et c’est désormais Bazart qui sombre, entraîné par un Athletic Man qui avait déjà succombé la veille. Dans un moment de lucidité, il parvient toutefois à installer sur l’écran du cadre de la cheminée (mais si, celui du début de texte avec Castelvania IV, souvenez-vous) un hack SNES totalement dingue, croisement entre Super Metroid et Zelda 3. J’ignore encore si la fine équipe réunie pour parvenir au bout de ce truc a réussi, mais rien que pour le plaisir de vous voir vous brûler les méninges dans ce dédale imbitable, c’était tout juste beau. Vous méritez une médaille. Vous voulez une médaille ? Running gag inlassable initié par Cosmic via WhatsApp quelques semaines en amont et perpétué tout au long du concours. L’animal avait amené une véritable breloque en plastique qui est passée de cou en cou durant le week-end, au gré d’un bon mot ou d’une situation ubuesque (Fanny qui vient me trouver avec un « J’ai dit que je n’avais saigné du nez, Cosmic m’a dit que je méritais une médaille. Je peux te la prendre ? » Da fuck ?)
Et que serait un tel rassemblement sans son moment Nutella régressif, ce souvenir câlin qui nous fait du bien ? Au lever d’une session Battletoads, je tombe sur un téléviseur allumé sur l’écran de sélection des boss de Megaman 2. Un
piège à Enker © selon l’expression consacrée par Nashou, qui l’avait laissé trainer là dans l’espoir de m’y voir tomber. Et c’était parti pour une double session Megaman 2 - Megaman 1 aux côtés d’Akva, Mayo, Hebus, Petemul, … bref tout un ensemble merveilleux avec qui j’ai pu partager la manette (pour certains) ou juste partager de brillants et ardents souvenirs. J’ai beau avoir terminé le premier (le deuxième cité donc) 45.000 fois (c’est une image), ça me fait toujours quelque chose. Tellement heureux de pouvoir échanger avec vous, tellement touché d’entendre Akva me parler d’un souvenir d’une édition antérieure où nous avions terminé ce jeu dans un état plus bas que terre à une heure indécente… Ca ne fait que rajouter des épaisseurs supplémentaires à ce livre magnifique qu’est la vie.
Et puisque la vie est trop courte pour être vécue tièdement, comment ne pas parler du LaserScope ? Cette perle tout droit venue des States, pays avant-gardiste au possible (enfin ça c’était avant hein), a été ramenée cette année par Wonder, l’homme aux mille surprises. Topo rapide : il supplée le pistolet dans tout jeu Nes utilisant le Zapper, à la différence près que la visée se fait au travers d’une lentille placée devant l’œil droit et le tir se fait à la voix. Replacez donc une horde d’olibrius complètement refaits devant une partie de Duck Hunt, et voilà que ça crie des PUTE ! et des BIIIIIIIITE ! à tort et à travers. Encore un de ces nombreux fous rires qui auront émaillés nos retrouvailles, cette vision de Maxdami hurler à tue-tête pour faire un perfect, mon dieu… Et quand ça s’enchaine sur quelques parties de foot pas piquées des hannetons avec Gabber, que Dr Shadowmaxx opère à la table des opérations, que les groupes de Rockband se donnent à fond en arrière-plan ou que Wonder diffuse des VHS glauquissimes ça n’est que plus beau.
L’heure tourne. Il ne reste plus beaucoup de temps pour le concours. Bodom revient, complètement défait : son plan pour court-circuiter le fil rouge a lamentablement échoué : la cartouche de Shining Soul étant une chinoiserie, impossible d’installer la sauvegarde. Heureusement, Nicosmos s’est proposé pour se donner à fond. Sur cette dernière ligne droite, et malgré le peu de temps restant, il va donner tout ce qu’il a pour faire de notre petit soldat un fier guerrier huilé et sans état d’âme. Alors peut-être ?
Ca tombe bien car la deuxième moitié du concours arrive. Ce jour, uniquement les épreuves dites des pouces, à savoir manette en main. Je ne ferai pas de récapitulatif trop long (CHIAAAAAAAAANT), retenons juste qu’une doublette Averell-Lynou s’est imposée sur Final Match Tennis, que si la victoire de Poyo sur Puzzle Boy ne souffre d’aucune contestation, c’est surtout la grandeur d’âme des éliminés qui ont soutenu et aidé Mayo jusqu’au bout qui a été admirable, et que Hebus a soigné son retour dans le grand bain par une victoire sur Gauntlet 2. Vint alors Chibi Monster Br4wl, un homebrew Nes une fois de plus sorti de la valise mystérieuse de Bazart, sorte de Towerfall où le vainqueur est celui qui collecte le plus de fruits sans trop mourir. Je serai dans l’incapacité de dire qui a triomphé de cette épreuve tant les trublions de fond de salle n’ont eu cesse de crier « LES FRUIIIIIIIIIITS !!! » tout du long de la partie, dans l’hilarité la plus totale. Si encore c’en était resté là, mais il a fallu que les mêmes fous furieux réitèrent avec Eliminator Boat Duel, épreuve que Dams a survolée (vous aviez un doute ?) en hurlant le même « LES FRUIIIIIIIIITS !!! » à chaque virage. Dans un jeu de course. Sur l’eau. Et sans fruit. Ne changez rien les mecs, vous êtes parfaits.
Pendant tout ce temps, stupeur chez les Qatari ST : Ugluck manque à l’appel. La piste la plus plausible est qu’il est resté seul dans le bâtiment principal : il avait déjà été foudroyé par Golf Story il y a quelques années, on le croyait guéri mais son esprit faible a été emporté par Pokémon TGC. Alors que non, Maxdami nous révèle qu’il est juste à l’article de la mort dans son lit, terrassé par un rhume affreux contracté quelques jours plus tôt. Le virus de ce satané jeu est décidemment plus fort qu’on ne le pensait.
Place à la dernière marche du concours. Le fil rouge. Nicosmos se lève prestement et va défier les trois autres champions. Nous n’avons pas le moindre doute, sa persévérance et sa vaillance sans faille vont illuminer le duel à venir. Cosmic lance le décompte avant la bagarre, le guerrier de Nicosmos se jette sur l’avatar de Caelu, l’homme à abattre, et… deux secondes plus tard, le même Caelu file défoncer les autres participants de la finale sous les vivas de son équipe « PETIT CHAT ! » « ALLEZ PETIT CHAT ! » « JUSTICE POUR PETIT CHAT ! » : une manche à zéro pour les PélicotVision. Les deux suivantes ne seront qu’une formalité, Caelu le P’tit chat lève les bras au ciel tel un gladiateur venu combattre sans gloire. Notre subterfuge aurait pu marcher, mais nous aurons préféré sombrer les armes à la main plutôt que de nous corrompre dans la tricherie, voilà tout.
Bon voilà, les PélicotVision gagnent cette édition 2024 du concours sans avoir tremblé une seule seconde, la feuille de score finale fait un peu peur je l’admets (combien de centaines de points d’écart ?), mais la Team Concours est là pour nous régaler et nous réconforter : d’abord avec une distribution maousse de médailles pour tous, puis avec un goodies spécial en sortie de salle. Vous avez été merveilleux les amis.
Il est grand temps pour moi de partager mes deux derniers souvenirs de ce Baugé 2024. Tout d’abord, le jeu Insider, amené par l’équipe d’Alsace. Un jeu à rôle secret de plus, mais tellement simple qu’il en devient vite une petite drogue : une première phase où un maitre du jeu tente de faire deviner un mot aux autres joueurs, une deuxième où un traitre ayant eu connaissance du même mot doit être démasqué. Simple, efficace. Après quelques parties à jouer le citoyen, péon absolument insignifiant, voici que je tire la carte du traitre. Oh bordel. Mise en situation : je ne sais pas mentir. Tous ceux qui me connaissent vous le diront. Dès que j’essaye d’embobiner quelqu’un, je me mets à adopter un sourire con impossible à faire partir et détectable cent mètres à la ronde. Contre argument : si, alors que je suis innocent, je suis accusé sans faille à base des pires réquisitoires possibles, je me mets à adopter le même sourire hilare. True story. Mais pas là. Par je ne sais quelle magie, à la lecture de ma carte et alors que je levais les yeux vers mes compagnons de jeu, poker face absolue. Visage impassible, exit le sourire. L’information a vite court-circuité dans ma tête, putain mais il se passe quoi là ? Et voilà que les échanges vont bon train, je prends la parole pour donner deux trois pistes, toujours rien. Putain, je vais faire LA partie. Je me vois déjà retourner ma carte après avoir fait poignarder Paillard devant la stupeur générale. Alors peut-être ? Je partage la bonne humeur ambiante en toute décontraction, Parking et Cosmic s’accusent mutuellement en partageant tour à tour leur flacon de poppers, Parking récolte le sobriquet de Détective Poppers, hilarité générale.
La partie s’enlise, le temps joue clairement pour moi, je bois du petit lait. D’ailleurs, en parlant de boire, mon gobelet est à côté de moi. Quoi de plus naturel que d’étancher sa soif ? Je le prends à mes lèvres, je descends les trois dernières gouttes. Il est vide. AH. Les échanges deviennent plus intenses, je suis ciblé parmi un groupe de taiseux. Ne. Pas. Céder. Je garde mon verre aux lèvres. Je tourne les yeux. Je croise le regard de Fanny. Fanny que je n’avais jamais rencontrée auparavant, qui ne connait rien de moi. Fanny me regarde. Je la regarde. Ses yeux s’écarquillent Elle comprend. Je sais qu’elle sait. « Attends, ton verre est vide ? Si si, ton verre est vide et tu fais semblant de boire, c’est toi le traitre ! » Ah mais putain. Tout s’écroule en une demi-seconde. Le cerveau qui appelle le sourire en mode « eh mec, t’as dix minutes de retard là », le regard réprobateur de l’assemblée qui comprend tout d’un coup, la tentative de rattrapage aux branches, je me tourne vers Parking pour jouer le tout pour le tout en faisant ma plus belle moue innocente qu’il qualifiera de tête d’angelot de toutes les églises avant de taper fort du poing sur la table. EPIC FAIL.
Ce qui est merveilleux, c’est que ce même scénario s’est passé deux fois consécutives. La deuxième plus expéditive certes, mais toujours débusqué par la même personne. Mon honnêteté naïve me perdra, ça fait tout de même mal au derche d’être mis à nu comme ça mais que voulez-vous ? Raclette aura beau me dire que mec, les jeux à rôle secret ne sont pas pour toi : je le sais, c’est l’effervescence collective et le frissonnement d’un moment génial que je recherche. Et vous me l’offrez sur un plateau, c’est pour des moments comme celui-ci que j’affectionne particulièrement nos rassemblements.
Enfin, il est l’heure. Si tôt le jeu rempilé que nous sommes conviés à assister au set musical préparé par Marvayl et Poyo. Ambiance de feu sur du bon chiptune qui tabasse, ça sent la sueur et le gros son, le démon de la danse entraine Petemul dans une gigue absolument indescriptible mais tellement folle… Une prestation totalement dingue en guise de clôture, un véritable feu d’artifice auquel je n’assiste qu’accoudé à une table dans un coin, mi las après une si longue journée, mi nostalgique à l’idée que ça y est, c’est déjà fini. Des autocollants rouge vif « interdit de gerber » sont collés ci-et là sur les vêtements des présents, les derniers rires, les dernières joutes ludiques, les derniers verres levés pour trinquer, les derniers regards complices, tout s’emporte dans un tourbillon mélancolique brumeux…
Ca y est. C’est l’heures des adieux. Comble de l’ironie, après avoir résisté tout du long, Kirby est fauchée par une balle perdue. Pokémon TGC est installé une fois de plus. Je tiens bon, mon antivirus naturel « téléphone tombé dans le bain » me protège, mais pour combien de jours encore ? Les lève tôt sont peu nombreux tandis qu’une première voiture, partie vers le lointain Languedoc, est déjà partie. Je salue mes vaillants camarades, les mêmes franches accolades que lorsque nous étions arrivés mais avec ce soupçon de tristesse en plus. Ce n’est pas un adieu, oh non, juste un au revoir. Mais étrangement, au moment où je franchis le palier du Château de Grévillon et que j’embarque à bord de la voiture de Shadowmaxx, j’ai le cœur léger. Car s’il y a une certaine tristesse à se séparer une fois de plus, je ressens une joie intérieure brûlante, dévorante. Ces quelques jours passés ici, à Baugé, au milieu d’une folle troupe, une bande de copains, de bons amis, ont été vécu pleinement comme jamais. Il n’y a strictement aucun regret si ce n’est celui de devoir interrompre la fête, mais eh, on savait que ça arriverait !
Et vous savez ce qui est beau ? Si mon fichier Word police Aptos taille 12 m’indique que je viens de débuter ma quinzième page et qu’un lecteur de vingt ans au début de la lecture en a désormais trente-cinq, je sais que ce récit n’était que le mien. Et qu’il y a autant de récits différents qu’il y a eu de participants. Tellement grand, tellement génial. Hors norme, inattendu. Comme l’espéranto.
Aussi incroyable que cela puisse paraitre, là où l’espéranto a vraisemblablement échoué, [NesPas ?] a réussi : car après quelques verres de bière fraichement tirée, avec ou sans Picon ou Poppers, le pad à la main, la carte fasciste ou épidémie piochée, les regards n’ont plus besoin de se croiser pour que l’on se comprenne instantanément et que l’on parle tous un même langage, celui du FUN et de la franche camaraderie. Totalement hors du temps et du monde qui s’agite autour de cette sphère joyeuse, la communauté la plus potache du web s’est révélée comme jamais en ces lieux.
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PRESENTED BY ENKER