Après ce jeu de mot minable, mais qui pourrait néanmoins mériter une certaine réflexion philosophique sur le contenu et le contenant de sa vie, je vous propose plutôt une petite critique sur ce petit shoot them up. Ma gloire littéraire attendra. Ou pas.
Silkworm est le genre de jeu qui vous sauvait d’un après midi merdique. Vous savez, ceux où vos parents ont invité des amis à la maison, et que vous êtes chargé de distraire la progéniture de ces derniers (un « bah montre leurs ta chambre ! » devrait parler à plus d’un d’entre vous). Ces instants de purs bonheurs où eux, tout autant que vous, ne ressentez aucune poussée de sociabilité aiguë, même pour faire ne serait-ce que connaissance.
Cependant vous n’avez aucune envie non plus de regarder le plafond durant toute une journée. Alors vous cédez à la pression sociale et commencez à vouloir communiquer, à échanger. Vos parents étant là vous ne pouvez pas tenter d’approches physiques (rangez donc ce regard flottant sur la fille aînée de la fratrie. Oui celle qui commence à avoir son t-shirt tendu de quelques formes naissantes…). Cela passera donc comme souvent par le jeu vidéo. Mais encore faut-il choisir le bon, celui qui fera mouche.
Silkworm est le jeu pour ce genre de situation : accessible, fun et surtout coopératif, ce qui finira de nouer des liens entre deux petites têtes blondes estampillées Kinder.
Accessible et fun, c’est un peu l’apanage des shoot them up. Mais coopératif, c’est déjà moins courant. Sachant qu’ici finir le jeu seul est simplement impossible. C’est comme vouloir finir Rick Dangerous sans perdre une seule vie en ayant une vraie vie à côté. Bon oubliez cet exemple, j’en vois déjà qui ont la nausée en essayant de visualiser.
Une fois le jeu lancé, les deux joueurs doivent se partager un hélicoptère et une jeep. Ensuite, la partie commence, avec le scrolling horizontal qui va bien. Les premiers ennemis arrivent, de pauvres victimes qui serviront à étancher votre soif de destruction tout en vous familiarisant avec votre engin. Et très vite le joueur qui a choisi la jeep va se sentir floué, car beaucoup plus vulnérable que l’hélicoptère. En effet des mines parsèment le sol, et elles sont inévitables. On peut bien s’envoyer en l’air un court instant avec notre pin up sur quatre roues mais le bond n’est pas suffisant pour pouvoir survoler une mine. Encore un délire de programmeur qui se poignait rien qu’en pensant à tous ces joueurs qui espéraient se sauver la mise, et en fait s’explosaient comme des mouches sur un pare-brise.
L’hélicoptère n’a forcément pas ce problème. Et au premier abord, on pourrait croire que le joueur n’a qu’à se remémorer quelques épisodes de Supercopter pour ensuite faire un massacre. Cependant ce dernier va vite se rendre compte que sa situation n’est pas des plus idylliques. Car gérer les ennemis aériens (allant de l’hélicoptère de base à l’avion de chasse) en même temps que les ennemis au sol qui vous balancent des missiles sol/air (oui bon d’affreux sprites c’est entendu), c’est un peu beaucoup trop. A plus forte raison dans les derniers niveaux, où l’on peut se prendre des missiles géants sur la tronche, venus de nulle part. Les initiés comprendront…
C’est ici que la notion de coopération prend toute sa place. Car pour arriver au bout des 11 niveaux (certes très courts), il vous faudra bosser à deux, en se divisant un tant soi peu les tâches (j’ai enfin pu placer du taylorisme dans une critique, cher prof d’éco si vous me lisez). Et c’est encore plus vrai à chaque fin de niveau, qui donne lieu à une véritable orgie balistique face au boss, qu’il vous faudra dégommer dans une pluie de cartouches et de missiles, jusqu’à en faire ralentir notre bon vieil Amstrad.
Les niveaux s’enchaînent sans grosses difficulté, jusqu’à arriver à la fin. Le jeu fini, ça y est, l’atmosphère dans la chambrée devient enfin légère et conviviale. Vous avez gagné la confiance du frère, à vous maintenant de continuer avec quelques beat them all, ou de tenter l’approche sur sa sœur…
Silkworm est donc un jeu agréable, sans prise de tête et sans prétention, de ce que l’Amstrad nous a fait de mieux dans le genre. Mais il est à rapprocher d’un éjaculateur précoce : ainsi on a pris son pied comme pas possible, mais dommage que ce fut si rapide…