Brocante de Plouviac-Les-deux-Eglises, quelque part en Bretagne. Il pleut. Gwenaël, collectionneur oldies, s’est levé encore une fois à 5 heures du matin, espérant enfin trouver la perle rare, celle qui fera de lui la star de Nes Pas le temps d’un post. Enfoui dans son ciré jaune, il parcourt les divers stands, les yeux mi-clos, mais néanmoins prêts à débusquer, sous les bâches humides, la Neo Geo mint-in-box à 50cts, ou au pire un Earthbound sous blister pour 1€.
Cependant, comme tous les dimanches, ses rêvent se brisent en même temps que les stands défilent. Rien à part les traditionnelles simulations sportives PSOne, une Super Nes jaunie dégueulasse à 50€, et une manette Master System au fil dénudé. « A croire que les bonnes affaires en brocante sont des légendes ! » pense Gwenaël, « comme celle que me racontait maman à propos d’un astre brillant dans le ciel, des conneries tout ça ! ».
Blasé, il s’apprête à rentrer chez lui quand soudain ses yeux s’illuminent. Sous une bâche tout proche, dans une soupière en porcelaine, un lot de jeux Game Boy, en loose. Il s’approche rapidement, s’imaginant déjà repartir avec Final Fantasy Legend 3, Mystic Quest et Link’s Awakening.
Hélas, Gwenaël déchante rapidement. Sous ses yeux, un énième Tetris, Barbie Game Girl, Lucky Luke, et un jeu Game Boy Color : Mickey Racing quelque chose. « Des jeux pour gamins, à croire qu’il n’y a plus que ça ici… » Il rentre donc chez lui, ôte ses bottes de caoutchouc, et boit une grande gorgée de Quézac. Shining Force 3 et Burning Rangers attendront la semaine prochaine.
Gwenaël a-t’il fait le bon choix ? Est-ce un gros con ignare ? Pleut-il toujours en Bretagne ?
Mettons fin au suspense de suite : il est évident qu’il pleut toujours en Bretagne. Tâchons maintenant de nous intéresser au jeu.
Mickey’s Racing Adventure… Avouez qu’avec un titre pareil, beaucoup se détourneront de lui sans même lui accorder un regard. Grave erreur ? Et bien oui, mille fois oui. La réponse pourrait même tenir en 4 lettres : RARE. Oui, ceux-là même qui ont développé parmi les meilleurs jeux sur Super Nes et Nintendo 64.
Maintenant que j’ai votre attention, attardons-nous sur le jeu. Certains penseront que nous avons affaire là à un jeu de course. D’autres à un jeu d’aventure. Les plus cons, enfin, s’attendront à un jeu de stratégie temps réel. Pour une fois, le titre n’est pas trompeur, on a donc affaire à un jeu de courses mâtiné de jeu d’aventure, deux genres aux antipodes s’il en est. Et pourtant, Rare a su mélanger les deux avec subtilité, sans oublier de parsemer le tout d’excellents mini-jeux. Mais nous y reviendrons s’il nous reste un peu de temps avant la fin du cours.
Après avoir lancé le jeu, choisi la langue parmi 5 et sélectionné l’un des slots de sauvegarde, ça commence par une petite introduction présentant l’histoire grâce à des images fixes. Première constatation : c’est beau. La palette de couleur est admirable, la GBC est ici exploitée à fond, on croirait voir des images tirées d’animés Disney.
Passons sur l’histoire, très banale, et venons-en au gameplay. On commence avec Mickey dans un village, avec une vue « à la Zelda ». Deuxième constatation : c’est encore plus beau. Le sprite de Mickey fait un tiers de l’écran, une taille rarement vue sur Game Boy. L’animation en met aussi plein la vue, la décomposition des mouvements étant invisible et rappelant même celle de Donkey Kong Country sur Super Nes. Les couleurs sont chatoyantes, les décors sont bourrés d’animations… Bref, du grand art.
On peut donc commencer à se promener un peu partout, admirer le paysage, ramasser ça et là des billets, des jetons de trains, des noisettes… tout cela en évitant autant que possible les Rapetou qui rôdent. Ces derniers sont en effet un peu les putes du pays de Mickey : vous perdrez de l’argent si vous rentrez dedans. La carte est assez petite, avec en tout 5 zones à visiter : le village, le coin de la gare, la forêt de Tic & Tac, l'aire de la caravane de Magica et le coin du garage automobile. Mais rassurez-vous, il y a largement de quoi faire !
Des panneaux placés un peu partout vous indiquent les noms des bâtiments, ainsi que les propriétaires des différentes maisons. L’œil averti remarquera des points d’interrogations placés un peu partout sur le sol, avec lesquels aucune interaction n’est possible. De même, plusieurs bâtiments sont fermés, comme la Poste, le garage de Mickey… Autant de promesses de choses à débloquer par la suite. Un accès dans le menu montre d’ailleurs les ombres de plusieurs clés à récupérer, de quoi réjouir les amateurs de quêtes annexes.
Un tour dans le garage nous donne un aperçu des différents modèles de voiture à acheter grâce à vos billets, ou encore les améliorations de sa voiture actuelle sur 3 critères (vitesse de pointe, accélération, tenue de route). Loin d’être anodines, ces améliorations se révèleront vite nécessaires si vous souhaitez avoir une chance de gagner les courses qui vous attendent.
De l’autre côté du garage se trouve la grotte de Magica De Spell : C’est ici que vous pourrez acheter des « sorts » afin de mener la vie dure à vos adversaires durant les courses. Enfin, plus haut vous trouverez la maison de Tic & Tac, qui vous proposeront diverses astuces et autre mini-jeux spéciaux en échange des noisettes récoltées.
Mais cessons de flâner un peu, et allons à la gare, où la vache Mirabelle propose à Mickey de se rendre dans le monde médiéval pour participer à ses premières courses. Après avoir payé la somme correspondante au trajet (en jetons de trains, que l’on trouve en quantité limitée à certains endroits prédéfinis) le train s’élance et c’est parti pour un mini-jeu génial, mélange de labyrinthe et de jeu de taquin où il faut modifier le parcours du train (qui avance sans s’arrêter) pour le mener à la sortie tout en ayant préalablement activé les 3 feux sur son chemin.
Arrivé à destination, la carte du monde s’offre devant nos yeux, à la Donkey Kong. C’est ici que l’on peut choisir les courses à disputer. Néanmoins, ces dernières requièrent un certain nombre de jetons Mickey pour que vous puissiez y participer, que vous accumulerez au fur et à mesure de vos victoires. Heureusement, la première course est gratuite (quelle chance!). Allez, on presse le bouton, et c’est parti!
On se retrouve alors sur la ligne de départ, face à 3 Rapetout, avec une vue en 3D isométrique, qui n’est pas sans rappeler celle de Rock’n’Roll Racing. Cette première course est un simple tracé en carré, et sert à prendre en main le véhicule. Chouette, ça se contrôle plutôt bien, c’est fluide, et toujours aussi beau. Sur la piste apparaissent aléatoirement des clés à molette, qui servent de turbo si vous passez dessus. De même, au fil du temps, une jauge de magie se remplit, permettant d’activer les sorts achetés plus tôt chez Magica. Ainsi il n’est pas possible d’utiliser tout de suite les sorts les plus puissants. 3 tours plus tard, la victoire est à vous (ou alors c’est que vous êtes très nul). Vous empochez le jeton Mickey, l’argent, et retournez sur la carte du monde.
Grâce au jeton gagné, la deuxième course est maintenant accessible. Cela dit, à partir de maintenant, ça ne rigole plus : gagner la course avec le véhicule de base non amélioré est possible, mais loin d’être facile. Et il en va de même pour les courses suivantes : il sera parfois nécessaire de s’acheter un nouveau véhicule si l’on veut au moins avoir une chance. Oui, du levelling dans un jeu de course, on aura tout vu. Mais cela dit, les courses sont tellement fun qu’on les refait avec plaisir, et l’argent coule à flot.
La seconde course gagnée, vous vous apercevrez que la suivante n’est pas accessible : il vous faut 3 jetons, or vous n’en avez que 2. Il faut donc retourner à la gare ou l’amie Mirabelle vous suggèrera d’aller rendre visite à Minnie. Cette dernière vous proposera de remplacer Mickey. Si vous acceptez, vous en prendrez le contrôle. Un tour à la gare, un mini-jeu de train, et vous voilà dans le monde Aventure, le monde de Minnie, où là aussi des courses vous attendent. Et ainsi va le jeu : vous devrez passer successivement d’un personnage à l’autre pour gagner des jetons et pouvoir ainsi avancer dans les mondes précédents. Ceux-ci sont tous différents et permettent de varier agréablement les environnements (eau, neige, forêt, châteaux…).
Une fois toutes les courses d’un monde terminé, vous devrez affronter Pat Hibulaire, le « boss », d’abord par un mini-jeu de taquin, et ensuite par une course de rapidité.
Un petit tour dans la niche de Pluto et celui-ci nous accueille en proposant un coup de main à Mickey (ce qui est très con, car un chien n’a pas de main). Si l’on accepte, on se retrouve alors à contrôler le célèbre chien, qui possède la fantastique faculté de creuser. Les vieux réflexes datant de Link To The Past refont alors très vite surface, et on se retrouve à retourner la moindre parcelle du village, récoltant moult billets (joie, priapisme et souris femelles faciles).
A certains endroits, un trou apparaît après avoir creusé. Rentrer dedans permet alors d’accéder à un mini-jeu pour Pluto inspiré de Boulder Dash, mais en beaucoup plus difficile. Rapidité, sang-froid et réflexion seront ici requis si vous souhaitez récolter tous les os dans le temps imparti et sans prendre un rocher sur le coin de la truffe. Ajoutez à cela des ennemis très rapides qu’il faudra parfois éliminer en faisant tomber les rochers sur eux, et vous obtenez la partie la plus difficile du jeu. Mais bon, oldies ou tarlouze, il faut choisir.
Et il reste encore tant à faire ! Vous pourrez, entre autres, imprimer des images à l’aide du Game Boy Printer, battre les records imposés par Tic & Tac, et peut-être même trouver un véhicule caché… De quoi renforcer la durée de vie d’un jeu qui n’en manque déjà pas… Un mot enfin sur les musiques : sans être inoubliables, elles restent très agréables et bien dans le ton du jeu.
Bref, vous l’aurez compris, Mickey’s Racing Adventure est un grand jeu, beau, long, maniable, varié, inventif… Probablement même le meilleur jeu à licence Mickey sur console Nintendo. Si vous avez la chance de le croiser un jour, prenez-le sans hésiter, vous ne le regretterez pas.