Exterminer des nuées d’insectes qui tombent du ciel, c’est fait.
Sortir vivant d’une ville remplie de zombies haineux, c’est fait.
Délivrer un poisson rouge des griffes d’aliens belliqueux... en voilà un challenge intéressant.
Allez hop, ça va changer un peu.
Me voici donc en possession de The Fish Files le bien nommé, prêt à en découdre contre une horde de monstres venus de l’espace.
Tiens, point de blaster, ni de bombe H ? seulement de la matière grise ?? Et c’est efficace ça contre des aliens, ça... ? Bon soit, le challenge n’en sera que plus relevé, partons à l’aventure. Hein, un point and clic ?! la dernière fois que j’ai entendu ce terme, c’était pendant les années collège. Alors adolescent pas trop boutonneux, j’allais profiter de l’Atari 1040 STF de mon ami Benjamin et découvrir les joies d’un Maniac Mansion. Mais là, sur GB Color, le doute m’envahit. Décidément, ce jeu réserve bien des surprises, avant même de l’avoir essayé. Enfin bon, soyons courageux, lançons la bête.
Je dirige donc un bellâtre gringalet du nom de Dante, qui s’aperçoit de la disparition de son poisson rouge qu’il aime d’amour, Ramada, alors que le bocal n’a pas bougé. Le mystère s’épaissit soudain lorsque les camarades étudiants donnent l’alerte : leurs poissons rouges respectifs ont également disparus ! Profitons-en pour parler de cette « équipe » pas très sauvage : un grec mentalement coincé à l’époque de la Renaissance, un allemand fort comme un turc mais à la cervelle équivalente à celle de sa chère poiscaille et vous, le français, avec un bide qui dépasse genre cabine avancée de 33 tonnes et un air benêt.
On m’interpelle : Dante, français, tu es sûr ? ben oui, pourquoi pas ?! je suis certain que des français sont assez cons pour appeler leur fils Dante, surtout s’ils possèdent une PS2 (je vous laisse réfléchir là-dessus – j’ai dit précédemment que ce jeu faisait appel à la matière grise, moi aussi). Certes, mais l’équipe de développement est italienne, d’où ce prénom de Dante... Ok, partons donc pour un italien, un grec et un allemand. Avec ça, on n’est pas sorti de l’auberge...
Et vous pouvez ajouter à ces « héros » d’autres personnages hauts en couleur. Entre le policier genre Hawaii police d’état, le morveux et le papi collé à un lampadaire notamment, il y a de quoi faire. Sans compter Beppo, personnage clé dans cette sombre affaire, qui saura concocter diverses inventions aussi sottes que grenues, mais finalement fort utiles à la résolution de l’énigme.
A titre d’exemple, il vous fera voyager dans le temps avec un mixeur, c’est vous dire le potentiel du gus. Les inventions présentées par Bonaldi à la belle époque, à côté, c’est de la gnognotte.
Pour en revenir à nos moutons, enfin à nos poissons, comme la police ne fait rien pour ces disparitions énigmatiques et abominables, à moi de prendre en main cette sombre affaire. Avec pour seules armes ma bite et mon couteau. Ah non, au temps pour moi, restriction budgétaire, je n’aurais que le couteau, mais multilame quand même ! Soit.
Pour ceux qui n’aurais jamais tâté un P&C, vous glanerez tout un tas d’objets et d’ustensiles apparemment anodins au gré de vos errements dans les couloirs de l’établissement et aux alentours du campus. A vous de les combiner comme il se doit pour que ô miracle, un nouvel objet soit créé, un mécanisme déclenché ou que sais-je encore. En gros, faut faire comme Angus et se démerder avec ce qu’on a sous la main pour résoudre le problème qui se présente : « bonjour, je suis un problème - ah merde ! encore ! ». A vous de trouver la logique du truc donc, et pour vous y aider, vous pourrez également compter sur de précieuses informations glanées auprès des divers personnages rencontrés un peu partout.
Logique, ce jeu l’est, fort heureusement. Je me suis frotté il y a de cela une bonne décennie (ça ne nous rajeunit pas tout ça) à Discworld et fus rebuté par la difficulté des énigmes, conçues par Einstein sous amphèt’ très certainement. Là, point besoin de s’armer d’efferalgan par palette, ni de la soluce du jeu (vil coquin), un cerveau normalement constitué doit pouvoir en venir à bout à la loyale (en principe, après, je m’avance peut-être un peu pour les 2 du fonds là-bas, près du radiateur).
Si vous avez lu attentivement jusqu’à présent, vous avez dû comprendre que ce jeu ne se prend pas au sérieux – sinon, ben laissez tomber et reprenez la lecture de votre magazine habituel, celui avec des illustrations... La vie est morne, la vie est dure, donc si on peut s’en payer une bonne tranche pour pas trop cher, faut pas hésiter. Là, bonne pioche, l’humour est omniprésent : l’histoire et les personnages comme dit plus haut, mais aussi les dialogues qui font mouche et les nombreuses références tous azimuts pour parfaire le tableau. A titre d’exemple, vous rencontrerez notamment Sculder et Mully (quand on parle d’extra-terrestres...) et vous devrez fabriquer un Bonkémon pour obtenir un item des mains d’un gamin.
A plusieurs reprises, je me suis ainsi surpris à esquisser des sourires béats au gré des échanges verbaux entre les personnages ou des réflexions de notre cher étudiant, entraînant les moqueries de ma chère et tendre, mais c’est une autre histoire. Certes, ceux qui me connaissent savent que j’ai la rigolade facile mais pouvoir rire en jouant est un plaisir tellement rare. Et il est probable que je n’ai pas saisi toutes les références dissimulées dans le jeu. D’ailleurs, je me suis moi-même amusé à déverser diverses références tout au long de ce test, les fins esprits l’auront certainement déjà remarqué. Eh oui, je suis joueur.
Le cadre du jeu étant planté, parlons un peu technique car on est aussi là pour ça. Pas davantage de suspens, c’est du grand art.
La petite GBC sort ses tripes et ça se voit : des couleurs variées, alternant selon les lieux, des graphismes fins et précis. Un régal pour la rétine, c’est beau, tout simplement. Par contre, l’animation, elle, est limitée, on ne peut pas tout avoir. Je vous rappelle qu’on est quand même sur une GBC et pas sur la PSP2, donc un peu de respect s’il vous plait. Et pour ce type de jeu de tout façon, on s’en tamponne le coquillard de l’animation. Tant que le gringalet réagit au quart de tour – ce qui est le cas - tout baigne, comme on disait en 95. La musique est également fort sympathique, ni prenante, ni entêtante, juste ce qu’il faut pour distraire l’oreille.
Au final, sachant en plus que le studio qui a créé cette merveille est italien (peu réputés pour la finition si on se réfère à l’automobile), on ne peut que saluer le résultat et vanter les mérites de ce jeu. Je le clame donc haut et fort, vive 7th Sense, vive les point & clic, vive l’Italie... ah mince, je m’enflamme un peu là, désolé.