Pépita, tête de tigre !
Tiny Toon Adventures : Babs' Big Break
Konami - 1992
Gai lapin aime lapine par Enker

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Il fut un temps où les cours d’école étaient le théâtre d’échanges heureux entre copains, où jouets et jeux-vidéo changeaient provisoirement de mains. Combien de titres NES ai-je ainsi pu ramener à la maison pour une semaine, le temps de les découvrir voire même de les visiter de long, en large et en travers ? Là même où l’envie de posséder un jeu parmi d’autres pouvait ainsi grandir, malgré le fait d’avoir pu le terminer tant et plus.
Et en plus d’avoir des copains de cour de récré portés sur l’échangisme vidéo-ludique, certains d’entre nous avaient également un autre réservoir insoupçonné à disposition : le voisinage. Et là-dessus j’avais indéniablement de la chance, car des voisins comme ça, j’en avais deux.



Si la première m’ouvrit la voie royale de la NES et ses plaisirs, le deuxième quant à lui avait également une NES, mais avait surtout une Game Boy. Le saligaud. Et bien fournie en plus. Il aura fallu pas mal de temps avant qu’une n’intègre à son tour la famille, mais c’est bien suite à quelques échanges que mes premières armes furent accomplies sur portable. Et puisque je ne suis pas un ingrat, merci Fabien, toi qui es aujourd’hui devenu un ignoble arracheur de dents parisien.



Et puisque je n’aime pas les dentistes, j’ai voulu raviver mes souvenirs en rejouant à nouveau, vingt ans plus tard, à l’une de ces cartouches de rêve. J’avais alors dix ans, je vais aujourd’hui sur mes trente, mais ce jeu là n’a lui pris quasiment aucune ride. Nous étions jeunes et fous, chercher l’angle idéal pour profiter de l’écran de la Game Boy ne nous faisait pas peur, nous faisions fi de tous les accessoires douteux voués à maximiser sa visibilité et les dessin-animés étaient grands. Oui, les années 90 étaient belles et les Tiny Toons en étaient les parfaits apôtres.



"Tiny Toon Adventures", tel est son nom. "Bab’s Big Break" son sous-titre. Rien que le titre du jeu suffisait à faire rêver, alors qu’aujourd’hui je ne sais même pas si dessin-animé est toujours diffusé à la télévision. Les gamins ne savent pas ce qu’ils ont perdu, mais je sais ce qu’il faut faire pour le regagner, le temps d’une partie. A moins que ça ne soit l’inverse, que les souvenirs d’un passé trop lointains n’aient été embellis par une certaine nostalgie trompeuse en enchanteresse ? Mais sur NesPas on n’est pas des ravioles comme le dirait Petemul, et on est prêt à chroniquer à peu près tout ce qui bouge le couteau entre les dents. Dût le truc qui bouge être un lapin bleu aux longues oreilles. Au moins par respect pour notre lectorat, qui n’est pas non plus une raviole, à n’en point douter.



Autant rompre de suite ce faux suspense au moins aussi inutile que factice. D’une part parce que je n’arriverai pas à le dissimuler encore bien longtemps, d’autre part car j’en suis déjà au cinquième paragraphe et que je n’ai encore rien écrit au sujet de ce jeu. Néanmoins, rien ne m’y oblige et je pourrais très bien vous donner la recette de la tarte aux pommes. Ce que je ne ferai pas, car si la tarte aux pommes reste un très bon dessert, il est ici question d’un PUTAIN de jeu Game Boy et c’est encore plus incompréhensible que personne n’ait jusque là posé ses couilles sur cette cartouche, bordel de brosse à chiotte !



Autant entrer dans le vif du sujet par sa conclusion, ce Tiny Toon a tout d’un grand. En farfouillant bien, vous trouverez toujours un meilleur jeu de plates-formes que celui-ci, mais d’une part ce jeu est presque aussi commun qu’un Tetris et ne pas trouver le moyen de se le procurer révèle particulièrement d’une mauvaise foi caractérisée, d’autre part parce qu’il envoie du rêve par paquet de douze en tout simplicité. Et ce dès le début du jeu où le générique du dessin-animé accompagne le premier niveau et vient faire flotter vos oreilles vers des cimes angéliques, première étape d’une aventure épique et onirique. Le rêve ne fait que commencer, il est désormais trop tard pour faire marche arrière. Et ce n'est pas le maigre scénario (notre trio de héros s'engage à jouer les gardes du corps dès que Babs Bunny décide de s'engager sur les planches théâtrales) qui vous fera reculer.



Les yeux ne sont pas non plus en reste. Les graphismes sont au top, les personnages sont assez grands et extrêmement ressemblants à l’original. Leurs mimiques tout au long du jeu sont juste parfaites, parfois simples mais criantes de justesse et collant parfaitement à l’univers créé par ce jeu : tout est fait pour coller au dessin-animé et ça se ressent, même s’il faut aussi reconnaitre que les déplacements ne sont pas d’une vitesse folle. Mais aussitôt habitué aux déplacements de Buster (ou de Plucky et Hampton, car il est possible de changer de personnages à tout moment), il devient bien difficile de ne pas succomber au charme ambiant de ce titre qui ne réinvente pas le genre, mais qui fait souffler un vent de fraicheur, une petite brise qui exalte des senteurs sucrées et printanières.
Traverser l’ensemble du jeu et rencontrer les différents personnages ne pourra que vous replonger dans cet univers enfantin quelque peu lointain, mais bien profondément enfoui. Et si jamais vous y restez insensible, c’est certainement parce que vous êtes un gros connard dénué de sentiments. Pensez bien qu’à chaque fois que vous dénigrerez les qualités de Tiny Toon Adventures, une cargaison de petits chatons innocents sombrera corps et âmes quelque part entre les Maldives et l’Indonésie. De même que toute la ribambelle de réfugiés cachés dans la cale.



Si le jeu garde comme cible un public enfantin et n’oppose en conséquence pas une résistance démesurée, les ennemis tombant les uns après les autres à coups de légumes ou de sauts bien placés, sa demi-heure bien tassée pour le terminer n’est qu’une raison supplémentaire de s’adonner à lui et de le voir s’offrir pour un plaisir fugace. Point de sauvegardes ni de mots de passe, ce Tiny Toon symbolise à lui seul la majesté de ces jeux Game Boy qui pouvaient être terminés d’une traite, mais qui conservaient pourtant toujours cet attrait inestimable qui donnait continuellement l’envie d’y revenir. Ce petit goût de « j’en reprendrai encore une part » inimitable est là aussi marqué par les mini-jeux qui ponctuent les niveaux, jouables à l’envi tant qu’il reste de quoi les financer en poche.



Ce jeu reste beau malgré son âge, toujours aussi plaisant malgré sa facilité, toujours aussi charmeur malgré sa concision et son support. S’il n’est ni irremplaçable, ni incontournable, il serait vraiment dommage de passer à côté. Si vous n’avez encore jamais eu l’occasion d’y toucher, jouez-y ne serait-ce qu’une seule fois. Et vous comprendrez comment, à partir de pas grand-chose, le bonheur peut tenir dans une poche, bain de jouvence garanti.
Le point de vue de César Ramos :
Un grand classique, pas le jeu de tous les lots mais presque.