Le site qui rentre en boite avec des baskets.
Devilish
Sega - 1991
Le casse briques d'enfer par Clence_tum

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Ami lecteur, bonjour! Aujourd'hui, j'ai la gueule de bois et je n'ai pas d'idée pour mon introduction. Je vais donc utiliser une vieille feinte de pigiste: la réunion marketing. Je sais que tu ne m'en voudras pas, car si tu lis le test d'un jeu Gamegear, c'est que tu es quelqu'un de tolérant. Merci à toi.



Ambiance: un sushi bar miteux de Tokyo, un soir de 1990, réunion des chefs de Sega dans l'arrière-salle. Atmosphère tendue et enfumée.

* Chef-Chef: Les filles, notre console pue la haine. Pas de jeux, trop chère, c'est un gouffre à piles. Il faut trouver quelque chose, ou bien on va droit dans le mur (de briques).
* Sous-Chef Créatif: Ah ben euh, puisque vous en parlez, j'ai un truc, ça vaut ce que ça vaut, ça serait des combats de petits animaux qu'on pourrait attraper avec des balles en courant dans les hautes herbes, y'en aurait une centaine à collectionner, et...
* T'es gentil, mais à cause de toi on a déjà un singe en pyjama rouge et un hérisson bleu en baskets sur les bras. Non, on a besoin de quelque chose de basique, de lourd, qui plait à tout le monde. Qu'est-ce qui cartonne en ce moment sur la..la..la gameboy? *spasmes nerveux de l'épaule*
* Chef Marketing: Euh...Castlevania?
* Très bien, on va faire du fantastico-démoniaque, ça fait adulte, ça excite le puceau, c'est vendeur. Quoi d'autre?
* Euuuuhhh...(ndlr: oui, les commerciaux sont tous des branleurs)...Alleyway?
* Parfait, vous allez me faire un casse-briques dans un univers fantastique avec des démons, ça s'appelera Devilish et puis c'est marre. Bon, il est tard, on s'arrache sinon la patronne va encore m'engueuler.



Devilish est donc un casse-briques mâtiné de fantaisie héroïque. Avec une histoire. Oui, un scénario dans un casse-briques, fallait avoir les couilles (enfin, les boules). Imaginez dans Tetris: « Aide Piotr, le camarade-maçon, à reconstruire le mur de Berlin avant l'invasion fachiste ».

Bref, en gros il était une fois un prince et une princesse qui vivaient au pays des bisounours et qui s'aimaient d'un amour tendre (mais comment s'y prendre...). Manque de bol, le démon Y, sans doute un amoureux éconduit de la princesse, décide d'oublier sa misère sexuelle en transformant le pays des rêves en bande de Gaza néo-gothique, option messes noires, et métamorphose du même coup le couple princier en raquettes de pierre. Hé oui, La vie ne fait pas de cadeaux. Heureusement pour nos deux tourtereaux, une boule divine descend du ciel et va les aider à vaincre le méchant frustré.



Et là vous vous dites que décidément, la transportable de Sega a produit plus de scénarios bidons que Dan Brown et les auteurs de Navarro réunis. Je vous répondrai que vous avez probablement raison, mais que c'est ce qui fait son charme. Mais parlons de la jouabilité, voulez-vous.

Donc, en gros, on doit traverser 8 mondes différents pour aller tirer les oreilles du gars Y. Pour ce faire, roule ta bille à travers les niveaux grâce aux raquettes, en respectant un temps limite. Classique, Devilish exploite le fameux gameplay des casse-briques, à l'épreuve des balles (gag!). Mais on y trouve aussi quelques nouveautés bienvenues. Ici, il ne s'agit pas de réduire à néant des murs de briques dans un écran fixe, mais de progresser à travers les niveaux, comme dans un jeu de plateformes. Par défaut, les deux raquettes que vous dirigez sont situées l'une au-dessus de l'autre, avec la possibilité de bouger celle du haut dans l'axe vertical. On peut également les transformer en 3 barres plus petites (pour couvrir plus de terrain), ou encore les disposer à angle droit, ce qui se révèle assez utile car une bonne partie des niveaux se passe à l'horizontale.



De temps à autre, on rencontre des boss. Diable ailé, monstre hideux, sorcier, enfin les trucs folklo habituels. Ils balancent des boules de feu ou d'autres cochonneries qui font dévier la trajectoire de votre balle. Finalement ça a plutôt tendance à la renvoyer dans leur gueule donc c'est tout bénef pour nous.

En résumé, le gameplay de Devilish c'est comme ce dessert qu'on trouve dans les restaurants chinois, où l'extérieur est une bonne glace à la vanille des familles, qui renferme en son centre une meringue, qui fait tout le charme de la chose (...pardonnez-moi, j'ai eu une enfance difficile vous savez).



Les graphismes maintenant. Comme vous pouvez le voir sur les captures d'écran réalisées amoureusement avec mes petites mains tremblantes, c'est plutôt joli, même si ça ne casse pas des briques (yeah!). Les huit mondes ont des aspects variés: cimetière, volcan, cascades, glacier, donjon, temple de l'enfer... avec des briques et des ennemis différents à chaque fois (pierres tombales, blocs de glace, pingouins...). C'est mignon, mais quand même moins qu'un bébé labrador.

Côté son, rien à redire: de nombreux effets, des musiques pas très variées mais agréables au tympan, on se défend. Mention spéciale au rire diabolique de l'écran start, qui enterrerait presque celui de l'intro de Strider.



C'est bien beau tout ça, mais qu'en est-il de la difficulté, me demandez-vous? (et si vous ne le demandiez pas, dites tout de suite que ce que j'écris vous emmerde). Hé bien le jeu n'est pas spécialement facile, mais il est horriblement court: huit stages limités à trois minutes chacun, je vous laisse calculer. La première fois j'ai du finir le jeu en une heure. Pourtant je ne touche pas spécialement ma bille (re-gag). En moins de temps qu'il n'en faut pour lire le dernier bouquin de Marc Levy, vous aurez donc délivré la belle et son jules du sort qui s'était abattu sur eux, ce qui leur permettra sans doute de recommencer à baiser comme des lapins. Oui parce que, permettez-moi de douter du potentiel érotique de deux gros madriers en pierre.



En conclusion, un bon petit jeu comme on aurait aimé en voir plus sur Gamegear (ah, si seulement...), mais qui souffre d'une durée de vie risible. Foncez dessus quand même, d'autant qu'il est trouvable pour beaucoup moins qu'une brique. Bonjour chez vous.

Le point de vue de César Ramos :
Relativement commun, à trois fois rien.