Le site qui forcément va marcher beaucoup moins bien.
Streets of Rage
Sega - 1993
Master System of a down par super8

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Le recul et le travail des archéologues-passionnés du jeu vidéo font que l'on perd de moins en moins de temps à chercher les valeurs sûres et les pépites cachées de la ludothèque d'une console. Les pionniers puis les débrouissailleurs du oldisme ont largement balisé le terrain. Mais aujourd'hui, j'ai envie de me faire un peu mal, histoire de mesurer ma chance d'avoir accès aussi facilement à pratiquement un demi-siècle de vidéoludisme en quelques clics.



Pour celà, je choisis d'abord la Master System ; pas la pire des consoles (je veux bien souffrir, mais pas au point d'être traumatisé), loin de là, mais bien moins réputée que sa concurrente de l'époque, la NES. Pour moi, la Master System, que je n'ai jamais possédée, reste la grande sœur tout à fait respectable de la Megadrive (ma console de cœur). Une étape nécessaire pour Sega, une console sûrement très sympathique, mais ayant surtout permis d'accoucher du chef d'œuvre qu'est la Megadrive par la suite. Regardons un peu la liste des jeux. Pas mal de noms se démarquent, des licences devenues cultes même. Mais nous sommes là pour nous faire du mal, ne perdons pas notre objectif. Tiens, tiens… la console a eu le droit à sa version de Streets of Rage. La version originale de ce jeu est sortie en 1991 sur Megadrive : un beat them all qualifié de « mythique » par l'ami Ghost ici-même et dont je partage totalement l'avis dithyrambique. Cette version Megadrive étant sûrement LE jeu auquel j'ai le plus joué jusqu’à présent, je ne devrais qu'être déçu par cette version au rabais, sortie deux ans plus tard, sur un hardware obsolète. Parfait.



Après le logo Sega, un texte défile, le même que sur Megadrive, nous racontant qu'un puissant syndicat du crime a pris le contrôle de la ville et que trois jeunes et fringants policiers ont juré de nettoyer les rues de la délinquance organisée, outrepassant leur fonction. La musique qui accompagne ce texte, toujours signée par Yuzo Koshiro, reste à quelques sons près, toujours aussi galvanisante. Un bon point pour la version Master System. Espérons que la suite ne sera pas aussi réussie.



Après l'écran titre, on nous demande de choisir le niveau de difficulté entre normal et difficile. Puis vient l'écran de sélection du personnage. Visiblement, il n'est pas possible de jouer à 2. Bon, je ne vais pas compter cela comme un mauvais point, étant habitué à jouer seul (pauvre oldies solitaire que je suis). Les trois personnages restent les mêmes que pour la version Megadrive, avec les mêmes statistiques de puissance, de vitesse et de saut. Je vais prendre Blaze, la fille de ce groupe inclusif, nouveau-monde-compatible. Peut être qu'on pourra voir sa petite culotte, qui avait été censurée sur la version PAL Megadrive, héhéhé… De toute façon, je suppose que j'aurai le droit à un sprite minuscule avec une maxi-tête, à la manière de Final Fight sur Nes…




Premier niveau, ou plutôt premier Round : la rue commerçante. Et me voilà déjà dans l'erreur, avec mes a priori. Les sprites sont un peu plus petits que sur Megadrive, mais de taille tout à fait correcte (ils font juste un peu petit par rapport au décor). Deuxième constatation, nous avons enfin le droit à la petite culotte de Blaze ! Enfin, je joue en mode normal ; le défi s'annonce plus corsé que sur Megadrive. Seulement deux vies au compteur et une barre de vie qui descend assez vite à chaque torgnole. Mais soyez rassuré, il n'y a rien d'insurmontable. Les ennemis lambdas sont les mêmes que sur Megadrive, aucun ne manque à l'appel : le punk à crête qui te tacle, le rouquin en jean de la tête aux pieds, et la dominatrice en cuissardes armée de son fouet, etc. Le décor, moins détaillé, est très ressemblant à la version Megadrive : il faut admettre que le premier Streets of Rage n'est pas le plus beau jeu de la console 16 bits. Surtout, le thème musical du niveau est tout à fait reconnaissable par rapport à l'original. L'environnement urbain, le gameplay et surtout la musique techno de Street of Rage étant là, on peut se le dire : l'ambiance du jeu sur Master System est totalement préservée.



Avec seulement 2 boutons d'action sur la manette Master System, l'un pour frapper, l'autre pour sauter, on ne risque pas d'appeler les flics à la rescousse par inadvertance dès la première frame du jeu (on s'est tous fait avoir, NES Pas ?). En effet, en cas de situation désespéré, il est possible d'utiliser une attaque spéciale (une fois par vie) se traduisant pas l'arrivée des renforts qui nettoient la place à coup de bazooka, tuant les ennemis lambda sur le coup, ou amochant salement les boss de niveau. Sur Master System, pour utiliser l'attaque spéciale, il faut mettre le jeu sur pause, puis appuyer sur le bouton 1. Pas facile lorsque le bouton pause est sur la console… Sauf si vous installez un bouton pause directement sur la manette, grâce à la méthode MrBlueSky !



Votre personnage se contrôle exactement comme sur Megadrive. Il enchaine les mêmes combos poings-pieds, les mêmes prises lors des chops. Si la planchette japonaise est parfois difficile à sortir, le German Suplex fait toujours autant de miracles sur vos ennemis, même sur un boss qui fait deux fois votre taille. Et comme sur Megadrive, cette prise fait trembler l'écran de jeu, de façon encore plus prononcée ici ; jouissif. Cependant, on a tendance à abuser rapidement de la combinaison saut + coup de pied, pour pallier à un manque de souplesse dans les déplacements du personnage, et une hitbox pas toujours précise. Il est toujours possible d'attraper des bouteilles en verre, des gouttières, des couteaux, etc., pour faire encore plus mal à la racaille. Des pommes et des cuisses de poulets vous remontent votre jauge de vie. Certains items font monter votre compteur de points, gagner des vies, ou vous offrent une attaque spéciale supplémentaire. Tout ces objets se trouvent sur votre chemin, au hasard d'une poubelle ou d'une cabine téléphonique que vous aurez à coeur d'exploser à coup de poings.




A la fin du premier niveau, arrive le boss. Et il s'agit du même que sur Megadrive, à savoir un grand gaillard avec un boomerang dont vous disposerez facilement. Si le thème musical du boss est bien moins classe que sur Megadrive, il est ici plus rapide, entrainant, voire plus intense. Bref, tout le sel du Streets of Rage original est présent sur cette cartouche. Fou.



On pourrait se demander quel est le prix à payer pour faire rentrer un mythe de la Megadrive dans une cartouche Master System. Moins de niveau ? Et bien non, les huit niveaux sont présents, avec leurs détails caractéristiques : les vagues sur la plage du niveau 3, le monte charge extérieur du niveau 7 laissant progressivement apparaître une skyline de nuit de toute beauté, le soleil se levant progressivement à travers les fenêtres durant le niveau 8, etc.



Les boss de niveau répondent également tous présents : le punk à boomerang, l'efflanqué peroxydé avec les griffes, le catcheur en slip, le gros balèze cracheur de feu, et les deux salopes qui sautent tout le temps. Il y a même un ajout par rapport à la version originale : le boss du cinquième niveau qui était un combat contre deux efflanqués peroxydés avec les griffres sur Megadrive (le même boss que pour le niveau 2, mais en double, vous suivez ?), est remplacé ici par un nain/gnome/farfadet violet avec un grand chapeau noir, qui vous lance des roquettes lorsqu'il se penche. Ca détonne mais ça a au moins le mérite de… surprendre ?




Alors que j'étais parti pour me moquer, me voilà honteux, mais heureux d'avoir découvert, ou plutôt redécouvert un jeu que je connais par coeur, sous un autre angle. Plus que le support, c'est l'expérience de jeu qui compte. Tout y est, jusqu'à la cinématique de fin, toujours accompagnée de sa douce musique venant gratifier les efforts de nos héros. En 2020, l'intérêt de cette version Master System de Streets of Rage est clairement limité ; le jeu Megadrive étant supérieure en tous points, et bien plus facile à dénicher, que ce soit sur cartouche ou sur les compiles rétro et autres consoles virtuelles. Mais il faut souligner l'effort des équipes de l'époque, qui ont oeuvré à cette adaptation de qualité, à destination des enfants qui n'avaient pas encore eu l'occasion de franchir le pas de la next-gen, même 3 ans après la sortie de la Megadrive (en Europe). Il ne semble donc pas impossible d'offrir une même expérience de jeu, tout au moins aussi plaisante, alors même que l'on joue sur un hardware offrant techniquement moins de possibilités qu'en version originale. Prends ça dans les dents, Cyberpunk 2077.
Le point de vue de César Ramos :
Pas aussi fréquent que sur Megadrive et beaucoup plus cher : CQFD.