Si il y’a une chose dont je me félicite, c’est de ne pas être un joueur difficile, ce qui est une qualité peu négligable quand on aime s’acheter de façon hebdomadaire de vieilles cartouches de jeu des années tonton. En effet, les Zelda, Mario World et autres Megaman, tout le monde les connaît. Fatal Labirynth, lui est plutôt du genre à écumer les fonds de caisse de jeux Megadrive des brocantes pluvieuses avec une misérable étiquette à 2€ (comme tout jeu Megadrive qui se respecte, qu’on se le dise). C’est donc par pure curiosité que j’ai accepté de m’alourdir d’un drôle de jeu.
Quand on voit la jaquette, ça sent déjà le jeu à petit budget fini à la pisse qu’on reviendra échanger dès le lendemain sauf que bon, les ludothèques Megadrive ultra-conventionnelles à base de Sonic, Street of Rage & co, c’est comme avec le clafoutis aux cerises de Mamy, y’a un moment où on aimerait bien changer et acheter un paquet de biscuit chez Leader Price.
Le jeu en question date de 1991 et est édité/développé par SEGA, un studio alors connu, on est donc en droit d’attendre un jeu au moins pas trop mauvais, ne soyons trop pas exigeants avec eux quand même, voyez par vous-même :
« Dragonia s’est réveillé ! Les ténèbres vont détruire le monde si personne n’arrache la coupe sacrée des griffes du Dragon. Vous êtes Trykaar, un jeune courageux chevalier destiné à rester puceau choisi par les villageois pour les sauver de la ruine éternelle. »
Comme je n’ai pas pu m’empêcher de me renseigner sur le bougre, je peux désormais vous apprendre qu’il était originellement disponible via le SEGA Meganet qui permettait de télécharger des jeux et de jouer en réseau avec des copains, inutile de dire que si vous n’en avez pas entendu parler, c’est que bien évidemment, ce fût un échec (parmi tant d’autres). Devant cette défaite, ils ont décidé de ressortir une version cartouche de Fatal Labyrinth, on a donc demandé au stagiaire de dessiner un péquenot en armure pour la jaquette avant de partir déjeuner et tchac.
Le jeu démarre donc dans le village de St-Samson-la-Poterie, Trykaar armé de son T-shirt questionne les villageois sur sa quête avant de filer se tailler un museau de dragon pour le déjeuner. Le jeu démarre, je ne sais vraiment pas à quoi m’attendre même si cette introduction va presque me faire regretter de ne pas avoir payé sa croûte au clochard, Trykaar apparaît dans un donjon généré aléatoirement, au premier étage d’une longue série der 30 pour enfin faire comprendre à ce Dragonia qu’il n’est plus le bienvenu en ces lieux parce que merde on n’est plus nulle part chez soi. Pour mener votre mission qui fait franchement pitié, il vous faudra simplement récupérer les équipements disponibles à chaque étage pour défoncer les monstres et il y’a de tout, épées haches, lances, shuriken, casques en cuir, armures, bâtons magiques, parchemins, potions bouclier et compagnie, classique. A vous d’équiper les éléments vous conférant les meilleures statistiques on connaît la chanson.
Au fur et à mesure de votre exploration, vous découvrirez des potions/anneaux aux pouvoirs particuliers, certains vous plongeront dans les ténèbres, d’autres rendront les ennemis confus ou vous feront danser puis dormir, etc… C’est toujours un petit plus sympathique dans l’exploration d’un donjon de 30 étages, même si ça fait parfois proprement chier de vautrer tous ses points de vie face à une part de Flan qui abuse sur les coups critiques.
Les combats se déroulent de façon sommaire. On entre au contact d’un ennemi et il suffit de lire les informations livrées dans la fenêtre en bas à droite « Flamby a causé 1 point de dégât, Vous lui infligez 2 points de dégât, Flamby esquive, Vous infligez 3 points au Flamby, il crève ». Chaque combat remporté rapportant de l’expérience, c’est un mal pour un bien. De toute façon le jeu se résume au schéma suivant :
Je me trimballe dans des couloirs, je pénètre dans une salle, je bute les monstres, je récupère l’équipement et rebelote jusqu’à ce que je trouve un escalier pour mener à l’étage suivant et c’est reparti pour un autre mandat. Peu glorieux, à froid comme ça, hein ? Rassurez-vous, ça n’a coûté que 2€.
Bien évidemment, petit à petit, de nouvelles bestioles plus puissantes viennent vous souffler dans les bronches et la qualité du matériel récupéré augmente en conséquence et Il faut bien ça pour tenir la dragée haute à la difficulté croissante du soft.
Esthétiquement, c’est quelconque, ... Mais pour de la NES … Enfin vu qu’à la base il était fait pour être téléchargé, on fera le mec qu’a rien vu. Par contre, impossible de faire le mec qui n’entend rien. Il n’y a qu’une musique et on a intérêt à l’aimer sous peine de sombrer dans la folie pure.
A l’image des graphismes, en fait.
Et de l’animation.
Bon…
Quand on relit ces lignes, on serait tenté de trouver que ce jeu pue la défaite et ce serait omettre un aspect plutôt sympathique du jeu, le fait que les niveaux sont générés aléatoirement et ça, mine de rien, ça ajoute de la replay value. Alors on a certes un jeu qui paye pas de mine mais qui a un étrange goût de reviens-y (tout comme vos mères). Après tout le gameplay est simple et efficace et si il n’était pas sur console de salon, il serait un parfait jeu de gogue.
Au final, que tirer de cette expérience ? J’ai du mal à me dire que ce jeu vaut plus de 2 malheureux euros. J’ai néanmoins passé un moment sympa à découvrir ce jeu un peu rouillé sous les aisselles et je songe même y revenir à l’occasion, c’est peut-être là l’exploit de ce genre de jeu qui ne paye pas de mine mais qu’on relance de temps en temps, juste pour voir jusqu’où on peut aller.
Avant d’en finir avec cette critique, il est intéressant de dresser le parallèle entre Fatal Labyrinth et Dragon Crystal sorti la même année sur Game Gear, jeu dont
le test a été rédigé par la plume de Clence sur ce même site. Je ne saurais dire si je me suis montré moins virulent que lui pour un jeu tout aussi pourri ou si la version Megadrive possède les qualités qui manquaient à la version du parpaing de Sega. Ceci dit, rassurez-vous fidèles lecteurs, la musique de Fatal Labyrinth n’est pas la même que sur Game Gear. Un .mp3 est disponible en haut de la page pour égayer vos soirées dansantes et virées dans Paris avec votre baladeur réglé sur la playlist oldies que chacun d’entre vous est censé avoir constitué.
Un petit MU pour la route ? Et bien vous vous êtes peut-être demandé à quoi servait l’argent obtenu dans le jeu puisqu’il n’y a aucun magasin et la notion de score semble être absente … Il sert simplement à vous offrir un enterrement convenable quand vous passerez l’arme à gauche. C’est con, mais on y pense rarement.