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Killer Instinct
Rare - 1995
Avez-vous l'instinct ? par Onigiri

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Vous ne le saviez peut-être pas, mais ma console préférée, et d'assez loin, est la Super Nintendo. D'une part parce que c'est la première console de jeu pour laquelle j'ai réussi l'exploit de la faire entrer dans le salon de mes parents, qui y ont toujours été réfractaires, d'autre part parce que cette console nous a offert de merveilleux portages des jeux d'arcade de son époque. Et quels portages, mes amis, des plus fidèles que les joueurs aient pu voir jusque là, seule la Neo Geo (qui, rappelons le, n'est qu'une borne d'arcade maquillée en console) pouvait se vanter de faire mieux. Parmi ces fabuleux portages, ceux qui l'ont touché n'ont pas oublié Killer Instinct, ou le jeu de frappe revisité par les petits gars de Rareware à l'époque où c'étaient encore des gens du Bien. Mais replaçons-nous dans le contexte.



Nous sommes en 1994. Le jeu de combat a un nom, et ce nom est Street Fighter 2. Sorti trois auparavant en arcade, il a tout simplement apporté le jeu de combat aux fébriles mains des joueurs, créant ainsi une véritable révolution. Depuis, rien, ou presque. Rien sinon Street Figther, que tout le monde a à la bouche à l'époque. Et ce n'est certainement pas son arrivée sur Super NES qui va infirmer cela. Rareware partait donc avec un lourd défi à relever : détrôner le leader en créant un jeu de baston complètement novateur, histoire de balayer les conventions mises en place par Capcom. De là est né Killer Instinct, dans lequel on sent que les développeurs ont mit toutes leurs tripes. Pour la petite histoire, Killer Intinct est la toute première borne d'arcade de l'histoire à intégrer un disque dur afin de stocker les données. À côté de cela, on trouvait un matériel qui était tout simplement la première version de ce qui allait devenir plus tard la Nintendo 64. Et le pari de tenir tête au concurrent était réussi. Violence à souhait, graphismes impressionnants, maniabilité au quart de poil, bref, que du bon.



Mais moi, dans ma campagne, je ne lâchais pas mon petit Street Fighter 2. Jusqu'à ce mercredi après-midi de 1996, durant lequel un ami débarque à la maison avec ses jeux de Super NES. De son sac, il sort une cartouche noire. Intrigué par cette particularité, j'enfourne le jeu dans la console, et on s'assied devant la télévision. Un jeu de combat aussi bon que Street Fighter 2, me dit-il ? On va bien voir ça, tiens. Et bien il ne m'avait pas menti...



Killer Instinct, c'est tout simplement un concentré de fun et de grosses tatanes dans une seule cartouche. Les combats sont nerveux, rapides et les enchaînements jouissifs au possible. Et c'est là qu'on va sortir un fun indiscutable du jeu. Killer Instinct n'est rien d'autre que le précurseur du système de combo moderne. Très simples à sortir, ces enchaînements demandent néanmoins un certain entraînement ainsi qu'une torture de la manette et de ses petits doigts pour bien les maîtriser. Une fois que c'est fait, une fois qu'on a bien fait saigner ses pouces sur la rigide croix directionnelle de la manette, une fois qu'on a transformé les ampoules en une sorte de croute protégeant de toute brûlure, sortir un 12 hits sans forcer est un plaisir inébranlable. D'autant que ça fait bien gueuler la barre (et le commentateur, par la même occasion, qu'on entendra s'exciter à chaque retournement de situation, ou à chaque combo bien placé).



Outre ces combos ravageurs, les développeurs ne se sont pas arrêtés ici, et ont créé un système permettant d'éviter de trop se faire rosser : les Combo Breaker. Salvatrice pour la victime et toujours énervante pour l'attaquant, cette technique permettra de retourner un coup à l'adversaire en pleine furie et de casser ainsi son enchaînement. Mais la véritable classe, c'est d'aller chercher ensuite l'adversaire pour l'enchaîner à son tour...



Les combats nerveux, ce n'est pas ce qui manque dans le jeu. Et le système joue encore un peu plus dans ce sens. Ici aussi, les développeurs nous ont gratifié d'une idée géniale, qui ne sera malheureusement jamais reprise par la suite : les combats ne se jouent plus sur un obsolète système de rounds. Chaque personnage dispose de deux barres de vie. Lorsque la première est complètement vide, le combattant se trouve au sol, et voit sa barre de vie se remplir entièrement. Les deux joueurs sont séparés et le combat peut reprendre dès la seconde suivante, sans perte de temps, sans casser le rythme, en continuant d'insulter copieusement l'enfoiré d'en face qui a osé nous péter lâchement la gueule après nous avoir foutu dans le coin. Une fois la seconde barre de vie suffisamment élimée, on dispose de plusieurs moyens pour achever son adversaire. Et les possibilités de mise à mort sont nombreuses : Fatalité, Humiliation, Ultra Combo ou Ultimate.



Concernant les images, bien entendu, c'est loin d'être aussi beau que ce que proposait l'arcade. Malgré tout, ça reste une belle claque graphique. Les sprites des personnages ont été taillés à la tronçonneuse pour rentrer dans la cartouche, les animations ont perdu quelques images et les décors sont devenus plats, mais cela n'enlève rien au plaisir que l'on prend à jouer. Le jeu reste très beau et fluide, même si certains passages tournent un peu à la bouillie de pixels.



Mais Killer Instinct, ce n'est pas seulement un gameplay nerveux et innovant ou une sanglante boucherie. Ce sont aussi 10 personnages qui ont une histoire, plus ou moins recherchée. Parmi nos protagonistes, on trouvera donc :

* Fulgore : Killing Machine
* Cinder : La torche humaine
* Sabrewulf : Vilain toutou
* Orchid : Double airbag de série
* Riptor : Jurassic Park
* Jago : Ryu, on t'a reconnu...
* Combo : Mike Tyson avec la voix de Barry White
* Spinal : Skeletor, en chair et en os
* Thunder : Le dernier des Mohicans
* Glacius : Mr Freeze



À ces personnages jouables, on ajoutera enfin un boss de fin qui n'apparait pas dans la liste des personnages : Eyedol, une sorte de monstre à deux têtes doté d'une massue et capable de régénérer sa barre de vie. On raconte qu'il donne encore des cauchemars aux enfants qui ont gaspillé de longues après-midi à essayer de lui coller une rouste, voir de lui mettre un seul coup. On raconte aussi qu'il viole des animaux et qu'il mange des enfants.



Côté ambiance, on notera enfin que Killer Instinct est un jeu très... sombre. Le genre de jeu qui ne ferait qu'aggraver une grosse déprime s'il n'était pas aussi fun. Les décors vont de la fonderie au toit d'immeuble en pleine nuit en passant par le manoir maculé de sang, rien de bien réjouissant. Les musiques n'apportent rien de plus gai, puisqu'elles sont presque toutes aussi angoissantes et lugubres que les décors qu'elles accompagnent. Les compositions musicales n'ont pas été faites au hasard, et n'ont surtout pas été faites n'importe comment, puisque la version Super NES du jeu est vendue avec un CD baptisé "Killer Cuts", regroupant toutes les musiques du jeu. On se tape les versions originales (pas les versions réorcherstrées pour les besoins de la version console) et ça se laisse très facilement écouter. On passe de la dance au rap sans aucun problème, et outre le fait qu'elles collent très bien aux combats qu'elles accompagnent, on est plutôt content de les retrouver sur un CD.



En définitive, Killer Instinct est une tentative réussie de moderniser le jeu de combat, à défaut de le révolutionner vraiment. Pendant que Capcom ne se fait pas chier et use sa licence en sortant des "Super Street Fighter II' Turbo Championship Edition New Challengers Alpha Ta Mère" alors que les fans attendent le 3, Rare nous envoie un grand coup dans la gueule et pose de nouvelles bases dans le monde du jeu de combat, tout simplement.




Le point de vue de César Ramos :
Relativement courant, à pas cher