Je pourrais très bien dire tout simplement qu’Unirally est un chef d’œuvre, comme ça, sans me justifier. Vous seriez bien obligés de me croire, puisque j’ai raison. Le seul problème c’est que ma critique s’arrêterait là et ça ce serait vraiment dommage pour un si beau jeu, quand même.
I believe I can fly…
Alors Unirally qu’est-ce que c’est ? Un chef d’œuvre. Mais encore me direz vous. Et bien c’est un jeu développé par DMA Design en 1994. Je peux même vous faire une confidence, en 1994 les développeurs de DMA ne buvaient pas que de l’eau.
…I believe I can touch the sky
En effet, pour que le concept d’Unirally sorte de l’esprit d’une personne normalement constituée il faut que cette personne soit dans un état d’ébriété bigrement avancé. Le concept, le voici : des courses de monocycles sans pilote sur des tuyaux en scrolling horizontal. Ca a l’air idiot comme ça mais ça marche, explications.
Je serai franc : vous êtes mal parti pour gagner cette course
Tout d’abord il faut connaître le gameplay du jeu pour en comprendre toute l’essence. Premièrement, pour avancer on ne s’esquinte pas le pouce droit sur le bouton A ou B comme à l’accoutumée, on se détruit plutôt le pouce gauche sur la croix multi-directionnelle, ce qui, avouons le, est foutrement plus sadique au vu de la rigidité de ladite croix. Par conséquent si on utilise la croix pour se déplacer selon un scrolling horizontal, c’est qu’il y a des courses de gauche à droite et de droite à gauche et rien que ça c’est beau.
D’accord, j’ai une demi seconde de retard, mais ça ne saurait durer
Et à part se promener sur des tuyaux, que peut on faire ? Figurez vous que l’on peut freiner, sauter et effectuer des rotations suivant trois axes. Quelques actions qui à priori ne servent à rien. Je dis bien à priori.
Le grand saut s’annonce imminent
Outre la possibilité de montrer qu’on en a une grosse et qu’on sait faire de belles figures avec son vélo-qui-n’a-même-pas-deux-roues-et-même-pas-de-guidon-non-plus-et-que-c’est-vachement-plus-dur-à-manier-du-coup-tu-te-rends-pas-compte-toi, toutes ces actions permettent de gagner de la vitesse, ce qui en vérité est vraiment pratique pour gagner une course. Donc en combinant ces actions vous ferez des enchaînements de folie et bénéficierez d’accélérations hors du commun lorsque vous retomberez sur votre roue (et oui pas sur la selle petit malin, sinon c’est un wipeout et tu perds tout ton potentiel accélératoire (je sais ça n’existe pas mais je m’en fous, c’est MON uni-critique (ça aussi ça n’existe pas, mais comme je viens de le dire, je m’en fous (et je m’en fous aussi de toute cette accumulation de parenthèses, même si ça commence à faire beaucoup, c’est MON uni-critique(et c’est toujours pas français d ‘ailleurs ce mot (toi aussi amuse toi à compter si j’ai bien fermé toutes les parenthèses que j’ai ouvertes(encore une, pour le fun))))))).
Un écran splitté pour jouer à deux, ils sont malins chez DMA
C’est là que le génie du jeu se met en marche, les tuyaux qui constituent chaque circuit sont disposés de manière à multiplier les occasions de s’envoyer en l’air et donc potentiellement de faire virevolter son monocycle, ce qui permet d’atteindre des vitesses vertigineuses et accessoirement de gagner la course contre votre unique adversaire. Tout est alors affaire de dosage : placer le maximum de galipettes dans un intervalle de temps restreint, en se préparant à la retombée, l’idéal étant d’arriver le plus parallèlement possible au tuyau tout en prenant soin de ne pas le toucher avec la selle et bien sûr d’être dans le sens de la course. Cependant le génie de la composition des circuits ne s’arrête pas là, les circuits changent régulièrement de sens, on se retrouve la tête en bas, certains tuyaux sont recouverts de glace, d’autres de glue, d’autres encore sont des accélérateurs, bref, on n’a pas le temps de s’ennuyer. En regardant les screens vous vous êtes sûrement aperçus que le champ de vision est très restreint et puisque comme d’après mes dires ça semble allez très vite, vous vous êtes logiquement demandé, intelligents que vous êtes (règle numéro un : toujours flatter le lecteur pour faire apprécier sa critique et pouvoir le rallier à sa cause), comment faire pour deviner si ce qui nous attend est un tremplin, un tuyau englué ou un mur ? (Il n’y a pas de mur dans le jeu, mais je trouve que ça ajoute une touche d’humour non négligeable lorsque l’on pense à un pauvre monocycle qui s’écrase contre un mur à vive allure, ça marche aussi avec un chat, remarquez). La réponse est, comme la question, contenue dans les screens. Un observateur de votre qualité (règle numéro 1…) aura remarqué que tous les tuyaux ne sont pas de la même couleur. En effet, chaque couleur de tuyau a une signification particulière, annonçant généralement la suite du circuit. Ca a l’air compliqué comme ça mais au bout de quelques parties on sait ce qui nous attend à la vue du moindre tuyau vert et bleu, rouge et bleu ou bleu et rouge (non, non ce n’est pas pareil, vous verrez).
Je vous assure qu’en vrai j’ai (presque) débloqué les quatre autres grand prix…
Bon d’accord on a la qualité, mais on a aussi la quantité : huit grands prix représentés par des animaux plus ou moins rapides de cinq courses chacun, ce qui nous fait un total de 40 circuits, nombre relativement respectable pour un jeu de ce type. De plus, chaque grand prix se joue dans les différents niveaux bronze, argent et or. Le niveau se corse au fur et à mesure de votre progression. Vous pouvez effectuer les courses dans l’ordre que vous voulez mais pour « gagner » un grand prix il faut gagner les cinq courses de ce grand prix dans la même session de jeu. Parmi ces cinq courses, on trouve deux courses où l’on doit aller d’un point A au point B, deux courses en boucle où l’on doit effectuer plusieurs tours et une épreuve de freestyle. Les circuits sont jouables à deux avec le mode deux joueurs ou le mode versus (si jamais une bonne âme a compris la différence profonde entre ces deux modes, qu’il m’écrive, cela fait maintenant près de huit ans que je ne dors plus par la faute de ces stupides modes). Le jeu propose aussi des statistiques très complètes sur vos courses, disponibles dans les options au côté d’un mode « league » dont je n’ai toujours pas compris l’utilité. Un jeu pour intellectuels en plus.
Le menu avec ses modes mystérieux et inexplicables…
Donc pour l’instant on a un gameplay de folie, un level design diabolique et un menu vraiment complet. « what else ? » comme dirait un certain Georges. Une bande son magistrale, et oui. Le jeu est servi par des thèmes rock furieusement entraînants et bien choisis. On se surprend à chantonner le rythme de la musique d’intro, ensuite la course commence et on chantonne une nouvelle musique, puis on met sa tôle à l’adversaire et on chantonne la musique suivante et ainsi de suite. La bande son est donc de qualité, même si on lui reprochera les rares bruitages dont on se serait passé. Passons donc à présent aux graphismes.
Là ça ne se voit pas mais la musique est super bonne
Joker.
Admirez-moi cet arrière plan de qualité
Bon j’en parle mais c’est bien parce que vous avez des têtes sympa, surtout lui, non pas toi idiot l’autre, voilà lui, là. Du côté des monocycles, ce n’est pas si mal que ça en fait, ils sont en effet assez réalistes. Leurs nombreuses animations leur confèrent une véritable personnalité. Les menus ne sont pas en reste et sont agréables à l’œil, les petits animaux qui représentent les circuits sont mignons tout plein. Malheureusement, des jolis petits personnages ça ne suffit pas, il faut aussi des décors et c’est là que le bât blesse. Les couleurs des tuyaux, bien qu’assez pratiques lors des courses, ne sont pas forcément choisies avec bon goût et se révèlent en vérité assez criardes. Mais là où le moteur graphique du soft s’affirme dans toute sa puissance, c’est dans les arrières plans. Vous voyez les fonds d’écran par défaut Windows au format Bitmap que personne n’utilise ? Mais si, ceux qui ont un nom trompeur comme « granit vert » ou « vent de prairie », que même Mamie n’utilise pas et dieu sait que Mamie a mauvais goût. C’est à peu près à cela que ressemblent tous les arrières plans d’Unirally. Je l’affirme sans concession : c’est laid, très laid même. L’idéal est de se concentrer sur son bolide et de faire abstraction du reste, avec un peu d’entraînement on peut arriver à oublier ces foutus arrières plans.
Ha, ha ! La pâtée impériale que je lui ai mise !
Malgré ces quelques défauts d’ordre purement esthétique, Unirally reste un grand jeu. Il a eu le mérite dans son temps de prendre la place de Super Mario Kart dans mon cœur, ce qui n’est déjà pas si mal. C’est un soft frais où le plaisir est immédiat et qui propose un challenge corsé pour les joueurs désirant l’explorer plus en profondeur. Il est donc accessible à tous les joueurs, débutants comme hardcore gamers. Que demander de plus à un jeu ?