"Attends, y'a un jeu de mots là, non ?"
Teenage Mutant Ninja Turtles IV / Turtles in time
Konami - 1996
Le bon vieux time... par Ham Tyler

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Qui n’éprouve pas de la sympathie pour les êtres que l’on appelle les Tortues Ninja ? Même ceux qui ne sont pas fan retiennent des ces héros leur générique, leur appétit pour les pizza, leur capacité à maîtriser les art martiaux, et surtout leur bonne humeur contagieuse. Oui, les Tortues Ninja, c’était tout une époque, et même un univers. Il y avait les BD, l’anime, les jouets, et les jeux vidéo. Parmi ces derniers, celui que le monde entier retient le plus jusqu’à aujourd’hui n’est autre que TMNT 4. Alors, est-ce en bien ou en mal ? La réponse est simple : tu connais les films « L’Arme Fatale », « Retour vers le futur », ou encore « Le Flic De Beverly Hills » ? Tu les connais parce que ces films mélangeaient humour délirant et action palpitante, et bien TMNT 4 est de ceux-là : humour délirant et action palpitante !





Et oui, parce que derrière ce hit se cache… Konami ! En effet, en 1992, la fin de la NES laisse place aux consoles 16 bits dont les graphismes, les processeurs, et le système audio permet de réaliser des jeux très complets. La firme décide alors de sortir une adaptation sur SNES du jeu sorti précédemment sur borne d’arcade. Et l’aboutissement est sensationnel.
Le scénario de départ est digne de l’anime : Krang capture la Statue de la Liberté et se tire avec. Ce n’est en fait qu’un prétexte de Shredder qui souhaite se débarrasser des Tortues Ninjas pour de bon. A se moment-là, une 1ère bataille va se livrer à New York jusqu’à ce que Shredder attire nos héros dans une trappe temporelle. Votre objectif se complique alors : rattraper Shredder et Krang afin de vous faire revenir dans le présent, et si possible (et là, ça tient de la BD), en finir avec eux une bonne fois pour toute…



Ecran titre : vous ne rêvez pas, ce jeu est complet. Effectivement, on se retrouve devant un menu qui nous propose de jouer un beat’em all à un ou à deux joueur, un mode versus pour se mesurer à son pote, et un mode time trial dont le but est de finir le niveau le plus vite possible. Les options complètent l’écran de présentation et vous allez voir que ce mode est assez sympa. On y règle d’abord le niveau du jeu, puis les contrôles (on remarque qu’il n’y a au maximum que trois boutons utilisables). On peut aussi régler le nombre de vies, le Dash (la faculté de courir) manuel ou automatique, l’activation du back attack (coup en arrière si on est encerclé), le fameux sound-test !!! (qui a son importance, vous comprendrez pourquoi…), le mode mono ou stéréo, et enfin la cerise sur le gâteau : le color mode. Alors qu’est-ce que c’est ? Grâce à lui, on peut choisir le type de coloration pour nos tortues : ceux qui on appris à les connaître via l’anime verront les tortues de la même couleur verte, mais ceux qui sont fan des comics (1er support de leurs aventures) pourront enfin les voir avec leurs couleurs originelles qui vont du kaki au vert clair, ce qui individualise mieux les personnages.



Le mode versus est simple : chaque joueur choisi une tortue parmi les quatre et l’affrontement se fait dans les égouts. C’est Splinter qui joue le rôle d’arbitre et les deux autres tortues assistent au combat. C’est fun car les coups sont variés et en plus, on peut avancer en perspective (à la manière d’un Double Dragon). Le seul reproche serait le manque de personnages et de stages mais bon, quelqu’un qui joue à se jeu ne vient pas pour défier son pote sans cesse. Non, il vient pour le plat principal : le mode beat’em all, et ce dernier est très fun.



Surtout quand on joue à deux, on ne s’ennuie pas une seule seconde. Au contraire, on en redemande ! Les tortues se déplacent dans toutes les directions (elles répondent très bien aux contrôles), et malgré leurs 3 boutons d’action, nos héros disposent d’une palette de coups très variée. En effet, le système de jeu est basé sur le timing des touches : appuyer sur le saut puis le coup, ne va pas donner la même attaque si on presse le bouton de manière prolongée ou de façon brève. Et il en est de même pour les attaques au sol, de quoi varier les techniques et les adapter stratégiquement à chaque situation. En cas de saturation d’ennemis, il reste un dernier recours : une attaque spéciale très utile qui permet de se débarrasser des ninjas, l’inconvénient étant que ce coup spécial consomme votre barre d’énergie. Sinon, parmi les originalités du gameplay, on remarque que chaque tortue a son style différent d’enchaînement, de coup spécial, et leur rapidité ainsi que leur force diffèrent. Bon ça, c’est le côté baston du jeu. Mais quelqu’un qui a joué à ce chef d’œuvre ne va pas se limiter uniquement à cet aspect.



Il va inévitablement vous parler du côté délires qu’on éprouve tout le long du jeu. On s’éclate littéralement. Y a pas à dire, Konami s’est vraiment mis dans la peau des joueurs, tous âges confondus, pour savoir comment est-ce que ces derniers pourraient s’amuser sans jamais connaître le moindre sentiment de monotonie. On rigole, on se reconcentre sur la baston, puis on rigole de nouveau… Ils ont vraiment bien jaugé le truc ! Certains lui reprochent un côté trop « facile à terminer ». Moi perso, en mode Hard, j’ai trouvé le jeu très bien dosé : en effet, un des détails (parmi d’autres) est que la firme a décidé de doter vos opposants du Foot Clan de boucliers au profit d’un surnombre d’ennemis qui gâcherait le plaisir et qui provoquerait un sentiment de « trop de ».

Tel qu’il est, le jeu est déjà un plaisir, mais Konami rajoute encore 2 cerises sur notre gâteau avec 2 bonus stages fabuleux qui permettent de se lâcher complètement afin de décompresser.



Stop. Vous pensiez vraiment que j’allais continuer à parler de cet opus sans évoquer les projections ? Elles sont tout bonnement magnifiques ! Soit on fait un ippon avec les Stone Warriors qui se cognent entre eux et explosent, soit on choppe un type et on l’utilise pour frapper d’autres adversaires qui nous encerclent (ah oui… Du coup, on lui fait rencontrer le sol plusieurs fois de suite), soit (et à force de mettre des cerises sur le gâteau, ça devient un gâteau aux cerises) on peut projeter un de ses ennemis sur l’écran avec un effet de zoom sensationnel ! Spéciale mention pour la première rencontre avec Shredder, où l’on doit jeter sur l’écran le maximum de gardes possibles pour défoncer son tank.



Les stages sont très détaillés. On sent que le jeu est une adaptation d’arcade vu comment les éléments du décor peuvent interagir avec nous ou les ennemis. Les niveaux sont très colorés (pas trop rassurez-vous) et on file du pont Big Apple de New York au Technodrome, en passant par les égouts et les ghettos de la ville. Et… ça n’est que la première partie du jeu ! Parce que dans la seconde moitié, on voyage à travers le temps, et autant le dire, les mondes sont beaux (et là je m’adresse à toi lecteur qui a déjà joué à ce jeu. Je sais très bien que tu penses à « Neon Night-Riders »). Neon Night-Riders, c’est le bonus stage qu’on rencontre dans la dernière partie du jeu. On est sur un skate-board volant, parcourant la nuit, une autoroute perchée au dessus de la ville. Le but étant de s’accaparer le max de points possibles en dégommant le plus de mecs et en collectant le plus de bonus, avec à la clé un boss. Ce monde utilise le mode 7 de la plus belle manière qui soit, et à chaque fois que j’y joue, c’est CE monde que j’attends, la nostalgie à l’œil.



À part ça, j’ajoute que les graphismes des personnages sont minutieux, et l’animation n’a pas pris une ride. D’ailleurs, on se croirait carrément dans un épisode de l’anime, surtout qu’au début du jeu, on a le droit au générique avec Leonardo qui découpe l’écran en deux pour le plus grand plaisir des fans. J’en arrive alors aux sons. Les musiques sont très fidèles au dessin animé, c’est-à-dire très rythmées. Et on le doit à Kôzô Nakamura, le compositeur de TMNT 2 : The Arcade Game, ainsi qu’aux deux producteurs de chez Konami, Kazuhiko Uehara et Harumi Ueko. Du coup, ce sont de superbes musiques qu’on s’prend dans les tympans (ah… celle de « Neon Night-Riders », qui ne l’aime pas ? Je la classe sans hésiter dans les 10 meilleures musiques des consoles 16 bits, au côté de celles de Bare Knuckle), d’où l’importance du sound-test. Les bruitages sont aussi parmi les plus sympa de la SNES, notamment les fameux « Pizza Power », « Cowabunga », le sourire de Shredder, la voix digitalisée très fun quand on prend une part de pizza, ou les phrases à l’introduction d’un stage.

En parlant de phrases d’intro, il y a une référence au massacre des Indiens d’Amérique avec le stage qui se passe en Amérique dans les années 1800 « Bury my Shell at Wounded Knee », en référence au livre « Bury My Heart at Wounded Knee ». Je trouve ce geste brave parce que c’est vrai que dans les westerns qu’on nous décrit habituellement, les cow-boys sont toujours les héros… On sait que la réalité était parfois toute autre. Les voyages à travers le temps prennent donc une dimension juste et dénoncent les clichés de l’histoire.



Avec toutes ces qualités décrites ci-dessus, Konami nous offre une bonne adaptation du portage arcade sorti 1 an auparavant. Mais, il persiste tout de même quelques différences entre les deux versions : en arcade, « Sewer Surfin » ne comprend pas de boss, « Technodrome : let’s kick shell ! » n’existe pas, « Neon Night-Riders » est un scrolling horizontal sans mode 7, Tokka et Rahzar remplacent Bebop et Rocksteady, Cement Man remplace Slash, et Shredder reste sous sa forme normale (contre un « Super Shredder » sur SNES). Cependant, si on croit que la version SNES est la meilleure, il faut savoir que celle d’arcade est supérieure sur le plan graphique et audio, et surtout, on peut y jouer jusqu’à 4 joueurs en coopératif, contre 2 seulement sur SNES. À chacun ses avantages et ses inconvénients, mais heureusement, Konami a su palier les lacunes de la SNES grâce à tous les ajouts de niveaux, boss et mode 7.

« Ce jeu est une bombe ! » C’est la conclusion de ce test qui m’a fait vraiment plaisir. En y rejouant, je me suis éclaté comme un dingue (et encore, j’étais même pas en mode coopératif). Oui, il est vrai que la plupart des beat’em all sont assez répétitifs, ou considérés comme trop sombres, mais « Teenage Mutant Ninja Turtles IV - Turtles in Time » est LE jeu qu’on ne doit pas rater.
Contre toute attente, il est même allé jusqu’à séduire les joueurs qui n’aiment pas les beat’em all. Considéré par les gamers comme le meilleur TMNT toute catégorie, il est la preuve même, que sur un titre identique, les consoles de nouvelle génération n’arrivent pas à procurer autant de plaisir.

En effet, jusqu’à aujourd’hui, il n’a trouvé aucun digne successeur. C’est ce qu’on appelle un « ancien », en service depuis 1992. Les programmateurs actuels baissent les yeux devant un monument pareil, parce que le plaisir qu’il procure est respecté de tous. Parce qu’ils savent qu’ils ne font pas le poids face à la bonne vielle méthode. Face au bon vieux time…
Le point de vue de César Ramos :
Peu commun, toujours un peu trop cher malheureusement.