Le site où Yannick Noah est un tennisman.
ATV Simulator
Codemasters - 1988
Le Ténéré à portée de clavier par EcstazY

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Aujourd’hui j’ai mal au crâne. Oui, j’ai bêtement souhaité l’anniversaire d’un ami hier soir, et mes corbières me font atrocement souffrir. Mais je suis sur que vous ne voyez pas le rapport avec un jeu Amstrad. Moi si : lorsque tout va mal, lorsque le monde extérieur est particulièrement hostile, il faut des rustines, qui évite la fuite lente et douloureuse vers la mort de votre cerveau malade. Et cette solution est pour moi l’Amstrad. Alors d’une main molle j’allume la chose, je choppe une disquette au pif, et quelques KAT, CATTE, KHAT, CAT plus loin je lance ATV Simulator. Pour mon plus grand plaisir, mais peut-être pas le votre.



ATV Simulator est comme son nom l’indique un simulateur de quad. Oui, ATV est l’acronyme anglais de All Terrains Vehicles. Mais ce n’est pas ça le plus important. Le mot simulator accroche déjà l’œil. « Vous voulez dire Bob, développeur, que votre jeu va tenter de reproduire à l’identique le comportement d’un quad dans la nature sauvage et elle aussi hostile, comme après un réveil migraineux de lendemain de latte c’est ça ? ». Là déjà, mieux que l’alka seltzer, j’affiche un grand sourire niais. J’ai oublié en tant d’années comment ce jeu s’en sortait, mais je sens déjà le souffle chaud et humide de l’aventure sur mon visage.



Je lance la chose. Menu minable, cheap en diable, mais une curiosité qui fait plaisir : la possibilité de choisir ses touches. Souvenez-vous de ces trop nombreux jeux sacrifiés sur l’autel du misérabilisme du clavier, avec des touches réglées pour un clavier anglais (quand vous en aviez un français) et vice versa. Là, pas de problème, on configure simplement et hop. Joie. Et le jeu part.



Immédiatement on est frappé par l’écran d’introduction du niveau. L’idée de base est d’afficher le numéro du trail que l’on va tenter de franchir, et la matière dont il est composé. Mais il faut toujours aller plus loin, ne pas se limiter au niveau 0 de l’information, sinon on devient employé à la SNCF, et ça c’est mal. Alors creusons. Qu’est ce que le développeur a tenté visuellement ? Quel est donc cet effet absolument effrayant de relief ? Le résultat à l’écran fait peur, à la limite entre la lèpre terminale et le bug d’affichage. Tout cela ne laisse rien présager de bon, et c’est avec beaucoup d’appréhension que je démarre.



On commence donc la course de quad (je resitue pour ceux qui trouvent comme moi que j’ai vraiment trop mal au crâne pour faire une critique suivie) par un départ à la 24h du mans. C’est-à-dire qu’il va falloir courir jusqu’à votre machine de feu. Je n’ai jamais vu ça, sauf peut-être aux 24h de Pont de Vaux, et encore. Mais là voir notre pilote émérite courir comme un paraplégique, avec l’Amstrad en mode diaporama, c’est dur, très dur psychologiquement. On saute dans le bon sens, et hop il est sur la machine, le contact est chaud, les roues aussi, il peut aller vaincre. Alors on part vaincre, seul dans l’univers vide et moche.



La maniabilité est très étonnante. On accélère et on donne la direction de notre machine avec gauche droite, haut bas servant à régler l’assiette de notre foudre de guerre. Et le bouton d’action pour faire un saut. Un saut, admettons… Au clavier, pour ceux qui ont (temporairement je leur souhaite) égaré leurs bâtons de joie, et bien c’est tout simplement injouable, ou presque.



Mais à la limite on s’en cogne. En effet les esprits affutés à mes critiques arthritiques auront noté le mot « diaporama ». Pour les novices (on l’a tous été un jour, enfin je crois) c’est lorsque la machine ne suit plus, et que l’animation n’est malheureusement pas fluide, et provoque cet effet désastreux de diaporama. Globalement c’est mal. Là on accélère, on enchaîne obstacles sur obstacles, et paf, le sprite de trop, l’Amstrad lâche prise et c’est injouable, faisant se viander méchamment notre pilote sans peur mais surement pas sans reproche (pour jouer dans un jeu pareil il doit réellement avoir un nombre important d’impayés). Alors c’est jouable vite fait, mais rapidement, c’est l’enfer. Certains passages avec des pièges animés comme les aigles ou les crocodiles sont tout simplement de l’ordre du miracle à passer entier sans tomber et remonter super mollement a 0,4 image / seconde.



Mais le fun arrive quand même à être là. Etrangement. Enchainer les obstacles avec tant de problèmes devient un luxe oldies de l’extrême. On ne sait pas réellement comment ça passe, mais le quad effectue un saut de fou (genre 3 écrans en l’air, à 0,4 image/seconde, c’est très impressionnant), retombe sur la gueule d’un crocodile, rebondis, et enchaîne sur 4 troncs, comme guidé par la main de Dieu, sans presque que vous ayez l’impression d’avoir fait quelque chose. Oui, en mode diaporama la faculté d’agir apparaît comme extrêmement limitée… Mais le plaisir est presque là, comme lorsque l’on joue à un jeu en flash sur un PC complètement limité, c’est… Différent, mais intéressant.



D’autant que le jeu est bourré de bugs en tout genre. Les collisions sont étrangement mal gérées. Parfois, en filant comme une bastos dans le désert du Ténéré, vous décollerez comme une grosse merde sur un petit caillou de rien. Parfois non. Parfois vous bondirez sur un obstacle comme si un habile système de levier était présent sous la banquise, parfois vous sombrerez dans l’eau trouble et glacée. Parfois… Le côté aléatoire de la chute, aidé par l’animation souffreteuse font que c’est différent.


Là, la chose en pointillés est un aigle. Si si. Sur son dos mon quad. Et euh, moi je fais quoi pendant ce temps là ?


De même, parfois le quad va s’envoler. Soit, et vous avec. Admettons. Mais il retombera sur un ennemi. Qui l’emportera avec lui. C’est-à-dire que vous tomberez violement sur un caillou, et que le quad volera, et tombera sur un aigle, qui va l’emporter dans les airs dans un intrépide mouvement de « je monte je descends ». Et vous, en pilote consciencieux où chaque seconde compte, vous devrez aller le récupérer. Sur l’aigle. Vous allez donc tenter de sauter d’obstacles en obstacles, en priant pour que ce con qui fait ralentir à mort l’Amstrad puisse vous rendre votre foudre. Et ça c’est du très lourd.


Ok, donc les tempêtes de vent ont emporté ma machine et elle ne redescendra pas. Bon, heureusement que j’ai mon harmonica...


Alors on enchaînera les niveaux (au demeurant très courts) avec plaisir. Si si, quand tout marche, c’est presque agréable de franchir en bondissant les obstacles que Gaïa a dressés sur notre route. Mais dès que les problèmes pointent, ce jeu devient particulièrement frustrant. Et bien sur impossible de savoir lorsqu’ils pointeront le bout de leur nez…



ATV Simulator n’est donc bien entendu pas une simulation (mon dieu quelle prétention). Mais un jeu d’arcade gentillet, doté d’un charme véritablement oldies, qui cependant rebutera plus de 98% des gens. Logique. Mais là tout de suite avec ma poche de glaçons sur le crâne, et bien j’ai eu quelques sourires, ce qui devant un jeu de quad est tout de même une sorte de victoire. Un jeu bonne idée qui tourne au cauchemar, comme des milliers finalement. Poussière, il redeviendra poussière...
Le point de vue de César Ramos :
Relativement rare neuf, mais en copie un grand grand classique..