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Maniac Mansion
Lucasfilm Games - 1988
Le météore a pris le contrôle de votre ordinateur par Enker

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Le hasard fait parfois bien les choses. Il aura fait porter les initiales MM à trois choses importantes de la création. Dans le désordre, nous trouvons donc :
- des chocolats qui fondent dans la bouche mais pas dans la main (et encore moins dans le saladier), mais ça n’a un peu rien à voir avec le sujet.
- ma série de jeu-vidéo fétiche. Mais là aussi, c’est un peu hors-sujet.
- le jeu Maniac Mansion. Et c’est là que le hasard est vraiment grandiose puisqu’il fera l’objet de la présente critique.

Expressément, pour toi, [NES Pas?], on y va !



Je revois encore cette scène. Parti en famille manger chez des amis, je découvrais ce soir là un mythe du jeu-vidéo. Je devais avoir cinq ou six ans, mon frère en ayant six de plus était installé avec son pote devant l’ordinateur et essayaient de résoudre les pièges du manoir loufoque dément : la rencontre avec Maniac Mansion était amorcée, acte 1.
Bon, c’était sur un Amiga et il s’agit là d’une critique Atari. Je m’en branle proprement et vous emmerde (merde à la censure comme dirait l’autre). Quoi qu’il en soit, étant bien trop jeune, je devais me contenter de toucher avec les yeux, ce qui a engendré une longue période de frustration qui se termina lors de l’acquisition de la version NES du jeu (mais il s’agit là encore d’une autre histoire, voire même d’une autre critique)



Je n’apprendrai rien à personne en affirmant que la frustration accumulée avec le temps engendre une attente et une idolâtrie exponentielles. Je ne cacherai pas non plus que plus l’attente est importante, plus les chances de connaître une déception sont élevées.
Et pourtant, ce n’est pas le cas de Maniac Mansion. Ce jeu a absolument tout pour lui et aura marqué toute une époque d’une empreinte indélébile.



Jugez plutôt. Maniac Mansion, issu de l’imagination de Ron Gilbert, est un jeu d’aventure somme toute classique pour aujourd’hui, mais diablement novateur pour l’époque. Son principe est assez simple : il faudra diriger le personnage dans les différentes pièces en lui donnant des ordres à l’aide de verbes figurant sur le bas de l’écran en les assignant avec des objets ou des personnages. Les interactions avec le décor sont donc nombreuses et une action typique sera de sélectionner le verbe Prendre, puis d’indiquer la clé cachée sous le paillasson.
De plus, ce jeu aura été le premier à utiliser le moteur SCUMM (Script Creation Utility for Maniac Mansion), moteur qui sera par la suite utilisé dans d’autres titres comme Day of the Tentacle, Monkey Island ou autres Sam & Max. Et mine de rien, un jeu qui donne son nom à un procédé, ça ne court pas les rues.



Faites donc chauffer vos disquettes et entrez dans le manoir du savant fou. L’histoire est d’un classicisme certain, puisque vous dirigez un adolescent parti au sauvetage de sa petite amie enlevée par le très mystérieux Dr.Fred.
Là où elle devient plus intéressante, c’est que Dave (le héros) a décidé de faire appel à deux potes pour accomplir cette mission. Et que c’est au joueur de les choisir parmi six individualités, chacune possédant ses propres capacités. Nous retrouvons ainsi :
- Dave, qui comme tout héros qui se respecte n’a pas de point faible ni d’atout. Il ne sait donc rien faire de particulier et c’est en toute logique qu’il est le seul personnage obligatoire.
- Syd, un musicien qui sait utiliser des instruments (de musique, pas de cuisine connard)
- Michael, le Noir™ de l’équipe, preuve que Maniac Mansion pense à nos minorités. Sa sélection vous permettra de développer des pellicules, mais aussi de reproduire le scénario de tout film catastrophe US qui se respecte en le sacrifiant peu avant la fin du jeu.
- Wendy, qui espère devenir un écrivain célèbre.
- Bernard, le geek par excellence, ce qui fait de lui un électricien hors-pair.
- Razor, la version de Syd au féminin.
- Jeff, aka le beach boy. Et il sait aussi réparer les téléphones.



Vous l’aurez remarqué, ces personnages possèdent des capacités vraiment disparates. Et c’est exactement l’attrait principal de ce jeu puisque chaque personnage (à l’exception de Dave et de Jeff, les deux sous-doués) peut théoriquement terminer le jeu en suivant des cheminements bien particuliers et spécifiques à chacun, ce qui est synonyme de fins multiples.
Enfin bon, je dis bien théoriquement, car il est possible de se retrouver dans une impasse suite à la mort d’un personnage clé. Eh oui, la mort de l’un des membres de l’équipe n’est pas exclue ! L’un des attraits secondaires du jeu étant de trouver les différents moyens de voir fleurir les pierres tombales sur le bas côté du manoir, certaines scènes étant assez cocasses. Montrer à Ed les restes de son hamster après un passage au micro-ondes amenant par exemple à l’une de ces issues funestes.



Pour parvenir à la fin de Maniac Mansion, il faudra au préalable (et dans la plupart des cas de figure) se trouver un allié parmi les habitants du manoir en remplissant certaines actions. Il est à noter que tout ce beau monde ne vous aidera pas, mais surtout que seuls les adjuvants pourront vous conduire au cimetière.
Le cheminement est donc simple puisqu’il faudra déambuler dans les allées du manoir, recueillir des objets, les utiliser ou les échanger au bon moment afin de pouvoir progresser encore et encore. Certaines de vos trouvailles seront capitales, d’autres complètement inutiles, et vous devrez faire preuve d’un raisonnement implacable pour débloquer certaines situations.



Finalement, les rouages de Maniac Mansion deviennent limpides au bout d’un peu de temps. Et au fur et à mesure de la progression, vous découvrirez l’un des atouts majeurs de ce titre : son humour noir au second degré implacable.
Et de l’humour, ce jeu en regorge plus que raison ! La mère complètement folle, le hamster à passer au micro-ondes, les nombreux dialogues complètement barrés… Tout cela forme un ensemble formidable et absolument délectable. Un exemple parfait étant de faire lire l’avertissement de la porte blindée du premier étage à Bernard, puis de le laisser faire tranquillement.



La fameuse porte blindée et son mot de passe, où comment essayer de contrer les copies du jeu. Se tromper, et hop, explosion du manoir. Fort heureusement, cet écueil se rencontre très rapidement dans le jeu, il faudra donc être lent, peu doué, mad ou très con (ou tout ça en même temps) pour trainer une heure au rez-de-chaussée avant de se pointer et se gourer de code.



Des cheminements multiples, un humour omniprésent, que demander de plus pour obtenir une ambiance parfaite ? Une bande-son de qualité, bien évidemment. Et sur ce point, c’est silence radio : pas de musique, juste des sons qui visent juste : les bruits des portes qui s’ouvrent et se ferment, le tic-tac de l’horloge, le grésillement d’une radio… Tout cela confortera ce sentiment de solitude ou d’oppression qui vous accompagnera dans la visite du manoir, une ambiance intimiste qui tombe à pic.
Et parce qu’il le fallait, il y a également quelques musiques à souligner, comme l’excellent thème d’introduction.



Les allers et retours seront nombreux. Les interrogations seront fréquentes. Les secrets seront tordus. Tout ce que l’on demande à un jeu, c’est d’être bon et divertissant. Maniac Mansion réunit tout cela et offre un grand moment vidéo-ludique. Prouvez donc que votre esprit est aussi tordu que celui de ses concepteurs, relevez ce défi et partez à la chasse au météore malfaisant !
Et là, seulement là, vous aurez tout d’un grand.

Le point de vue de César Ramos :
Comme la plupart des jeux Atari : peu cher, présent en lots...