Avertissement : afin d’éviter toute accusation de copie et de plagiat, la critique qui suit ne comportera aucune phrase en commun avec
celle-ci. Ou presque. En cas de litige, veuillez contacter l’auteur d’en face qui statuera.
Maniac Mansion, comme tout jeu à succès, aura eu droit à des portages multiples. Mais le fait notable est que cette version NES apparaît alors que le jeu n’avait connu que l’horizon des ordinateurs. Décision surprenante mais également très intéressante qui peut laisser poindre certaines questions : le changement de support lui aura-t-il été bénéfique ? Aura-t-il perdu ou gagné certains points importants lors du transit ? Oui, mais si on danse ? ¿ Cuando se come aqui ?
Je le sens, vous frétillez d’impatience. N’attendons plus : expressément, pour toi, [NES Pas?], on y va !
Je revois encore cette scène. Parti en famille manger chez des amis, je découvrais ce soir là un mythe du jeu-vidéo. Je devais avoir cinq ou six ans, mon frère en ayant six de plus était installé avec son pote devant l’ordinateur et essayaient de résoudre les pièges du manoir loufoque dément : la rencontre avec Maniac Mansion était amorcée, acte 1.
Bon, c’était sur un Amiga et il s’agit là d’une critique NES. Je m’en branle proprement et vous emmerde (merde à la censure comme dirait l’autre). Quoi qu’il en soit, étant bien trop jeune, je devais me contenter de toucher avec les yeux, ce qui a engendré une longue période de frustration qui se termina lors de l’acquisition de la version NES du jeu (aaaaaaaaaah, nous y venons enfin)
Un cadeau de Noël ou d’anniversaire, je ne me rappelle plus, mais la certitude est que j’en avais rêvé de ce jeu. Je le revois encore avec mes yeux d’enfant derrière les vitres du magasin de jouets local… Aaaah, souvenirs oldies.
Je n’apprendrai rien à personne en affirmant que la frustration accumulée avec le temps engendre une attente et une idolâtrie exponentielles. Je ne cacherai pas non plus que plus l’attente est importante, plus les chances de connaître une déception sont élevées.
Et pourtant, ce n’est pas le cas de Maniac Mansion. Ce jeu a absolument tout pour lui et aura marqué toute une époque d’une empreinte indélébile. Mais bon, ça, c’est le copier/coller de la version Atari et si vous êtes là c’est que vous voulez un avis sur la version Nintendo, NES Pas ?
Sur le principe, le jeu est identique aux différentes versions micro. Logique. Les actions se font toujours sur le même principe, à savoir sélectionner une action en bas de l’écran puis de pointer le curseur sur un objet ou un personnage. Ca fait un peu puzzle, ça marche bien et c’est efficace. Exemple :
Donner +
hamster +
Dave. Vous aurez très bien compris à quoi sert cette opération, pas la peine de s’étendre là-dessus. Et si jamais ce n’est pas le cas, n’hésitez pas à garder votre index enfoncé sur le petit bouton lumineux de la base de votre ordinateur.
Sur NES aussi, il faut commencer par recruter deux copains parmi les six proposés initialement. Ceux là accompagneront Dave (le héros) afin de libérer sa petite amie Sandy des griffes du machiavélique Dr.Fred.
Ainsi, nous retrouvons :
- Dave, qui comme tout héros qui se respecte n’a pas de point faible ni d’atout. S’il savait ce qui l’attendait dans le manoir des Edison, il serait certainement resté du côté de chez Swann (cette plaisanterie vous a été offerte par l’amicale des amateurs de chansons franco-néerlandaises)
- Razor, la chanteuse phare du groupe Razor & the Scummettes. Et là où c’est formidable, c’est que je comprends en rédigeant ces lignes à l’instant même qu’il y a un jeu de mot entre Scummettes et SCUMM, le moteur utilisé pour réaliser le jeu. [NES Pas ?], je t’aime.
- Bernard, le président du club de physique et vainqueur du prix de roi des nigauds. Et courageux avec tout ça.
- Syd, un musicien aux lunettes noires. C’est un peu le Gilbert Montagné du groupe, mais avec la vue en plus.
- Wendy, qui espère devenir un écrivain célèbre.
- Jeff, aka le beach boy. Et qui croyait que ses potes l’amenaient à la plage. En plein milieu de la nuit. C’est dire.
- Michael, le Noir™ de l’équipe, preuve que Maniac Mansion pense à nos minorités. Notez comme la version NES le glisse subtilement en fin de liste, sympa.
Tous ces personnages possèdent des capacités vraiment disparates. Et c’est exactement l’attrait principal de ce jeu puisque chaque personnage (à l’exception de Dave et de Jeff, les deux sous-doués) peut théoriquement terminer le jeu en suivant des cheminements bien particuliers et spécifiques à chacun, ce qui est synonyme de fins multiples.
Enfin bon, je dis bien théoriquement, car il est possible de se retrouver dans une impasse suite à la mort d’un personnage clé. Eh oui, la mort de l’un des membres de l’équipe n’est pas exclue ! L’un des attraits secondaires du jeu étant de trouver les différents moyens de voir fleurir les pierres tombales sur le bas côté du manoir. En aligner trois côte à côte permet de réaliser un magnifique puissance 3 et accessoirement d’obtenir un game over efficace.
Pour parvenir à la fin de Maniac Mansion, il faudra au préalable (et dans la plupart des cas de figure) se trouver un allié parmi les habitants du manoir en remplissant certaines actions.
Le cheminement est donc simple puisqu’il faudra déambuler dans les allées du manoir, recueillir des objets, les utiliser ou les échanger au bon moment afin de pouvoir progresser encore et encore. Certaines de vos trouvailles seront capitales, d’autres complètement inutiles, et vous devrez faire preuve d’un raisonnement implacable pour débloquer certaines situations.
Finalement, les rouages de Maniac Mansion deviennent limpides au bout d’un peu de temps. Et c’est au fur et à mesure de la progression dans le manoir que l’on finit par s’apercevoir du souci énorme de cette version Nintendo : la censure.
Oui, vous avez bien lu. Ce jeu a subi une putain de censure pour avoir le droit de séjourner sur NES. On remercie Nintendo of America avec la bouche en cœur (ou le cul en étoile, c’est selon)
Bon, on pourrait très bien dire que ce n’est pas grave, une petite censure ne représente rien de bien méchant. Ok. Sauf que là, c’est l’essence même du jeu qui a été violée, à savoir son humour noir très deuxième degré absolument implacable. La mère de famille aux multiples allusions sexuelles, le hamster à mettre au micro-ondes… Tout ça a subtilement été maquillé et ça fait vraiment tâche d’huile. Je ne sais pas pour vous, mais le coup du hamster me manque vraiment. Je me sens comme un petit enfant auquel on aurait révélé que sous le costume du père Noël se cachait en fait l’oncle Hubert, et que ce dernier avait oublié de se doucher la veille. Triste désillusion, le retour sur Terre est brutal et cruel.
Malgré ça, tout n’a pas pu être filtré et certains détails ont survécu. Il paraitrait par exemple que dans les premières cartouches américaines du jeu, il était possible de micro-onder le hamster (et pourtant, j’aime ces petites bêtes). Puis le tir a été corrigé et le mal a frappé.
Plus inconcevable encore, alors que toute connotation sexuelle a été effacée du jeu, il est encore possible de voir le tentacule vert crier à l’appel à l’accouplement ! Incroyable ! Mais là où c’est fantastique, c’est que le personnage responsable de cet acte poussera son cri de douleur…et c’est tout. Pour rappel, c’était censé être là une des façons de mourir dans le jeu, mais pas dans la version NES. Logique.
Mais je vous sens sceptiques, faudrait-il jeter un regard désapprobateur sur ce jeu et le condamner ? Non, bien sûr que non. Tout d’abord parce qu’il a le mérite d’exister sur NES, la console du Bien. Aussi parce que malgré cette censure violente, le jeu en lui-même reste grandement inchangé, ce qui est le principal.
Mais surtout, surtout car son passage sur console aura permis à Maniac Mansion de s’équiper de musiques. Oui oui, des musiques, des vraies en midi. Et pendant tout le jeu !
Chaque personnage dispose de son propre thème musical, ainsi que la famille au teint bleu (Peyo réfute tout lien de parenté avec les Schtroumpfs). Et vu que les compositions sont globalement agréables, ça ne peut qu’égayer les parties.
Et si jamais elles ne vous satisfaisaient pas, il est tout à fait possible de les désactiver. Car ces musiques sont en fait les walkmans utilisés par nos trois ados dans le vent. Ce jeu a pensé à tout.
Entre parenthèses, je vais rapidement faire un crochet sur la version japonaise du jeu, sortie auparavant dans une forme bien différente. L’ensemble est plus cheap, les pièces sont minuscules et ne rentrent que dans un écran, et les personnages ont tous la même tête à la con qui les fait ressembler à des Monster Munch. Pas grand-chose à voir avec notre version occidentale donc.
Voilà, ça c’est fait.
Finalement, la version NES fait peut être pâle figure en comparaison à ses aînés de micro. Mais ce n’est pas grave : ce jeu, je l’aime définitivement, rien ne me fera changer d’avis. Son ambiance, son unicité, son authenticité, tout ça fait que j’ai ce jeu encore aujourd’hui bien au chaud dans un tiroir. Et que pour rien au monde je ne m’en séparerai.
Vous êtes encore là ? Vous attendez quoi, foncez !