Je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours été attiré par la 3D isométrique. Cette espèce de représentation batarde entre la 2D et la 3D a permis des jeux cultes : rappelez-vous Solstice sur NES et Monster Max sur Game Boy. Ne vous offusquez pas devant cette appelation, je suis littéralement amoureux de ce type de rendu (certains dirons que je vais plus loin, mais par avance, je les cule) (et j'oubliais : merde à la censure)... Là, je crois que je peux être fier de mon introduction : mélanger dans le même paragraphe "amoureux", "cule" et "merde" (re-merde à la censure), c'est osé et je m'en délecte. Après cette douce mise en situation, passons au jeu.
Le jeu H.A.T.E. est apparu en 1989. Il a été édité par Vortex Software qui nous a habitué aux jeux en 3D isométrique avec notamment Highway Encounter en 1985 et Revolution en 1986. C'est d'ailleurs le même programmeur, Costa Panayi, qui a travaillé sur ces deux projets avant HATE. Au niveau des musiques, on les doit à Ben Daglish qui a lui-même travaillé sur de nombreux projets comme Gauntlet : Deeper Dungeons en 1985, Gauntlet 2 en 1986 et l'adaptation du fameux dessin animé Mask en 1987 et 1988 dans Mask et Mask Two.
Tout d'abord qu'est ce que HATE ? Tout d'abord, ce n'est pas HATE mais "H.A.T.E.", ce n'est pas moi qui le dit, c'est comme ça. H.A.T.E. pour Hostile All Terrain Encounter, que l'ami Google se précipite de traduire par "Hostile Toute la Rencontre De Terrain"... Mouais... Plutôt équivoque comme traduction. L'idée est surtout que vous ne rencontrerez pas que des amis dans ce jeu, et qu'il va falloir tirer sur tout ce qui bouge (et même ce qui ne bouge pas) pour survivre en terrain hostile. On se retrouve donc avec un jeu d'action, qualifié du barbarisme shoot'em up par les profanes. Sa particularité est donc sa représentation en 3D isométrique, assez inhabituelle pour un jeu de shoot.
Je vois d'ici les vieux briscards ayant connu l'époque de gloire de la 3D iso s'éructant, hurlant à qui veut l'entendre "Arghh ! La 3D iso, maniabilité pourrie !". Là j'arrive tel un fier guerrier chevauchant sa mule répondant "Je vous c* !". Mais je m'égare. Il est vrai que peu de titres ont su associer une représentation isométrique et une maniabilité sans faille. Mais le problème vient surtout de la perception humaine : le déplacement ne se faisant pas selon le même point de vue : généralement Bas vous faisait aller en bas à droite, Gauche en haut à gauche, etc... Ici, le problème se pose moins de part la nature du jeu, l'adaptation sera plus aisée que dans un jeu comme Batman par exemple. Passé les cinq premières minutes, vous serez forgés aux déplacements, par contre, inutile de préciser que la jouabilité est ignoble au clavier : le joystick s'avère donc indispensable pour profiter au mieux du jeu.
Au niveau des graphismes, sachez tout de suite que l'on touche là au gros point noir de H.A.T.E. : c'est pas terrible, et même franchement laid par moments. Autant les sprites des avions (le votre et ceux que vous affronterez) sont assez réussis, autant le reste n'est pas franchement folichon. Les ennemis manquent cruellement de variété, de plus, hormis ces fameux chasseurs, le reste est tout simplement moche : des boules rondes, des carrés, voilà l'essentiel de vos cibles. Non, vraiment, le CPC pouvait, et méritait de faire mieux. La conception des niveaux, la gestion de la géographie (collines, montagnes et autres plateux) tentent de rattraper le coup mais sans vraiment y parvenir. Les niveaux finissent fatalement par être un peu répétitifs à la longue. Déception sur ce point en tout cas, on aurait aimé un peu plus d'approfondissement.
Bon, il y a quand même des petites idées bien sympathiques. Il est important de signaler que dans votre périple, vous aurez à disposition deux véhicules : un tank et un chasseur. Il faut savoir que la maniabilité est assez différente entre les deux. Votre avion vous permettra de vous déplacer horizontalement et verticalement, le tank quand à lui seulement sur l'axe horizontal bien sûr. Mais il possède une seconde arme pour palier ce défaut (ben oui, on a rarement vu un tank voler...) : une espèce de mortier mais dont l'effet est assez similaire à l'arme principale. Encore une idée insuffisamment explorée je serais tenté de dire. Parlons des bonus : lorsque vous détruirez certaines de vos cibles, celles-ci libèrent des bonus qui viendront se fixer à l'arrière de votre appareil, s'accumulant pour former une chaîne, elles auront alors pour effet d'améliorer légèrement votre défense. Ce qui nous amène à la difficulté générale du jeu.
Celle-ci n'est pas excessive comme dans beaucoups de titres de l'Amstrad. Elle est plutôt bien dosée au long des niveaux : les premiers ne rebutent pas et sont accessibles. Forcément, il arrive un moment où il va falloir batailler ferme pour rester en vie. Les niveaux où vous piloterez le tank seront un peu plus délicats du fait de la maniabilité plus faible du véhicule.
On va finir par les choses qui fâchent, comme d'habitude pourrait-on dire sur CPC : les ralentissements. Dès que le nombres de sprites affichés simultanément à l'écran devient trop important, des ralentissements se font cruellement sentir. Seule solution : faire diminuer le nombre de sprites, traduction : atomiser du mob. L'animation redevient alors un peu plus fluide.
Pour conclure, je dirais que nous sommes passés à côté d'un hit : les bases sont là avec l'originalité mais on en ressort avec un côté répétitif sur le long terme et des graphismes pas franchement à la hauteur. Le jeu ne tient pas la comparaison en terme de graphisme face à Zaxx, un autre shoot'em up, français et édité par Chip, également en 3D iso sortis trois ans plus tôt !