In blowing memory of Ron Jeremy.
Thanatos
Durell Software - 1986
Ce jeu tue ! par EcstazY

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Vous qui lisez cette critique, vous avez déjà possédé un Amstrad. Vous avez connu l’âge d’or du crocodile qui n’est pas Lacoste, et vous avez brassé dans vos mains potelées des dizaines de cartouches, avant de manier les dollars… Cette époque bénie renaît de temps en temps, en voyant un jeu auquel vous êtes vraisemblablement le seul à encore penser. Et bien Thanatos est de ceux là. Ce jeu des âges farouches, fils de Crao le sage, est l’ambassadeur d’une époque merveilleuse où l’on se foutait un peu de ce que l’on avait dans les mains. Et heureusement.



Mais parce qu’avant la poilade et l’esclandre il faut poser les bases, qui peut me dire qui est Thanatos ? Personne, forcément vous me lisez. Si vous avez agité les bras en l’air frénétiquement en hurlant « MOI MOI !! » devant votre écran, faites attention à vous, et sortez prendre l’air, vous êtes ridicules. Thanatos est dans la mythologie grecque la représentation de la mort. Notre grande faucheuse à nous finalement… Mais à la limite, en 1985 vous ne le saviez, et ça ne changeait pas pour autant la face du monde. Et vous aviez raison.



Surtout que dans ce jeu, on s’en tamponne les amygdales avec un coton tige de Thanatos la mort. Là c’est simplement le nom de notre héros, qui par un malencontreux concours de circonstances s’est fait transformer en dragon. Il va falloir que ce cher dragon aille chercher Eros, puis un magicien pour aller se défaire de ce vilain sort.



Là déjà, c’est du lourd. Il y a un scénario ! Oui, sur Amstrad, rien n’est moins évident. Un scénario plutôt chouette en plus pour un shoot. Oui, là je brûle mes cartouches : Thanatos est un shoot d’un genre étonnant.



Donc on va devoir aller chercher deux personnages, dans deux villages. Entre ces deux villages, c’est la campagne nocturne, et ses monstres. On va donc voleter gaiement, en affrontant tout ce qui va nous tomber dessus. Pour cela notre dragon crache des flammes, comme un vrai dragon finalement. Le tout se manie assez étrangement. On va d’abord décoller. Pour cela, gauche droite sur notre cher joystick et haut. Peinard. En continuant dans la direction, notre cher dragon va accélérer ou décélérer. Soit. Maintenant si on veut cracher des flammes, limitées en quantité en plus, bouton et une direction, si l’on veut crachouiller en l’air ou au sol. Et si l’on appuie sur bouton + gauche ou droite, le dragon fait demi tour. En sachant que le jeu est a 3 images par seconde, c’est un coup de main à prendre.



Oui, le jeu graphiquement est lentissime. Ce n’est pas trop moche au demeurant, on a droit à un scrolling différentiel de bonne facture, mais en mode diaporama. Cependant la passion n’a pas attendu que les jeux soit fluide pour aimer. Donc nous ferons fi de tout ça. On vole donc, et on crache des flammes pour zigouiller les vilains. Et dieu sait qu’ils sont nombreux. Chose étonnante, on peut choisir son niveau de difficulté, prévalant le nombre d’ennemis à l’écran. Accessoirement on peut modifier les touches de jeu, et ça c’est merveilleux.



Merveilleux comme le bestiaire que l’on va rencontrer. Dans les villes et aux abords proches, nous rencontrerons des défenseurs. Ils sont trop choux, et m’arrachent à chaque fois une larme. Bah oui, voir ces petits bonshommes s’évertuer à me tirer dessus à coups de lances, de frondes, c’est touchant. Et j’aime la sensation jouissive d’arriver avec mon dragon chéri tout prêt, de les voir fuir, et les cramer dans les « SHHHH » de la flamme. Je devrais en parler à mon oncle allemand du Chili. Dans les campagnes, ce sont des oiseaux, des araignées, et autres bestiaires agraires qui ne manqueront pas de vous chiquer les mollets.



Il vous faut donc les abattre. Froidement, avant qu’ils ne vous touchent. Et là c’est le drame. Si le jeu est en diaporama c’est que l’Amstrad ne suit pas. Oui, ce n’est pas un effet de style du développeur (oui, il est tout seul). Donc quand vous lâchez votre flamme divine, une chance sur 3 pour que l’ennemi meurt. Le temps que l’Amstrad calcule ça, il est peut-être déjà loin, et vous à peut-être déjà touché. Et là c’est le talon d’Achille : la difficulté paranormale de ce jeu.



Un jeu difficile ça peut être très sympa. Heureusement. Mais quand un jeu est rendu particulièrement honteux à s’en arracher les poils pubiens avec les dents, et ce uniquement à cause du matériel, c’est terriblement pénible. Là on meurt à petit feu à cause de l’Amstrad qui sue à grosses gouttes pour tenter de suivre. Et ce même au niveau 1 de la difficulté.



Le jeu est donc particulièrement tendu. Et comme sur beaucoup de jeux Amstrad, il n’y a rien d’expliqué, il va donc falloir tâtonner à mort. La première ville où vous devez récupérer Eros par exemple. Rien ne vous dit que vous devez la prendre sur vos ailes… Vous pouvez très bien passer à la cool en cramant tout le monde. Et vous retrouvez bloqué à la deuxième ville si vous y arrivez car c’est quand même franchement tendu.



On se retrouve donc avec un jeu extrêmement difficile, mais attachant. Attachant car c’est une idée amusante. Voler à dos de dragon c’est sympa, moi ça chatouille mon idéal fantaisie dans le bon sens. L’univers est creux, mais ça convient à la perfection à l’ensemble. On peut voler 1 minute sans voir personne. Une minute c’est très long, mais uniquement bercé par les battements du cœur de Thanatos et les bruits d’ailes, c’est presque magique. Et puis pouf, surgissent trois paysans courageux, que l’on crame dans un SHHH du plus bel effet, avant de vrombir dans la citadelle.



Et puis je garde surtout le meilleur pour la fin. Vous l’aurez compris, pendant le jeu il n’y a pas de musique. L’Amstrad a déjà tellement de mal à gérer l’ensemble qu’on ne va pas encombrer le bus avec une musique. Mais il y a l’écran titre. Et sa musique majestueuse. Des basses de folie, une ambiance mélancolique, sombre, le tout pour un état d’esprit étonnant qui colle parfaitement avec ce jeu d’un autre âge.



Vous l’aurez compris, Thanatos ne plaira à personne. Comme ça, je me retrouve moi-même dans l’impossibilité de le défendre vraiment, avec conviction. Pourtant il garde ce charme rugueux des premiers âges, de cette époque où tout était possible. Et parce que l’Amstrad c’est aussi un processeur sonore de fou, écoutez au moins la musique. Qu’on se le dise, répandez la bonne nouvelle, pour moi, pour Eros.

Le point de vue de César Ramos :
Relativement rare neuf, surtout que c'est un jeu français, mais en copie un grand grand classique...