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Avenging spirit
Jaleco - 1992
From beyond the grrrrrave. par EcstazY

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Vous êtes morts. Pas de chance pas vrai ? C’était la belle vie, tout se passait bien. Boulot, maison, chien, barrière en bois blanc, barbecue, même une vraie gonzesse sous la main. Et la mort bête, la mort coup de poing. Dans la force de l’âge découvrir les abymes, laissant sur place les vivants hébétés.



C’est d’autant plus dommage que question gonzesse, vous n’aviez pas fait semblant. Ah ça non. On vous enviait dans la rue, et les mâles louchaient discrètement sur la donzelle, les filles leur tirant rageusement la manche pour repartir d’un pas pressé. C’était le pied.



Pas de chance elle s’est fait enlever. En plus de la douleur de votre mort, et surement aidée par le poids lourd et le froid au cœur du chagrin, elle est tombée dans le panneau, comme une pauvre fille.



Mais la vie est belle, car joli papa, son propre père finalement, travaille depuis des années sur les fantômes et décide qu’il n’y a que vous qui puissiez l’aider à revenir dans sa famille. Car un homme comme vous qui peut donner du plaisir à un tractopelle rien qu’en s’asseyant dessus, un homme dont le nom dans de nombreux dialectes africains signifie à la fois « fertilité » et « plaisir infini », un homme dont toutes les femmes gardent secrètement une photo dans leurs sous-vêtements, un homme de cette trempe-là, peut sauver sa fille.



Ok.

Ceci ami lecteur est le scénario d’Avenging Spirit sur Game Boy. Ah il faut reconnaître que par rapport à « il faut sauver la princesse » il y a quelques petites nuances. On sent plutôt pas mal les psychotropes et la drogue à volonté de cet âge farouche des jeux vidéo. Pourquoi faire appel au rebond improbable du fantôme ? Jamais nous ne le saurons. Mais en fait on s’en fiche un peu.



Nous allons donc incarner un fantôme, qui en prenant corps dans le premier vivant qui passe va avancer dans 6 niveaux de plateforme. On retrouve l’âge d’or de la machine instantanément. Le level design est admirable de sympathie. Chaque saut est calculé, bien vu, à la manière sympathique d’une sorte de Megaman light. On ne passera pas deux heures à calculer le pixel qui va bien pour arriver en face. Non, on saute instinctivement, ça passe, bonheur, joie dans ton cœur, Jésus t’aime.



On a affaire à un classique jeu de plateforme. Soit. Mais dans ce cocon de pixels bien agencés, la vraie particularité du jeu réside dans l’utilisation du fantôme. Ne croyez pas que l’on vous a pondu un scénario sous champignons pour se toucher dessus. Non, c’est exploité ! Vous allez donc pouvoir au cours du jeu changer de personnage quand bon vous semble. Et ça pour une fois c’est très original.



Dès le départ du jeu, un écran de formation vous explique qu’en tant que fantôme vous pouvez prendre possession d’un corps avec B, et qu’après vous pouvez sauter+tirer. Vous attendent à cet effet trois personnages. Vous choisissez de posséder celui que vous voulez, et zigouillez les deux autres. J’ai personnellement un faible pour l’espèce de kangourou qui crache du feu. Une réminiscence de Dracaufeu, dont je parlerai vraisemblablement à mon analyste lors de ma prochaine séance.



On va donc pouvoir à chaque instant changer de personnage. Il va de soi qu’il y a des limitations. Vous avez ainsi deux barres de vie : une première classique de santé globale, et une deuxième d’esprit. Si la barre de santé globale est vide, c’est la mort dans ce corps-là. Mais si la barre d’esprit a encore un peu de réserve, vous disposez d’un certain temps pour arriver au-dessus de n’importe quel méchant et l’aspirer, et ainsi vous glisser dans sa peau et poursuivre l’aventure. On passe alors du kangourou, au mafieux, en passant par le robot, la grand-mère esprit ou encore les karatékas homme ou femme. Tout va bien, vous êtes au royaume de la drogue, rien ne doit vous choquer.



Cette faculté très originale remplit le jeu d’une once de génie. Comme expliqué, les niveaux sont de très bonne facture, bien fait et très jolis, mais il manque ce je ne sais quoi qui rend le jeu absolument brillant. L’introduction de la transmutation des corps est ce grain de sable dans les rouages rouillés de l’ennui.



On se retrouve à avaler les niveaux sans réellement de difficulté. Bien en forme, le jeu est bouclé en 20 petites minutes. Oui, mais sous l’apparente facilité se cache le corps putride du sadisme. Ce n’est pas parce que vous finissez le jeu que c’est terminé ! Et non, ok, vous avez battu le boss de fin, mais pas de chance, vous aviez oublié de collecter les trois clefs du jeu, et votre fiancé bien vivante vous rejoint ad patres. Il faut donc ne pas foncez bêtement, mais aussi fouiller. L’occasion de découvrir des passages secrets de partout, à base de variation de chemin, de murs-qui-n’en-sont pas, et autres classiques de la grande époque.



Alors il y a bien sur cette très difficilement supportable bande son qui vient un peu ternir le jeu. J’aime d’un amour pur et intense la touche sonore particulière de la game boy, ce je ne sais quoi qui me plonge quasiment instantanément dans les années 90. Oui, mais là, c’est simplement pénible. Les développeurs, conscients de leur médiocrité ont prévu au lancement du jeu de mettre l’ensemble sur off. Bon esprit et salvateur…



On a donc un jeu très fin, bien fichu, une petite dizaine de corps à tester, un level design très sympathique, le tout bercé par une musique odieuse, pour une aventure de 20 minutes. C’est bien, mais cela manque tout de même un peu d’enveloppe. Le jeu eut gagné le panthéon des merveilles avec 15 niveaux, une petite heure. Une fois terminé, une fois tous les corps essayés, on se sent un peu sur sa faim, et c’est fort dommage. Un essai très réussi qui méritait un peu plus de profondeur, faisant manquer de peu le podium des merveilles.


Le point de vue de César Ramos :
Jeu rare, généralement assez cher.