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Bart Simpson's Escape from Camp Deadly
Acclaim - 1991
A burp is not an answer. par Petemul

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Il y a des souvenirs qui ont la dent dure, à la différence de ma grand-mère qui l'a prouvé en cassant sa pipe (c'est une expression, la sainte femme ne fumait pas) le mois dernier. Du mauvais goût à froid ? Je ne vous ferais pas la critique d'un jeu basé sur l'univers des Simpsons par hasard ? Eh ben si.



Curieusement, cependant, le jeu en question sera assez avare en regards acerbes sur le bien-pensant moyen. Presque très conventionnel. Et surtout ça sera secondaire. Sous le patch de la licence en or, se trouve un jeu de plate-forme pur et dur, bien plus stressant qu'il n'est drôle. Ce qui n'est pas en soi rédhibitoire.



Les circonstances de ma découverte de ce jeu sont floues. Un n-ième échange à la récré, dans mon bienheureux collège, sans doute. Encore que bienheureux soit une légère exagération pour parler de l'établissement où j'ai appris les mots "solitude", "ridicule", "rateau", et "cours d'allemand". Tout bien réfléchi, mis à part la fierté d'avoir exterminé tout le monde au brevet des collèges, cette époque n'aura connu comme seules joies que les joies vidéoludiques. Ca ne peut pas être un hasard. En tout cas celui qui m'avait échangé ce jeu pour la semaine aura eu, comme tous les autres, la douloureuse impression de n'être qu'une merde, quand je lui annonçai au bout de trois jours que j'avais plié son joujou. (C'est une image, jeune demeuré).



Ce ne fut cependant pas sans mal. Regardons la bête droit dans les yeux. Options inexistantes, une invitation polie à appuyer sur start, lettrage caractéristique : cette époque ne connaissait pas le mot "fioritures". Un sergent-major de camp scout option "Jeunesses Hitlériennes" - j'ai reconnu en comparant avec les photos d'enfance de grand-papa - nous la joue Tyran des soirées Marshmallow. Visiblement, Bart et Lisa sont tombés dans un séjour de vacances qui n'a que peu de sympathie pour les enfants en général et les petits merdeux coiffés en brosse en particulier.



Nous allons donc commencer notre aventure par une palpitante chasse au drapeau. Un petit panneau nous apprendra que l'équipe A est constituée de Bart Simpson, que nous allons contrôler, et l'équipe B "le reste du monde". Curieusement, ça aussi, ça me rappelle le collège, enfin... Un sprite énorme occupe le quart de l'écran. Décors mélangeants lignes simples et textures fouillies, heureusement sur fond clair : ça sent le sprite maladroit à la pelle. Bart a des yeux jaunis et non détourés, on le croirait sous champignons. Mouais.



Les contrôles sont d'un classicisme attendu : un bouton de saut, un bouton de tir. Je me baisse, j'avance, je recule, soit. Je tire des cailloux qui immobilisent mes adversaires, jusqu'à ce que je croise Lisa qui me donne des boomerangs. Ah chouette ! un peu d'originalité. Lisa nous fournit des boomerangs par paquet de 5, leur trajectoire demande un petit coup de main, et si vous ne les rattrapez pas, c'est perdu, comme aux heures glorieuses de Tortues Ninja 1 sur NES, j'aime. Ceci dit, la comparaison ne s'arrête pas là. Qu'est-ce que c'est que ces sauts de merde ? Bart traverse la moitié de l'écran dans un bond qui n'a rien à envier à ceux dudit Tortues Ninja ou de Fortress of Fear : de la savonette en plein ciel, par grand vent. Au début ça va, mais quand arrive le temps des plate-formes à peine plus large que les pieds, on se crispe.



Et même sans ces plateformes pour liliputiens, les sujets qui fâchent seront nombreux : sauts au poil de cul pour éviter des abeilles mortelles, ennemis qui vous arrivent de partout, ours, pommes, moustiques, araignées, trucs radioactifs, percepteurs d'impôts, les ennuis se comptent par dizaines. La longue et lente route vers la tente de la cantine (où vos boomerangs seront remplacés par des parts de pizzas, brocolis, et autres prothèses) puis vers le salut, l'évasion finale, au sommet du Mont Deadly est parsemée d'un bestiaire varié et plutôt agaçant. Ca brise la monotonie, mais c'est également compliqué de ne pas perdre connement une vie. On avoine du petit merdeux à la pelle, enfin au boomerang, on balance sa pitance à la gueule du voisin - en évitant les patrouilles de surveillants qui vous feront bouffer vos réserves si vous faites le mariole devant elles - on évite les branchages qui réveilleraient les bêtes féroces, on se grimpe une montagne à la force du triceps : si derrière le corps ne suit pas, on en chie. Et c'est le cas. La maniabilité un poil douteuse sans être calamiteuse n'est pas une sinécure. Heureusement, on s'amuse parfois avec des power-up bien sympas, genre un casque de footballeur américain qui vous permet de tout enfoncer sur le passage... mais c'est fort rare.



Le plus curieux finalement, dans ce jeu, c'est l'ambiance. La musique, par exemple : une fois passée la reprise du générique pendant la première partie, elle devient stressante, sur une espèce de tempo soutenu à grand renfort de basses ; on arrive dans des grottes peuplées de squelettes, on doit naviguer en pleine nuit entre des ours qui ont vraiment une sale tronche ; les nids d'abeilles, si on les "provoque", émettent un bourdonnement horrible... Et niveau son ça fait aussi frémir : à chaque "eat my shorts" digitalisé ou "aye caramba !", la musique s'arrêtant derrière, ça tape un peu dans le bide. Pas très cartoon rigolu, ça.



Et parmi mes souvenirs de jeune adolescent traumatisé, j'avoue que, entre celui de la fois où Gwenaëlle m'a foutu un rateau magistral à la fête des correspondants allemands, et cet oral de chant au conservatoire où j'ai chialé dans les toilettes au lieu de me présenter face au jury, m'être tapé ce jeu ne fait pas si pâle figure. J'ai toujours aimé les lentes montées harassantes vers un but mystérieux et là on est en plein dedans. Plus on monte, plus le danger augmente, plus la nuit tombe, plus nos sphincters se contractent. La délivrance finale n'en est que plus belle.



Alors qu'en penser ? Ce jeu n'est pas mauvais mauvais. Il a une ambiance propre, il offre un bon petit challenge. La carosserie est un peu faiblarde, on nage un peu dans la purée de pixels, et la maniabilité rebutera le joueur exigeant. Mais le oldies a joué à Castlevania et y a trouvé du plaisir, alors à partir de là tout est dit... Ni bon, ni mauvais, nos ludothèques d'antan étaient aussi très fournies dans ce genre de titres. C'est comme les raviolis : c'est pas l'extase, mais finalement, on en mange toutes les semaines.

Le point de vue de César Ramos :
Commun, sans valeur.