Tu aimes les chaînes et le cuir ? Les films de gladiateur ? Tu prends ton pied à fouetter des créatures dégoulinantes ? Alors Castlevania est fait pour toi.
(Castlevania, je rappelle, pour les avachis du bulbe, le principe : on avance, on saute, on fouette, et on fait sa fête à Dracula. Voilà. C'est dit.)
En revanche je ne reviendrai pas sur la série, le mythe, la légende. Ni sur l'opus 1, sur lequel j'ai suffisamment disserté. Souvenez-vous juste que c'était balourd. Très balourd. Qu'on rampait comme un anémique.
Et de la main gauche !
Alors donc, chez Konami, après avoir commis le 1, ils ont sorti le 2. On l'attendait, celui-là. Oseraient-il balancer le même gameplay catastrophique ? L'ambiance serait-elle toujours à la hauteur ? C'est d'une main tremblante que je tendais mes Deutschmarks à la caissière, en ce printemps 94. Frankfurt am Main. Lieu de légende dans mon histoire vidéoludique.
Je faisais un pari insensé...
Pari gagné !
OUI ! JOIE ! NOEL ! LINGERIE AFFRIOLANTE ! Ce jeu valait son prix ! Jugez plutôt.
Même pas peur. Viens-y voir.
Castlevania 2 est la suite du 1, jusqu'ici, tout va bien. On joue toujours Christopher, qui cette fois-ci doit sauver son fils, Soleyiu - dont le nom grotesque l'a toujours préservé, jusqu'alors, d'une carrière solo- des griffes de Dracula, lequel commence donc à taquiner le tendron. On a le même sprite, à peu près, que pour le premier épisode. Mais question maniabilité, c'est BIEN meilleur. On va plus vite, on fait toujours les mêmes sauts de merde mais ça réagit plus promptement, on peut glisser le long des cordes, fouetter depuis une corde, le pied.
Au rayon des nouveautés, on a droit à deux armes classiques de la série, l'eau bénite (utile uniquement pour dissoudre les gros yeux roulants) et la hache, largement plus valable, aussi grosse que le héros soit dit en passant.
Orgie.
Dissolution oculaire en direct
Hamster au hache. (Oui, celle-ci est nulle, je reconnais, c'est même pas un hamster.)
Autre point complètement extraordinaire et qui m'a fait presque jouir instantanément lorsque je m'en suis aperçu, ON NE PERD PLUS DE NIVEAU DE FOUET A CHAQUE COUP ENCAISSE ! Et ça c'est ultime, car enfin on peut se permettre de se prendre un ou deux coup dans la gueule sans avoir à déclarer forfait pour le reste du niveau. Seul un type d'ennemi risquera de vous causer ce dommage, et quand je parle de risque, il est faible.
De plus, les pics ne sont plus mortels, ils vous enlèvent un peu moins de la moitié de votre barre de vie. Je vous ai dit que ce jeu avait participé à mon éveil à la sexualité ? Non ? Bon ben maintenant vous le savez, et vous savez pourquoi.
Au niveau de l'organisation du jeu maintenant, on a le choix entre 4 niveaux que l'on fait dans l'ordre qu'on veut, youpi les petits oiseaux, après quoi on a deux niveaux. Donc 6 niveaux en tout. N'oublions pas que nous sommes sur une console portable, hein. Et sans sauvegardes. Par contre il y a un système de passwords, bien utile, et assez con, au point que la première fois que j'ai essayé un code au hasard j'ai trouvé celui pour accéder au niveau 6.
Et les autres ne furent pas bien long à venir. C'est d'ailleurs amusant. Ben oui, petit cours de maths.
Vous avez 4 niveaux faisables dans l'ordre que vous voulez. Donc un code pour chaque situation possible. 4 niveaux, dans un état "fait" ou "non fait". On a donc 2 puissance 4 soit 16 possibilités. Rajoutez le niveau 5, enlevez le stade "aucun château de fait (= début du jeu), ça vous fait donc 16 mots de passe à trouver. (En fait il y en a même 17, j'ai trouvé aussi celui du Sound Test.)
Le code, lui, est constitué de 4 éléments parmi une banque de 4 symboles différents. Le nombre total de codes est donc de 4 puissance 4, soit 256. Ou, si vous préférez les changements de base aux problèmes de dénombrement, le nombre total de codes est de (10 000) en base 4. Ce qui fait 256 en base 10.
Tout ça pour vous dire que j'ai quand même eu un sacré coup de pot. Une chance sur 256.
Exclu [Nes Pas?] : le code du niveau 5.
Bref. Et sinon, les niveaux ressemblent à quoi ? Eh ben ils sont franchement pas mal. Les décors sont variés. Chaque château a son thème : Crystal, Plant, Cloud, Rock + Château du Grand Méchant. Ca bouge bien, ça se tient bien, y'a parfois des chemins différents à prendre, il y a des portes marquant les points de redémarrage du jeu après la perte d'une vie ou l'utilisation des continues (illimités !), ça se poile pas mal. Une jolie musique vous annonce que vous vous rapprochez de la salle du boss, et tout.
Waaah, faute de goût, deux fois le même tableau au mur.
Autant vous prévenir : c'est pas dur. Les niveaux sont simplissimes, à deux ou trois pièges près qui ne vous surpendront qu'une fois. Les boss sont de la rigolade, dès la première partie je leur ai enfoncé mon majeur bien profond dans le méat urinaire. Oui, ce jeu est facile. Sauf sur la fin.
Que de la gueule, je vous dis.
Parce que là, soudain, allez comprendre, ça devient infinissable. Les deux derniers boss, et en particulier Dracula, sont d'affreux cauchemars. Encore, le premier, vous pouvez y aller à la barbare - ça tombe bien, c'est un peu ce que vous êtes - en la jouant "taïaut je vais m'en prendre plein la figure mais tu vas crever avant moi, sale social-traître".
C'est l'heure de la fessée du fiston.
Et Dracula est terrifiant. Son attaque est rapide, et couvre les 3/4 de l'écran. En gros, vous devez vous magner le train pour accéder à chaque fois à l'unique endroit à l'abri, donc apprendre la pattern par coeur, et même en la connaissant, c'est pas dit que vous trouviez le temps de lui taper dessus. Ouch. Du challenge comme on les aime, à la j'apprends-un-pattern-de-folie-par-coeur-pour-caser-un-coup-toutes-les-30-secondes, très old school.
Et comme si ça ne suffisait pas, donc, c'est assez joli. On retrouve plein d'éléments du 1, un peu retouchés, on a des décors pas mal du tout (les plantes du Plant Castle, à l'arrière-plan, qui changent quand on les dépasse : mythique !).
Observez bien le décor, la différence entre la gauche et la droite.
Et la musique : grandiose ! Là-dessus, Konami est toujours au top. Des thèmes bien accrocheurs, pour toutes les situations. La musique du Plant Castle est absolument géante, mais les autres aussi. Vous savez que j'y suis sensible, eh ben cette bande-son a mérité son "PeteMul seal of quality".
Si vous faites partie des ermites qui n'ont pas encore touché à ce jeu, allez-y les yeux fermés. En plus il se rejoue bien : vu qu'on peut choisir son niveau au début, c'est toujours plaisant de se faire un petit château de temps en temps. Non, franchement, allez-y, le voyage en vaut la peine, même si les coups de fouet vous laissent indifférents. Ce qui serait fort dommage, mais je vous en parlerai peut-être une autre fois, on nous regarde.