Castlevania, Game Boy, acte III. Pour ceux qui auraient suivi les épisodes précédents, on est en droit de s'attendre à du lourd. Castlevania 1 était une bouse injouable, mais avait du charme. Castlevania 2 supprimait les défauts du 1 et était une bombe. Alors quid novi ? Que pouvait faire ce troisième opus, sorti sur un Game Boy déjà complètement obsolète, donc maîtrisé dans ses moindres recoins, une machine dont chaque parcelle de puissance sait être utilisée par une équipe de développeurs moulés dans le titane, comme seules on entrouve chez Konami ? Jusqu'où allaient-ils nous emmener cette fois-ci, l'orgasme serait-il le même que la première fois ? Ooooh incertitude...
Et plaf.
Plaf. La défaite. Le magnifique envol du gracieux volatile qui se plante, pitoyable et désespérant, dans la boue puante. Castlevania Legends est un échec. Un gros échec, ami oldie. Il faudrait être mad (ou très con, ou les deux mêmes ! ) pour prétendre le contraire. Je le répète : Castlevania II, sorti 6 ans plus tôt sur la même bécane, est une tuerie. 6 ans, une éternité... imaginez seulement ça aujourd'hui, qu'on sorte aujourd'hui un Ridge Racer V sur PS2. Ha ha. Un peu le même effet.
Un cas d'école, même. A se demander si ce volet, qui se voulait être une genèse de la légende Belmont dans la über-saga Castlevania, n'a pas été retiré de la chronologie officielle juste par honte. Un peu comme les épisodes N64 : l'enfant renié de la famille, barré de tous les arbres généalogiques. Le Pingouin de Batman Returns, en quelques sortes, le charisme de Danny De Vito en moins.
Castlevania Legends cumule en effet toutes les tares génétiques de sa lignée. Ce jeu n'a rien pour lui, c'est l'anti-Symphony of the Night, le Mister Hyde du clan Belmont. Des graphismes miteux, une bande-son peu inspirée, une maniabilité atroce et un level-design à chier. Dès les premiers instants, dès l'écran-titre qui pue la défaite, tout est dit ou presque.
Le scénario sort un peu le Oldies de sa torpeur, ou à peine, puisque c'est quand même rigolo d'enfin diriger une fille, qui est sensée être la première du clan Belmont, à savoir Maîtresse Sonia, son fouet, ses chaînes, son cuir, ses pompes en plomb. Et c'est donc une nana qui va avoir l'honneur de donner des grands coups de cravache dans la gueule de cette salope de Dracula. Après s'être plus ou moins tapé sa pucelle de fiston, Alucard, oui, il est là lui aussi, c'est fête. C'est toujours très sain ces histoires. Alors depuis, Lament of Innocence est passé par là et les aventures de Sonia Belmont sont désormais un gentil apparté folklorique. Soit.
Donc voilà. On se traîne comme une miséreuse au travers des niveaux, chiants, répétitifs (ah, oui, c'est économique d'enchaîner 4 fois le même écran avec les mêmes ennemis de merde.) Je crois que c'est le pire level-design que j'aie jamais vu de ma vie. Mais il y a des reliques à trouver, holàlà, c'est bien, ça permet d'avoir des embranchements et donc des portions de niveau à se taper dans un sens aller et dans un sens retour. Toujours à la vitesse d'un myopathe sans fauteuil roulant (et merde à la censure). C'est simple, imaginez le Simon Belmont des débuts, mais avec un déambulateur. Et c'est long, mon Dieu, c'est long... Figurez-vous aussi que votre fouet est ridiculement court, que les sauts peuvent certes changer de trajectoire en vol mais sont toujours aussi lents, que les cordes prennent toujours 15 plombes à monter...
C'est tellement déprimant que je n'ai même pas envie de continuer. Même la belle bordure pour Super Game Boy ne vaut pas le détour. Konami s'est chié dessus, ils n'y croyaient déjà plus, leur esprit était déjà ailleurs... sur Playstation, peut-être...