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Hyper Lode Runner
Bandai - 1989
Erreur de casse-things. par Petemul

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Une méprise. Je crois que tout est là. Le jeu dont je vais vous parler aujourd'hui est une méprise, une erreur de casting. De bout en bout.

Hyper Lode Runner est une méprise. L'incarnation du fourvoiement. Pour moi, pour les développeurs, pour le monde du vidéoludisme. Oui, je sais, comme accroche, on a fait plus accessible, mais en même temps, ce côté "kézaco" est tout à fait dans l'esprit.

J'ai vraiment commencé à m'intéresser aux jeux vidéos avec le Game Boy. Avant, j'avais bien tâté de la Videopac, de la Nes, de l'Atari ST, et autres prothèses. Mais le Game Boy a fait de moi un consommateur actif et tentant de s'éclairer sur le sujet. Or, à sa sortie, chose amusante, beaucoup de jeux Game Boy étaient des adaptations de standards du "jeu vidéo de papa" : on a vu ainsi Q-bert, Qix, Boxxle, Boulder Dash, et tant d'autres qui ne faisaient que mettre en version portable ce qui existait déjà depuis parfois bien des années sur les Mac Plus ou les chers PC 286 de nos aïeux. Y compris Lode Runner.



La première méprise fut pour moi. Je fus, à l'époque, complètement confusionné par ce jeu qu'on ne trouvait nulle part à Nantes, et que j'avais vu dans un catalogue (dont je cherche aujourd'hui avidement les scans, donc si quelqu'un a un catalogue des jeux GB des débuts, vous savez, le livret avec une poche de jean, un Game Boy et Buraï Fighter, et tous les jeux classés par catégorie... bref*.) . Un jeu avec une belle illustration d'un type avec un gros canon laser qui pulvérise des squelettes. Woah, ça avait l'air de déchirer sa race. Sauf que drame, il était rangé dans la catégorie "stratégie", et ça, ça m'étonnait.



Oui parce que mes parents n'avaient pas d'ordinateur, et moi, Lode Runner, je savais pas du tout ce que c'était. J'ignorais que c'était un concept absolument génial de jeu par tableaux dans lequel on balade un petit perso dans un décor de murs de briques, d'échelles et de cordes à l'horizontale, qui doit récupérer plein de sacs de pognon en évitant des "Moines" qui courent partout. Le genre Burger Time, sauf que là, subtil, on peut creuser des trous dans le sol pour accéder aux objets et faire tomber des gens dedans. Et encore plus subtil, les trous se referment au bout d'un moment, pouvant ainsi écraser le moine qui y sera tombé malencontreusement, voire le joueur un peu con. Et ce niveau après niveau, dans un crescendo de level-design de plus en plus imbitable où la moindre erreur se paiera cash. Bref, un de ces jeux simple comme mes robes, addictif au possible, et bien entendu diffusé sur toutes les plate-formes du monde.



Et donc moi je savais pas ça. Moi je voyais le gros laser. Qui ne sert donc pas, sale bâtard d'illustrateur, à flinguer des squelettes, mais à désintégrer temporairement les murs.

A priori donc, pas de souci, le Game Boy est parfaitement adapté à ce genre de jeu, qui vous scotche sur le trône pendant des heures si on n'y prend pas garde, ou qui peut, en demandant trois fois rien de ressources, vous tenir la distance sur un voyage Nantes-Strasbourg en bagnole.

Eh bien là, deuxième méprise, des développeurs : ce jeu n'était pas infoirable. Ils l'ont fait. Ils ont transformé un "hit pépère" en échec tonitruant. La performance est de taille, pour faire mieux, il faudrait faire un Tetris injouable.



Tous les éléments sont pourtant là : le bonhomme, le laser, les Moines, les tas de pognon, les murs, les échelles, les cordes, la sortie du niveau qui apparaît quand on rafle tout, etc. Il y a même des trucs en plus par rapport à la version originale (eh oui, nous sommes là devant HYPER Lode Runner, quand même), comme un timer, une clé pour la porte à partir du niveau 16, and so on. Oui bon c'est pas Lode Runner : Revolution non plus. On passera sur les graphismes grotesques, les bruitages putrides, ainsi que la musique ridicule, nous en sommes au début de la machine, pas la peine d'en rajouter vous voyez ce que je veux dire, et il faudrait être Mad, ou très con (les deux même !) pour se limiter à ça. La maniabilité du perso, qui plus est, est bonne, il se comporte tout à fait comme dans un Lode Runner standard. Alors quoi ? Où est la faille ?

Je vous le donne en mille : la taille de l'écran.



Eh oui. Le drame. C'est vraiment tout con mais pour un jeu pareil, il faut planifier, anticiper, visualiser ce que font ces putains de moines de merde à chaque instant, la configuration des lieux, etc. Parce que tout est une question de timing réglé au poil de cul. D'où l'intérêt, que dis-je, d'où le caractère INDISPENSABLE d'avoir une vision totale du niveau. Et là non. On ne voit pas tout, on n'en voit qu'une partie, on se balade avec un scrolling de merde. Oui, de merde, je le dis. Le jeu perd alors 97% de son intérêt, ce n'est plus le même, c'est un ersatz. Pas même de map potable, en appuyant sur select on a un pauvre truc illisible en action arrêtée, là où le jeu se déroule normalement avec justement le stress des moines au cul.



Donc voilà. Ce jeu est une parodie. A chaque fois qu'on me demandait un exemple de grosse daube je citais ce jeu et maintenant vous savez pourquoi. Tout le monde l'adore, vous aussi sans doute, moi je l'exècre. Et je remercie [Nes Pas ?] de me permettre de faire la nique à tous ces petits-bourgeois en mettant ma subjectivité sur un piédestal.

Je retourne jouer à Kick Off 3 et je ne vous salue pas.



* Catalogue trouvé depuis, gloire et trompettes, mais tout griffonné de partout, bordel.
Le point de vue de César Ramos :
Pas réellement commun, mais toujours à rien, forcément...