Le cercle des consoles disparues.
Trip world
Sunsoft - 1992
Un peu de douceur dans ce monde de brutes. par EcstazY

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
On pense connaître par cœur une machine comme la game boy, avec ses classiques légendaires, ses jeux vus mille fois en brocante, essayés cent fois, ses publicités merveilleuses de la grande époque, son charisme de réfrigérateur. On pense ça, et puis au détour d’un sentier inattendu, la surprise. L’énorme surprise, la chaleureuse, qui vous rappelle que même endormi dans votre hamac de confort depuis bien trop longtemps le souffle chaud de l’aventure n’est jamais bien loin, et sait encore réchauffer vos corps meurtris.



C’est dans cette optique là que l’on allume Trip World, avec l’intime conviction du béotien près à croire de nouveau. De ce jeu je ne savais rien. Mais le jour de sa découverte restera à jamais à gravé dans ma mémoire.



Un écran titre des plus dépouillés plus tard, on découvre l’improbable scénario du jeu. Vous, une chose façon Kirby, répondant au doux nom de Yacopu, doit bien entendu sauver le monde au bord du chao depuis que le grand méchant à volé la plante d’harmonie à votre grand père. Un classique du genre, dont l’objet de quête est néanmoins assez abstrait. Encore un jeu baigné par la douceur des psychotropes des années 90…



Afin de mener à bien cette quête végétale, il faudra emmener Yacopu au travers d’un jeu de plateforme en apparence très traditionnel. Mais dès la première minute de jeu, on voit bien qu’il y a quelque chose en plus, quelque chose de très attirant.



Graphiquement, c’est somptueux. Tout est parfait, précis, beau, enchanteur. Les univers sont d’une variété et d’une douceur à peine supportable. La Game Boy crache tout ce qu’elle sait faire de mieux, et on prend plein les mirettes. Les animations de notre héros informe sont simplement parfaites, fluides, et le bougre se manie au doigt et à l’œil.



Dans son périple sautillant, il sera amené à rencontrer une faune et une flore incroyablement diversifiée. Surprise de taille : ici point d’ennemis. Rien que des êtres vivants eux aussi sur cette belle planète. Vous avez envie de les tabasser ? Aucun problème, c’est votre droit. D’ailleurs il avait une grosse tête de con. Mais si vous avez envie de les épargner ? C’est aussi possible. On peut terminer le jeu intégralement en mode pacifique. La faune s’active à votre passage, comme autant de vieux copains rigolos et bariolés.



Chose fascinante : tous vos petits camarades sont rares et presque uniques. On ne voit certains monstres qu’une fois dans le jeu. Ils bénéficient d’une animation de premier ordre, il sautille en vous tirant la langue, et pouf ils disparaissent dans le néant.



Notre petit Yacopu se voit de plus doter de capacités qui le modifient, à la manière d’un « A boy and his blob ». De base il peut avec B+haut ou B+bas se transformer en poisson ou en avion. Ces choix purement esthétiques n’apportent strictement rien à part un soupçon de nouveauté à la découverte de la manipulation. Quelques goodies ramassés tout au long de l’aventure apporteront d’autres transformations, comme mini-Yacopu ou Yacopu-géant, voire Yacopu-avec-sa-grande-queue.



L’ensemble devient un gigantesque bestiaire burlesque, comme un tableau de Jérôme Bosch sympathique, que l’on parcourrait pour se détendre. Car soyons honnête, la difficulté du jeu est proche du 0. Comme aucun monstre ne vous agressera spontanément à l’exception des boss, vous êtes tranquilles pour la promenade.



La musique va d’ailleurs parfaitement dans ce sens, avec ce que l’on peut faire de mieux en chiptune sur la bête. Du bonheur. Les thèmes sont variés, les bruitages parfaits, c’est un orgasme auditif rare.



Tout cette perfection, cette douceur sucrée et sirupeuse nous amène immanquablement à ce qui peut être le point faible du jeu. Avec tant de fantaisie, de variété, on en perd presque le sens. On se promène, on saute partout sans difficulté, on admire les paysages, on se sucre les oreilles de bonheur, on en bave tout de même pas mal sur les boss qui surprennent face au pacifisme des niveaux, mais on est là, et on est bien.



Oui, mais toute cette débauche d’effets ne pouvait-elle pas servir à autre chose qu’à 4 petits niveaux de rien ? En donnant un bon coup de collier le jeu se termine chrono à la main en 15 minutes. 15 petites minutes de promenade grandiose, magnifique et belle comme l’antique, mais qui laisse dans la bouche un arrière-gout d’inachevé. On en voulait plus les gars, vous nous avez appâtés, il fallait aller au bout de la démarche !



Ce jeu est donc une merveille, pas faite du bois dont on fait les connards. La joie est totale, et tous les sens sont sollicités et tendent chacun vers la panacée, vers le bonheur absolu. 15 petites minutes de jeu, soit, mais quelles minutes…


Le point de vue de César Ramos :
Rare, et à un prix défiant la logique. Probablement un des jeux Game Boy les plus chers.