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Super off road
Graft Gold - 1992
Micromachines, boosts, et gros tétés par EcstazY

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
J’ai toujours été un élève dissipé. Renvoyé 3 fois de mon collège catholique privé pour insolence, falsification de bulletin de notes et insolence, après plus de 210 observations (que j’ai soigneusement conservées dans une pochette spéciale, chère à mon cœur, pour mes vieux jours), collé tous les samedis où presque, j’étais l’épine dans le pied d’un certain nombre de personnes. Et quand on passe 95% de ses week end à l’école, on crée des liens avec d’improbable gens. Le jardinier qui voulait que je lui porte sa boîte à outils dans sa remise, avec un petit sourire et de l’écume au bord des lèvres, matant mon petit derrière au travers de ses lunettes modèle « sécurité sociale des années 80 » à verre jaune pâle bien épais, ou bien la gardienne qui me faisait un goûter tranquillement dans sa maison du parc du collège. Mais plus que la pédophilie, j’ai été marqué par mes premiers pas en informatique.

Notre cher sous directeur avait un ordinateur. Il n’y connaissait rien, et moi non plus. Je ne compte plus les après midi où tant collé les professeurs n’avaient plus rien à me faire faire. J’étais donc coincé à l’école avec pour seul but de passer le temps. Pour tenter de me sauver du suicide, le brave homme m’a un jour invité à venir dans son bureau. J’ai alors par réflexe donné par le jardinier enlevé mon pantalon, mais non, il voulait simplement que nous tentions de comprendre comment fonctionnait la machine du diable. Enfin son ordinateur en EGA, nuance de vert, violet et noir. Toute une époque.

Tristan pinball, le démineur, des jeux de cartes… Toutes ses merveilles dont pas une seule ne mourra. Ca, et Super Off Road. Mon Dieu, rien que de l’écrire mes doigts faiblissent, je défaille. Fort de mon succès à ce jeu, ce cher sous directeur m’autorisait à y jouer régulièrement, mais plus encore : à réunir dans son bureau un tas de cancres comme moi, pour faire des parties à plusieurs. Et ça, c’est fort en chocolat.

Alors quand des années après je suis tombé dans cette improbable brocante sur Super Off Road sur Game Gear, j’ai tout de suite sauté dessus. C’était le retour en arrière assuré le frisson de la nostalgie et des heures de colle, et une sorte d’hommage posthume à ce cher sous directeur, qui s’est suicidé depuis dans son bureau. La vie est une pute quand même.

A l’allumage de ma consolette chérie, c’est la claque. Rien n’a changé. Cette rousse aux seins énormes me regarde toujours d’un œil un peu vitreux de sa vie de femme potiche de rallye. Elle rentrera ce soir dans son 2 pièces meublées, se servira un verre de jus d’orange et pleurera, beaucoup, seule, avant de servir le 30ème whisky depuis son réveil. Mais pour l’instant elle est là, pour moi, avec ses gros tétés. Et j’aime ca.

Sans transition c’est déjà la première course. Ma petite voiture rouge façon Micromachine bondit déjà dans la mêlée. Non encore équipée, elle se traine salement la bite, et rebondit dans tous les sens. Et Dieu sait qu’il y a matière à rebond. La course est d’une putridité sans nom, pleine d’ornières, de tremplins, de flotte, de sables mouvants, d’enfants morts. Votre dextérité sera mise à rude épreuve, je vous en paye mon billet.

Le plaisir de jeu est immédiat. Dans la seconde on est à fond, et nous n’avons d’ailleurs guère le choix, car nos adversaires le sont. Comme sur PC, l’intelligence (toute relative) de vos ennemis colle à la couleur. Jaune est la tanche. Le mec qui a eu son permis par erreur car l’examinateur a éternué lorsque jaune a écrasé cet enfant par mégarde. Bleu est un peu plus solide, mais léger intellectuellement parlant. Le suicide naïf le frappe de temps en temps, et ses trajectoires abstraites le font parfois prendre pour l’alcoolique notoire. Mais cela ne nous regarde pas… Gris quant à lui est l’homme à abattre. Le missile. Pas la fusée d’amateur à propulsion en cartouche, non, le scud qui raye sans faire exprès un quartier de Bagdad à cause d’une petite erreur d’appréciation balistique. Ce genre de type. Dans les paddocks on le soupçonne régulièrement de négocier des boosts en feuj, grâce à son bagou sans précédent et son style si pure. La drogue est son carburant, les filles mouillent en lisant son nom dans les magazines, et il les connait toutes. Tous les hommes en retour le connaissent.

Et vous, seul dans votre voiture de oui oui. Les courses s’enchainent avec un rythme vraiment effréné, ne durant pas plus de 2 minutes chacune. A la fin de chacune, selon votre position, vous gagnerez plus ou moins d’argent. Cela vous permettra en douce de customiser un peu votre chiotte en plastique qui n’avance pas, et de pouvoir grappiller avec science quelques précieuses milli secondes. Suspension pour ne pas trop s’envoyer en l’air sur un trou, pneu pour le rayon de braquage, moteur pour l’accélération, top speed pour la vitesse maximale, et bien entendu le boost. L’arme des vrais.

On dispose donc d’un réservoir à boost. A la pression, une petite percée à fond, façon fast & furious avant l’heure. Leur gestion est stratégique. Ne plus avoir de boost est l’aveu d’une médiocrité crasse, et la perte assurée de la première place. Une fois de retour au parking, c’est assurément un coup à retrouver sa voiture sur des parpaings avec un petit mot « souviens toi du vase de Soisson, eh, Papa ! ». L’enfer. On choisira donc avec finesse les options sur lesquelles investir, en ne négligeant JAMAIS le boost du bien.

Et on avance. On avance. On avance. On avance. Le jeu est infini. Les circuits se répètent inlassablement, avec de temps en temps l’apparition d’un nouveau, et les ennemis sont de plus en plus costauds. Le plaisir infini de la course de micromachine marche encore, et jamais on ne se lasse. Les seules raisons de perdre à un certain niveau sont les quelques aléas curieux de la gestion des collisions entre voitures, qui vous enverront paitre dans un mur, perdant 5 secondes éliminatoires pour remonter sur gris et son gros sexe motorisé. Mais on s’en fout, c’est du bonheur.

Ce jeu est effectivement une perle. Sans rire. Plaisir immédiat, jeu de chiotte s’il en est, c’est mignon, fin, la pression est vraiment là, et l’environnement est cool. Sur Game Gear, où tout existe, c’est une petite bouffée d’oxygène, et une conversion du PC franchement réussie. Ca me redonnerait presque l’envie d’être collé tiens…
Le point de vue de César Ramos :
Relativement commun, à rien du tout.