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Wonderboy in Monster Land
SEGA - 1988
Un garçon pas comme les autres... par MrBlueSky

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Souviens-toi d'Ines.
Tu étais en CM2. Elle était belle et tu en étais amoureux.
Elle portait une robe grise et des collants noirs. Une tenue sobre et chic.
Tout pour ressembler aux parisiennes qui 365 jours par ans préfèrent avoir froid aux pieds plutôt que de sacrifier leur allure sur l'autel du confort.

Et ses lèvres.
Souviens-toi de ses lèvres.
Deux petits points rouge vif sur lesquels tu rêvais de poser tes doigts. Pour lui signifier de se taire que tu puisses enfin lui parler et lui dire combien tu rêvais d'elle.



Tu rêvais de jeux à deux. De jeux magiques. Qui te feraient voyager dans des contrées sauvages, en Amazonie ou au pôle Nord. Elle t'aurait conduit n'importe où et tu l'aurais suivie.
Des jeux interdit aussi. Violents, dérangeant, qui effraient les parents ne voulant pas voir leur enfant devenir grand.

Mais il y avait le Maître.
Souviens-toi du Maître. Du représentant du système.
Son habit noir, son cartable brun. Ses programmes.
Il t'extirpait de tes rêves pour te convoquer au tableau. Là, pétrifié devant cet écran noir, ton monde s'arrêtait. Pause. Tu attendais qu'il te rende ton cahier.



Souviens-toi de ces cahiers.
Tu les a détesté.
Avec leurs petits carreaux et ces images immondes sur leur couverture.
A l'encre bleue tu y notais ta leçon.
Péniblement et à grand renfort de fautes d'orthographe.

Aujourd'hui tu es bien loin d'Ines, du Maître, de tes rêves, de tes leçons. Mais tu te souviens.
Tu te souviens d'un cours en particulier.
Une claque dans la gueule. Une leçon « pour la vie ».
Chacun la sienne.
Moi c'était une leçon d'instruction civique en 5eme. Je découvrais le rôle de l'Assemblée Nationale, et le mode d'élection des Sénateurs... On a les révélations qu'on mérite.
Toi c'était une leçon dans un cahier à petits carreaux.
Une leçon de choses.
La leçon du garçon merveilleux.
Souviens-toi de Wonder Boy.



Nouvelle leçon, nouveau cahier. A chaque fois le même rituel. Le Maître t'appelait, tu te levais et marchais jusqu'au tableau noir. Il te remettait un nouveau cahier à petit carreaux. Cette fois, sur la couverture, un chevalier à la tignasse blonde terrassait avec un sourire maniaque un adversaire en armure rouge. «Vous avez jusqu'à demain pour me dessiner la page de garde » avait lancé le Maître. « Tâchez d'être créatifs, elle sera notée »

Tu y avais passé l'après midi. Ta page de garde, dans ta langue de pré-lycéen, était tout sauf « craignos ». La mode était aux tags et aux graffitis, aux skateurs et aux baggies. Dans la marge de tes cahiers tu dessinais ton prénom (parfois celui d'Ines) en lettres inclinées avec effets de perspective et dégradés de couleurs. Tu avais de l’entraînement, cette page de garde serait ta toile. Le Maître t'offrait ce mur vierge, cet espace de création sans limite que personne ne viendrait contester. Tu allais leur montrer qui étais le king du graffiti en crayon de couleur.



Les trois premiers mots en lettres capitales couleur dégradée allant du jaune au rouge. En dessous, en énorme, avec effet de déformation, ombres et reflets un « Monster Land » transparent. Dans ces lettres se dessinaient au loin les tours d'un château entouré d'une forêt. Fat ! Jamais tu n'avais vu d'aussi belle page de garde. Pour la première fois depuis la rentrée tu avais hâte d'aller à l'école pour autre chose qu'Ines.

Le ton était grave, solennel. Cette nouvelle leçon du Maître commençait avec des mots choisis : « Mes enfants... La vie est une pute ». Tu ne savais pas encore ce qu'était une péripatéticienne, ce n'est qu'en 6eme que toutes les mères de tes amis le deviendraient à tes yeux.
« Mes enfants, si aujourd'hui vous évoluez dans un monde chatoyant, aux couleurs vives et belles, si dans ce monde les fautes de goûts n'existent pas, que tout s'accorde harmonieusement pour faire des décors et des levels des endroits agréables, il ne faut pas que cela vous aveugle. Certes, pour l'instant, même les méchants sont adorables. La mort, les serpents, les souris et les petits champignons... tous sont très mignons et ne semblent pas franchement dangereux. Et pourtant...
Demain, à mesure que le temps s'écoulera, vous verrez combien ces premières années étaient chérissables. Oh, rassurez vous, le monde continuera d'être beau et coloré, les musiques gaies et entraînantes, mais c'est la proportion d'obstacles et la quantité de cons qui va incroyablement augmenter. Ah les cons... Quand vous saurez ce que ça veut dire, croyez moi, vous en verrez partout. Ils seront roublards, rapides et costaux. Bien plus difficiles à éviter qu'au départ. Votre route aussi sera plus difficile, plus sinueuse, les erreurs de parcours plus nombreuses.
Méfiez-vous. Aujourd'hui vous êtes le héro, vous avez une épée et vous délivrez le monde d'un affreux dragon. Mais demain ? Vous serez peut être prof, comme moi, au fin fond de la Seine et Marne. »



« Mes enfants, dans ce monde pourri, tout se paye.
Rien ne vous sera offert. A la rigueur une épée et une lettre de recommandation en début d'aventure. Mais bien vite vous comprendrez qu'au pays des monstres, tout s’achète et se monnaye. Soyez économes, équipez vous consciencieusement. Avez-vous réellement besoin de ces bottines roses et de ce bouclier blanc ?
L'achat compulsif ne mène pas au bonheur. J'en connais même un qui a terminé géologue du côté d'Avignon avec ces conneries. Alors apprenez de vos échecs, faites des erreurs, recommencez et vous trouverez quel doit être l'équipement idéal. Des bottes de céramiques pour sauter plus haut ? Un bouclier de lumière ? Des petites bombes bien pratiques ? Ou préférez-vous économiser pour l'armure de légende ? A vous de voir, mais ne tergiversez pas trop, les boutiques ayant pignon sur rue deviendront de plus en plus rares et les marchants seront souvent intraitables avec les indécis.
Fouillez partout, cherchez la moindre pièce d'or, collectez le plus de bijoux mais méfiez-vous du temps. Il court toujours et parfois plus vite que vous. Et si les grains du sablier ne s'égrainent plus, c'est un de vos cœur qui est perdu. »



If you're on your way to fight the dragon I'll teach you. The hero's emblem might help you to beat him. My friend Catherine lives in the coastal town of Baraboro. Give this letter to her. She'll be sure to help you.
« Rassurez-vous mes enfants, je ne vais pas continuer la leçon en anglais. Vous n'y comprendriez rien et je déteste trop cette langue pour lui accorder de l'importance. Mais il faut reconnaître que dans ce pays de monstres, sans la langue de ces gens sans goût vous n'arriverez à rien. Tout se joue à des détails et il vaut mieux que vous n'en loupiez aucun sous prétexte que vos connaissances dans la langue de Tolkien se limitent aux dialogues des bains turcs dans la Grande Vadrouille. Oh il ne faut pas non plus être bilingue, simplement attentif et agile. Le jeu est difficile mais pas injuste. Ceux qui le veulent en verront la fin, les faibles se contenteront d'une vie morne et fade comme la bouffe anglaise, sans même pouvoir invoquer l'excuse des contrôles, ils sont irréprochables.



Oui la vie est une pute, oui tout se paye, oui à la fin tout le monde meurt et parfois plus d'une fois. Mais il y a 11 classes du CP au Bac, 11 années pour faire de vous des hommes et 11 levels dans Monster Land. Alors, si vous en avez réellement entre les jambes, vous tenterez cette aventure, vous irez au bout, et alors vous vous souviendrez peut être de cette leçon. »

Aujourd'hui tu te souviens.
Tu te souviens de ce cours si particuliers. Tu te souviens avoir tenté cette quête insensée (qui sait, tu as peut être même eu le Bac). Tu t'es trompé (plusieurs fois), tu es tombé, épuisé, et pourtant jamais dégoutté. A chaque fois tu t'es relevé, et tu as tout repris depuis le début. Comme le Maître te l'a enseigné. Tu as appris de tes erreurs. Ce pays de monstre ne t'as fait aucun cadeau mais tu n'arrives pas à le détester. Il est beau et coloré, tu y a fais tes armes, tu y as découvert tant de choses.



Alors quand tu te retournes tu vois Ines toujours inaccessible, tu vois ce Maître profondément humain dans sa faiblesse et tu ne peux que le remercier pour cette superbe leçon. Tu te souviens... D'une immense claque dans la gueule. Tu te souviens de Wonder Boy in Monster Land.

Le point de vue de César Ramos :
Trouvable, mais la décence m'interdit d'en révéler le prix.