" (..) C'est pas la joie (..)", stipulait ce générique de manga des années 80. Et croyez moi, c'est totalement vrai. Je sais ce que je dis, je suis Ninja (Oui, mon travail de fonctionnaire documentaliste n'est qu'une couverture. Qui choisirait un métier aussi minable et peu passionnant hein? Ah!... ahem... oui bon...** regarde par terre, se dit qu'il est temps de changer de métier **).
Bref, je suis un ninja. Et comme vous le savez tous surement, un ninja ou shinobi était un guerrier-espion dans le Japon médiéval. Ah, si vous pouviez me voir vêtu de noir, une cagoule masquant mon visage, accomplissant des acrobaties, jetant des shurikens, tout ça assis devant un ordinateur, lorsque d’un coup, au loin, on me demande « Steph, t’aurais pas le journal officiel de 1911, le Service du personnel l’attend... Grouille » « - Oui oui, je me dépêche !» m’exclamais-je tout en enlevant ma cagoule, car on a beau être Ninja, ça gratte ces trucs, et ca me rappelle la maternelle, quand ma mère m’obligeait à porter cet accoutrement rouge, dont on ne trouve jamais le trou (un peu comme ma mère ? Certes.)
Mais pourquoi est ce que je vous raconte tout ça ? D’où me vient cette passion? Et bien c’est qu’aujourd’hui j’ai la lourde tache de vous présenter ma bible, mon mentor, ma révélation, l’évènement qui a fait que je me suis levé un jour en me disant : « Tu seras Ninja » : L’acquisition du jeu « The Ninja » Sur Master System. (Heureusement qu’à l’époque il n’existait pas de jeu comme « Barbie Head Cutter For Ever», qui sait ce que serait devenue ma vie..)
Ce jeu est sorti en 1986 dans nos vertes contrées, il fait donc parti des premiers soft parus sur la Master. A noter que ce jeu est l’adaptation du jeu d’arcade « Sega Ninja », doté d’une ambiance plus enfantine et une fille en guise de Ninja (Olivier de Kersauson : « Ah ben là ça m’arracherait le cul ça !! – Chuuuuut Olivier…. »).
« The Ninja » faisait parti d’une gamme de jeu « à 100 francs », comme j’aimais dire à l’époque. Une sorte de gamme platinium à la fin des années 80. Mais contrairement à aujourd’hui, il s’agissait souvent des jeux sortis sur Sega Mark III, comme Bank Panic, Super Tennis, Enduro Racer, qui commençaient déjà à faire tache au vu de leur réalisation technique et de leur intérêt.
Était ce le cas pour « The Ninja » ? Tremblez amis lecteurs, le suspens est à son comble ! Ou pas.
« The Ninja » est un jeu de type “run and gun”, au même titre que Secret Command sur la même machine, qui lui même est une copie du très célèbre Commando. Nous ne sommes donc pas face à un clone de Shinobi, autre jeu très connu de ninja. Le joueur doit avancer tout au long des 13 niveaux composants le jeu, en lançant à l’infini [s]des shurickens, churickens, souris-ken,[/s] étoiles de ninja (oui ben c’est plus simple, connerie d’orthographe) contre des ennemis qui arrivent par vagues incessantes. Le but étant, as usual, de délivrer une princesse. (sans déconner, naître princesse, on se rend pas compte, mais c’est dangereux au final…)
Chaque fin de niveau verra arriver un boss, toujours le même, que j’aimais nommer « le mexicain » dans ma jeunesse, de par la sorte de sombréro recouvrant ses yeux. Il deviendra de plus en plus agile et rapide au fur et à mesure de la progression.
Le bouton 1 sert à tirer dans les 8 directions du pad, tandis que le bouton 2 permet de tirer verticalement quelque soit notre position. En outre, une pression simultanée de ces 2 boutons permet de devenir invisible quelques instants, un peu comme Govou sauf que lui c’est permanent lorsqu’il joue avec l’OL (ah…on me fait signe d’arrêter avec l’OL.). Tevez de plaisanterie (là encore, cette blague footballistique sera périmée rapidement..), cette petite astuce donne la chance au joueur d’éviter durant une seconde les tirs ennemis, voir même de passer aux travers de ces derniers. Pratique lorsque l’action devient trépidante.
En outre, notre petite étoile toute maigrichonne et rikiki, qui ferait à peine mal à un enfant nu , fragile, malade et apeuré, peut être rapidement upgradée, en récupérant des power-up laissés par les ennemis.
Cette manière d’attaquer donne parfois un coté Shoot them' up au jeu. En effet, il n’est pas rare de balayer l’écran en tirant tous azimuts, comme on le ferait sur Xenon 2.
Les ennemis sont également variés et peuvent prendre l’apparence de ninjas, de samouraïs, mais également de chevaux, de loups, de cracheurs de feu, [s]de putes[/s]…
Au niveau de la réalisation technique, c’est du tout bon : les graphismes sont colorés et assez fins, l’animation est rapide, sans accroc et sans clignotement de sprites (assez rare sur le support pour être signalé), et permet ainsi de soutenir l’action même dans les moments les plus intenses (car il y en aura, ohhh oui…). La maniabilité est également au poil. On ne peut s’en prendre qu’à soi même lorsqu’on se prend une étoile ou un coup de sabre bien placé de la part des méchants vilains.
La gestion des collisions est parfaite, et Dieu sait (ou tout autre personne hein, je suis athée, je m’en fous, remplacer Dieu par Marcel le boulanger ou Kermit la grenouille, mais l’expression rendra moins bien…) que dans ce genre de jeu, c’est important. Car rien n’est pire et plus emmerdant que de mourir pour rien. C’est ce que se dit encore Henri Salvador d’ailleurs.
Quant à la musique…vous savez, j’ai un penchant pour les sonorités aigües 8 bits. Celles qui, pour le commun des mortels, font mal aux oreilles, mais qui me charment comme du Catherine Lara 1985 French Tour. Là encore, le jeu fait mouche! Si vous laissez tourner la musique d’intro, qui propose le thème principal du jeu, vous comprendrez directement à quel sauce vous allez être manger : la tonalité monte peu à peu, laissant grandir l’angoisse chez le joueur, qui se rend compte de l’immense quête l’attendant, pour finalement exploser (la musique hein, pas le joueur, sinon je serais pas là pour vous raconter ça….), motivant ainsi ce dernier à tout donner pour délivrer cette [s]pute qui avait qu’à pas se mettre dans la merde, y’en a marre de faire du social[/s] princesse. D’ailleurs, elle avait prévenu juste avant, quand l’armée la protégeait : « Je suis dans le pétrin, Maréchal.. » (Ce calembour vous est offert par Dubo-Dubon-Dubonnet)
Bref, pour le moment, le jeu semble être classique, voir même monotone : avancer de manière verticale, tirer sur tout ce qui bouge, etc etc…Mais ce qui fait la force de ce jeu justement, c’est sa diversité. En effet, au cours de votre progression, vous aurez à affronter des épreuves sortant du cadre classique, bien placées dans la progression du jeu afin de rompre une possible lassitude. Je citerais notamment les niveaux en 3D isométrique. Et oui, vous êtes un ninja, fallait pas rêver hein, votre vie ne va pas être de se promener dans des champs de coquelicots en sifflotant. Vous aurez par exemple à traverser un fleuve en passant de rondins de bois en rondins de bois, jusqu’à affronter le boss. Et croyez moi, on se rend pas compte de suite, mais ce n’est pas si facile que ça de battre un ennemi en étant sur une rondelle de Saule-Pleureur qui flotte. J’ai moi même tenté à la piscine municipale de me tenir debout sur un flotteur (vous savez, ces petites planches en mousse pour apprendre à nager), et bien je dois tenir 2 secondes. Alors imaginez en lançant des shurikens (surtout que je suis maladroit, je me blesserais..) Bref.
Nous pouvons aussi citer le niveau où vous escaladerez une falaise à mains nues, tout en abattant des ennemis, ou bien encore passer à travers une avalanche de rochers, prêts à tout pour vous écraser (les félons, sont fourbe ces cailloux !).
Comme quoi ingéniosité ne rime pas obligatoirement avec performances techniques, tout cela étant programmé sur notre simple Master, au début de sa vie.
Bref, « The Ninja » est un jeu d’action complet, ne laissant pas un instant de répit au joueur, sous peine de mort rapide et douloureuse. La difficulté est assez élevée, et pourra rebuter le profane, le ninja de pacotille. MAIS n’est pas ninja qui veut. J’en veux pour preuve un autre obstacle qui se dressera sur votre chemin : la recherche des scrolls. Cinq parchemins sont en effet cachés tout au long de votre périple. Quand je dis cachés, c’est VRAIMENT cachés hein. Par exemple, sans rien révéler de précis, on peut trouver un parchemin en tuant certains ennemis, mais un autre se découvre en se positionnant à gauche d’un pilier anodin, puis en tirant 3 fois sur ce même pilier. Logique. Bonne chance Jim! Et si jamais vous n’avez pas trouver TOUS les parchemins en arrivant au dernier level, vous êtes cordialement invité à refaire un niveau où se trouve un parchemin. En clair, le jeu vous repositionne, et vous recommencez encore et encore des niveaux tant que vous n’avez pas dénicher le ou les précieux Graal. Et quand on à 8 ans, ce genre de chose fait planter les interros de grammaire de Mme Monier du lundi matin, moi je vous le dis, car il en faut du temps pour trouver certaines cachettes..
Pour conclure, « The Ninja » est un excellent jeu d’action. Adapté de la borne d’arcade, il a su tirer parti des qualités de son aîné, en proposant un challenge digne d’intérêt, avec une réalisation plus que correcte pour l’époque. N’ayez pas peur de tenter l’aventure, et de délivrer cette princesse, c’est une expérience qui vaut le coup. Ninjallah’, comme on dit chez nous ( ohoh je me fais rire, sisi je vous jure….). Bien sur, il vous faudra du courage, des réflexes et de la patience. Mais ce jeu en vaut la chandelle. Adieu.
**Disparaît dans un nuage de fumée en appuyant sur 1 et 2**
**Se rend compte que ce n’est qu’un jeu vidéo et qu’il est toujours assis sur son fauteuil**
**Chienne de vie**