"Leur sourire est notre nourriture"
Mystic Defender
Makoto Ogino - 1989
Poésie et démons gluants par Ti Jen-Tsie

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Mystic Defender (Kujaku Ou 2 au japon) est un jeu de la première heure de la Megadrive. Daté de 1989, c’est l’adaptation d’un jeu d’arcade. Ce qui fait qu’on va retrouver de nombreux aspects de l’arcade : « Die and retry » important, et division des niveaux en rounds assez courts. Le jeu est parait-il tiré d’un anime, mais je n’en ai jamais vu la couleur.



Pour l’histoire, les scénaristes on fait fort : Zareth, un sous-fifre du Roi-Démon Zao a enlevé Alexandra, la fille de la Divinité Suprême. Il la retient captive au Japon, dans le château Azuchi, en attendant d’utiliser l’esprit pur de la jeune fille pour ressusciter son infernal Maitre. Joe Yamato, un guerrier vétéran expert en magie, va péter la gueule à tout le monde pour sauver Alexandra. Original à en pleurer, donc.



Joe va traverser tout un monde démoniaque, inspiré directement du folklore japonais pour aller latter la gueule au méchant. Au fil des pérégrinations du héro, on va traverser une forêt mystérieuse, un quartier asiatique médiéval plongé dans la brume, un niveau 100% organique, un autre biomécanique, peuplé d’aliens cracheurs de flammes… Tout au long des niveaux, une certaine poésie s’installe. Les musiques n’y sont pas étrangères, elles bercent l’ensemble d’un mélange de sonorités, parfois traditionnelles, parfois mélancoliques ou brutales, mais qui confère au jeu une des meilleures ambiances jamais vues sur console 16 bits. Les bruitages sont assez communs, mais de bonne facture. Juste ce qu’il faut pour soutenir l’action sans ruiner la crédibilité de l’ensemble.



Pour se défendre, Joe dispose de sorts, qu’il va devoir trouver dans les niveaux. Il n’a au début qu’une petite boule de feu, que l’on peut charger façon gros Kaméhaméha qui tâche. On trouvera par la suite un sort lance-flamme-orientable, et un sort « baballe rebondissante ». Classique, certes, mais très efficace. Et surtout, largement suffisant pour parer à toutes les situations présentes dans le jeu. Joe trouvera aussi quelques invocations de dragons, un gros sort qui défonce vraiment, mais en nombre limité (4 ou 5 dans tout le jeu). On trouve aussi dans les niveaux des bonus de vie (bleus) et de puissance (rouge) qui permettent de lancer les sorts plus vite. Là encore, ils sont dispersés avec parcimonie dans le jeu, ce qui fait qu’il vaut mieux faire attention à ce qu’on fait, parce qu’on ne va pas refaire le plein de vie avant un moment…



Les niveaux sont, on l’a dit, assez courts. Au nombre de 8, ils s’enchainent sans ordre apparent. Il n’y a pas de liaison entre deux niveaux successifs, et c’est bien dommage. Mais l’arcade ne s’embarrasse pas de trop de scénario ni de cohérence… Tous les rounds sauf les plus courts sont ponctués par un boss, en général bien costaud. L’utilisation judicieuse des sorts est de rigueur, sous peine de décès prématuré et douloureux. Notons au passage que perdre une vie n’est pas trop handicapant, puisqu’on « renait » là où on est mort. Mais perdre un crédit signifie le retour au début du niveau. Et ça, ça picote. Le nombre de vie disponible par crédit est défini dans les options. La difficulté de l’ensemble est corsée, mais Joe répond au doigt et à l’œil. Si tu perds, cher lecteur, tu ne peux pas accuser le jeu. Avoue juste que tu es mauvais.



Graphiquement c’est un peu pauvre, époque oblige. Mais les animations… madoué les animations ! Magnifiquement réglées, elles servent fidèlement l’ambiance : des fantômes apparaissent et disparaissent, d’inquiétants moines masqués se transforment en monstres, le tout avec une parfaire fluidité et sans le moindre à-coup. Pour l’époque, c’est beau, j’ai versé une larme la première fois que j’ai joué. J’avais 10 ans, ceci dit, ceci explique peut-être cela.



Ce jeu dégage quelque chose de spécial : l’ambiance est très particulière : le gore côtoie l’onirique, le crade côtoie le beau. Notre héros immaculé combat fantômes inconsistants, puis des monstres visqueux bien dégoulinant. Je tiens à mentionner les bébé-démons particulièrement dégueulasses, puisqu’ils s’écoulent en lambeaux hors de tuyaux pour se recomposer après sous forme de poupons joufflus. Heureusement que la puissance graphique de la machine ne permet pas trop de pousser les détails, surtout qu’avant de mourir ils explosent en un tas de magma organique tremblotant… Il est d’ailleurs étonnant que le jeu n’ai pas été trop censuré à l’époque, d’autant qu’il contient aussi une scène de nudité à la fin du jeu (comme ça les pervers pixelophiles que vous êtes vont devoir finir le jeu). Les démons trop humanoïdes se sont juste vus repeindre en bleu. Les développeurs n’aiment pas les schtroumpfs…


Les fameux bébés explosifs. Splorch !


A noter un fait assez rare les versions Jap, US et Euro sont contenues sur la cartouche, et le jeu « choisit » la version en fonction de la console. Comme pour Street of Rage. Les différences sont minimes entre les versions : hormis la langue et la couleur des monstres, seul le look du héros principal change. Il est en robe traditionnelle dans la version jap, et en uniforme moche dans les autres versions. L’Europe et les USA bien pensants ont jugés qu’un homme en robe aurait une mauvaise influence sur la jeunesse ?


Joe en version US / Euro… … et en version japonaise.

Pour conclure, ce jeu est pour moi une référence : beau, assez long, plutôt difficile, mais facile d’abord (pas besoin de connaitre trouzemille combinaisons de boutons), et doté d’une ambiance très particulière, surtout si on joue en version japonaise. Mystic Defender est une référence, qui n’a pas trop à rougir aujourd’hui malgré son grand âge : les graphismes restent corrects, et l’intérêt du jeu est toujours bien là. Ce jeu devrait être cité en exemple quand à ce que l’on doit faire pour réussir un jeu d’action : simplicité, élégance, et une bonne dose d’action. C’est un hit, tout simplement.



C’est le premier jeu que j’ai eu sur MD à l’époque. Avec Jewel Master. Deux expériences vidéoludiques avec des jeux de styles proches : Jewel est une apocalypse à lui tout seul, alors que Mystic Defender m’a fait aimer d’amour la MD et les jeux d’action.
Le point de vue de César Ramos :
Peu commun, pas trop cher.