Le site qui ne fait jamais tomber sa tartine du coté de la confiture.
Rise of the Robots
Acclaim - 1994
Et mon cul, c'est du téflon ? par Fungus

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Etre testeur sur [NES Pas ?] n'est pas toujours une route pavée de chamallows. Loin de là. Car nous avons à coeur la vérité, l'exhaustivité, la réalisation du Grand Tout. Plus prosaïquement, l'ensemble des tests sur ce site pourrait s'apparenter à un vaste ragout, dans lequel les morceaux de viande d'agneau côtoient des patates rances. C'est ainsi que les chroniques de chefs-d'oeuvre immémoriaux fricotent avec les papiers torchant d'abominables bouses. En témoigne l'expérience de ce pauvre ère qui ne s'est toujours pas remis d'un titre de sinistre mémoire. Puisse son âme trouver quelque repos. Mais bravant l'ignominie, nous ne tournons pas le dos aux chemins caillouteux et aux cloaques sentant un peu le caca. Ici, c'est tout ou rien. On appelle ceci le professionnalisme. Ou peut-être suis-je juste maso et un peu con. Allez savoir.

Que nous sert le chef aujourd'hui ? De la vilaine tambouille. Celle pour laquelle même les soldats de la légion étrangère y trouvent à redire. L'objet du délit se trouve sur Mega Drive et ce n'est pas beau à voir. Grand dieu non. Mais avant de laisser la place au haineux réquisitoire du procureur du tribunal du pixel, un peu d'histoire pour les jeunes sots et les fonctionnaires de police. Bouclez votre ceinture, on va se propulser à 88 miles par heure et tenter de niquer les radars au passage.



La première moitié des années 90 est sur le point de passer le relais à l'autre tranche. Les consoles 16 bits nous offrent du bonheur à qui mieux mieux et la génération suivant pointe le bout de son polygone. C'est surtout une époque assez folle. Celle de toutes les audaces, de toutes les folies et de Patrick Sébastien. Un joli bordel en fait. Un chaos dans lequel s'entrechoquent différentes formes, technologies et effets de manche marketing. On peut encore jouer à des productions NES (Megaman 6 par exemple), tout en trépignant de joie devant les lumières d'une Mega Drive qui ne veut rien lâcher et d'une ultime contorsion avoir les yeux qui brillent devant la génération des consoles dandinant leur 3D et leur Full Motion Vidéo sous notre nez. Dans cette dernière catégorie, j'inclue les fameuses plates-formes mi-multimédia mi-escroquerie. Vous savez (ou ne savez pas si vous êtes un bouseux), ces consoles de l'avenir mais seulement celui de 1993. J'appuie mon regard sur les 3DO, Amiga CD32, Mega CD et autres CD-i. Haha, les cons. Dire que l'on a failli se faire prendre. Quoiqu'il en soit, on expérimente sur ces machins toutes sortes de trucs pour tenter d'épater la galerie, avec des mots qui claquent comme l'élastique d'une petite culotte de flanelle. Comme "digitalisation" par exemple. Ouais. Ce mot que l'on mettait dans une étoile fluo sur la couverture des boites de jeu. Celui qui nous donnait l'impression de rentrer dans une sorte de nouvel age cybernétique dans lequel on surferait avec des dauphins numériques et où l'on copulerait avec des ordinateurs ou quelque chose comme ça. La sainte technique qui nous a apporté des mythes comme Mortal Kombat, Killer Instinct ou Donkey Kong Country. Sauf que la recette n'est pas infaillible et que parfois la mayonnaise est faite avec des oeufs pourris et de la moutarde rance. Et le condiment qui fouette, c'est précisément ce Rise of the Robots.



Ce titre, c'est avant tout un copieux martelage publicitaire. Un éditeur qui a cherché à manger à tous les râteliers en distribuant son jeu sur à peu près tous les supports disponibles alors : arcade, Super Nintendo, Mega Drive, Game Boy, Game Gear, Master System 3DO, PC, Amiga, Amiga CD 32 et même CD-i, c'est vous dire. Et qu'essaye-t-on de nous vendre ? Un jeu de combat. Bien. Avec des robots. Ah. Des robots en images de synthèses digitalisées sur Silicon Graphics que c'est les mêmes qui nous ont pondu les dinosaures de Terminator 2. Oh. La note d'intention est là, ça on ne peut pas dire. On ne donne plus dans le sprite à la con dessiné pixel par pixel par des sous-traitants coréens mais dans l'image de synthèse clinquante des presque années 2000. Sauf que dans le cas présent, c'est le jeu tout entier qui est synthétique, le talent compris. Et pourtant on nous l'a vendu la révolution à base de 24Mb cartridge et autres prothèses. Tenez, la jaquette est proche de la syncope tant elle est exaltée : "High Tech Terror !", "Crush the Crusher!", "Real Computer Generated Graphics ! ", "EN GARDE". Dame, rien que ça. On va se calmer un peu là.



Car ce jeu n'est qu'une Maserati avec un moteur de Traban. Un bel écrin qui ne renferme qu'une bague en pâte à sel. Mais ne brûlons pas les étapes (brûler le jeu suffira) et commençons par le commencement, à savoir l'histoire derrière tout ce charivari de pixels. Un classique de la science-fiction qu'on raillerait presque tant il tutoie le banal. Voyez plutôt. Chère audience, voici le futur et le lot de merveilles qu'il apporte : les voyages dans l'espace, les cyborgs, les slips thermo-régulés et les corporations mégalomanes qui, convention oblige, nourrissent notre propre déchéance. Au coeur de tout ceci, une révolte, une jacquerie des temps modernes, celles des robots. Las de servir des cafés en poudre et de se faire chier dessus par les pigeons sans moufter, ils fomentent un coup d'état, tels des chouans à boulons (les fourches et les chapeaux grotesques en moins). Bigre. Ce n'est pas rien. Comme le cappuccino ne pousse pas sur les arbres, on va faire appel à une bonne poire chromée pour aller botter le fondement de tungstène de tout ce beau monde et remettre les choses dans l'ordre, en essuyant vos pieds à l'entrée s'il vous plait.



Vous incarnez donc ECO35-2 qui n'est pas une livraison Chronopost mais un cyborg dernière génération dont la spécificité est d'avoir un cerveau humain et d'être en guimauve de synthèse si j'en crois la jaquette. Votre ordre de mission : botter des culs et rétablir l'humanoïde organique au sommet de la hiérarchie. Et quelle est la solution diplomatique adoptée ? L'affrontement mano a mano (ou piston à piston) du leader à la tête de la rébellion (une femelle soit dit en passant) et de ses sbires (oh sbires). Des générations de pas en avant dans le domaine de la robotique pour finalement en revenir à la baston de rue. Asimov s'en retournerait dans sa tombe de carbonite. De l'affrontement tout bête donc. Translation de vecteur mon poing/ta gueule. Soit, j'en prend mon parti et entame mon premier combat de ce Street Fighter métallique.



Introduction. Fichtre, c'est animé. Pour de la Mega Drive, c'est loin d'être commun. Certes, on pourra souligner le fait que c'est en quatre couleurs et qu'il ne se passe pas grand-chose mais ce n'est pas tous les jours qu'on nous sert un tel hors-d'oeuvre sur console 16 bits. La suite va nous confirmer que les cinématiques s'octroient une grosse part du gâteau des 24Mb de la cartouche mais chut, ménageons un soupçon de suspens. On arrive ensuite à la sélection des personnages qui n'existe pas puisqu'il n'y qu'un combattant de disponible, le désormais connu M. Guimauve Violette. Notre premier adversaire nous arrive du haut de ses roulements à bille rutilant d'orgueil et de bellicisme. Le décor est plaisant, les adversaires bien intégrés et prêts à en découdre - à en déboulonner pour être plus précis. En garde, nous crushons du crusher comme nous invite joyeusement la jaquette. Et c'est à ce moment que les choses se gâtent.



Car passée l'euphorie technologique, l'ensemble retombe comme un vulgaire soufflé dans un bruit de flatulence molle. Parce que Rise of the Robots est une belle entourloupe, une sinistre arnaque. Kezako ? Revenons à notre combat. Le sempiternel décompte passé, je m'élance vers l'espèce de transpalette jaune qui me fait face et... Seigneur de bordel de dieu. Visiblement, il n'a que mon esprit qui s'élance. Sur l'écran je n'ai qu'un machin humanoïde violacé qui se traine lamentablement la bite. C'est fou ce degré de perfectionnement des machines : ils sont allé jusqu'à implémenter de l'arthrose dans les robots. Mais soit, je suis un dur au mal et j'avance vaille que vaille, le front haut et le pouce ferme. Pif, pam, vlan, kaboum, j'enchaîne les uppercuts, parades et coups de pied volant. Quoique. Il serait plus juste de dire : pif, pif, pif, pif. Car tout ce que j'arrive à enchaîner c'est la colère, l'agacement et la frustration. Notre merveille technologique n'est visiblement programmée que pour deux coups : la papatte du haute et la papatte du bas. Un coup de pied et un coup de poing, c'est tout ce que l'on daigne m'offrir. Démerde-toi pour le reste mon garçon. Oh certes, on me concède une déclinaison de faible à fort pour chacun des coups. J'étouffe un rire nerveux.



Oui, sortir victorieux des combats dans ce jeu reviens à nager la crawl avec des chaussures de ski. Un chemin de croix, la pénitence des impies, un furoncle au cul lors d'un concours d'équitation. De ma gorge puissante monte le long cri de guerre de l'homme des salons : "putain de bordel de merde de robot à la con, tu vas te battre, chier !". La moindre subtilité, le moindre sens tactique vous est implacablement sucré. On vous remplace tout ça part une pathétique pantomime régie par la main aveugle du chaos. J'ai vérifié par deux fois si ma manette n'était pas mal branchée. On agite les bras et les jambes tant qu'on peut en priant les dieux de la cybernétique d'atteindre l'espèce de taille-haie qui tente d'en faire de même en face de soi. On pense plus à deux sauterelles dans une poêle à frire qu'à un affrontement en règle. Des bruits courent au sujet de la possibilité de réaliser des coups spéciaux. Rien n'est moins sur. Je n'ai jamais réussi à sortir de cette marionnette à la con autre chose que son grotesque papillonnage de base. Dès lors, le nombre ridicule d'adversaires que vous aurez à rencontrer s'apprécie sous une autre perspective. Parvenir à vaincre les 7 marionnettes dont la pouffiasse anodisée finale relève de la gageure de haut niveau.



Je ne vous ai pas parlé des musiques et ce n'est pas plus mal comme ça. Elles auront raison du calme qu'aura par chance épargné l'amas abjecte évoqué plus haut. La jaquette nous vante une composition de Bryan May. Il n'y a pas de mais. Acides à en faire fondre des tympans en métal, elles se mesurent à l'aune des bruitages qui se résument à des plaintes de tôle froissée. Ceci étant l'ultime croque en jambe qui annihile les rares réussites techniques de ce jeu : les petites séquences avant les matchs, certains arrières-plans et l'animation des personnages - qui eux sont laids. Le reste n'est qu'une vaste débandade un jour de grand froid. Rideaux, sortez, le triste spectacle est terminé, laissez la place à l'équipe de nettoyage. Elle débarrassera les planches de ce qui reste de cet épouvantable gâchis.





Et pour finir sur une note légère :


Je sens comme un courant d'air là...
Le point de vue de César Ramos :
Trouvable même si vous ne le cherchez pas. Attention, on pourrait vous en demander de l'argent.